Stanisława Przybyszewska

Stanisława Przybyszewska
Stanisława Przybyszewska
Stanisława Przybyszewska.
Stanisława Przybyszewska.

Activités écrivain
Naissance 1er octobre 1901
à Cracovie, en Drapeau de Pologne Pologne
Décès 15 août 1935 (à l'âge de 33 ans, six semaines avant ses 34 ans)
à Dantzig devenue depuis Gdańsk en Drapeau de Pologne Pologne
Langue d'écriture polonais
Genres théâtre et roman historique

Stanisława Przybyszewska est une écrivaine polonaise, née le 1er octobre 1901 à Cracovie en Pologne et morte le 15 août 1935 à Dantzig (devenue, depuis, Gdańsk : en Pologne). Si son nom n'est pas connu en France, son œuvre, pourtant, l'est. Passionnée par la Révolution française, elle est l'auteur de la pièce de théâtre, "l'affaire Danton", qui fut portée au cinéma en 1983 par Andrzej Wajda, sous le titre "Danton", avec, dans le rôle-titre, Gérard Depardieu. Andrzej Wajda a toutefois pris quelques libertés avec l'œuvre originale, d'une part en donnant le mauvais rôle à Robespierre, qu'au contraire Stanisława Przybyszewska adulait, et d'autre part, en déformant quelque peu l'histoire réelle de la Révolution française, celle-ci lui servant de métaphore et de parabole aux évènements politiques affectant à l'époque la Pologne.

Sommaire

Enfance

Né en 1901,Stanisława Przybyszewska est la fille illégitime de l'artiste Aniela Pająk, une peintre impressionniste, et de l'écrivain Stanisław Przybyszewski, écrivain, poète et dramaturge polonais dont elle ne portera le nom que 20 ans plus tard. Il était le célèbre chef de file de l'école moderniste de la Belle époque, directeur de la revue littéraire "Zycie". Spécialiste de Chopin, thème sur lequel il prononça de nombreuses conférences, Stanisław Przybyszewski était également pianiste. Libertin, ses amours étaient tumultueuses. Il se maria, mais sa première épouse fut assassinée par un jeune exalté. Il eut également de nombreuses maîtresses, dont la mère de Stanisława, Aniela Pająk, à qui il ne laissa rien d'autres que quelques lettres qualifiées de "névropathiques", et des demandes d'argent. Stanisław Przybyszewski était aussi morphinomane, et il mourut en 1927 des conséquences de sa dépendance aux narcotiques.

Pendant son enfance, Stanisława Przybyszewska voyagea à travers l'Europe avec sa mère. Ainsi, elle vécut à Lviv (Ukraine), à Zurich, Vienne (Autriche) et Paris, où elle fut placée quelque temps en pension. Elle put ainsi apprendre, durant ses voyages, l'anglais, le français et l'allemand, langues qu'elle maîtrisa toutes trois très bien. Son éducation était libre, athée, et cultivant l'indépendance. Durant ses études, Stanisława Przybyszewska apprécie particulièrement Corneille et Shakespeare. Mais sa mère mourut prématurément d'une pleurésie, en 1912, alors que la jeune Stanisława n'était âgée que de onze ans. L'enfant fut d'abord confiée à une de ses tantes polonaises avant de retourner chez son père avec qui elle vécut jusqu'en 1919. C'est lui qui l'initia à la morphine, dont elle abusa rapidement, alors qu'elle n'était qu'une jeune étudiante, inscrite à l'université de Poznań. Son père, qu'elle admirait et vénérait, pensait que la morphine stimulait la créativité.

Jeunesse bohème

A l'université, elle étudiaitt la philosophie, mais s'adonnait aussi à la drogue et à l'alcool. Pour gagner sa vie, elle travailla également d'abord dans un bureau de poste, puis comme institutrice. Mais durant ses études, elle fît une dépression nerveuse, due à un conflit avec son père, qui décida, en raison de son caractère instable et inconstant, de partir vivre à Dantzig, et d'y devenir fonctionnaire. Ce conflit conduisit Stanisława Przybyszewska à passer de l'admiration absolue de son père à une sorte de révulsion. Dans les lettres qu'elle a laissées, Stanisława Przybyszewska écrivit à propos de son père ce glissement de l'adoration vers la déception : « Ce seul homme pouvait devenir tout pour moi : mon compagnon le plus proche, mon confident, mon guide. Je me mis à l’aimer d’un amour fou, juvénile, exclusif… Je n’avais pas d’autre désir que de le retrouver et de me confier à lui… Mais ensuite, je le connus en tant qu’homme…  »[1] Son père parti, elle se retrouve à nouveau seule et décide d'abandonner ses études. Elle part alors un temps à Cracovie, vivant de façon bohème, comme une artiste. Mais sa fréquentation des milieux communistes lui vaut une arrestation et une incarcération pendant quatre mois, avec des prostituées et des délinquantes. Cet épisode de sa vie va émousser ses nerfs déjà très fragiles et la marquer profondément.

Mariage et veuvage

En 1921, Stanisława Przybyszewska se maria avec Jan Panienski, un artiste qu'elle avait rencontré à Cracovie, également dépendant aux stupéfiants, et qui travaillait dans un lycée. Elle avait souhaité cette union principalement pour fuir la solitude. Mais le bonheur matrimonial fut de très courte durée, en raison notamment de l'addiction aux drogues de Jan, qui le rendait irascible et caractériel. Le couple se sépara donc très rapidement. Jan mourut seulement trois ans après leur mariage, en 1924, à Paris, d'une overdose de morphine.

Une vie de solitude

À partir de son, veuvage, Stanisława Przybyszewska sombre dans une solitude sévère. Sa vie est de plus en plus précaire. Elle subsiste grâce à quelques cours de langues qui parviennent à peine à la faire vivre. En effet, après la mort de son mari, elle décide de se consacrer entièrement à la littérature. Elle réalise en effet qu’écrire constitue sa vocation, et elle passe le reste de sa courte vie à se dévouer à cette activité. Elle désire fanatiquement démontrer que, sur ce terrain littéraire, elle peut finalement battre son père, et être meilleur écrivain que lui. Et c'est aussi précisément à cette époque de sa vie qu'elle se plonge totalement dans la Révolution française, au point d'en être obsédée. Ses choix littéraires, en tant qu'auteur, se limitent exclusivement à ce sujet, et surtout à Maximilien Robespierre qu'elle vénère. Elle était tellement dévorée par sa passion de la Révolution française qu'elle datait ses lettres à l'aide du Calendrier républicain. Les destinataires de ses missives étaient très divers, dont le célèbre écrivain Thomas Mann. Sa passion dévorante pour cette période de l'histoire de France eut sans doute pour point de départ la lecture d'un ouvrage de Georg Büchner, "La mort de Danton", écrit en 1835, bien que pourtant elle détesta l'approche dantoniste de l'auteur. En effet, Stanisława Przybyszewska était au contraire très influencée par l'école Robespierriste d'Albert Mathiez.

Obsédée par Robespierre

Bien que sa célèbre pièce de théâtre porte le nom de Danton, Stanisława Przybyszewska était en réalité complètement obsédée par Maximilien Robespierre dont il est le héros. Dans ses écrits, elle mettait en avant ses vertus et son caractère visionnaire, Robespierre ayant prédit, avec grande clairvoyance, les évènements futurs qu'il pressentait. Elle était comme "possédée" par lui. "J'ai la certitude", écrit-elle dans un courrier à un ami, "que je comprends Robespierre mieux que n'importe qui dont j'ai lu les travaux lui étant consacrés". Stanisława Przybyszewska attribuait notamment à Robespierre ses propres opinions communistes et elle était convaincue qu'il avait prédit la désastreuse montée du capitalisme, qu'elle abhorrait. En 1929, dans une lettre, elle écrit : « Je suis aujourd'hui encore, plus amoureuse de Robespierre qu'il y a cinq ans. (...) Grâce à cet homme, j'ai découvert la morale, la conception spirituelle la plus élevée de l'homme. » [2]

Robespierre a toujours été l'objet central de sa vie, de ses fantasmes obsessionnels, et de ses écrits. Il est le héros des deux œuvres de Stanisława Przybyszewska qui nous sont connues : "L'affaire Danton", terminée en 1929, et une seconde pièce de théâtre, qu'elle avait commencé plus tôt, "Thermidor", mais qui resta hélas inachevée lors de sa mort, en 1935.

Une mort solitaire

De plus en plus pauvre, elle passa ses dernières années dans un tout petit appartement de Danzig, une sorte de baraquement à la plomberie sommaire et dépourvu de chauffage. Elle en était réduite à recouvrir ses aliments de Lysol (un solvant ménager) pour essayer de les conserver plus longtemps. Mentalement instable, terriblement fragile, tant physiquement que psychologiquement, elle se consacra corps et âme à écrire sur la Révolution française et à réhabiliter la mémoire de Robespierre. Coupée du monde réel, loin de ce XX° siècle qu'elle détestait, elle se réfugiait dans son monde imaginaire, dans la fin du XVIII° siècle français, avec la mémoire des révolutionnaires morts depuis longtemps. Epuisée par les privations, la faim, le froid et les drogues, elle s'éteignit finalement, seule et dans l'anonymat le plus complet, à l'âge de 33 ans, six semaines à peine avant ses 34 ans.

Postérité

Pierre commémorative à l'ancien Lycée polonais de Gdańsk (pl) (actuellement Centre de formation continue Maréchal J. Piłsudski)

Stanisława Przybyszewska est morte inconnue de ses contemporains. Il fallut attendre plusieurs décennies pour que ses œuvres soient exhumées et tirées de l'oubli. Ce n'est qu'en 1967 qu'un metteur en scène polonais, Jerzy Krakowski, découvrit dans des archives la pièce "L'affaire Danton", ouvrage abondamment raturé et très difficile à lire. Il s'atèle à la tâche, et la pièce sera un succès. Elle connaîtra alors des traductions dans plusieurs langues et sera plus tard adaptée pour le cinéma en 1983 par Andrzej Wajda, sous le titre raccourci de "Danton", avec, dans le rôle principal, Gérard Depardieu.

Quant à l'histoire de sa vie, elle demeure globalement méconnue. Écrivains de langue anglaise, Jadwig Kousack et Daniel Gerould lui consacrèrent un ouvrage en 1989, intitulée "Une vie de solitude", biographie regroupant des lettres sélectionnées écrites par Stanisława Przybyszewska. La personnalité de la jeune femme est ainsi révélée dans toute son émotivité et sa passion à travers sa correspondance.

Mais la meilleure perception de la personnalité de Stanisława Przybyszewska a sans doute été donnée par une autre romancière. L'auteure Hilary Mantel a écrit dans la "London Review of Books" (Vol.22, N° 7, daté du 20 Mars 2000), une phrase très juste et très poétique sur la vie et la mort de Stanisława Przybyszewska : « la tuberculose, la morphine et la malnutrition ont été reconnues comme étant les causes de sa mort. Mais Stanisława Przybyszewska aurait certainement pu être plus justement diagnostiquée comme la femme qui est morte de Robespierre » c'est-à-dire morte de cette maladie d'aimer obsessionnellement Maximilien Robespierre, tout en excès, jusqu'à la folie.

Œuvre

  • (fr) Stanisława Przybyszewska L'Affaire Danton, L'AGE D'HOMME, coll. « Classiques slaves », 1983, 198 p. [lire en ligne]  (traduction de Daniel Beauvois)

Bibliographie

Notes et références

  1. Citation issue de la préface bibliographique de "L'affaire Danton", traduit par Daniel Beauvois, éd. L'âge d'homme, collection Classiques slaves
  2. Citation issue de la préface bibliographique de "L'affaire Danton", traduit par Daniel Beauvois, éd. L'âge d'homme, collection Classiques slaves'



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Stanisława Przybyszewska de Wikipédia en français (auteurs)

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