- Le Livre des Vins
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Le Livre des vins constitue un des témoignages les plus importants relatifs à la technique de la distillation au Moyen Âge. C’est un jalon dans l’histoire des pharmacopées écrites des grandes médecines savantes. Sa publication sera bénéfique à tous égards : le bonheur de la santé étant le plus bel éloge que l’auteur pût faire de la consommation de vin.
Sommaire
L'auteur
Arnaud de Villeneuve (1240-1311) (cat. Arnau de Vilanova) est l’un des plus grands noms de la médecine latine médiévale ; ce médecin fut célèbre tant par les soins qu’il prodigua à plusieurs rois et papes, que par son enseignement à l’Université de Montpellier et son abondante œuvre, à quoi s’ajoute sa lutte vigoureuse en faveur de la réforme de l’Église.
Le Liber de vinis
Le De vinis est appelé aussi Tractatus de vinis ou Liber de vinis. Son authenticité n’est plus contestée. On date son écriture entre 1309-1311. Le livre fut écrit en Afrique et dédié à Robert, roi de Naples. Il traite des vins artificiels ou pharmaceutiques, parmi lesquels l’eau-de-vie et l’alcool, ou esprit de vin. Il en existe un manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris et des éditions de la fin du XVe siècle, à Paris et Leipzig. Son texte est aussi contenu dans l’édition générale de Lyon, de 1517. Le De vinis est traduit en hébreu par Udah ben Salomon Nathan dès 1358, et en allemand par Wilhelm von Hirnkoken au XVe siècle. Entre 1478 et 1500, onze éditions sortent des presses d’Eslingen, Augsbourg, Strasbourg et Ulm, et aussi nombreuses dans la première moitié du XVIe siècle. En tout, presque une trentaine d’éditions pour cette seule traduction allemande. Le De vinis est un ouvrage qui connut un réel succès d’édition en Europe au XVe et XVIe siècles.
Le De vinis est le texte le plus long qu’Arnaud ait consacré à la composition de médicaments moyennant l’utilisation du vin. Le De vinis commence par une dédicace au roi Robert de Naples qui comporte une brillante stratégie exprimée de manière sibylline. Suit un éloge du vin et de ses mérites. Puis l’auteur explique les compositions simples et il décrit les trois procédés par lesquels on peut préparer les vins. Il donne enfin une cinquantaine de recettes qui occupent les trois quarts du livre. Vins, en termes de médecine, se dit de plusieurs mixtions et compositions de vin, que les médecins ordonnent pour servir de divers remèdes, auxquels ils donnent différents noms. Il s’agit de vins apéritifs, laxatifs, procréatifs, cosmétiques, ophtalmologiques, aux applications spécialisées (traitement des plaies, de la mémoire, des personnes âgées, etc).
Les prescriptions
Prenant exemple sur le grand maître que fut Constantin l'Africain, qui contribua à la réintroduction de la médecine de la Grèce antique dans l’Europe chrétienne avec ses traductions d’Hippocrate et de Galien[1], Arnaud de Villeneuve, se plut à constater : « Le vin est merveilleux pour les mélancoliques, les colériques et les cardiaques, pour ceux qui ont des problèmes au niveau du foie, de la vessie, de la circulation et particulièrement des artères. Le vin guérit de la dépression, il apporte le joie en ramenant l'homme à la raison et calme le rythme cardiaque. Il soulage une brutale élévation de température et même une fièvre prolongée. À ceux qui en font usage, il donne une attitude raisonnable de l'âme et il les fait rajeunir par la volonté de Dieu »[2].
À l'exemple de Théophraste, le médecin catalan, recteur de la Faculté de Médecine de Montpellier, concocta toute une série de vins herbés et médicinaux : vin cordial, à base de bourrache, mélisse et épices[3], vin aux coings, selon le recette de Dioscoride[4], vin romariné, dont « les propriétés sont admirables »[5], vin sauvage, à base de choux rouges et d'ortie pour soigner les plaies[6], vin d'extintion d'or dans lequel une feuille d'or est plongée quarante fois[7], vin râpeux, dans le moût duquel a été plongé du raifort et qui se prend en apéritif[8], vin d'euphraise, pour les yeux[9], vin de campanule[10], vin de sauge[11], vin hysopique[12], vin de fenouil[13], vin anisé[14], vin au chiendent[15], vin dyamon, valant pour la reproduction[16], vin de chardon[17] et vin de girofle[18].
Édition du XXIe siècle
- Arnaud de Villeneuve, Le Livre des Vins, traduit du latin, préfacé et annoté par Patrick Gifreu, Éditions de la Merci, 2011 (ISBN 9782953191776)
Notes et références
- Constantine the African consulté le 24 juin 2010
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 12.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 13.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 17.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 19.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 23.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 25.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 28.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 29.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 30.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 31.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 32.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 34.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 35.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 40.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 42.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 43.
- Arnaud de Villeneuve, op. cit. p. 44.
Bibliographie
- Arnaud de Villeneuve, Tractarus de Vinis, adapté par Yves Lainé et Danièle Blanc, traduit par Catherine Lonchabon, Éd. Conseil Général de Vaucluse, 1999.
Voir aussi
Article connexe
- Portail de la vigne et du vin
Catégories :- Ancien ouvrage médical
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- Histoire de la vigne et du vin
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