- Sièges de Vannes en 1342
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Sièges de Vannes
Siège de Vannes en 1342 par Guillaume FillastreInformations générales Date 4 sièges en 1342 Lieu Vannes
Duché de BretagneIssue Victoire finale du parti de Montfort Belligérants Parti de Blois :
Bretons
FrançaisParti de Montfort :
Bretons
AnglaisCommandants Charles de Blois
Olivier IV de ClissonJean de Montfort
Robert III d'Artois †
Édouard III d'AngleterrePertes inconnues inconnues Guerre de Succession de Bretagne Batailles Hennebont (1342) — Morlaix (1342) — Vannes (1342) — Cadoret (1345) — La Roche-Derrien (1347) — Combat des Trente (1351) — Mauron (1352) — Montmuran (1354) — Rennes (1356) — Auray (1364) modifier Les sièges de Vannes de 1342 sont une série de quatre sièges de la ville de Vannes ayant eu lieu en 1342. Les deux prétendants au duché de Bretagne, Jean de Montfort et Charles de Blois, se disputent la ville dans le cadre plus global de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365). Les sièges successifs ruinent la ville et sa campagne et se soldent par une trêve conclue entre Anglais et Français signée en janvier 1343 à Malestroit. Sauvée du choc par le pape Clément VI, la cité est remise aux mains de ses légats mais reste néanmoins sous contrôle Anglais entre septembre 1343 et la fin de la guerre en 1365.
Sommaire
Contexte
Le duc de Bretagne Jean III meurt le 30 avril 1341 sans héritier direct et sans vouloir organiser sa succession. Charles de Blois, mari de la nièce du défunt duc Jeanne de Penthièvre, et Jean de Montfort, demi-frère de Jean III, revendiquent alors le duché. Dans un royaume de France déchiré par la guerre de Cent Ans, Blois s'allie aux Français, tandis que Montfort passe alliance avec les Anglais. Les deux prétendants décident alors de s'en remettre au jugement royal.
Sentant que le jugement du roi de France serait en faveur de Charles de Blois, son neveu, Jean de Montfort fait volte-face. Il s'empare du trésor ducal à Limoges et s'installe à Nantes, d'où il convoque les nobles bretons pour se faire reconnaître duc. Cette pratique ayant échoué – les barons bretons ne sont pas venus par peur des représailles – il entame alors en juin une chevauchée à travers le duché pour s'assurer le contrôle des places fortes. La ville de Vannes lui déclare alors allégeance[1].
L'année 1342
Premier siège
En début d'année 1342, Charles de Blois se présente devant les murs de la ville, après avoir pillé et détruit une partie des faubourgs, extra muros[2]. Le Conseil de ville entame des discussions avec celui-ci qui aboutissent à la reddition de la ville et au départ de Geoffroi de Malestroit, gouverneur de la cité, favorable à Jean de Montfort[3],[note 1]. Geoffroi de Malestroit s'échappe vers Hennebont alors que Charles de Blois entre dans la ville. Il y reste cinq jours avant de repartir vers Carhaix[4].
Deuxième siège
En octobre[2], Robert III d'Artois débarque à proximité de la ville à la tête de 10 000 soldats. Dans le même temps, Jeanne de Flandre, accompagnée de Gautier de Mauny, Guillaume de Cadoudal, Yves de Trésiguidy, de cent hommes d’armes et de cent archers, quitte Hennebont pour rejoindre Artois.
L'assaut sur les remparts de la cité est donné sur trois côtés par Artois, Gautier de Mauny et Tréziguidy. Les assiégeants doivent se replier devant la résistance menée par Olivier IV de Clisson. À la nuit tombée, Artois accompagné de William Montagu, comte de Salisbury, fait allumer des feux devant deux des portes de la ville et y attire la garnison de la ville. Pendant ce temps-là, une petite troupe menée par Gautier de Mauny et le comte de Quenfort[note 2] attaque un pan de muraille abandonné de ses défenseurs. La troupe fait du tapage pour faire croire que la ville est envahie. La garnison vannetaise est prise à revers[4], une partie des défenseurs de la cité réussit à s'échapper tandis que l'autre est massacrée[1]. La ville est revenue au giron montfortiste.
Le lendemain de la prise de la ville, la comtesse de Montfort arrive avec tous ses capitaines. Elle y reste cinq jours puis retourne à Hennebont avec Gauthier de Mauny laissant Robert d'Artois à la tête de la garnison anglo-bretonne. De leur côté, William Montagu et Yves de Trésiguidy partent vers Rennes.
Troisième siège
Clisson, absent lors de la prise de la cité par d'Artois est piqué au vif. Le parti franco-breton veut reprendre la place perdue pour le compte de Charles de Blois. Clisson lève une troupe de 12 600 hommes, augmentée de celle de Robert II de Beaumanoir, maréchal de Bretagne, et font route vers la ville de Vannes[4]. D'Artois n'a pas le temps de réunir des renforts et doit combattre avec les forces qu'il lui reste, en novembre[2]. Malgré ces efforts, il ne peut empêcher la perte de la ville, les troupes blésistes entrant dans les brèches qui avaient servi au siège précédent et qui ne purent être réparées à temps. La ville est une nouvelle fois pillée. D'Artois reçoit, lors de ce siège, une blessure dont il mourra après quelque temps, après avoir été convoyé à Londres pour y être soigné. Vannes est redevenue blésiste.
Quatrième siège
Apprenant cela, le roi d'Angleterre Édouard III décide de le venger. Il se rend en personne vers la Bretagne et met le siège devant trois villes bretonnes (Rennes, Vannes et Nantes). Dans le même temps, Louis d'Espagne et Antonio Doria, amiraux de France à la tête de cent galères et de trente navires, s'attaquent à tous les vaisseaux transportant armes et vivres aux anglais. Après avoir perdu plusieurs vaisseaux, Édouard III, afin de sauvegarder sa flotte, disperse sa flotte : une partie fut envoyée vers Brest et l'autre vers Hennebont. Tous les efforts des anglais sont concentrés sur Vannes dont le siège débute à partir du 5 décembre 1342[1]. Dans une lettre à son fils, il décrit la ville comme étant la « meilleure ville de Bretagne après la ville de Nantes […], sur la mer et bien fermée »[1]. En arrivant devant les remparts, il lance un assaut, soutenu par les défenseurs pendant six heures[4]. Le siège s'installe dans la durée et les environs de la ville sont systématiquement pillés[1]. Lors d'une des sorties journalières des assiégés, Clisson est fait prisonnier. Du côté des anglais, Ralph, baron de Stafford, est tenu prisonnier par les défenseurs de la ville. Entretemps, le roi de France Philippe VI a rassemblé une armée de 50 000 hommes sous les ordres de son fils, le futur Jean II. Celui-ci s'avançant en Bretagne, s'arrête du côté de Ploërmel. L'intervention de deux légats du pape Clément VI évite la confrontation entre les deux armées : ils obtiennent une trêve de trois ans, signée à Malestroit le 19 janvier 1343. Le siège de Vannes est alors levé et la ville remise de manière provisoire aux légats[4].
Conséquences
Olivier IV de Clisson qui est fait prisonnier en décembre 1342 demeure quelque temps aux mains des Anglais, auxiliaires de Montfort. Il est accusé d'avoir intrigué avec Édouard III d'Angleterre qui lui aurait plus ou moins promis de le nommer vice-roi de Bretagne. Sous le prétexte d'un tournoi, il est convoqué à Paris avec une quinzaine d'autres seigneurs par le roi Philippe VI de France, qui, s'empare de sa personne. Condamner pour avoir livré Vannes aux Anglais, Olivier IV est décapité aux Halles le 2 août 1343. Cette exécution sera jugée sévèrement par Froissart et ses contemporains.
Son épouse, Jeanne de Belleville, ne peut pardonner au roi sa cruauté ni à Charles de Blois d'avoir trempé dans cette mort qu'elle regarde comme un assassinat. La tête d'Olivier ayant été envoyée à Nantes et plantée sur une pique aux créneaux du Château du Bouffay (ou de la Porte Sauvetout selon certaines chroniques), Jeanne contemple ce spectacle et jure de se venger. Un grand nombre de seigneurs de Bretagne épousent sa cause ; et, avec eux, elle livre une guerre sans merci au roi et à Charles de Blois. Considérant que le roi a agi par traîtrise, elle décide, pour se venger, d'acheter un bateau avec ses biens pour faire la guerre de course contre les navires de commerce français. Pendant quelque temps, elle inflige de sérieuses pertes aux navires français mais perd son navire au cours d'un naufrage.
Malgré la trêve de Malestroit signée en janvier 1343, les troupes anglaises réoccupent par surprise la ville à partir de septembre[1]. Elles y resteront pendant 20 ans, jusqu'au traité de Guérande de 1365.
Pour Vannes, cette occupation marque une activité ralentie : les faubourgs, les campagnes alentours sont détruits par la succession des sièges. La reconstruction ne peut avoir lieu tant que la guerre continue. Néanmoins, la cité profite de la situation prépondérante des Anglais en France et commerce de façon importante avec les ports occupés : Bordeaux, La Rochelle, par exemple mais aussi avec les ports de l'Angleterre[2]. Par ailleurs, la communauté de ville obtient un renforcement de ses prérogatives et de son autonomie. Pour exemple, elle obtient d'envoyer des représentants aux États de Bretagne de 1352[2].
À partir de 1365, sous l'autorité du duc Jean IV, Vannes se remet à prospérer. Toutefois, les stigmates de la guerre passée sont encore très présents dans la morphologie urbaine. Le duc décide alors de remonter les murs détruits, de réparer les portes, et d'agrandir la muraille[5]. L'enceinte urbaine est augmentée vers le sud jusqu'au port, la surface intra muros en est doublée. Voulant profiter de la situation plus centrale de la ville en son duché (par rapport aux villes de Rennes ou Nantes), il construit également la nouvelle demeure ducale : le château de l'Hermine. En 1379, après le retour d'exil du duc, Vannes deviendra le siège de la puissance ducale pendant plusieurs décennies.
Dans la fiction
Le second et troisième siège de Vannes font implicitement l'objet de la dernière scène du dernier épisode (Le Lys et le Lion) du feuilleton télévisé franco-italien Les Rois maudits réalisé en 2005. Dans cette scène, D'Artois, contrairement au fait historique, meurt directement suite aux blessures infligés lors du troisième siège à la place d'être rapatrié à Londres pour ce faire soigner. Son inhumation en la cathédrale Saint-Paul est cependant mentionnée. La violence des combats est, bien qu'implicite, présente tout le long de la scène (ambiance, ruines, rivière engorgée de sang).
Notes et références
Notes
- Selon une source plus ancienne (Joseph-Marie Le Mené, Topographie historique de la ville de Vannes, 1897), un assaut a eu lieu la veille des tractations. C'est à l'issue de celui-ci qu'une trêve est décidée, pendant laquelle la décision de rendre la ville est prise.
- également nommé Kenfort
Références
- Bertrand Bertrand, Histoire de vannes, Paris, Gisserot, 1er novembre 2005, 124 p. (ISBN 978-2-87747-527-3) [lire en ligne], p. 34-36
- Christian Chaudré, Vannes : Histoire et géographie contemporaine, Editions Palantines, 15 mai 2006, 217 p., p. 22-25
- Pierre Thomas-Lacroix, Le Vieux Vannes, Société polymathique du Morbihan, 1982, 2e éd., p. 32-34
- Joseph-Marie Le Mené, Topographie historique de la ville de Vannes, 1897, 95 p., p. chapitre I : Première enceinte
- Joseph-Marie Le Mené, Topographie historique de la ville de Vannes, chapitre II : Seconde enceinte
Bibliographie utilisée
- Bertrand Frélaut , Histoire de Vannes, collections Les Universels Gisserot, éditions Jean-Paul Gisserot, 2000, 127 pages, (ISBN 978-2-877475273).
- Joseph-Marie Le Mené, Topographie historique de la ville de Vannes, Galles, 1897, [consulter en ligne (page consultée le 25 avril 2010)].
- Pierre Thomas-Lacroix, Le Vieux Vannes, Société polymathique du Morbihan, Vannes, 1982, 2e édition (1re édition 1975), 155 pages.
- Christian Chaudré, Vannes : Histoire et géographie contemporaine, Éditions Palantines, 2006, 217 pages, (ISBN 2-911434-55-2)
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