- Médipôle de Koutio
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Le Médipôle de Koutio est un projet de centre hospitalier et de « pôle Santé » dans la commune de Dumbéa et la banlieue de Nouméa en Nouvelle-Calédonie.
Sommaire
Réponse à la vétusté et à l'éclatement du CHT
Le Centre hospitalier territorial de Nouvelle-Calédonie (CHT) est éclaté depuis les années 1980 en plusieurs sites répartis dans le Grand Nouméa :
- CHT Gaston-Bourret : principal hôpital (267 lits, 20 places d'hospitalisation de jour), et le plus ancien (héritier d'un hôpital maritime ouvert en 1860), situé au centre-ville de Nouméa, sur le port.
- CHT de Magenta : clinique privée à l'origine achetée en 1983, pôle « mère-enfant » du CHT, deuxième hôpital de Nouvelle-Calédonie (160 lits, 14 places d'hôpital de jour, 13 postes d'hémodialyse), situé dans le quartier de Magenta à 3 km à l'est du centre-ville.
- Centre médical du Col de la Pirogue : situé dans le col qui lui a donné son nom dans la commune de Païta, à 40 km de Nouméa, c'est une petite structure (34 lits) pavillonnaire rattachée au CHT en 1990 et servant de centre de convalescence et de rééducation de moyen séjour.
- Centre Raoul Follereau : centre Hansénien, ou léproserie, située sur la presqu'île de Ducos. Rattaché au CHT en 1990, il dispose de 25 lits et accueille en permanence une quinzaine de malades.
Des critiques se développent dans les années 2000 à l'égard de cet éparpillement, mais également concernant le problème de la capacité et de la vétusté des bâtiments anciens (remontant pour certains au XIXe siècle) de l'hôpital Gaston-Bourret. Si celui-ci est considérablement agrandi en 2000 avec la construction du bâtiment P, plateau technique regroupant les Urgences, les blocs opératoires, le service de réanimation et soins intensifs ainsi que l'unité de stérilisation sur 4 niveaux plus un héliport de l'hôpital est installé sur le toit, la question d'une restructuration complète est vite posée. Un rapport de janvier 2004 fait état d'une aggravation de la vétusté des infrastructures[1], tandis que les bâtiments les plus anciens de Gaston-Bourret doivent être évacués pour raison de sécurité en 2005[2].
La solution à apporter à ce problème a donné lieu à un vif débat politique entre le parti au pouvoir entre 2004 et 2009, l'Avenir ensemble, partisan de la construction d'un nouvel hôpital sur un autre site, et le Rassemblement-UMP (le membre du gouvernement néo-calédonien chargé de la Santé entre 2004 et 2007, Marianne Devaux, est issu de ses rangs), qui lui prône l'agrandissement de Gaston-Bourret sur le parc de stationnement de l'hôpital. Finalement, Marianne Devaux est écartée du dossier et c'est l'option de l'Avenir ensemble qui est acceptée par l'exécutif collégial local le 18 novembre 2004, malgré un coût envisagé plus élevé (20,4 milliards de Francs pacifique estimés à l'origine, contre 13,1 milliards, voire 9 selon le Rassemblement-UMP, pour un agrandissement de l'hôpital existant). Le choix du site se porte sur 15 ha de terrains appartenant à la Nouvelle-Calédonie et la Province Sud dans le quartier de Koutio à Dumbéa, banlieue proche de Nouméa[3], à la place notamment de l'ancien service de la quarantaine.
Objectifs du projet
Le Médipôle doit regrouper en un seul endroit les activités des quatre sites actuels du CHT dans des bâtiments d'une surface globale de 90 000 m2 respectant la démarche de haute qualité environnementale sur 15 ha de terrain, soit[2],[4],[5] :
- un « faré d'accueil »,
- un centre d'hospitalisation de 650 lits environ, sur 42 500 m2 de surface utile et 77 000 m2 de surface fonctionnelle, répartis en 3 pôles (« Médecine », « Chirurgie » et 15 ha de terrain au total, « Mère-Enfant »), avec :
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- 537 lits de courts séjours autorisés à l'ouverture dont 522 extensibles à 584 du fait de chambres doublages (capacité augmentée de 53 places autorisées et de près d'une centaine de lits effectifs),
- 39 lits et 22 sièges à l'ouverture pour l'hospitalisation de jour avec une capacité autorisée de 71 places (33 de plus que l'existant à l'ouverture, capacité autorisée plus que doublée puisqu'elle passe de 33 à 71),
- un « Centre de soins de suite et de rééducation fonctionnelle » (CSSR), avec 80 lits et places de moyens et longs séjours dont 40 pris en charge par le CHT et 40 par la Société anonyme Calédonie-Santé (25 de plus que dans les deux centres de la Pirogue et Raoul-Follereau),
- un plateau technique de 12 salles d'opérations,
- un centre de la logistique et du matériel (« Logipôle »),
- les laboratoires du CHT,
- l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie,
- un nouveau pôle de radiothérapie (avec deux accélérateurs de particules, géré par une association public-privé), inexistant auparavant en Nouvelle-Calédonie,
- un hôtel hospitalier (hospitel) pour les patients venus du Nord ou des Îles Loyauté,
Au final, l’ensemble doit être capable de traiter à l’année 60 000 passages aux urgences, 300 000 consultations et 40 000 hospitalisations, demandant 400 personnels supplémentaires, dont 300 hors médecins, et donc un effort particulier en matière de formation[6].
Coût du projet
Le coût du projet a dû être révisé à plusieurs reprises (généralement à la hausse), entraînant des retards dans le processus de lancement :
- 20,4 milliards de Francs pacifique (170 millions d'euros environ) estimés lors de l'adoption de l'avant-projet par le gouvernement le 18 novembre 2004[3],
- 37 milliards de Francs pacifique (310 millions d'euros) au total dans le projet initial agréé par le Congrès en 2005[6],
- 50 milliards de Francs pacifique (419 millions d'euros) selon une évaluation du surcoût réalisée à la fin de l'année 2008[6],
- 44 milliards de Francs pacifique (369 millions d'euros) finalement dans le nouveau projet adopté par le Congrès le 16 septembre 2009 pour relancer le chantier, avec un financement couvert[6] :
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- 63,2 % par l'Agence sanitaire et sociale (ASS) de Nouvelle-Calédonie (27,8 milliards de Francs pacifique, 233 millions d'euros), en partie sur fonds propres (alimentés par la taxe sur les tabacs et alcools) et le reste sur emprunt (17 milliards),
- 19,1 % par le CHT (8,4 milliards de Francs, 70 millions d'euros), qui va de plus fournir 3,8 milliards pour les équipements hospitaliers et prendre totalement en charge les 3 milliards du « logipôle », le tout financé avant tout par l'emprunt (15 milliards),
- 17,7 % par l'État (7,8 milliards de Francs CFP, 68 millions d'euros) dans le cadre des contrats de développement.
Chronologie de la réalisation
- 18 novembre 2004 : le gouvernement local présidé par Marie-Noëlle Thémereau (Avenir ensemble) adopte le principe de la construction du médipôle à Koutio[3].
- 6 octobre 2005 : le Congrès adopte un premier échéancier, avec une ouverture initialement prévue à 2012.
- 8 juin 2006 : arrêté du gouvernement adoptant le maître plan.
- mars 2007 : le jury chargé du choix du projet d'architecture opte pour celui de l'agence parisienne d'architectes et urbanistes « Michel Beauvais et associés », spécialisé dans l'élaboration d'infrastructures de santé. Il est basé sur quatre « grandes options d'aménagement » : l'articulation du parvis d'entrée avec le futur boulevard urbain ; la structuration par un « axe vert traversant » baptisé « Jardin des traversées » et voulu comme l'« épine dorsale du projet structurant toutes les unités fonctionnelles » ; la création d'une promenade au nord du bâtiment ; l'accompagnement paysager d'une vaste promenade en bordure de mer. Voulant donner une place significative aux éléments végétaux, « l'architecture se développe dans une succession de patios et de jardins en complément de l'axe vert traversant »[7],[8].
- 10 mai 2007 : le gouvernement signe une convention pour l'attribution du mandat de la maîtrise d'ouvrage à la Société d'équipement de la Nouvelle-Calédonie (SECAL) assisté d'Icade G3A.
- 13 mars 2009 : le président du gouvernement Harold Martin (Avenir ensemble) et le Haut-commissaire de la République Yves Dassonville déposent la « première pierre » symbolique du chantier du Médipôle[9].
- début mai 2009 : décision, par arrêté, de doter le « Médipôle » d'un centre de radiothérapie, pour un coût d'environ 800 millions de Francs CFP (6,7 millions d'euros)[10].
- fin mai 2009 : démission de Jacqueline Bernut, présidente du conseil d'administration du CHT, du Centre hospitalier spécialisé (CHS) Albert-Bousquet et de la Fédération régionale hospitalière du Pacifique Sud. Elle justifie ce geste en dénonçant des décisions jugées « irrégulières » de la part du membre du gouvernement chargé de la Santé, Sylvie Robineau, et surtout le fait que l'exécutif n'a alors pas encore signé l'avant-projet définitif (APD) du médipôle, alors qu'il était prévu initialement qu'il le fasse en mars-avril afin de débloquer les premiers financements et lancer les premiers travaux[11].
- 16 septembre 2009 : dans le cadre du vote du budget supplémentaire 2009, le Congrès réaffirme son soutien au chantier du médipôle de Koutio, mis en suspens depuis mai, en approuvant l'APD du médipôle redéfinissant le coût prévisionnel global de l'opération et modifiant l'échéancier : début des travaux en 2010 et ouverture en 2015[6].
- 24 novembre 2009 : l'autorisation de défrichement est accordée par la Province Sud.
- 14 juillet 2010 : le maire de Dumbéa, Georges Naturel (Rassemblement-UMP), signe le permis de construire du médipôle[12].
- 29 août 2010 : fermeture de l'ancienne quarantaine, qui occupait le site du futur médipôle[13]. Début des travaux préalables (désamiantage, destruction des bâtiments de la quarantaine, terrassement, transplantation des végétaux et végétalisation des talus).
- août 2010 : délivrance de l'autorisation d’occupation du domaine public maritime (AODPM).
- septembre 2010 : délivrance de l'autorisation d'installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE) par la Province Sud.
- 2 mars 2011 : la Nouvelle-Calédonie, l'ASS et le CHT signent la convention par laquelle ils s’engagent à mener une stratégie commune de négociation pour emprunter l’argent nécessaire à la construction du médipôle de Koutio (en tout, 33 millions de Francs CFP)[14], et pour la mise à disposition finale du Médipôle au CHT.
- 2e semestre 2015 (objectif) : ouverture prévue du Médipôle.
Références
- « Rapport caché du CHT : la réaction du Rassemblement-UMP », Les Nouvelles Calédoniennes, 28/07/2006
- Historique du CHT sur son site officiel
- « Le gouvernement opte pour un nouvel hôpital à Koutio », Les Nouvelles Calédoniennes, 19/11/2004
- Présentation du Médipôle de Koutio, site de l'Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie
- Avant-Après le Médipôle de Koutio, site de l'Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie
- « Le Congrès redit oui au Médipôle », Les Nouvelles Calédoniennes, 17/09/2009
- Présentation du projet du Médipôle de Koutio de l'agence Michel Beauvais et associés sur son site officiel
- « Le visage du futur hôpital », Les Nouvelles Calédoniennes, 30/03/2007
- « Une stèle inaugurale pour le futur médipole », Les Nouvelles Calédoniennes, 14/03/2009
- « Un nouveau centre de radiothérapie », Les Nouvelles Calédoniennes, 06/05/2009
- « La présidente du CHT claque la porte ! », Les Nouvelles Calédoniennes, 29/05/2009
- F. TROMEUR, « Le Médipôle passe le permis », Les Nouvelles Calédoniennes, 15/07/2010
- C. LÉHÉ, « Sursis de quinze jours pour la quarantaine », Les Nouvelles Calédoniennes, 31/07/2010
- B. NAULEAU, « Le médipôle doit rester dans les clous », Les Nouvelles Calédoniennes, 03/03/2011
Voir aussi
Articles connexes
- Santé en Nouvelle-Calédonie
- Centre hospitalier territorial de Nouvelle-Calédonie
- Hôpital Gaston-Bourret
- Hôpital de Magenta
Lien externe
Catégorie :- Hôpital de Nouvelle-Calédonie
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