Nymphaion (Crimée)

Nymphaion (Crimée)

45° 14′ 12″ N 36° 25′ 03″ E / 45.2366, 36.4175

Graffito représentant l'Isis sur un mur du temple de Vénus à Nymphaion IIIe siècle av. J.‑C.)

Nymphaion est une cité grecque appartenant au royaume du Bosphore au sud-est de l'actuelle Crimée.

Possession athénienne durant la seconde moitié du Ve siècle, elle fut livrée au royaume du Bosphore à la fin de la guerre du Péloponnèse par Gylon le grand-père de Démosthènes[1].

La cité a fourni de nombreux graffiti de navires.

Le royaume du Bosphore était un royaume antique établi sur les rives du Bosphore cimmérien et sur la Chersonèse Taurique. Il fut fondé au Ve siècle av. J.-C en-438/-437,par un Thrace du nom de Spartokos Ier (ou Spartakos ou Spartocus, -438/-431) chasse cette dynastie, prend le pouvoir et s'installe à Panticapée, qu'il prend pour capitale de son nouveau royaume (selon Diodore de Sicile). De là il peut contrôler le passage entre la mer d'Azov (Palus Méotide) et la mer Noire (Pont Euxin) ce qui fait prendre rapidement de l'importance à son royaume, les villes de Grèce ayant constamment à partir de ce moment des ambassadeurs auprès de lui. Les exportations du royaume du Bosphore reposent principalement sur le blé et le poisson. Les importations concernent la céramique, le vin, l'huile et le métal. Malgré sa position périlleuse, sa dynastie, les Spartocides, dure plus de trois siècles. Succèdent à Spartakos Ier, ses deux fils Séleucos (-431/-391) et Satyros Ier (-431/-387) qui règnent conjointement pendant 42 ans, puis Satyros Ier seul jusqu'à sa mort. Les échanges économiques se font surtout avec Athènes. L'importance athénienne dans le royaume du Bosphore se manifeste aussi au travers des privilèges que lui accordent les rois, ainsi que du soutien des nobles à Panticapée. À la mort de Satyros Ier, son fils Leucon Ier (-387/-348) arrive sur le trône. Celui-ci, qui entretient de bonnes relations avec les Athéniens, reçoit d'eux le titre de citoyen pour leur avoir expédié du blé lors de la famine de 357 av. J.-C., lors de la Guerre sociale.

Excavations de Nymphaion

Ses petits-fils, Spartokos II (-348/-344) et Pairisadès Ier (ou Parisades, -348/-310) prennent sa suite et règnent conjointement jusqu'en -344, puis Pairisadès Ier seul. Ce dernier est aussi connu pour avoir reçu des Athéniens le privilège d'enrôler au Pirée des soldats pour sa flotte. Au cours du IIIe siècle av. J.-C., suite à l'élargissement du monde grec, grâce aux conquêtes d'Alexandre le Grand(-336/-323), les relations commerciales entre le Bosphore Cimmérien et Athènes déclinent doucement. Le royaume se tourne vers de nouvelles puissances comme Délos ou l'Égypte pour les échanges commerciaux. Arrivent ensuite sur le trône Satyros II (-310/-309) qui règne un an conjointement avec Prytanis (-310). Mais quelques mois après la mort de celui-ci, un noble du Bosphore, Eumèle (-309/-304) s'empare du trône qu'il garde jusqu'en -304. À cette date Spartokos III (-304/-283), héritier légitime, reprend le pouvoir.

À partir de ce roi, les informations manquent sur la succession des souverains et la chronologie selon laquelle elle s'est effectuée. Les seules certitudes concernent le dernier, Pairisadès V (-124/-108). En -115, Pairisadès V, ne pouvant résister aux attaques des Scythes, demande de l'aide du roi Pont Mithridate VI (-123/-63). Celui-ci réussit à mettre un terme au conflit et, à la mort de Pairisadès V, récupère le trône du Bosphore Cimmérien, qu'il lègue en -82 à son fils aîné, Macharès. En -66, pendant la grande invasion de Pompée lors de la troisième guerre mithridatique, le fils du roi déserte son père pour se ranger du côté romain. À cette époque commencent les défaites successives de Mithridate VI (Ier comme roi du Bosphore) jusqu'à sa mort en -63.

« Protectorat » romain[modifier] Son autre fils, Pharnace II (-63/-47) est alors couronné par les habitants du Pont, roi du Pont et roi du Bosphore Cimmérien. Il est soutenu par les Romains, mais il les trahit. Rome envoie alors une armée commandée par César (-101/-44) qui le bat à Zéla en -47 ; il est tué peu après. Son royaume du Pont est ensuite partagé par Rome. Une partie est rattachée à la province romaine de Bithynie et une autre attribuée sous Marc Antoine (-83/-30) à une dynastie vassale de Rome, les Polémons (royaume du Pont Polémoniaque) avec au départ Trapézonte pour capitale. Le Royaume du Bosphore garde alors son autonomie interne, mais l'influence romaine s’exerce de diverses façons selon les régions.

Le gendre de Pharnace II, Asandros (ou Assandre ou Asender, -47/-17 av. J.-C.) prend le pouvoir, mais il est détrôné par César qui nomme à sa place Mithridate II de Pergame (-47/-45), puis, à la mort de César, il est rétabli sur son trône par Octave, c'est-à-dire Auguste (-27 Av. J.-C./14 Ap. J.-C.). Son fils Aspourgos (ou Aspurgus, 14-38) lui succède. Il va se chercher de nouveaux alliés et se tourne vers la Thrace, dont il épouse Gepaepyris, la fille du roi Cotys VIII (12-19) et petite-fille par sa mère, Antonia Tryphaena, de Polémon Ier du Pont. Il signe aussi, en 14, un premier traité d’amitié avec l'empereur romain Tibère (14-37), puis un deuxième peu de temps après (selon Natwoka). Ces traités engagent les rois du Bosphore à reconnaître comme leurs souverains les empereurs romains. Ses deux fils Claudius Mithridate III et Julius Cotys Ier lui succèdent.

Le premier à prendre le pouvoir est Mithridate III (39-45 ou 41-45). À la mort de Tibère en 37, Caligula (37-41), le nouvel empereur romain, veut réunifier le royaume du Pont et le royaume du Bosphore sous la tutelle du roi du Pont Polémon II du Pont. Mais les habitants du Bosphore se rebellent, ne voulant pas d'un roi étranger (38). Cela pousse l'empereur Claude (41-54), successeur de Caligula, à renoncer au projet de réunification. Polémon II décide alors d'attaquer le Bosphore, mais son action est contrecarrée par Rome, et Mithridate est confirmé sur son trône, tandis que la Cilicie lui est donnée en compensation. La paix, suite à la décision de l'empereur Claude, est de courte durée. De nouvelles discordes apparaissent, mais cette fois entre Mithridate et les Romains, Mithridate voulant rompre le traité le liant à eux. Selon Dion Cassius (Histoire Romaine), il aurait même préparé une offensive militaire contre Rome, mais aurait été trahi par son frère Cotys Ier. Les Romains doivent dépêcher une armée en Chersonèse et en 44, le légat de Mésie, Didius Gallus, est envoyé à Panticapée avec des troupes.

Mithridate est battu, il doit fuir sa capitale, et son frère Cotys Ier Tibérius Julius (45-62 ou 63) est proclamé roi du Bosphore. Didius Gallus repart alors vers Rome, ne laissant à Panticapée que quelques hommes sous les ordres de Julius Aquila. Mithridate profite de la situation pour essayer de reprendre son royaume. Il rassemble des partisans et avec l’appui des Siraces (tribu sarmate), marche sur la capitale. Cotys Ier et Aquila, en infériorité numérique, passent alors alliance avec les Aorses (autre tribu), les ennemis traditionnels des Siraces. Cette coalition l'emporte et Mithridate, vaincu, doit de nouveau prendre la fuite. Puis il choisit de se rendre au roi des Aorses, Eunonès, mais l'empereur Claude le fait emmener en captivité à Rome. Cotys Ier, après la victoire sur son frère, accentue ses rapports avec les Romains qui lui donnent le nom Tibérius Julius Cotys. Lors de son règne, on peut assister à un afflux important d'Aorses dans le royaume.

Son fils Rhescuporis Ier Tibérius Julius (ou Rascouporis Ier ou Rescupore Ier, 68-92) lui succède, mais seulement en 68, en raison d'un interrègne de cinq ans pendant lequel Rome annexe le royaume. Il épouse Eunice et a un enfant, Sauromatès Ier Tibérius Julius (93-123 ou 124), qui est son successeur. Il est contemporain des empereurs romains Trajan (98-117) et Hadrien (117-138). La période qui suit, jusqu'à la fin du royaume, est assez imprécise. Sauromatès est le nom de plusieurs rois du Bosphore Cimmérien, qui pour la plupart ne sont connus seulement que par leurs pièces de monnaie. Celles-ci représentent plus généralement la tête de l'empereur romain régnant et de l'autre côté celle du roi du Bosphore. À partir de ce constat, les spécialistes tentent de définir la chronologie des rois suivants, qui est très approximative et très discutée ; de plus, il semble qu'il y ait eu des règnes conjoints.

Cotys II Tibérius Julius (123 ou 124-132) fils de Sauromatès Ier monte sur le trône, puis son fils Rhoémétalkès Ier Tibérius Julius (ou Rhoémétalcès ou Rhoematelces, on peut trouver encore d'autres manières d'écrire ce nom), 132-154), puis Eupator Tibérius Julius (154-174), fils de Rhoémétalkès Ier et son frère, Sauromatès II Tibérius Julius (174-210), qui meurt peu après une victoire sur une coalition de Sarmates, Siraces et Scythes. Son fils Rhescuporis II Tibérius Julius (211-228) lui succède, puis le fils de celui-ci Cotys III Tibérius Julius (228-233) pour un règne très court et conjoint avec son frère Sauromatès III Tibérius Julius (229-232). Rhescuporis III Tibérius Julius (233-235 ou 240) le fils de Cotys III est le roi suivant, régnant conjointement avec son oncle Ininthimaios Tibérius Julius (234-238), frère de Cotys III. Suit Rhescuporis IV Tibérius Julius (240-262 ou 240-253) qui est le fils de Rhescuporis III. Il doit se plier aux commandements des Boranes et des Goths, qui envahissent le royaume, et leur laisser l'usage des ports, d'où leur flotte part pour des raids de piraterie en Asie Mineure.

Rhescuporis IV a un enfant Teiranès Tibérius Julius (ou Tiranès ou Teinarès, 262-278) qui lui succède. Teiranès remporte une victoire contre les Goths, mais en fin de règne il doit faire face à un prétendant, son frère Sauromatès IV Tibérius Julius (275-276), et régner conjointement avec lui. Sous son règne les relations avec Rome se dégradent et des accrochages ont lieu entre les deux États. Il épouse Aelia et il a un fils Thothorsès Tibérius Julius (ou Phophorsès, 278-307) qui est le roi suivant[1].

Pendant le règne de Thothorsès, un certain Sauromatès, fils de Criscoronès, lève une armée avec l'aide des Sarmates, qui vivent près de la mer d'Azov, et attaque d'abord le royaume du Pont, en 291, puis le Bosphore et sa capitale. Thothorsès le repousse et Sauromatès est obligé, en 292, de signer la paix. Oliotès Tibérius Julius (ou Oliotos ou Oligotos ou Olympios ou Uhlatos, 307-309), fils de Thothorsès, lui succède. Sa fille Nana épouse le roi d'Ibérie Mirian III (284-345)). Suivent ses frères, les rois, Sauromatès V (308-312) et Rhadamsadès (ou Rhadamsadius, 309-318 ou 323), qui selon quelques spécialistes (dont Nadel) ne seraient pas de la dynastie légitime des rois du Bosphore. Ils portent un nom iranien et utilisent une écriture sarmate sur leur monnaie. Le trône du Bosphore a donc peut-être été occupé par des rois étrangers. Puis Rhescuporis V (ou VI si l'on tient compte du frère de Teinerès, 318-336 ou 309-336), fils d'Oliotès, arrive au pouvoir, quelques spécialistes faisant débuter son règne en 309 ; il aurait donc eu un règne commun avec son oncle Rhadamsadès. En 335, le royaume est conquis par les Ostrogoths et Rhescuporis V est tué en défendant son royaume qui s'éteindra avec lui.

Il est à remarquer que, durant toute l'histoire grecque, un net contraste sépare les inscriptions grecques concernant les rois du Bosphore et les écrits des orateurs de l'époque : alors qu'Eschine parle de « tyrans », les inscriptions se refèrent à eux comme « archontes » ou « dynastes » du Bosphore…

Voir aussi

Notes et références

  1. Eschine, Contre Ctésiphon, 171 [lire en ligne]

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Nymphaion (Crimée) de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Nymphaion — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Nymphaion en grec : Νύμφαιον, en latin: Nymphaeum, francisé en nymphée désigne un lieu dédié aux nymphes. Plusieurs localités ont porté ce nom  …   Wikipédia en Français

  • BYZANCE — La délimitation dans le temps de l’Empire byzantin a toujours été flottante. Non pour la date de sa fin: l’Empire est mort avec son dernier souverain, Constantin XI, au matin de la chute de Constantinople, le 29 mai 1453, sur la brèche de la… …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”