Bataille de Rocroi

Bataille de Rocroi

49°55′10″N 4°31′40″E / 49.91944, 4.52778

Bataille de Rocroi
Rocroi.jpg
Le duc d'Enghien à la bataille de Rocroi
Informations générales
Date 19 mai 1643
Lieu Rocroi
Issue Victoire française décisive
Belligérants
Royaume de France Royaume de France Flag of New Spain.svg Monarchie hispanique
(Armée des Flandres)
Commandants
Louis de Bourbon Francisco de Melo
Forces en présence
12 régiments français
2 régiments suisses
1 régiment écossais

Total: 17 000 hommes d'infanterie
6 000 à 8 000 cavaliers
5 tercios espagnols
3 tercios italiens
5 régiments wallons
5 régiments allemands
2 régiments bourguignons

Total: 18 000 hommes d'infanterie
7 000 à 9 000 cavaliers
Pertes
4 500 morts et blessés 3 500 morts et blessés
3 826 prisonniers
Guerre de Trente Ans
Batailles
Pilsen — Sablat — Montagne Blanche — Cap Saint-Vincent — Mingolsheim — Wimpfen — Höchst — Fleurus — Stadtlohn — Dessau — Lutter — Magdebourg — Abrolhos — Breitenfeld — Rain am Lech — Lützen — Nördlingen — Avein — Louvain — Tornavento — Wittstock — Rheinfelden — Guetaria — Cabañas — Fontarrabie — Thionville — Downs — Montjuic — Marfée — Saint-Vincent (1641) — Honnecourt — Barcelone — 1er Lérida — Leipzig — Rocroi — Carthagène — Tuttlinghem — Fribourg — Jankau — Alerheim — Orbetello — Mardyck — Dunkerque — 2e Lérida — Cavite — 3 e Lérida — Zusmarshausen — Lens — Tortosa — Valenciennes

La bataille de Rocroi eut lieu le 19 mai 1643 dans le cadre du conflit franco-espagnol, opposant les armées du roi de France sous les ordres de Louis de Bourbon, duc d'Enghien (le futur Grand Condé) et celles de l'Espagne commandées par Francisco de Melo.

Sommaire

Cadre

Comme l'année précédente l'armée espagnole des Flandres décide d'envahir le nord de la France pour aider sa consœur en Catalogne et réduire la menace d'une invasion de la Franche-Comté. Elle met le siège devant la place forte de Rocroi, qui a une garnison de 400 à 500 hommes et garde la route de l'Oise. L'armée française réagit rapidement et se déploie dès le 18 mai dans un champ au sud-ouest de la forteresse et commence des escarmouches. Les Espagnols et leurs alliés, commandés par Francisco de Melo, se placent en face dans une formation en carrés massifs, à part un détachement pour bloquer toute sortie des assiégés. Avec 17 000 fantassins, 6 000 cavaliers et 12 canons ils obligent le duc d'Enghien qui dispose de troupes légèrement moins nombreuses à livrer bataille avant l'arrivée des renforts de 1 000 cavaliers et 3 000 fantassins.

Les forces en présence

Armée des Flandres (Espagne)

  • 5 tercios viejos espagnols
  • 3 tercios italiens
  • 5 régiments wallons
  • 5 régiments allemands
  • 2 régiments bourguignons

Armée française

  • 12 régiments français
  • 2 régiments suisses
  • 1 régiment écossais

Bataille

Le plan de la bataille

Au moment de l'attaque des Espagnols, l'armée française est réunie sur la Somme. Le jeune duc d'Enghien, qui n'a alors pas même vingt-deux ans, suit les mouvements des Espagnols avec toute la célérité possible et lance l'intrépide Gassion, commandant des chevau-légers. À la tête de quinze cents cavaliers, celui-ci réussit à jeter quelques soldats dans Rocroi puis le 17 mai, rejoint Enghien à Bossu, à quatre lieues de la ville assiégée. Le même jour, le duc reçoit la nouvelle de la mort de Louis XIII. Il garde secrète la nouvelle, de peur que le maréchal de l'Hospital, placé près de lui pour le conseiller, ne retarde l'attaque.

Le lendemain, l'armée s'avance à une lieue du camp ennemi. La bataille n'est pas aisée à engager : Rocroi est située à l'entrée des Ardennes, sur un plateau qui, à l'époque, présente l'aspect d'une vaste clairière, de toutes parts entourée de bois et de marais. C'est un vrai champ clos auquel on arrive par des défilés faciles à défendre. La bataille se déroule sur un terrain allant de Rocroi à Sévigny-la-Forêt[1]. Don Franscisco de Mello eût pu tout à la fois poursuivre son siège et barrer le passage aux Français. Mais se sachant supérieur en force, il veut la bataille autant que d'Enghien. Il laisse les Français déboucher dans la plaine et lève le siège pour attendre le choc.

L'artillerie espagnole ouvre le feu. D'Enghien veut y répondre en attaquant sur-le-champ, mais une fausse manœuvre d'un de ses lieutenants, La Ferté-Senneterre, qui écarte l'aile gauche du reste de l'armée oblige à remettre la bataille au lendemain. Le soir vient à propos pour les Français qui souffrent cruellement de l'artillerie ennemie, mieux postée et mieux servie. Sirot, un des chefs de l'armée française, assure que le soir, les Espagnols ont mis deux mille hommes hors de combat.

La nuit, d'Enghien apprend que les Espagnols attendent un renfort de près de quatre mille hommes conduits par le général Jean de Beck. Il presse ses dispositions et le matin du 19, dès l'aube, les Français se mettent en mouvement. D'Enghien prend la droite avec Gassion. À l'aile gauche se place le maréchal de l'Hospital. Au centre se trouve le gros de l'infanterie et l'artillerie sous les ordres du comte d'Espenan ; en arrière se trouve la réserve commandée par le baron de Sirot.

L'aile gauche des Espagnols, face à d'Enghien, est commandée par le duc d'Albuquerque. Garnie de mille mousquetaires, elle est à l'abri d'un petit bois. D'Enghien culbute ces tirailleurs et va, en tournant à la gauche du bois, attaquer de front Albuquerque que Gassion à son tour prend en flanc en contournant le bois en sens inverse. Albuquerque est culbuté au premier choc. D’Enghien et Gassion se séparent : Gassion poursuit Albuquerque tandis que d'Enghien fait demi-tour à gauche, se jette sur le centre ennemi et enfonce l'infanterie ennemie.

Stèle érigée sur l'ancien champ de bataille en 1922

Pendant ce temps, l'autre extrémité du champ de bataille offre un spectacle tout contraire : don Francisco de Mello a enfoncé le maréchal de L'Hospital. La cavalerie, commandée par la La Ferté-Senneterre, effectue sa charge au galop, ce qui est inhabituel à l’époque. Mal entraînée, prenant le galop trop loin, elle arrive disloquée et épuisée au contact des Alsaciens de de Mello. Ceux-ci, expérimentés et disciplinés, n’ont aucun mal a repousser la charge et à la mettre en déroute. La Ferté est blessé et fait prisonnier[2]. De Mello attaque l'infanterie d'Espenan, enlève une partie des canons et n'est arrêté que par le brave Sirot et son corps de réserve.

A ce moment l'issue de la bataille est indécise et les chances semblent à peu près égales. D'Enghien, parvenu au centre de la ligne ennemie voit ce qui se passe. Il abandonne le combat, passe derrière les fantassins espagnols et va charger en queue la cavalerie de l'aile droite et la réserve ennemies, pendant que Gassion achève de disperser la gauche espagnole.

La victoire était alors certaine mais encore incomplète: au centre de cette plaine jonchée de morts et parcourue en tous sens par les fuyards, un gros bataillon reste immobile au centre de la ligne ennemie. Ce sont les Espagnols naturels, le noyau dur de cette armée. Ils sont quatre mille cinq cents vieux soldats de toutes nationalités, sous les ordres d'un général octogénaire perclus de douleurs mais d'une indomptable énergie, le comte de Fontaines qui se fait porter en litière à la tête de ses troupes. Enghien ramasse ce qui lui reste de cavalerie et, au moment où il fond sur l'infanterie espagnole, le bataillon s'ouvre et dix-huit canons vomissent leur mitraille sur les Français. La cavalerie recule en désordre : trois fois d'Enghien la ramène à la charge, trois fois l'attaque se brise sur les piques espagnoles.

Pendant ce temps, la réserve de Sirot est arrivée avec l'artillerie française. De son côté, Gassion revient de la poursuite de Beck. Les Espagnols sont cernés et le comte de Fontaines vient d'être jeté mort à bas de sa civière. Des officiers espagnols demandent quartier. D'Enghien s'approche alors l'épée haute. Des soldats ennemis, croyant qu'il va charger de nouveau, font feu. Des cris de trahison éclatent autour du duc. La cavalerie de Gassion commandée par Simon Gibert de Lhène d'une part, et la réserve de Sirot d'autre part, se ruent alors sur les Espagnols qui sont finalement ébranlés puis culbutés.

Pertes

Les historiens de l'époque estiment que la majeure partie de la cavalerie espagnole réussit à se sauver. Par contre l'infanterie fut presque toute prise. Il y eut au moins sept mille morts dont deux mille français sans compter, il est vrai, les morts de la veille et autant de prisonniers espagnols. Deux mille paysans des Ardennes, embusqués dans les défilés, contribuèrent beaucoup à ce carnage en massacrant les fuyards.

Panorama de l'ancien champ de bataille

Avec les Espagnols, les meilleurs régiments italiens et wallons avaient été détruits. Les armées espagnoles ne purent jamais se remettre de ce coup terrible : l'effet moral leur fut plus fatal que la perte matérielle déjà si difficile à réparer. Le renom de supériorité militaire qu'avaient les Espagnols passa définitivement aux Français.

Sources

  • Marquis de la Moussaie, Relation des campagnes de Rocroy et de Fribourg, Paris, 1673
  • Henri Martin, Histoire de France, depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, Paris, 1865 (4eme édition)
  • Henri Martin, Histoire de France, Tome XII La bataille de Rocroi, 1878

Lien externe

Notes et références

  1. Albert Meyrac, Géographie illustrée des Ardennes, 1900, p.441.
  2. Frédéric Chauviré, « Le problème de l’allure dans les charges de cavalerie du XVIe au XVIIIe siècle », Revue historique des armées, 249 | 2007, mis en ligne le 1er août 2008. Consulté le 16 août 2010.
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