Gabriel Jérôme Sénar

Gabriel Jérôme Sénar
Gabriel Jérôme Sénar
Naissance 3 août 1760
Châtellerault
Décès 22 mars 1796 (à 35 ans)
Tours
Nationalité Drapeau de France France
Profession Avocat
Autres activités Président de la commission militaire de Tours
Président du comité de surveillance révolutionnaire de Tours
Agent du Comité de sûreté générale
Formation Études juridiques
Famille Gabriel-Guillaume Sénar
Catherine Sainton

Gabriel Jérôme Sénar, Sénard ou Sénart, né à Châtellerault le 3 août 1760, décédé à Tours le 2 germinal an IV (22 mars 1796), est un homme de loi et révolutionnaire français, procureur et agent national de la commune de Tours.

Sommaire

Biographie

Né le 3 août 1760 à Châtellerault, patrie de sa mère, dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste, Jérôme Sénar est le fils de Gabriel-Guillaume Sénar, procureur et notaire de 1757 à 1793 de la baronnie de L'Île-Bouchard, office acquis par sa famille à la fin du XVIIe siècle, et de Catherine Sainton. Après ses études, il s'engage dans le régiment de Royal-Marine mais renonce à cette carrière au bout de quelques mois et retourne en Touraine, travaillant d'abord sans doute dans l'étude de son père. Vers 1787, il devient avocat à la sénéchaussée de L'Île-Bouchard, et y exerce pendant quelques mois des fonctions municipales, au début de la Révolution[1],[2],[3],[4]. En 1789, il fait paraître un Mémoire sur l'agriculture et L'Avocat patriote sous le nom de « Sénar des Lys »[1].

Nouant des relations au sein de la noblesse, il obtient la protection de la princesse de Chimay et se marie en janvier 1790 avec une filleule de Louis XVI et de Marie-Antoinette (qui signent le contrat de mariage), nommée Marie-Louise Antoinette David ou Marie-Félicité-Crezontzia des Roziers de Monville selon les sources[5]. Introduit à la Cour, il en est cependant banni, du fait de ses opinions révolutionnaires, et perd une pension de 30 000 livres[6]. De retour à L'Île-Bouchard, il y exerce pendant quelques mois des fonctions municipales[1].

En 1791, il s'installe à Tours[7], où il divorce le 30 octobre 1792, entre à la société populaire[8] et se fait élire capitaine de la garde nationale puis procureur de la commune le 22 décembre 1792. À la tête du parti jacobin, il reçoit en 1792 un coup de poignard qui accroît sa popularité[6].

En avril 1793, il prend parti pour les Enragés et s'oppose aux partisans de Jean-Lambert Tallien, les conseils généraux, les comités et la société populaire[1].

En juin 1793, un corps de cavalerie de Vendéens s'empare de la ville. Les administrateurs du district de Chinon ayant pris la fuite à leur approche, ils sont traduits devant le conseil du département, où Sénar emmène ceux qui exigent des sanctions. Toutefois, les partisans de la clémence l'emportent. Profitant de l'émotion suscitée par ces événements et cet arrêt du conseil, Sénar obtient des représentants en mission, malgré les protestations du conseil départemental, la création d'une commission militaire chargée d'enquêter sur les menées royalistes et contre-révolutionnaires, dont il prend la présidence[6]. Jusqu'à sa suppression, deux semaines plus tard, le 16 juillet, elle prononce huit condamnations à mort[9].

Le 18 octobre 1793, il est président du comité de surveillance révolutionnaire départemental institué par les représentants en mission Choudieu et Richard. Destitué par Jean Guimberteau le 14 brumaire (4 novembre), il fait appel de cette décision auprès de la Convention nationale et obtient le rétablissement du comité le 16 novembre.

Dénoncé par la Société populaire et montagnarde de Tours, qui l'exclut en ventôse an II après le blanchiment de l'administrateur du département Clément de Ris, accusé par lui[6], il parvient à se justifier. Correspondant du Comité de sûreté générale[10], il se rend à Paris, où il obtient un poste de secrétaire-rédacteur, chargé des interrogatoires, dans les bureaux du Comité. Distingué par Marc Guillaume Alexis Vadier et Jean-Pierre-André Amar, il remplit plusieurs missions, notamment l'arrestation de Catherine Théot, avec François Héron.

Le 3 thermidor an II (21 juillet 1794), deux habitants de Tours viennent le dénoncer au club des Jacobins et demandent que des démarches soient entreprises pour parvenir à son arrestation, ce que Georges Couthon annonce à la société trois plus tard[11],[12].

Incarcéré pendant un an à la prison du Plessis, Sénar y rédige ses mémoires. Le 9 germinal an III (29 mars 1795), il est extrait de sa cellule pour témoigner dans le procès de Fouquier-Tinville et des membres du tribunal révolutionnaire[13]. Libéré en octobre 1795, il retourne à Tours et meurt à son domicile le 22 mars 1796.

Avant sa mort, il cède le manuscrit de ses mémoires à Dossonville. Après les avoir sans doute arrangés[14], ce dernier les vend en 1823 à Alexis Dumesnil, qui les publie en 1824. Anne Ording juge leur authenticité douteuse[15].

Publications

Notes et références

  1. a, b, c et d Pierre Leveel, Histoire de la Touraine, Presses universitaires de France, 1956 , 127 pages, p. 109.
  2. Souvenirs de la révolution dans le département d'Indre-et-Loire (de 1790 à 1798), Imprimerie Ladevèze, 1864, 360 pages, p. 213-216.
  3. Line Skórka, Guide des archives notariales: une minute pour l'éternité, Conseil général d'Indre-et-Loire, Archives Départementales, 1988, tome 2, p. 546.
  4. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, 1883, tomes 31 à 32, p. 42.
  5. G. Lenotre (Le Mysticisme révolutionnaire: Robespierre et la « Mère de Dieu », Perrin & cie, 1926, 333 pages, p. 73) et Gilles Dussert (Vadier: le grand inquisiteur, 1736-1828, Imprimerie nationale, 1989, 274 pages, p. 130) signalent « Marie-Louise Antoinette David » ; Charles Rinn (« La première arrestation du comte Clément de Ris, 1794 », Revue des deux Mondes, Paris, 1907, tome 42, p. 205) et les Souvenirs de la révolution dans le département d'Indre-et-Loire (de 1790 à 1798) (Imprimerie Ladevèze, 1864, 360 pages, p. 214) « la demoiselle des Roziers de Monville » et « Marie-Félicité-Crezontzia des Roziers de Monville ».
  6. a, b, c et d Charles Rinn, « La première arrestation du comte Clément de Ris, 1794 » (p. 195-228), Revue des deux Mondes, Paris, 1907, tome 42, p. 205-228.
  7. Gilles Dussert, Vadier: le grand inquisiteur, 1736-1828, Imprimerie nationale, 1989, 274 pages, p. 130.
  8. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, série in-8, volumes 54 à 57, 1958, p. 59.
  9. Bernard Chevalier, David Bohbot, Histoire de Tours, Privat, 1985, 423 pages, p. 235.
  10. Marc Bouloiseau, La République jacobine, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, Paris, Le Seuil, 1972, 288 pages, p. 108 (traduction anglaise : The Jacobin Republic, 1792-1794, Cambridge University Press, 1983, 251 pages, p. 95).
  11. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, 1883, p. 56.
  12. Philippe Buchez, Prosper-Charles Roux, Histoire parlementaire de la révolution française: ou, Journal des assemblées nationales, depuis 1789 jusqu'en 1815, Paris, Paulin, 1837, tome 33, p. 387.
  13. Philippe Buchez, Prosper-Charles Roux, op. cit., 1837, tome 33, p. 307-314.
  14. Ernest Hamel, Histoire de Robespierre d'après des papiers de famille, tome 3: La Montagne, A. Lacroix, Verboeckhoven & c., 1867 p. 438.
  15. Arne Ording, Le Bureau de police du Comité de salut public: étude sur la Terreur, i kommisjon hos J. Dybwad, 1930, 195 pages, p. 33.

Sources

  • Stanislas Bellanger, La Touraine ancienne et moderne, L. Mercier éditeur de la Vierge, 1845, 611 pages, p. 433-434
  • Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française 1789-1799, Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1987 (ISBN 270282076X).

Bibliographie

  • Jacques-Xavier Carré de Busserolle, Curieuse histoire d'un procureur de la commune de Tours (1793-1796), Tours, Suppligeon ; Paris, Lechevalier, 1888, 80 pages, In-8°.
  • Albert Philippon, « La Première commission militaire dite Commission Senar (23 juin-17 juillet 1793) », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, Tours, tome XXIX, fascicules 1 et 2, 1944, p. 75-135.

Articles connexes

Lien externe


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