- Naufrage du pétrolier Prestige
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Pour les articles homonymes, voir Prestige.
Le 13 novembre 2002, le Prestige, un pétrolier en transit entre la Lettonie et Gibraltar, au large du cap Finisterre et près des côtes de Galice au nord-ouest de l'Espagne, lance un appel de détresse. Durant la tempête s'ouvre une brèche de 50 mètres dans son flanc droit. L'équipage est évacué le 14 novembre, et le 16 alors que plus de 5 000 tonnes de fioul se sont déjà répandues polluant le littoral sur plusieurs dizaines de kilomètres, le gouvernement espagnol le fait remorquer loin au large. Après plusieurs tentatives de remorquage vers le nord-ouest (pour l'éloigner des côtes) puis vers le sud (peut-être pour l'envoyer vers le Portugal), le 19 novembre 2002, le navire se brise en deux à 270 km des côtes de la Galice et coule par 3 500 mètres de fond. Pendant les opérations de remorquage, il a perdu de 5 à 10 000 tonnes de fioul lourd (sa cargaison est de 77 000 tonnes de fioul lourd). Le navire ayant de nombreuses fissures, le fioul continue de s'échapper, les estimations parlent de 125 t par jour au bout de 4 semaines.
Une gigantesque marée noire va souiller gravement les côtes de Galice, du Portugal, du Pays basque, d'Aquitaine, de Vendée, et du sud de la Bretagne.
Sommaire
- Pétrolier à simple coque, âgé de 26 ans.
- Propriétaire (armateur) : Mare Shipping Inc., société basée au Libéria dont les actionnaires sont une famille anonyme d'armateurs grecs.
- Pavillon des Bahamas.
- Certificat d'aptitude à la navigation : délivré par une société de classification américaine, ABS (Bureau Américain de la Navigation), après une inspection mais pas des ballasts à Dubaï.
- Affrêteur : Crown Resources AG, société immatriculée à Zoug en Suisse avec un bureau à Londres, filiale du groupe russe Groupe Alfa.
- Équipage : roumain et philippin avec des officiers grecs.
- Marchandise : pétrole russe chargé à Ventspils (Lettonie) à destination de Singapour avec probablement une escale à Gibraltar.
Conséquences
Les dégâts sont considérables. La côte de Galice est fortement touchée, du pétrole a atteint l'Aquitaine (Arcachon), la Vendée et le sud de la Bretagne. Les pêcheurs, mareyeurs et cueilleurs galiciens sont sans travail. Des dizaines de kilomètres de côtes sont souillées.
Le fioul lourd est du même type que celui de l’Erika, moins toxique à court terme que l'essence ou le gasoil, mais dangereux à long terme par la diffusion lente de ses composés, toxiques et cancérigènes, dans l'eau et les sédiments. Ce fioul est constitué d'hydrocarbure aromatique (benzène, etc.) et notamment d'hydrocarbure polycyclique (HAP).
Le coût va être très élevé (estimé à 1 milliard d'euros par l'Espagne). D'autant que la situation du navire laisse présager que la pollution va durer longtemps (opération de réparation et pompage très délicats vu la profondeur).Causes possibles
- Collision avec un objet flottant entre deux eaux (conteneur ?).
- Vague scélérate ?
- Ballasts très corrodés notamment par les radiateurs pour liquéfier le fioul lourd.
- Utilisation en citerne intermédiaire à Saint-Pétersbourg pendant plusieurs mois avec des barges se plaçant le long de la coque.
Émotion
Dimanche 1er décembre 2002, à Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice, plus de 200 000 personnes manifestent, accusant d'incurie les gouvernements national et régional, dans leur gestion de l'après accident du pétrolier Prestige. Le lendemain, le roi Juan Carlos se rend sur les côtes de Galice pour faire part de son émotion. Le 15 décembre, le chef du gouvernement espagnol, José María Aznar a d'ailleurs demandé publiquement pardon pour les erreurs commises pendant la gestion de l'après accident ; en effet, le navire étant en difficulté, il aurait été souhaitable (comme le demandait le commandant) de le remorquer dans une zone abritée afin de transfèrer sa cargaison. Le gouvernement Aznar a préfèré tenter d'éloigner le plus possible le navire des côtes espagnoles. Évacué de l'épave avec les autres membres de l'équipage, le commandant du Prestige a été emprisonné pendant 85 jours (jusqu'au 7 février 2003), puis libéré sous caution[1]. La gestion de l'accident a déclenché une réflexion européenne sur la notion de « ports de refuge ».
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- Catastrophe industrielle
- Liste des principaux déversements pétroliers
- Naufrage de l’Erika
- Naufrage du Tasman Spirit
- Naufrage de l’Amoco Cadiz
- Maurice Rabache responsable de la sous-commission sur l'évaluation de la contamination de la chaîne alimentaire et risques pour la santé
- Manfred Gnadinger
Lien externe
- Rapport européen
- [PDF] Perte totale suite à avarie de coque du petrolier bahaméen Prestige survenue dans l'ouest de la Galice, - Bureau d'enquêtes sur les événements de mer, 13-19 novembre 2002
- Dossier écologie - Prestige : la marée était noire
- Dossier sur l'accident du M/T Prestige sur le site Afcan
- Dossier pédagogique sur les marées noires
- Dossier sur la marée noire du Prestige sur le site du CEDRE
- Dossier sur la marée noire du Prestige sur www.mareenoire.info
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