Relations entre les deux Corée et le Japon

Relations entre les deux Corée et le Japon

Cet article traite des relations entre les deux Corée et le Japon.

Il réside aujourd'hui une minorité coréenne de 600 000 personnes au Japon.

Sommaire

Occupation de la Corée par le Japon

Suite à la Guerre sino-japonaise (1894-1895) conclue par le traité de Shimonoseki, et la Guerre russo-japonaise (1904-1905) conclue par le traité de Portsmouth, la Corée devient un protectorat japonais. Le Traité d'annexion de la Corée signé en 1910 aboutit à la colonisation japonaise. Il sera même alors question de construire un tunnel sous-marin Japon-Corée.

La situation se maintient jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale et la reddition du Japon le 15 août 1945 (Gyokuon-hōsō). La Corée fut alors divisée en deux zones d'occupation administrées par l'Union soviétique et les États-Unis.

Relations entre la Corée du Sud et le Japon

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Relations militaires

L'article 9 de la constitution japonaise interdit au Japon d'entretenir toute force militaire en vertu de sa volonté de renoncer à jamais à la guerre ; cependant, le Japon entretient une force de défense appelée forces japonaises d'autodéfense, ainsi que des relations de sécurité avec certains pays dont les États-Unis et ses alliés au sein de l'OTAN. C'est pour cela qu'il soutint le plan d'intervention américain en Corée lors de la guerre de Corée (1950-1953), en réponse à l'invasion communiste du pays et ce, en fournissant un appui logistique naval[1]. Les relations diplomatiques sont alors rompues.

Le Japon a reconnu la Corée du Sud comme le gouvernement légitime de la péninsule coréenne tout entière en 1965 ; le traité de normalisation des relations entre le Japon et la Corée du Sud du 22 juin 1965 permit également de développer les relations économiques entre les deux pays et l'implantation d'entreprises japonaises en Corée du Sud. L’accord du 18 décembre 1965, signé sous l’impulsion du président Park Chung-hee avec les encouragement des États-Unis, malgré d’importantes manifestations d’opposition en Corée du Sud, a entraîné le versement d’une aide économique pendant dix ans (1965-1975) du Japon à la Corée du Sud, dont la majeure partie sous forme de dons[2].

Les échanges culturels

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Corée du Sud a interdit l'importation de produits culturels japonais tels que la musique, les films, les mangas et la littérature. Cette interdiction a été partiellement levée par l'administration de Kim Dae-jung en 1998. En janvier 2004, l'interdiction sur les importations de CD et DVD japonais a finalement été levée en Corée du Sud.

En 1996, la FIFA a annoncé que les deux pays organiseraient conjointement la Coupe du monde 2002, occasionnant un réchauffement des relations, notamment au niveau de la classe politique et des dirigeants des deux pays. L'année 2005 a été désignée comme année de l'amitié entre le Japon et la Corée du Sud, mais divers incident ont mis à mal leurs relations [3].

Ces dernières années, la culture pop sud-coréenne (K-pop) a connu une popularité importante au Japon, un phénomène appelé vague coréenne (韩流) au Japon ; la chanteuse pop BoA est l'une des chanteuses les plus populaires au Japon, avec six albums consécutifs en tête du palmarès Billboard[4].

Problèmes récurrents

Parmi les conflits territoriaux persistant entre le Japon et la Corée du Sud, on peut citer le cas des Rochers Liancourt ; un petit groupe d'îlots situé en mer du Japon, possession sud-coréenne (Dokdo 독도 en coréen) mais dont la souveraineté est contestée par le Japon (Takeshima 竹島 en japonais) ; en jeu, des territoires de pêche et un élargissement de la ZEE. Le nom de la mer séparant les deux pays est également source de tensions, elle est appelée mer de l'Est en Corée et mer du Japon au Japon.

Toutefois, l’ensemble des contentieux historiques liés à l’occupation japonaise restent présents dans les relations entre Coréens et Japonais, ces tensions ayant des conséquences sur les relations diplomatiques. Ainsi, des initiatives ont été prises pour que le gouvernement japonais reconnaisse l’esclavage sexuel des femmes de réconfort pendant la Seconde Guerre mondiale[5]. Le révisionnisme au Japon, s’agissant notamment de la présentation de l’occupation japonaise dans les manuels d’histoire japonais, est très fortement ressenti par l’opinion sud-coréenne. Enfin, les visites du Premier ministre japonais Jun'ichirō Koizumi au sanctuaire de Yasukuni, sur les tombes des généraux japonais de la Seconde Guerre mondiale, a fait peser des risques d’annulation des sommets bilatéraux entre les deux États, à l’automne 2005[6].

Améliorations des relations diplomatiques

Lors de la réunion du G20 de Toronto en 2010, le Premier ministre japonais Naoto Kan a appelé à un partenariat orienté vers l'avenir avec la Corée[7] ; affirmant qu'il n'hésiterait pas à réfléchir sur les fautes du passé du Japon. Il a par ailleurs indiqué qu'il allait poursuivre les efforts de construction d'amitié avec Séoul mis en place par Yukio Hatoyama, tout en traitant durement avec les provocations militaire de Pyongyang[8]. et en prenant ses responsabilités vis-à-vis du passé colonial de son pays[9].

Comme cette année marque le 100e anniversaire de la colonisation japonaise de la Corée en 1910 par le traité d'annexion de la Corée, la Corée et le Japon sont décidés à débuter un nouveau siècle d'amitié[8]. Le Japon, par son Premier ministre, s'est ainsi excusé d'avoir occupé la péninsule coréenne et privé le peuple coréen de sa culture et de son identité durant 35 ans[10]. Ainsi de nombreux objets culturels longtemps réclamés par la Corée du Sud ont été rendus par le Japon en 2010[11] et les deux dirigeants, Lee Myung-bak et Naoto Kan se sont accordés pour résoudre les problèmes bilatéraux et régionaux en convenant de réfléchir et de mettre en place certaines mesures communes sur la sécurité financière et la recherche d'une croissance mondiale plus équilibrée lors de la réunion du G20 à Séoul[11].

Après le séisme du 11 mars 2011 au Japon, la Corée du Sud est le premier pays à envoyer une équipe de secouristes ; elle envoie également de l'eau, de la nourriture et diverses fournitures[12]. En trois semaines, les donations sud-coréennes se seraient élevées à 46 millions de dollars[13].

En octobre 2011, le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda, lors d'une visite officielle en Corée du Sud, restitue cinq ouvrages des archives royales coréennes de la dynastie Joseon ou Uigwe (en), suite à un accord signé en novembre 2010 par son prédécesseur Naoto Kan[14].

Relations entre la Corée du Nord et le Japon

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Relations entre la Corée du Nord et le Japon
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Article connexe : Combat d'Amami-Ōshima.

En politique étrangère, le Premier ministre japonais Jun'ichirō Koizumi (2001-2006) a rompu avec ses prédécesseurs en instaurant un dialogue avec la Corée du Nord, au risque d’irriter l’allié américain. Cette initiative était de nature à réaffirmer le rôle du Japon sur la scène diplomatique internationale, tout en mettant fin à un des derniers contentieux hérités de la capitulation japonaise à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

Deux rencontres au sommet entre les dirigeants japonais et nord-coréen

Koizumi a été le premier chef de gouvernement japonais à se rendre dans la capitale nord-coréenne, Pyongyang, et ce à deux reprises, en septembre 2002 et en mai 2004. Lors du sommet du 17 septembre 2002, Koizumi a exprimé ses « profonds regrets » pour l’attitude du Japon pendant l’occupation japonaise de la Corée. Pour sa part, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, a présenté les « excuses » de la Corée du Nord pour les enlèvements de ressortissants japonais par des agents nord-coréens dans les années 1970, en précisant que de tels incidents ne se « reproduiraient pas » et que les Nord-Coréens responsables de ces actes avaient été punis.

À l’occasion du second sommet, le 22 mai 2004, Koizumi s’est engagé à fournir une assistance économique sous forme de livraison de nourriture (à hauteur de 250 000 tonnes) et de médicaments (pour une valeur de 10 millions de dollars), via des organisations internationales. Enfin, un dialogue bilatéral a été établi sur les questions de sécurité.

L’échec de l’ouverture de relations diplomatiques

Toutefois, la normalisation des relations diplomatiques, qui constituait un objectif affiché du Premier ministre Koizumi, a échoué du fait de divergences persistantes sur la question des ressortissants japonais enlevés et des mesures de sécurité prises par l’une et l’autre parties.

S’agissant des enlèvements de Japonais, Pyongyang a permis aux cinq ressortissants japonais survivants de se rendre dans l’archipel nippon. Mais ceux-ci sont restés au Japon, contrairement à ce qui était prévu. En effet, sous la pression d’une opinion publique très sensible à cette question, le gouvernement Koizumi a demandé que les membres des familles des cinq Japonais puissent aussi revenir dans l’archipel nippon, tout en dressant une liste de 150 questions sur le sort de huit autres Japonais enlevés et décédés depuis. Sur ce dernier point, les autorités nord-coréennes n’ont pas pu apporter l’ensemble des réponses attendues par les familles de ces huit Japonais.

Concernant les mesures de sécurité, Tokyo se considère menacé par la poursuite des programmes d’armement balistique et nucléaire de la Corée du Nord, laquelle a pour sa part observé qu’il s’agissait de mesures défensives face à l’attitude hostile des États-Unis. De son côté, Tokyo a renforcé ses capacités militaires, tandis que le Parlement a adopté, à l’été 2003, des projets de loi d’ « urgence en cas de guerre » donnant des pouvoirs exceptionnels au gouvernement de déploiement des forces militaires, en contradiction avec l’esprit, sinon la lettre de l’article 9 de la Constitution pacifiste japonaise.

En outre, les parlementaires japonais ont adopté une série de mesures limitant fortement les échanges avec la Corée du Nord, ainsi que les activités de l’association des résidents nord-coréens au Japon, la Chongryon.

L'après Koizumi

Dans le contexte de montée des tensions américano – nord-coréennes, le gouvernement japonais a dénoncé le « tir de missile » nord-coréen de juillet 2006, en l’estimant contraire à l’engagement de la Corée du Nord d’observer un moratoire sur ses essais balistiques. Koizumi a ainsi quitté la direction du gouvernement en 2006 sans avoir réalisé son objectif d’établissement de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée, tandis que son successeur Shinzo Abe est un partisan d’une ligne dure vis-à-vis de Pyongyang.

Les relations restent tendues, mais alors que la Corée du Nord demande des réparations[15] au titre des dommages subis pendant l'occupation japonaise (marquées notamment par la prostitution forcée des femmes de réconfort coréennes pendant la Seconde Guerre mondiale), le Japon considère comme prioritaire la question de l'enlèvement de plusieurs de ses ressortissants par les services secrets nord-coréens dans les années 1970 et 1980[16]. Par ailleurs, l'essai nucléaire nord-coréen du 9 octobre 2006 a été perçu au Japon comme une menace pour l'archipel nippon et le gouvernement japonais a adopté des sanctions contre la Corée du Nord[17].

Après la signature d'un accord sur les armes nucléaires en Corée du Nord à Pékin le 13 février 2007, le Japon et la Corée du Nord ont engagé des négociations bilatérales pour normaliser leurs relations diplomatiques[18] mais le blocage des négociations et les annonces de nouveaux tirs de fusée font remonter la tension entre ces deux pays début 2009[19]. En décembre 2010, le ministère japonais de la défense décide de renforcer ses capacités de défense contre les missiles (ajout de trois bases de missiles antimissiles sol-air Patriot Advanced Capability 3 (PAC-3) et de deux destroyers Aegis équipés de missiles intercepteurs SM-3), en redéployant ses forces présentes sur Hokkaido face à la Russie sur les îles Nansei[20].

En l'absence de relations diplomatiques officielles au niveau gouvernemental, la Ligue d'amitié parlementaire Japon-Corée du Nord traite de questions d'intérêt commun pour les deux pays, telles que la délimitation des zones de pêche. Selon Wikileaks, le Japon mettrait sur pied depuis 2008 un service de renseignement extérieur rattaché au Naichō, dont la cible prioritaire est la Chine et son allié nord-coréen[21].

Suite au séisme du 11 mars 2011 au Japon, la Corée du Nord et son dirigeant Kim Jong-il font un don financier au pays de respectivement de 100 000 et 500 000 dollars[22].

Le 15 novembre 2011, pour la première fois depuis 22 ans, l'équipe du Japon de football rencontre son homologue nord-coréenne en Corée du Nord, dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde de football 2014 : Zone Asie[23]. La Télévision Centrale Coréenne collabore avec la chaine japonaise TBS pour la retransmission du match, et 150 supporters japonais sont présents dans les tribunes[23]. Cependant, l'accueil réservé à la sélection japonaise est « glacial », celle-ci subissant un contrôle de quatre heures à son arrivée à l'aéroport de Pyongyang, et l'hymne national japonais étant conspué avant match[23].

Notes et références

  1. Relations nippo-coréennes.
  2. Corée du Sud, le miracle démasqué par Eric Toussaint
  3. 2005, l'année de l'amitié entre le Japon et la Corée du Sud.
  4. Échanges culturels nippo-coréens.
  5. Site du Conseil coréen des femmes de réconfort
  6. Dépêche de l’agence KBS
  7. « I hope the year 2010 will be a remarkable year for relations between Korea and Japan »
  8. a et b (en)Réchauffement des relations diplomatiques nippo-coréennes. sur le Korean Times
  9. « I will face up to history to build a brighter future for both countries »
  10. (en)Efforts de réconciliation japonais envers la Corée du Sud. sur le Wall Street Journal.
  11. a et b (en)Efforts de réconciliation japonais envers la Corée du Sud sur le Japan Today
  12. (en) Kim So-hyun, « Claim on Dokdo remains thorn in Japan ties », Korea Times, le 29 mars 2011
  13. (en) Cheol Hee Park, « Post-Earthquake Japan-Korea Ties », The Diplomat, le 18 avril 2011
  14. Le Japon rend des archives royales à la Corée du Sud, RFI, le 18 octobre 2011
  15. Japon-Corée du Nord : un dialogue infructueux, sur le site de Radio France internationale (RFI)
  16. Documents de l'ambassade du Japon en France sur l'enlèvement de citoyens japonais par la Corée du Nord
  17. Corée du Nord : Le gouvernement japonais approuve un plan de sanctions, dépêche de l'Associated Press (AP)
  18. « Friction passagère entre la Corée du Nord et le Japon à Hanoï », dépêche de l'agence Reuters, reproduite sur le site de yahoo!, 7 mars 2007.
  19. La Corée du Nord menace le Japon, 2 avril 2009
  20. Shingo Ito, « Le Japon renforce sa défense vis-à-vis de la Chine et de la Corée du Nord », AFP sur Google News, le 17 décembre 2010
  21. « Le Japon veut se doter d'un service de renseignement extérieur, selon WikiLeaks », dans Le Monde, 21 février 2011 [texte intégral] 
  22. Michel Temman, « Hauts secours pour le Japon », Libération, 28 mars 2011
  23. a, b et c Football : réception glaciale du Japon en Corée du Nord, AFP sur LeMonde.fr, le 15 novembre 2011

Bibliographie

  • (en) Hong Nack-nim, « Japanese - North Korean Relation Under the Koizumi Government », in Young Whan-kihl et Hong Nack-nim (sous la direction de), North Korea. The Politics of Regime Survival, East Gates Book, New York, 2006, pp. 161-182.

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