- Goths de Crimée
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Les Goths de Crimée étaient une ethnie gothe qui s'installa et perdura dans les régions situées autour de la mer Noire, en particulier en Crimée. C'était la moins puissante et la moins connue des communautés gothes, et paradoxalement c'est celle qui subsista le plus longtemps.
Sommaire
Histoire
Selon Herwig Wolfram, qui se réfère à Jordanès, les Ostrogoths possédaient au IVe siècle de notre ère au nord de la mer Noire un immense royaume[1], que les Huns écrasèrent au temps du roi goth Ermanaric (ou Hermanric, c'est-à-dire le « roi des seigneurs »[2]) alors qu'ils migraient vers la steppe russe. Les Ostrogoths devinrent les vassaux des Huns jusqu'à la mort d'Attila, lorsqu'ils se révoltèrent et regagnèrent leur indépendance. De même que les Huns, les Goths de Crimée ne retrouvèrent jamais leur gloire perdue.
Selon Peter Heather et Michael Kulikowski, les Ostrogoths n'eurent pas réellement d'existence propre jusqu'au Ve siècle, et émergèrent progressivement d'autres groupes goths et non-goths.[3] Il est possible que d'autres groupes goths se soient installés en Crimée[4].
Vers la fin du Ve et le début du VIe siècle, les Goths de Crimée durent repousser les hordes de Huns qui faisaient retraite vers l'est après avoir perdu le contrôle de leur empire européen[5]. Au Ve siècle, Théodoric le Grand tenta de recruter des Goths de Crimée pour ses campagnes en Italie, mais il eut assez peu de succès auprès d'eux[6].
Alors qu'ils étaient à l'origine chrétiens ariens, comme les autres peuples gotiques[réf. nécessaire], les Goths de Crimée se seraient complètement intégrés à l'Église romaine trinitarienne vers l'an 500. Au moment du schisme de l'Église, ces populations restèrent fidèles à l'Église orthodoxe de Constantinople. Au VIIIe siècle, l'évêque orthodoxe Jean de Gothie mena sans succès une révolte contre la suzeraineté khazare.
Beaucoup de Goths de Crimée parlaient le grec, et beaucoup de sujets byzantins non-Goths furent installés dans la région appelée Gothie par le gouvernement de Constantinople. Une principauté gothe, la Principauté de Théodoros, se maintint autour de la place forte de Doros (aujourd'hui Mangoup), à travers diverses périodes de vassalité à l'Empire byzantin, aux Khazars, aux Kiptchaks, aux Mongols, à la République de Gênes et à d'autres empires, jusqu'en 1475, où elle fut finalement incorporée au Khanat de Crimée et à l'Empire ottoman.
On a retrouvé diverses inscriptions du début du IXe siècle utilisant le terme Goth, mais seulement en tant que nom de personne, non d'ethnonyme. Cependant des légendes ont couru en Europe tout au long du Moyen Âge à propos d'un État goth en Crimée. Au XVIe siècle, Ogier Ghislain de Busbecq rapporta avoir eu une conversation avec deux Goths à Constantinople. Il laissa aussi un lexique goth-latin, qui comporte peu de mots pouvant être rapprochés de l'ancienne langue gotique. On ne dispose pas d'autres sources concernant les Goths de Crimée et la survivance éventuelle de leur langue.
En référence aux Goths de Crimée, Adolf Hitler envisagea, lors de son attaque de la Russie, de faire de la Crimée une colonie allemande et de renommer Simferopol et Sébastopol respectivement Gotenburg et Theoderichshafen[7].
Voir aussi
Notes
- Wolfram 78-263 passim.
- Here/Hari (armée/noble) + mann/man + ric/rike (roi))
Kulikowski 111.
Heather, The Goths 52-55.- Heather, Goths in the Fourth Century 92 n. 87
- Wolfram 261
- Wolfram 271-280
- Herwig Wolfram, Die Goten, 2001, p. 32.
Sources
- Heather, Peter. The Goths. Blackwell, 1998.
- Heather, Peter and John Matthews. Goths in the Fourth Century. Liverpool Univ. Press, 1991.
- Kulikowski, Michael, Rome's Gothic Wars: From the Third Century to Alaric. Cambridge Univ. Press, 2006.
- Vasiliev, Aleksandr A. The Goths in the Crimea. Cambridge, MA: The Mediaeval Academy of America, 1936.
- Wolfram, Herwig (Thomas J. Dunlap, tr). History of the Goths. Univ. of California Press, 1988.
Lien externe
Catégories :- Goths
- Histoire de la Crimée
- Groupe ethnique d'Europe
- Groupe ethnique de Crimée
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