Tournoi de Vannes (1381)

Tournoi de Vannes (1381)
Tournoi de Vannes
Jousting Buckingham+Bretagne.jpg
Thomas de Woodstock et Jean IV de Bretagne présidant
Informations générales
Date 1381
Lieu Vannes (Bretagne)
Issue Victoire française
Belligérants
Blason pays fr FranceAncien.svg France England Arms 1405.svg Angleterre
Forces en présence
Blason comte fr Clermont (Bourbon).svg 5 hommes de l'hôtel du duc de Bourbon Thomas of Woodstock Arms.svg 5 hommes de l'hôtel du comte de Buckingham

Le tournoi de Vannes ou combat de cinq Anglais contre cinq Français est un tournoi s'étant déroulé en 1381 à Vannes, capitale du duché de Bretagne sous le règne du duc Jean IV le conquéreur. Il oppose cinq hommes d'armes anglais de Thomas de Woodstock, comte de Buckingham à cinq hommes d'armes français de Louis II, duc de Bourbon.

Ce tournoi s'inscrit dans le cadre plus général de la guerre de Cent Ans, mimant la rivalité entre le royaume de France et celui d'Angleterre. Devant à l'origine avoir lieu au moment du siège de Nantes pendant l'hiver 1380-1381, la levée précipitée de celui-ci oblige les deux camps à différer cet affrontement. Finalement, le tournoi se déroule à Vannes et voit la victoire sans appel des combattants français. Il s'agit d'une véritable réédition du fameux combat des Trente de 1351.

Sommaire

Contexte

Thomas de Woodstock, 12e et dernier enfant d'Édouard III
Article détaillé : Siège de Nantes (1380-1381).

Pendant l'hiver 1380, à l'appel du duc Jean IV, une armée anglaise menée par Thomas, comte de Buckingham, plus jeune fils du roi d'Angleterre Édouard III, siège devant la ville de Nantes. Les 6 000 hommes du comte ne parviennent pas à boucler la cité défendue par 2 000 hommes dont ceux du connétable de France Olivier V de Clisson et de nombreux hommes d'armes de l'hôtel de Louis II, duc de Bourbon. Les anglais doivent se contenter de placer des postes à chaque porte de la ville en attendant l'arrivée de l'armée ducale de Jean IV. Un chevalier anglais du nom de Gautier Cloppeton propose aux Français assiégés d'organiser une joute et ceci pour rompre l'inaction pesante. Le défi est accepté par Jean de Châteaumorand le commandant du corps d'élite défendant la cité. Le combat à armes réelles entre 15 hommes d'armes français et 15 hommes d'armes anglais devait se passer en terrain neutre dans une des îles de la Loire en présence de deux seuls hérauts. Le 12 janvier 1381, après deux mois de siège, la famine et la dysenterie aidant, les Anglais sont éreintés d'attendre le duc et décident de lever le camp. Sur les instructions de Jean IV, l'armée de Woodstock se dirige vers Vannes.

Le tournoi

Pendant leur séjour dans la nouvelle capitale ducale de Jean IV, les Anglais réitèrent leur souhait. Les Français confirment leur volonté de participer à ce tournoi, véritable hommage au combat des Trente qui a eu lieu trente ans plus tôt. À Vannes, comme dans les grandes villes de l’Europe médiévale, les tournois et les joutes sont des événements, moyens pour les seigneurs d’apprendre à leurs aînés les règles de la chevalerie.

Règles et préparations du tournoi

Le tournoi est également l'occasion d'organiser des joutes. Joute de Vannes, dans les Chroniques de France, d’Angleterre et des païs voisins de Jean Froissart.

Le combat a lieu à Vannes, sans doute au mois de mars 1381 et sur une grande place à l'extérieur des remparts de la ville. Le duc Jean IV et Thomas de Buckingham président le tournoi. Sont également présent : le comte de Stafford, le comte de Devon, la cour ducale, et de nombreux barons et seigneurs. Des sauf-conduits sont délivrés par Jean IV afin de garantir la sécurité des chevaliers français présents au tournoi.

La tournoi entre les chevaliers anglais et français prend la forme de duels à armes nommées. Les combats se déroulent à pied avec successivement pour chaque adversaire cinq coups de lance, cinq coups d’épée, cinq coups de hache et cinq coup de dague.

Forces en présence

Selon les La Chronique du bon duc Loys de Bourbon, seul cinq hommes d'armes du comte de Buckingham anglais sur le quinze présents acceptent les règles du jeu, cinq hommes d'armes du duc de Bourbon y répondent :

  • L'équipe anglaise est composée de[a 1] :
  1. Gautier Cloppeton
  2. Édouard de Beauchamp
  3. Cosselay
  4. Thomas de Hennefort
  5. Jean de Tracio
  • L'équipe française est composée de[a 2] :
  1. Jean de Châteaumorand
  2. Le Bastard de Glarins
  3. Tristan de la Jaille
  4. Le Barrois[note 1]
  5. Le vicomte d’Aunai ou d'Aunoi

Selon les Chroniques de Froissart, c'est à cause de la fatigue que seuls cinq hommes d'armes anglais se présentent. Les hommes d'armes des deux camps ne portent d'ailleurs pas tous les mêmes noms que dans La Chronique du bon duc Loys de Bourbon :

  • L'équipe anglaise est composée de :
  1. Janekin Cloton[note 2]
  2. Édouard de Beauchamp
  3. Jean d'Aubrecicourt[note 3]
  4. Seigneur de Vertaing
  5.  ?
  • L'équipe française est composée de :
  1. Jean de Châteaumorand
  2. Clarius de Savoye[note 4]
  3. Tristan la Jaille[note 5]
  4. Seigneur de Pouzauges[note 6]
  5.  ?

Déroulement

Les premiers à entrer en lice sont Gautier Cloppeton et Jean de Châteaumorand. Au troisième coup de lance de Châteaumorand, Cloppeton est gravement blessé. Thomas de Hennefort et Le Barrois fournissent leur cinq coups de lance mais au premier coup d'épée, Hennefort se fait percer l'épaule. Au bout de deux coups de lance, le bâtard de Glarins met à terre Édouard de Beauchamps. Le combat entre Tristan de la Jaille et Cosselay est celui-ci qui va le plus loin, ils effectuent leur cinq coups de lance et leur cinq coups d'épée. Cosselay est cependant mis hors d'état de nuire au bout du second coup de hache. Enfin, Jean de Tracio, blessé, est incapable de continuer après le cinquième coup de lance du vicomte d’Aunai.La victoire des Français est totale, n'ayant perdu aucun combat, les vainqueurs sont acclamés par le duc Jean IV et le comte de Buckingham.

Suite du tournoi

Le soir, lors du repas organisé par le duc de Bretagne pour fêter la victoire des Français, un chevalier anglais du nom de William Farintonne[note 7] provoque Jean de Châteaumorand qui avait vaincu son cousin, le chevalier Cloppeton. Le lendemain, un nouveau combat est organisé. Par traîtrise, Farintone prétextant d’un mal au genou, se présente sans cuissard ni jambière et fait ôter les cuissardes et les hauts-de-chausses en mailles de son adversaire, promettant de ne frapper que les armes. Au troisième assaut, le chevalier anglais perça le genou de Châteaumorand et s’attira les foudres du duc Jean IV et du comte de Buckingham. Farintone fut mis en prison sur ordre des deux souverains et fut livré à Chatel Morant pour qu'il puisse en tirer une rançon. Chatel Morant répondit : « Le duc de Bourbon ne me laisse pas manquer d'argent; je ne suis pas venu en Bretagne pour en gagner, mais pour acquérir de l'honneur; tout ce que je demande, c'est la liberté du prisonnier ». Touché par ce geste chevaleresque, le comte de Buckingham fait porter au chevalier une bourse de 150 nobles et un gobelet en or. Ce dernier refuse la bourse mais conserve le gobelet en souvenir[2].

Conséquences

La trêve et les gestes chevaleresque ne durent pas longtemps, furieux après avoir appris l'existence du second traité de Guérande, signé le 15 janvier 1381 et ratifié le 4 avril 1381, Thomas de Woodstock rembarque à Vannes vers l'Angleterre avec le reste de son armée et sans avoir pris la peine de dire adieu au duc.

Notes et références

Notes

  1. Identifiable à Jean des Barres
  2. Identifié à Gautier Cloppeton
  3. Originaire du Comté de Hainaut
  4. Identifié au Bastard de Glarins
  5. Originaire du Poitevin
  6. Identifiable à Renaud de Thouars, fils de Miles de Thouars, fils de Hugues II de Thouars'[1]
  7. Guillaume Farintonne en français

Références

Annexes

Bibliographie

Œuvres contemporaines

  • Alain Bouchart, Les Grandes Chroniques de Bretagne, Nantes, 1886, v.143
  • Jean Cabaret d'Orville, La Chronique du bon duc Loys de Bourbon, publiée par Alphonse-Martial Chazaud, Paris, Renouard, 1876.
  1. p.131
  2. p.130
  • Jean Froissart, Chroniques de France, d’Angleterre et des païs voisins, 1370-1400.

Œuvres postérieures

  • Émile de La Bédollière, Les Fleurs de la morale en action, ou Recueil d'anecdotes propres à former le cœur et l'esprit des jeunes gens, Limoges-Paris, M. Ardant frères, 1852, 360 p.
  • H. Marsille, Vannes au Moyen Âge, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, t. 109, 1982, p. 65-71

Articles connexes



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