- La Haine
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La Haine
Données clés Titre original La Haine Réalisation Mathieu Kassovitz Scénario Mathieu Kassovitz
Saïd TaghmaouiActeurs principaux Saïd Taghmaoui
Hubert Koundé
Vincent CasselSortie 1995 Durée 96 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
La Haine est un film français en noir et blanc sur la banlieue réalisé par Mathieu Kassovitz et sorti en 1995.
Sommaire
Synopsis
Le récit se déroule au lendemain d'une nuit d'émeutes opposant la jeunesse et la police dans la cité des Muguets à Chanteloup-les-Vignes (78). Ces émeutes étaient consécutives à la bavure d'un inspecteur du commissariat qui avait sévèrement blessé Abdel Ichaha, un jeune résident de la cité, lors d'une garde à vue. On suit les péripéties de trois jeunes amis d'Abdel Ichaha. Vinz, impertinent au tempérament violent, a soif de vengeance au nom d'Abdel. Hubert, as de la boxe et dealer de haschisch, ne pense qu'à quitter la cité pour une vie meilleure et se refuse à provoquer la police. Saïd tient un rôle de médiateur.
La nouvelle se répand dans la cité qu'un policier a perdu son revolver durant la nuit des affrontements. On apprend très vite que Vinz l'a trouvé et qu'il compte en faire usage pour tuer un policier au cas où Abdel Ichaha ne se réveillerait pas du coma dans lequel il est plongé. Hubert le désapprouve. L'usage du revolver est un leitmotiv : Vinz le garde en permanence dans son pantalon, le dégainant à tout va, s'attirant constamment les remontrances d'Hubert.
L'essentiel du récit s'étend sur une seule journée : la journée la plus importante de la vie des trois jeunes.
Fiche technique
- Titre : La Haine
- Réalisation : Mathieu Kassovitz
- Scénario : Mathieu Kassovitz et Saïd Taghmaoui
- Production : Christophe Rossignon pour Lazennec Productions, La Sept Cinéma, StudioCanal et Kasso inc. Productions
- Directeur de la photographie : Pierre Aïm
- Ingénieur du son : Vincent Tulli
- Montage : Mathieu Kassovitz et Scott Stevenson
- Date de sortie en France : 31 mai 1995
- Film français
- Format : Noir et blanc - 1,85:1 - son Dolby numérique - 35 mm
- Lieu du tournage : Chanteloup-les-Vignes, Cité de la Noé
- Genre : Comédie dramatique
- Durée : 95 minutes
- Box-office France : 2 042 070 entrées
- Budget : 2,59 millions d'euros. 15 millions de francs
- Film interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salle
Distribution
- Vincent Cassel : Vinz
- Hubert Koundé : Hubert
- Saïd Taghmaoui : Saïd
- Abdel Ahmed Ghili : Abdel (en photo)
- Solo : Santo
- Joseph Momo : Gars ordinaire
- Héloïse Rauth : Sarah
- Rywka Wajsbrot : Grand Mère de Vincent
- Olga Abrego : Tante de Vincent
- Laurent Labasse : Cuisinier
- Choukri Gabteni : Frère de Saïd
- Nabil Ben Mhamed : Garçon à la blague
- Benoît Magimel : Benoît
- Medard Niang : Médard
- Arash Mansour : Arash
- Abdel-Moulah Boujdouni : Jeune homme d'affaires
- Mathilde Vitry : la journaliste qui se fait caillasser
- Christian Moro : Journaliste TV CRS
- JiBi : le garçon opulent
- Edouard Montoute : Darty
- Félicité Wouassi : la mère de Hubert
- Fatou Thioune : la sœur d'Hubert
- Thang-Long : l'épicier
- Cut Killer : le DJ
- Sabrina Houicha : la sœur de Saïd
- Sandor Weitmann : l'homme qui ressemble à Vinz
- François Levantal : Astérix
- Julie Mauduech : une fille dans la galerie d'art
- Karin Viard : une fille dans la galerie d'art
- Vincent Lindon : l'homme saoul
- Christophe Rossignon : le chauffeur de taxi
- Mathieu Kassovitz : le skinhead néonazi qui se fait tabasser
- Anthony Souter : un des skinheads
- Florent Lavandeira : un des skinheads
- Teddy Marques : un des skinheads
- Samir Khelif : un des skinheads
- Tadek Lokcinski : le monsieur dans les toilettes
- Virginia Montel : SDF dans le métro
- Andrée Damant : la concierge
- Marcel Marondo : le videur
- Karim Belkhadra : Samir
- Eric Pujol : l'assistant policier
- Philippe Nahon : le chef de la police
- Sébastien Tavel : Officier de police à l'hôpital
- François Toumarkine : Officier de police à l'hôpital
- José-Philippe Dalmat : Officier de police à l'hôpital
- Zinedine Soualem : Officier de police maltraitant Saïd et Hubert
- Bernie Bonvoisin : Assistant du policier maltraitant Saïd et Hubert
- Cyril Ancelin : Jeune assistant du policier maltraitant Saïd et Hubert
- Patrick Médioni : CRS dans la cave
- Peter Kassovitz : le patron de la galerie d'art
- Marc Duret : l'inspecteur "Notre Dame"
Commentaires
Le film met en scène la vie de jeunes banlieusards autour de leur haine pour les forces de maintien de l'ordre, ce qui fut à l'origine d'un débat d'opinions concernant son influence, en tant qu'œuvre cinématographique, sur la société.
Le contexte lié à la sortie de ce film faisait suite à quinze années de perturbations croissantes dans les zones urbaines périphériques, qui ont considérablement choqué l'opinion et modifié sa perception. La mort de Malik Oussekine est citée dans le film également.
Le film a été tourné en couleur sous l'insistance du coproducteur TF1, mais les copies films ont été tirées en noir et blanc. Originellement, la diffusion TV était prévue en couleur, mais devant son succès, le noir et blanc a été conservé. Le scénario a la structure d'une tragédie ; deux caractéristiques qui donnent une patte classique à un sujet qui d'ordinaire est cantonné aux actualités télévisées. Le découpage des scènes qui affiche l'heure de la journée contribue à l'intensité dramatique d'ensemble, et suggère l'impression que ces gens ne sont jamais laissés en paix quelle que soit l'heure de la journée.
Chaque personnage représente une minorité religieuse ou ethnique opposant la société française : un noir (Hubert), un arabe (Saïd) et un juif (Vinz). L'amitié du trio est fédératrice et symbolise le sujet du film : la condition des personnes reléguées dans les cités est comparable.
Le découpage en trois mouvements structure également l'évolution dramatique ; scènes d'exposition de la cité en marasme, au lendemain d'une nuit de violences, suivies d'une virée nocturne dans le centre de Paris où le trio est confronté à diverses situations l'amenant à la perception du mépris. La troisième partie est un dénouement allant dans le sens de cette descente graduelle, justifiant son aspect inexorable. Le film est également découpé en "chapitres", annoncés par une horloge qui indique l'heure de chaque scène-clé.
L'élément fédérateur tout au long du film concerne les postures du personnage de Vinz, à la psychologie comparable à Travis dans Taxi Driver, comparaison qui le fascine au point de rejouer la scène anthologique du caïd qui teste ses expressions de dureté face au miroir de sa salle de bain : « C'est à moi que tu parles ? » Les deux amis de Vinz vont tenter au fil des scènes de le raisonner face à la fureur, appelant à la vengeance aveugle, qui le traverse. Vinz parviendra à les surmonter au petit matin. Mais la succession des évènements sera la plus forte.
Ce film est inspiré de l'histoire vraie de Makomé M'Bowolé, tué d'une balle dans la tête par un policier lors de sa garde à vue dans le XVIIIe arrondissement de Paris en 1993[1].
- Autour du film
- Comme à son habitude, Christophe Rossignon, le producteur des films de Mathieu Kassovitz tient un petit rôle en chauffeur de taxi. En effet, celui-ci était taximan de nuit pendant ses jeunes années, afin de financer ses activités diurnes de producteur. Il s'amuse donc à régulièrement jouer des petits rôles en chauffeur de taxi.
- Le réalisateur Mathieu Kassovitz y apparaît en caméo dans le rôle du skinhead qui, au cours d'une bastonnade à cinq contre deux, se retrouve face au canon du revolver de Vinz dans une scène où tout peut basculer, ce personnage se retrouvant face aux contradictions liées à la violence où la situation l'amène.
- Le film eut un succès commercial important et provoqua une controverse en France concernant son point de vue sur la violence urbaine et policière. Le premier ministre d'alors, Alain Juppé, a selon la rumeur organisé une projection spéciale du film en demandant aux membres de son ministère d'y assister ; les officiers de police présents auraient tourné le dos à la projection en signe de protestation face au portrait de la brutalité policière renvoyée par le film [réf. nécessaire].
- Concernant l'écriture du film, le réalisateur Mathieu Kassovitz a indiqué sur son site Web que le film Z de Costa-Gavras avait été un des fondements de la Haine.
- Les réalisateurs Lukas Moodysson et Tian Zhuangzhuang ont placé respectivement en 4e et 7e place de leurs classements Sight and Sound Poll[2].
- Dans plusieurs des versions doublées, le nom Astérix, allusion à la BD Astérix, est remplacé par Snoopy, allusion aux Peanuts plus connu à l'étranger.
- Le film a introduit dans le langage populaire des expressions comme "Une p'tite ligne de coke ?", "Black Bombay", "Caca nerveux", "Moika"( pour désigner une personne d'origine antillaise) ou encore "C'est toi la cave".
- En 2005 le film est diffusé sur La Chaîne parlementaire en tant que documentaire à l'occasion des 10 ans de ce film.
- Jean-Louis Debré, alors Ministre de l'Intérieur à l'époque de la sortie du film (en 1995), a déposé plainte contre les chansons Sacrifice De Poulet et Brigitte, Femme De Flic du groupe Ministère AMER, qui font partie de la bande originale du film.
- Mathieu Kassovitz fait un clin d'œil aux Inconnus lorsque au début du film Saïd veut que la sœur de Vinz demande à ce dernier de descendre et que elle lui répond « et pourquoi faire », réplique culte du sketch La Zup. Un deuxième clin d'oeil est présent lorsque les 3 jeunes sont dans le métro et des mendiants leurs demandent de l'argent à tour de rôle, comme dans le sketch La Quête.
- Mathieu Kassovitz fait aussi un clin d'œil au film Scarface de Brian de Palma. Lorsque Vinz, Saïd et Hubert sont dans Paris, ils passent devant une affiche publicitaire qui a pour slogan Le monde est à vous, une référence à la devise de Tony Montana, The World Is Yours[3].
- Enfin, la scène dans laquelle Vinz déclame « C'est à moi que tu parles ? » devant le miroir est un remake d'une scène similaire jouée par Robert de Niro dans le film Taxi Driver, de Martin Scorsese (« you talkin' to me? »).
Distinctions
Récompenses
- Festival de Cannes 1995 - Prix de la mise en scène : Mathieu Kassovitz
- César du meilleur film
- César du meilleur producteur : Christophe Rossignon
- César du meilleur montage : Mathieu Kassovitz, Scott Stevenson
Nominations
- Sélectionné en compétition au festival de Cannes 1995
- César du meilleur acteur - Vincent Cassel
- César de la meilleure photographie - Pierre Aïm
- César du meilleur réalisateur - Mathieu Kassovitz
- César du meilleur son - Dominique Dalmasso, Vincent Tulli
- César du meilleur scénario original ou adaptation - Mathieu Kassovitz
- César du meilleur espoir masculin - Vincent Cassel
- César du meilleur espoir masculin - Hubert Koundé
- César du meilleur espoir masculin - Saïd Taghmaoui
Notes et références
- Video - Procès affaire Makome
- La Haine dans le classement Sight & Sound
- Mathieu Kassovitz l'a déclaré dans les bonus du film.
Annexes
Articles connexes
- Ma 6-T va crack-er
- Le Cercle de la haine
- Affaire Malik Oussekine
- La Haine, musiques inspirées du film
Liens externes
Catégories :- Film français
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