- Majorité présidentielle
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La majorité présidentielle désigne, sous le régime de la Cinquième République, les partis politiques et groupes parlementaires soutenant l'action du Président de la République française.
La majorité présidentielle a varié en fonction de l'étiquette politique du chef de l'État. On dit généralement qu'il y a majorité présidentielle lorsque plus de la moitié des députés siégeant à l'Assemblée nationale soutiennent de manière explicite la politique présidentielle.
Sommaire
La majorité présidentielle depuis 1958
Présidence de Charles de Gaulle
L'élection présidentielle française de 1958 ayant eu lieu après les élections législatives, la campagne électorale de ces dernières sera surtout centrée sur le soutien ou l'hostilité au régime de la Cinquième République nouvellement instaurée. Seuls le Parti communiste français et quelques personnalités isolées, comme Pierre Mendès France ou François Mitterrand faisaient alors figure d'opposition.
Après l'élection de De Gaulle, le gouvernement dirigé par Michel Debré reçut le soutien d'une majorité plus étroite, orientée à droite : c'est la première majorité présidentielle. Elle sera composée jusqu'en 1962 des 200 députés de l'Union pour la nouvelle République (UNR), le parti gaulliste, auxquels s'adjoindront les 117 élus du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) et les 66 membres de la Formation administrative des élus d'Algérie et du Sahara (FAEAS). 64 élus du Mouvement républicain populaire (MRP) apporteront en outre un soutien ponctuel sans toutefois participer de manière explicite aux affaires du gouvernement.
En 1962, divisée sur la question de l'élection du chef de l'État au suffrage direct, la majorité explose. Seuls l'UNR et ce qui restait alors de la FAEAS sous le nom de Regroupement national pour l'unité de la République (RNUR) continuent de soutenir De Gaulle. Après la censure du gouvernement de Georges Pompidou, De Gaulle prononce la dissolution de l'Assemblée nationale, provoquant de ce fait l'organisation d'élections législatives anticipées.
Les élections législatives de novembre 1962 donneront une nouvelle majorité à De Gaulle, avec le soutien de 229 députés gaullistes de l'UNR-UDT et de 35 élus Républicains indépendants, scissionnistes du CNIP. Les 55 députés du Centre démocratique, issu du MRP, apporteront à nouveau un soutien ponctuel sans pour autant intégrer la majorité à proprement parler. Cette politique sera remise en question à l'occasion de l'élection présidentielle de 1965, qui voit Jean Lecanuet, président du MRP, se présenter contre De Gaulle. Le MRP, reconverti en Centre démocrate, adopte alors une posture nettement plus critique.
Le scrutin de 1967 marque un changement : minoritaires, les 200 députés de l'Union démocratique pour la Ve République et les 42 Républicains indépendants doivent passer un accord avec les 41 élus centristes du groupe Progrès et démocratie moderne pour former un nouveau gouvernement de coalition, toujours sous la direction de Georges Pompidou.
Cette expérience sera de courte durée : les législatives de juin 1968 voient le triomphe de la droite. À l'écrasante majorité gaulliste, forte de 293 députés UDR s'adjoignent 61 Républicains indépendants. Le schéma gouvernemental classique sera reconduit à cette occasion. Mais, divisée sur la question du référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation, la majorité explose quelques mois plus tard : l'UDR soutient le « oui » tandis que les RI préfèrent prendre position pour le « non ». Le rejet du texte conduira De Gaulle à la démission.
Présidence de Georges Pompidou
Après son élection, Pompidou se repose sur la forte majorité gaulliste issue des législatives de 1968, recevant dans le même temps le renfort du Centre démocratie et progrès, scission du Centre démocrate, et des Républicains indépendants sous l'impulsion de Valéry Giscard d'Estaing, qui avaient tous fait bloc derrière sa candidature à la présidence de la République.
Cette majorité, regroupée sous la bannière de l'Union des républicains de progrès (URP) restera en place après les élections législatives de 1973, malgré un important reflux et au prix de plusieurs accords de désistement avec le Mouvement réformateur. La survie de la majorité dépend alors de la cohésion de la coalition UDR-RI-CDP, la désaffection d'un des trois groupes amenant nécessairement l'expérience à son terme. La mort de Pompidou en 1974, avant la fin de son mandat, sera à l'origine de nouvelles divisions, gaullistes et Républicains indépendants prenant la décision de présenter des candidats distincts.
Présidence de Valéry Giscard d'Estaing
L'élection de Valéry Giscard d'Estaing bouleverse le jeu politique : le chef de l'État n'appartient plus à la mouvance gaulliste mais à celle de la droite libérale. Giscard d'Estaing élargit la majorité présidentielle en recevant le renfort du Centre démocrate et de plusieurs autres composantes du Mouvement réformateur, en particulier le Parti radical valoisien. C'est la fin du centrisme d'opposition. Le groupe gaulliste demeurant tout de même le plus important de la majorité, le nouveau président décide de nommer un Premier ministre issu de ses rangs, Jacques Chirac. L'expérience fera long feu du fait des mauvaises relations qu'entretiennent les deux hommes. En aout 1976, Chirac démissionne. Raymond Barre, non-encarté mais réputé proche du centre-droit lui succède : les gaullistes ne contrôlent ni l'Élysée, ni Matignon : un nouveau rapport de force s'installe.
La même année, le groupe des Réformateurs démocrates sociaux, issus du Mouvement réformateur dont fait partie le Centre démocrate, fusionne avec le groupe de l'Union centriste initié par le Centre démocratie et progrès pour créer le Centre des démocrates sociaux (CDS), fort d'un groupe parlementaire d'une soixantaine de membres. En 1978 le CDS fusionne avec le Parti républicain, créé en 1977 par les Républicains indépendants, pour former l'Union pour la démocratie française (UDF), fédérant l'ensemble de forces de la droite non-gaulliste autour de la personne du président Giscard d'Estaing. La majorité présidentielle se compose alors de l'UDF et du Rassemblement pour la République (RPR), nouveau nom du parti gaulliste.
Les élections législatives de 1978 aboutissent à une reconduction de cette majorité, mais dans le cadre d'un nouveau rapport de force. Le gaullisme perd définitivement son hégémonie au sein de la droite : le RPR compte 154 élus, l'UDF 123. Toujours sous l'égide de Raymond Barre, la majorité RPR-UDF soutiendra Giscard d'Estaing jusqu'à la fin de son mandat, en 1981.
Présidence de François Mitterrand
L'élection du socialiste François Mitterrand en 1981 entraine la dissolution de l'Assemblée nationale. Sous l'influence de la vague rose, le nouveau président obtient une très forte majorité. Aux 266 députés du Parti socialiste s'ajoutent 44 élus du Parti communiste, 14 députés du Mouvement des radicaux de gauche (MRG) et quelques élus divers gauche. L'Union de la gauche, jusque là cartel électoral, devient une véritable coalition. Un gouvernement intégrant des représentants de l'ensemble des composantes de la nouvelle majorité présidentielle est mis en place sous la direction du socialiste Pierre Mauroy.
Cette majorité éclatera en 1984 lorsque le PCF se retira du gouvernement suite au tournant de la rigueur. Les élections législatives de 1986 voient finalement la défaite de la majorité formée du PS, de quelques élus indépendants et d'un MRG devenu marginal. Le RPR et l'UDF disposant d'une majorité absolue au Parlement, Jacques Chirac est chargé de former un nouveau gouvernement orienté à droite. C'est la fin de la majorité présidentielle et le début de la Première cohabitation.
La nette victoire remportée par Mitterrand au second tour de l'élection présidentielle de 1988 contre Jacques Chirac le persuade de dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale. C'est une semi-victoire : la nouvelle majorité présidentielle issue des élections législatives de 1988 n'est que relative. Sous l'égide de Michel Rocard puis d'Édith Cresson et de Pierre Beregovoy, les socialistes seront contraints à de perpétuels mouvements de balancier, tantôt vers les 25 députés communistes, tantôt vers les 41 élus de l'Union du centre formée par les députés UDF favorables à la stratégie d'ouverture au centre voulue par Rocard.
Les élections législatives de 1993, caractérisées par une victoire écrasante de la droite, marquent définitivement la fin de la majorité présidentielle mitterrandienne. Un nouveau gouvernement formé par Édouard Balladur s'installe jusqu'à la fin du mandat de Mitterrand.
Présidence de Jacques Chirac
Élu en mai 1995, Jacques Chirac décide de s'appuyer sur la majorité RPR-UDF de 1993 pour former un nouveau gouvernement de droite sous la direction d'Alain Juppé. La première majorité présidentielle chiraquienne, avec un total de 472 élus, est la plus large que le régime ait connu jusqu'à présent.
Mis en difficulté par un vaste mouvement social s'opposant aux projets de réforme des retraites de Juppé, Chirac décide de ne pas attendre la fin de la législature et dissout l'Assemblée nationale, espérant prendre de court la gauche. Cette stratégie se soldera par un échec : le 1er juin 1997, le PS et ses alliés l'emportent sur le fil. Une nouvelle majorité dirigée par le socialiste Lionel Jospin se met en place sous le nom de « Majorité plurielle ». La Troisième cohabitation durera jusqu'à l'élection présidentielle de 2002.
Facilement réélu à la tête de l'État au terme d'un second tour l'opposant à Jean-Marie Le Pen, Jacques Chirac reçoit un mois plus tard l'appui d'une très forte majorité de droite. Son nouveau parti, l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), né de la fusion du RPR et de Démocratie libérale (scission de l'UDF) avec le renfort d'une majorité de cadres de l'UDF remporte un franc succès aux élections législatives en investissant les six dixièmes des sièges à pourvoir. L'UDF survit toutefois au travers d'une trentaine d'élus menés par François Bayrou, qui intègrent dans un premier temps la majorité présidentielle avant de reprendre leur indépendance à la fin de la législature sans pour autant rallier l'opposition.
Présidence de Nicolas Sarkozy
Élu en mai 2007, Nicolas Sarkozy s'emploie à bousculer les clivages politiques traditionnels en nommant au gouvernement plusieurs personnalités issues du Parti socialiste et de l'UDF alors même que ces deux partis n'ont pas rejoint la majorité. S'ensuivent un certain nombre de scissions et d'exclusions impliquant quelques recompositions mineures. Les élections législatives de 2007 voient la victoire de l'UMP et des députés sortants de l'UDF qui n'ont pas voulu suivre François Bayrou dans sa nouvelle stratégie d'indépendance vis-à-vis du parti de droite. Ces derniers se présentent pour la plupart d'entre eux sous l'étiquette Nouveau Centre (NC), mais d'autres préfèrent demeurer sans affiliation. Dans tous les cas, l'ensemble des candidats aux législatives souhaitant soutenir l'action de Nicolas Sarkozy est invité à reprendre à leur compte le slogan « Ensemble dans la majorité présidentielle ».
La multiplication des partis membres de la majorité présidentielle non-affiliés à l'UMP incite Sarkozy à renforcer la cohésion de sa majorité en créant un « comité de liaison de la majorité présidentielle ». Celui-ci inclut dans un premier temps l'UMP et le Nouveau centre, ainsi que La Gauche moderne et Les Progressistes, dirigés respectivement par les secrétaires d'État ex-PS Jean-Marie Bockel et Éric Besson. Le Parti radical valoisien et le Forum des républicains sociaux (FRS), bien qu'associés à l'UMP, disposent de représentants distincts pour faciliter l'élaboration de listes communes de la majorité présidentielle en vue des élections européennes de 2009.
Le succès relatif de la majorité présidentielle aux européennes (elle arrive en tête, sans toutefois être majoritaire) amènera à un renforcement des rôles et prérogatives de ce comité de liaison, rejoint durant l'été par le Mouvement pour la France (MPF) puis par Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT). Le comité entretient depuis une activité régulière, se réunissant une fois par mois. Outre la préparation des élections régionales de 2010, il est question, d'après François Fillon, d'en faire « un laboratoire d'idées » et « un lieu de confrontation de projets différents ».
Notes et références
Wikimedia Foundation. 2010.