Bataille de Crecy

Bataille de Crecy

Bataille de Crécy

Bataille de Crécy
Battle of crecy froissart.jpg
La Bataille de Crécy.
Informations générales
Date 26 août 1346
Lieu Près de Crécy-en-Ponthieu
Nord d'Abbeville
Issue Victoire anglaise décisive
Belligérants
Blason pays fr FranceAncien.svg France
Blason Royaume Navarre.svg Navarre
Blason Boheme.svg Bohême
England Arms 1340.svg Angleterre
Commandants
Blason pays fr FranceAncien.svg Philippe VI
Blason Jean de Bohême.svg Jean Ier de Bohême
Blason comte fr Alencon.svg Charles II d'Alençon
England Arms 1340.svg Édouard III
England Arms 1340-white label.svg Le Prince Noir
Forces en présence
24 000 à 40 000 hommes 8 000 à 12 000 hommes
Pertes
1542 chevaliers dont 11 de haute noblesse (voir la liste) et 2 300 génois, les pertes des fantassins français sont inconnues 100 - 300 morts
Guerre de Cent Ans
Batailles
Arnemuiden (navale) — L’Écluse (navale) — Crécy — Calais —

Guerre anglo-écossaise
Neville's Cross —


Jacquerie
Grande Jacquerie — Meaux — Révolte des Tuchins — Révolte paysanne anglaise —


Guerre de Succession de Bretagne
La Roche-Derrien — Combat des Trente — Mauron — Auray —


Winchelsea — Poitiers — Cocherel —


Première guerre civile de Castille
Nájera — Montiel —


Pontvallain — La Rochelle  — Roosebeke —


Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons
Révolte des Cabochiens —


Azincourt — Rouen — Baugé — Cravant — Brossinière — Verneuil — Journée des Harengs — Gerberoy —


Campagne de Jeanne d'Arc
Orléans — Jargeau — Meung-sur-Loire — Patay — Montépilloy — Compiègne —


Campagne de Bretagne et de Normandie en 1448-1449
Fougères — Formigny —


Campagne de Guyenne
Castillon

La bataille de Crécy est une victoire écrasante de l’armée anglaise sur la chevalerie française en 1346, au début de la guerre de Cent Ans.

Sommaire

Le contexte

La Bataille de Crécy se déroule à l'aube de la Guerre de Cent Ans. À partir de février 1328, les deux plus grandes monarchies d'Europe vont se disputer le trône de France durant un interminable conflit à forts rebondissements et multiples trêves.

Le 7 octobre 1337, à l'Abbaye de Westminster, le roi d'Angleterre Édouard III lance publiquement un défi à son cousin, le roi de France. Il conteste la légitimité de Philippe VI de Valois et revendique la couronne de France pour lui-même. C'est le début de la guerre de Cent Ans.

La première campagne d'Édouard III en 1339 passe relativement inaperçue.

En 1340, après avoir tenu sa cour à Gand et pris le titre de "roi d'Angleterre et de France", Édouard III, engage la seconde campagne sur terre et sur mer. Elle se solde par la défaite française lors de la bataille navale de l'Écluse.

En 1346, Édouard III entreprend une troisième campagne ayant pour but de prendre Paris. C'est au cours de cette campagne qu'a lieu la bataille de Crécy.

La campagne

En 1346, Édouard III entreprend une campagne ayant pour but de prendre Paris.

Édouard III prépare un nouveau débarquement, qu'il ne sait encore où fixer. Son adversaire, le roi de France, lui épargne de trop longues hésitations en condamnant à l'exil un grand seigneur normand, Geoffroy d'Harcourt, sire de Saint-Sauveur-le-Vicomte, lequel va se réfugier à la cour d'Angleterre, offrant ainsi à Édouard III le prétexte idéal d'un libre accès en Cotentin.

Le 7 juillet, le roi d'Angleterre réunit 1 200 de navires dans les rades de Portsmouth, Southampton et des ports de l'île de Wight et hisse les voiles.

Le 12 juillet, il débarque avec 40 000 hommes[1] à Saint-Vaast-la-Hougue et s'empare de la Normandie.

Surpris et terrorisés par les Anglais, les Normands ouvrent leurs villes dont les défenses n’auraient pu résister à un assaut. Après avoir saccagé et pillé le Cotentin, les troupes d’Édouard III assiègent et prennent Caen, pourtant bien défendue. La flotte qui les a suivi repart de Ouistreham vers l’Angleterre chargée d’un considérable butin.

Vers l'affrontement

Édouard III fait alors mouvement vers le nord pour rejoindre ses alliés flamands. Mais il doit d'abord franchir les obstacles naturels que constituent la Seine et la Somme.

Il tente de franchir la Seine par Rouen qui lui refuse le passage. Il se retire sans livrer bataille et s’installe à Poissy, le temps d’établir un pont sur la Seine qu’il franchit le 15 août.

Il faut maintenant faire très vite, Philippe VI de Valois rassemble des troupes de plus en plus nombreuses à Saint Denis et s’apprête à livrer bataille. Comme en Normandie, Édouard III sème la terreur et esquive, quand c’est possible, le combat frontal. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. Mais il lui faut encore franchir la Somme. Édouard III, qui a vécu à Abbeville dont il est le suzerain, connaît bien la Somme et le peu de sympathie des communes picardes qui commandent les rives du fleuve, à l’égard des Anglais. Il s’installe donc à Airaines afin de repérer et de tester les passages possibles. À la différence des villes normandes, les villes de la Somme sont puissamment fortifiées et bien défendues. Elles paraissent imprenables. La situation devient critique. Le roi de France, à la tête d’une armée considérable, a rejoint Amiens et risque de le prendre comme dans une souricière entre le fleuve et la mer.

Il reste deux solutions : prendre Saint-Valery-sur-Somme pour rejoindre l’Angleterre par voie de mer ou trouver un passage non fortifié.

Devant l’échec de la prise de Saint-Valery-sur-Somme, il faut absolument trouver le gué dont Édouard III avait connaissance sans savoir où le situer. Or les Picards sont peu bavards. Il finit par trouver un paysan qui, ne comprenant pas bien l’intérêt de l’information, lui indique, moyennant finance, le passage de Blanquetaque, non loin de Noyelles-sur-Mer.

L’armée anglaise se lève à l’aube du 24 août et franchit le fleuve en bousculant facilement les quelques milliers d’hommes venus du nord pour protéger le passage.

Philippe VI de Valois, qui le poursuit, arrive au moment où le dernier anglais franchit le gué. La marée montante le cloue sur place. Édouard III reprend la main : il pourra désormais livrer la bataille sur son terrain.

La préparation de la bataille

Édouard III désire remonter vers la Canche, il franchit la Somme après une bataille au gué de Blanquetaque. Il y est accueilli par Catherine d’Artois, fille de Robert III d’Artois son ancien et fidèle compagnon. Puis il se dirige vers Rue, qu’il brûle et pille. Mais il doit bifurquer à l’est, freiné par la difficulté de traverser les bas-champs de l'Authie inondés à marée haute, et comprenant l’impossibilité de rejoindre facilement Montreuil dans cette région particulièrement pourvue en étangs et marais : zones impraticables à la soldatesque. A l’est, il contourne la forêt de Crécy, probablement par le sud, sa frange nord étant marécageuse. Il doit ainsi se rapprocher de l’armée française, dont il sait qu’elle est à Abbeville, avant de repartir vers le nord. Il sait aussi qu’il ne pourra pas conduire ses troupes à marche forcée.

Il ne peut donc plus éviter le combat et va devoir livrer bataille. Autant choisir l’avantage du terrain ! Le 25 au soir, il s’installe sur les hauteurs de Crécy en Ponthieu et envoie ses barons en reconnaissance. Le 26 au matin, il décide de l’endroit où il attendra les troupes françaises.

De son côté, Philippe VI de Valois sort d’Abbeville à la tête d’une impressionnante armée composée, selon Froissart, qui a toujours tendance à exagérer, de 20 000 armures à cheval et de plus de 100 000 hommes. Parmi ceux-ci, 6 000 mercenaires génois ou castillans conduits par Carlo Grimaldi et Otto Doria qui ont la réputation d’être à la fois les plus habiles arbalétriers et les meilleurs marins d’Europe. En outre Philippe VI de Valois a également appelé à la rescousse la fine fleur de la chevalerie non seulement française mais également européenne. On trouve dans les rangs français entre autres, Jean Ier de Luxembourg roi de Bohême, Charles IV fraîchement élu roi des Romains, Louis Ier duc de Savoie, Charles II de Valois duc d'Alençon et frère du roi.

Puis Philippe VI et sa considérable armée arrivent à Crécy par l’est.

Les forces en présence

Il est très difficile de donner un état précis des forces en présence, tant les différentes sources sont contradictoires.

L'armée anglaise est formée en 3 « batailles », 2 forment la première ligne (le Prince Noir et les comtes de Northampton et d'Arundel). Édouard III commande la troisième « bataille » qui formera la seconde ligne. L'ensemble comprend de 8 000 à 12 000 hommes, dont environ 3/4 d'archers. La première ligne est parfaitement positionnée derrière des rangées de pieux où viendront s'empaler les chevaliers français. Les chevaliers anglais sont prêts à contre attaquer si besoin.

L'armée française est beaucoup plus nombreuse (le nombre de 24 000 hommes semble plus réaliste pour l'époque.) est organisée sur 3 lignes. Au devant on trouve les arbalétriers génois, ainsi que 2 lignes de chevaliers. Le reste est composé de troupes à pied qui occupent l'arrière et les côtés. L'armée française n'a aucune tactique pour la bataille et arrive en fin de journée de manière confuse devant la position anglaise.

La bataille

Bataille de Crécy 26 août 1346.gif

Le 26 août, l'armée française débouche de la route d’Abbeville en désordre et le roi Philippe VI ne parvient pas à faire appliquer son ordre de reporter le combat au lendemain.

Les premiers escadrons reçoivent l'ordre de Philippe VI et s'arrêtent à temps. Et c'est alors que la bataille tourne à la confusion. Les escadrons suivants voient les autres soldats stoppés, et, s'enthousiasmant, ils se mettent à crier et à accélérer la cadence pour arriver les premiers devant les Anglais. Personne n'entend les ordres répétés du roi de France, et les soldats à l'arrêt sont entraînés par les autres dans une sorte de folie générale. Philippe VI lui-même, gagné par la contagion de démence, pointe son épée en l'air et hurle : "Je vois mon ennemi, et par mon âme, je veux l'affronter !".

Philippe VI envoie alors les arbalétriers génois entamer le combat mais leurs armes ont souffert de la pluie : les cordes en cheveux sont humides et perdent de leur puissance, donc les arbalétriers perdent de leur précision (alors qu'une corde en chanvre gagne en dureté lorsqu'elle est mouillée). Les Génois sont épuisés par leur marche avec cette arme lourde alors que les archers gallois n'avaient qu'à détendre leurs arcs. De plus, ils ne tirent qu’à une cadence de 4 coups par minute, et enfin, la précipitation de la bataille les envoie démunis de leurs pavois, qui sont leur seule protection, restés dans les bagages en arrière.

Malgré une idée très répandue, les canons ou autres bombardes ne furent pas employés à Crécy. En effet, les seules mentions de ces armes sont faites par le florentin Giovanni Villani, qui rapporte ces événements quelques mois plus tard dans sa Nuova Cronica. Ainsi, dit-il, "le roi d'Angleterre disposa ses très nombreux archers qui sur les charriots, qui en-dessous, armés de bombardes qui tiraient des petites balles de fer avec du feu (XIII 67). Lesquelles bombardes, continue l'auteur, "produisaient un tel boucan que l'on aurait dit que Dieu lui-même tonnait, causant de nombreux morts parmi les soldats et abattant de nombreux chevaux" (XIII 68). Giovanni Villani n'ayant pas assisté à la bataille, Froissard ne mentionnant ces canons que dans la deuxième édition de son texte et les Grandes Chroniques étant postérieures de près d'un siècle des événements il est difficile de tenir compte de ces témoignages. Du côté anglais, aucun chroniqueur ne mentionne d'armes à feu. À la logique des faits il serait possible que nulle bombarde n'ait été utilisée : Édouard III faisait retraite après une campagne éclair de pillage, et il apparaît peu sensé qu'il se soit encombré de lourdes bombardes difficilement transportables à travers les gués des fleuves et les marais de la baie de Somme, sans avoir à les démonter et remonter, a fortiori pour une campagne rapide comme celle-là. Toutefois, même si la surprise dans les rangs français et la terreur de la chevalerie face à ces armes nouvelles doivent en être atténuées, l'ost français avait utilisé ces mêmes bombardes en 1324 lors de la campagne de Guyenne.

Les Génois mal protégés doivent se replier. Croyant à une trahison, les chevaliers français, dans leur enthousiasme dément, chargent leurs propres mercenaires. Ils poursuivent sur les lignes anglaises dont les tirs les déciment et s'empalent sur les pièges placés la veille par les Anglais.

La suite pour les Français n'est qu'une succession de charges inutiles et meurtrières, sans cohérence ni commandement.

Jusque tard dans la nuit, les Français effectuent sans succès une quinzaine de charges, brisées par les archers gallois. Ceux-ci, au nombre de 6 000, avec leur arc long anglais tirant chacun de 6 à 12 flèches à la minute (soit 36 000 à 72 000 flèches), noient sous une grêle de flèches les Français, dont les chevaux ne sont pas encore protégés, ou mal. Le roi de France doit abandonner le champ de bataille avec une petite escorte pour demander asile au château de Labroye quelques lieues plus au nord. Les actes de vain héroïsme se succèdent, dont celui de Jean Ier de Luxembourg, aveugle, qui charge entouré de ses gens sur son cheval lié par la bride à ceux de sa maison.

Cette bataille marque la fin de la guerre dite "courtoise".

Édouard III a désormais les mains libres pour remonter vers Calais, et assiéger la ville.

Bilan et conséquences

Le décompte des pertes d'après Froissard s'élève à 30 000 morts pour les Français, ce qui est probablement exagéré: la bataille a débuté vers 17h00 et les Anglais n'ont pas poursuivi les Français. Un décompte plus réaliste donne environ 4 000 morts: 1 542 chevaliers et 2 300 Génois, mais le nombre de fantassins français morts est inconnu. Les pertes anglaises sont d'après toutes les sources très faibles : 100 à 300 morts.

La noblesse française est fragilisée par cette défaite. Le roi Philippe VI, incapable ensuite de secourir Calais, montre qu'il est ni un politicien ni un militaire habile. Ces défaillances vont contribuer à affaiblir la couronne : la première crise grave va se faire sentir lors de la succession de Bretagne.

Liste de tués

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean Froissart - Chroniques, §§237-287 est la source essentielle sur la bataille de Crécy.
  • Jean Lebel (trad. J. Viard et E. Déprez), Chroniques, Société Historique de France, 1905, p. 100-104 
  • Françoise Veillard, Jean Froissart : Chroniques - Le manuscrit d'Amiens Bibliothèque de l'École des Chartes
  • Jean Favier : La guerre de Cent Ans, éditions Fayard, Paris 1980.
  • R.G. Grant : Batailles, éditions Flammarion
  • Dictionnaire Perrin des guerres et des batailles de l'histoire de France : ISBN : 978-2-262-00829-1
  • Warren Ellis - Crécy. Une BD sur la bataille.

Liens externes

Notes et références

  1. Chroniques de Jean Froissart Livre I, Partie I, Chapitre CCLXIV
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