- Beurette
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Beur
« Beur » est un terme familier qui désigne les descendants des émigrés d'Afrique du Nord installés et nés en France. Le mot est rentré dans "le Robert" en 1980.
Le terme a été créé en inversant l'ordre des syllabes du mot arabe : a-ra-beu donne beu-ra-a, puis beur par contraction. C'est donc un mot du verlan, qui a la particularité d'avoir donné lui-même en verlan le nom Rebeu, porteur de même sens.
Selon étymologie du mot, ce dernier est censé désigner exclusivement les personnes d'origine arabe, cependant dans les faits il englobe l'ensemble des Nord-Africains, Berbères compris. La grande majorité des Berbères de France, cependant, rejettent cette désignation, qui les renvoient a une identité arabe dans laquelle ils ne se reconnaissent pas.
Sommaire
Immigrés de deuxième génération
Les Beurs étant des enfants d'immigrés, on utilise parfois le terme d'« immigrés de deuxième génération », par opposition aux « primo-arrivants », par exemple dans l'Éducation Nationale française[1].
On peut relever que le terme « immigrés de deuxième génération » est une antinomie, en effet, si une personne est née sur place, elle n'est elle-même pas immigrée ; le terme exact serait plutôt « enfant d'immigré ». Les associations anti-racistes décèlent dans cette appellation l'ambiguïté de la politique et de la société française qui, d'une part, considère les beurs comme des citoyens français à part entière, assujettis aux devoirs citoyens comme les impôts ou bien le service militaire lorsqu'il existait, et qui d'autre part les rejette souvent aux marges de la société à cause des phénomènes de racisme larvé (comme la discrimination à l'embauche, l'accès au logement, le droit de fréquenter des discothèques, voire la pratique de contrôles de police abusifs ; on parle alors couramment de délit de faciès).
Dans le langage administratif, on utilise le plus souvent le terme plus neutre Français issu de l'immigration. Le terme « Beur » n'est utilisé par les Beurs que pour se qualifier entre eux qu'à titre caricatural. Ce terme demeure dévolu à ceux qui veulent marquer une différence « policée » pour établir une distinction entre Français.[réf. nécessaire]
Culture beur et discriminations
Les Beurs, qui ont tous des origines des pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), auraient créé un ensemble de comportements, de modes de vie, un genre de musique (rap ou raï), des modes vestimentaires, des films cultes, une littérature, cinéma, musique, humour beurs etc., qui constituerait la culture beur, pouvant exprimer parfois le mal-être de certains de ces français que les clichés décrivent comme « partagés entre deux cultures », ainsi que les difficultés rencontrées dans leurs relation avec leur famille, souvent encore très marquées par leur pays d'origine, et la société française.
Selon le rapport 2006 de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE), Un candidat au patronyme maghrébin (sans photo) reçoit 3 fois moins de réponses qu’un candidat au nom et prénom « français de souche[2].
Cet état de fait pourrait être accentué par certains clichés ou par l'imagerie populaire qui admet une certaine surreprésentation de personnes issues de la culture beur en matière de délinquance et d'insécurité. Cependant, même si tout référencement est en principe interdit en France sur le principe de l'origine ethnique ou religieuse, il est établi que près des deux tiers des personnes incarcérées en France sont beurs[réf. nécessaire].
Ainsi, ceci accentue le principe redondant du principe de discrimination. Pour certains, les Beurs sont constamment discriminés ce qui les marginalise et les conduit à une défiance à l'égard de la société. Pour d'autres au contraire, ce sont ces défiances répétées et continues de nombreux membres de la culture beur qui créent et entraîne un principe de discrimination. Enfin, de plus en plus de personnes tendent à penser que la France Républicaine d'aujourd'hui ne reconnaît que des discriminations d'ordre social, ce qui complaît les beurs dans une victimisation illégitime de leur communauté au seul regard de leur origine ethnique.
Personnalités et groupes représentatifs de la culture beur
On peut citer les auteurs Nina Bouraoui, Farida Belghoul, Azouz Begag et Ramdane Issaad, les chanteurs Rachid Taha, Nâdiya, Zebda, Rim'K ou Amine, les acteurs Smaïn, Jamel Debbouze, Samy Naceri, Kad Merad, Souad Amidou, Sam Touzani, Salim Kechiouche, Ramzy Bédia ou Yasmine Belmadi, les réalisateurs Mehdi Charef, Kamel Ouali, Slimy, Yamina Benguigui, et Rachid Bouchareb, le footballeur Zinedine Zidane, le président du R.C.T. Mourad Boudjellal et des associations comme Ni putes ni soumises ou Kelma[réf. nécessaire]
Expressions
- « Black Blanc Beur » : expression vulgarisée dans les années 1990, pour désigner la France multi-ethnique (par comparaison au drapeau bleu, blanc, rouge) ; cette expression provient peut-être du titre Black and white blues, chanson de Serge Gainsbourg interprétée par Joëlle Ursull à l'Eurovision en 1990 (elle obtint la deuxième place); ou de la compagnie de danse hip hop du même nom créée par Jean Djemad et Christine Coudun en 1984 [1] .
- Le (la) « Beur de service » : expression utilisée pour désigner une figure emblématique utilisée dans certains média, celle d'un enfant d'immigré ayant réussi ses études et son « intégration », malgré les problèmes économiques de sa famille ; il s'agit d'une critique des média, mais l'expression est également parfois utilisée pour désigner un enfant d'immigré ayant été nommé à un poste important en sous-entendant que sa nomination est plus due à son origine ethnique qu'à ses compétences.
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- « On ne me reconnaissait aucune compétence particulière, sinon celle d'être né Mourad. Mon identité me servait de brevet d'énarque. »
- Mourad Ghazli, Ne leur dites pas que je suis français, ils me croient arabe, éd. Presses de la Renaissance, 2006
- Un autre dérivé du terme a fait son apparition, par exemple les « beurgeois » (mot-valise, pour « beurs embourgeoisés »)
- « Beur ou ordinaire » : cette expression est détournée de la publicité pour le beurre (« beurre ou ordinaire »), diffusée à la fin des années 1980. La première fois que cette expression apparaît, c’est en 1991, dans « Armées d’Aujourd’hui » (mensuel du Ministère de la Défense), comme titre d’un article ; ce titre est créé par Jean-Pierre Steinhofer pour l’article dans lequel il dénonce le caractère discriminatoire de la politique nouvellement mise en place dans l’armée pour privilégier les appelés beurs pour la promotion dans les grades supérieurs d’appelés du contingent (caporal, caporal-chef et sergent) et pour l’attribution des permis de conduire. Cette expression est ensuite reprise dans le titre d’une pièce de théâtre créée en 2000 pour dénoncer le racisme.
Films
- Salut cousin !, Merzak Allouache (1996)
- Le Gone du Chaâba de Christophe Ruggia, (1997)
- Mémoires d'immigrés, l'héritage maghrébin, documentaire de Yamina Benguigui (1998)
- Bâton Rouge (1985), Cheb (1991), Poussières de vie (1994) de Rachid Bouchareb
- Le Thé au harem d’Archi Ahmed de Mehdi Charef (1985)
- Kamel (1997), Au-delà de Gibraltar (2001), de Mourad Boucif
- La Haine (1995) de Mathieu Kassovitz
Bande dessinée
- Les Beurs par Farid Boudjellal (dessin : Larbi Mechkour), éd. Albin Michel, 1985, ISBN 2-226-02291-0
réédité aux éd. Tartamundo sous le titre Black Blanc Beur - Les folles années de l'intégration.
Presse et médias
Mots équivalents dans d'autres cultures
Notes et références
Bibliographie
- Stéphanie Marteau, Pascale Tournier, Black, blanc, beur... : La guerre civile aura-t-elle vraiment lieu ? Albin Michel, 2006, ISBN 2226174966
- Philippe Bernard, La crème des beurs. De l’immigration à l’intégration, Seuil, 2004
- Nora Barsali, François Freland, Anne-Marie Vincent, Générations Beurs. Français à part entière, Éditions Autrement, 2003
- Hafid Gafaïti, Cultures transnationales de France. Des « Beurs » aux… ? L’Harmattan, 2001
- Michel Laronde, Autour du roman beur. Immigration et identité, L’Harmattan, 1993
- Alec G. Hargreaves, La littérature beur : Un guide bio-bibliographique, New Orleans : CELFAN Edition Monographs 1992
- (en) Alec G. Hargreaves, Voices from the North African Immigrant Community in France. Immigration and Identity in Beur Fiction. New York - Oxford: Berg 1991/1997
- Farida Belghoul, Georgette (roman), Paris, Barrault, 1986 (ISBN 2736000501).
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