- Collège en Isle de Liège
-
Collège en Isle
Présentation Période ou style renaissance mosane Date de construction 1495 Destination initiale collège Propriétaire université de Liège Destination actuelle faculté de philosophie et lettres Géographie Pays Belgique Région Région wallonne Province Province de Liège Localité Liège Coordonnées Géolocalisation sur la carte : Belgique
modifier Le Collège en Isle, Collège en Île ou encore Collège des jésuites wallons[1](en latin Collegium Societatis Iesu in insula, Leodii) était un établissement jésuite d'éducation secondaire, sis sur ce qui était l'Île de la Meuse dans la Principauté de Liège. Fondé par les jésuites en 1582 il passa en d'autres mains lorsque l'ordre des jésuites fut supprimé en 1773.
Tandis que le collège Saint-Servais, fondé à Liège en 1828, relevait sur un autre site (rue Saint-gilles) la tradition pédagogique du Collège en Isle, l'université de Liège était créée dans les anciens bâtiments. Pour le distinguer du Collège des jésuites anglais installé au pied de la Citadelle, ce collège en isle était également appelé Collège des jésuites wallons.
Sommaire
Arrivée des jésuites à Liège
Quelques jésuites de la génération des fondateurs de la Compagnie de Jésus visitent Liège et les environs : Pierre Canisius en 1546, Pedro de Ribadeneyra en 1556, et Jacques Lainez (Supérieur Général) en 1562. Comme prédicateurs ils font bonne impression sur Robert de Berghes, prince-évêque de Liège, qui sollicite du supérieur général la fondation d’un collège.
Gérard de Groesbeek reprend le projet de son prédécesseur. Il y intéresse les chanoines de sa cathédrale et rassemble quelques revenus qui permettent la création d’une résidence jésuite à Liège (1569). N'ayant pas d'établissement fixe ils sont logés chez des particuliers En 1569 on leur assigna pour y célébrer l'office divin une chapelle dans la collégiale de Sainte-Croix et l'année suivante une autre dans celle de Saint-Denis.
Un groupe de six jésuites s’y installe[2]. Ils sont principalement occupés à la prédication dans la partie nord de la principauté, où l’influence du protestantisme n'est pas négligeable : Tongres, Hasselt, Maëstricht, Maaseik.
Les jésuites sont bien accueillis par le clergé et la population. Leur prédication ayant du succès, les demandes se multiplient pour qu’ils ouvrent un collège dans la ville, d’autant plus que leur nombre augmente: ils sont bientôt douze, à la rue du Souverain-Pont. Comme, de par leurs constitutions, l’enseignement dans les collèges jésuite est gratuit, l’évêque de Liège est à la recherche de revenus qui permettront d’offrir une assise financière au projet. Finalement, avec l’autorisation du pape, les revenus du prieuré de Saint-Séverin-en-Condroz et de la Seigneurie de Muno-lez-Bouillon sont affectés au collège.
Durant l’épidémie de peste qui ravage Liège en 1579 les jésuites se dévouent au chevet des moribonds. Plusieurs y perdent la vie. Cela leur acquiert une estime supplémentaire auprès de la population.
Fondation du ‘Collège en Isle’
C'est en 1495 que sur les terrains abandonnés de l'îlot Hochet, s'installent les frères Hieronymites et construisent un établissement d'enseignement moyen. Ernest de Bavière obtient des Frères de la vie commune qu’ils cèdent leur couvent et école de l’île dite ‘Hochet’[3] - autrefois florissante - aux jésuites qui s’y installent en novembre 1581. Le 30 avril 1582 a lieu l’inauguration des cours. Le collège est un succès immédiat: quatre ans plus tard il compte déjà 500 élèves. La bulle papale autorisant l'érection officielle d'un collège de Jésuite à Liège est datée du 19 septembre 1586[4]. En 1595, les élèves seront 700. Le chiffre monte à 1 200, en 1601. Il restera alors aux environs de 1 100 jusqu’au départ des jésuites en 1773.
Au départ, les classes sont de trois niveaux : Rhétorique, Poésie et Grammaire. Au fil des années trois autres niveaux (quatre, cinq et six) sont ajoutés. Il y a même un cours de philosophie, qui doit cependant fermer en 1613 étant donnée la forte opposition de l’Université de Louvain. La pédagogie du ‘collège en île’ est celle de la tradition jésuite telle que définie dans le Ratio Studiorum de 1586.
Attentif et généreux Ernest de Bavière fait même construire un pont, en 1595, pour éviter aux élèves et aux fidèles du quartier du centre la traversée quotidienne du bras de la Meuse en barque. Il en pose lui-même la première pierre. Tout naturellement le pont sera populairement appelé ‘pont des jésuites’.
Développement et expansion
Au début du XVIIe siècle on agrandit les locaux. On bâtit en particulier une grande salle destinée aux ‘solennités académiques’ qui, comme salle de théâtre jouera un grand rôle dans la vie socio-culturelle et religieuse de la ville de Liège. En 1651 la munificence d’un généreux bienfaiteur, Godefroid d’Anthines, permet de reconstruire en plus vaste l’ensemble des bâtiments.
Construction de l'église du Saint-Sacrement
Le 25 juin 1669 les premières pierres d’une église sont solennellement posées, en présence des autorités de la ville et de la principauté. Étant donné la nature du sol (près du fleuve) et les difficultés techniques rencontrées - y compris un grave accident en 1689 qui nécessite la modification des plans originaux - les travaux durent une quarantaine d’années. Avant même d’être terminée l’église, au centre de la ville, est déjà endommagée : le général français de Boufflers bombarde Liège en 1691.
L’église est consacrée en 1700 et son clocher achevé en 1703. Elle est dédiée au Saint-Sacrement. Le jour de la fête du Saint-Sacrement (1700) – une fête liturgique instituée à Liège en 1246 avant d’être étendue à l’église universelle – une procession grandiose traverse toute la ville de Liège conduisant l’évêque de Liège à la nouvelle église « parmi les fanfares des trompettes, les bruits des boëttes, les illuminations et feux d’artifice, et d’autres semblables marques d’une sainte réjouissance ».
Relations avec la Cité
Les relations entre le collège et les autorités civiles sont au départ et dans l’ensemble excellentes. La Cité de Liège entre généreusement dans les frais d’agrandissement du collège ; elle fournit les livres pour la distribution des prix, et contribue à la réparation des dégâts causés par le bombardement de 1691. Cependant durant le XVIIe siècle, les luttes entre le parti en faveur de l’émancipation municipale et les défenseurs des droits du prince-évêque, causent des troubles qui ont des répercussions au collège, les jésuites étant traditionnellement plus proches du prince-évêque que du pouvoir municipal.
Les troubles sont particulièrement graves en 1637. Après l’assassinat d’un chef du parti des Grignoux le collège est saccagé par la populace en colère, le recteur du collège poignardé (il mourra quelques jours plus tard).
A une autre occasion c’est la grève des collégiens - défendant leur préfet le père Christian Baullin - qui empêche les magistrats de la ville de procéder à l’expulsion de plusieurs pères jésuites car étrangers à la principauté.
Activités littéraires, théâtre et ballet
Dans la ligne du Ratio Studiorum des séances publiques littéraires sont organisées annuellement, le but étant de permettre aux élèves d’apprendre à s’exprimer élégamment en public. Des 'plaidoyers' (débats) sont organisés, avec des groupes de collégiens défendant le pour et le contre d’une thèse. Des placards publics annoncent la soirée et des programmes sont imprimés. Les plus hautes autorités sont présentes. Ces solennités littéraires ont vite valeur d’évènement social dans la ville.
Des représentations théâtrales ont lieu dans la salle des solennités académiques. Les drames ou comédies sont généralement œuvres des jésuites eux-mêmes: les sujets sont tirés de la Bible, de l’histoire religieuse ou de la mythologie classique. Ils ont toujours une perspective pédagogique (composés pour mettre en valeur les talents des élèves) et un caractère moralisateur (la ‘Vertu vainc le Vice’). Durant le XVIIe siècle la salle du collège est le seul théâtre de la ville de Liège.
Pas de représentation publique sans ballet comme intermède. L’art chorégraphique est utilisé pour exprimer idées et sentiments présents dans la pièce de théâtre. Au XVIIIe siècle l’art de la danse est un complément nécessaire de toute bonne éducation.
Expulsion des jésuites
En 1773, pour des raisons politiques, Clément XIV supprime la Compagnie de Jésus. Le bref pontifical Dominus ac Redemptor doit être promulgué dans chaque maison jésuite. A Liège, le prince-évêque Velbruck procède avec tact. Les jésuites doivent quitter le collège et n’existent plus comme communauté religieuse. Parmi eux les prêtres qui le souhaitent sont intégrés au clergé du diocèse. Les plus âgés reçoivent une pension. Le Collège en île (également appelé Collège des jésuites wallons) n’existe plus.
Du collège à l’université
Le collège n’est plus jésuite mais l’enseignement y continue cependant. Des prêtres séculiers sont nommés pour reprendre le ‘grand collège’, et le transforment en séminaire épiscopal en 1786.
Tout est bouleversé avec le retour des troupes françaises en 1792: les bâtiments sont requisitinnés et servent de magasins et de boulangerie militaire. La riche bibliothèque du collège est vandalisée. D’abord cachés les livres sont découverts en 1794 après le bombardement de la ville. Ceux qui ne sont pas volés servent aux fours de la boulangerie. Une infime partie de ce trésor intellectuel sera portée à l’hôtel de ville et constituera le fond de départ de la bibliothèque de l’université de Liège.
Après le rattachement de la principauté de Liège à la république française les bâtiments logent une éphémère ‘Ecole centrale’, puis un ‘Lycée impérial’, en 1808, rebaptisé ‘Gymnase’ en 1814. Ce dernier est érigé en ‘Université’ en 1817 par un décret de Guillaume Ier. Au centre du complexe universitaire de la faculté de philosophie et lettres de l'université de Liège, à la place du 20-août, subsiste au moins un bâtiment de l’ancien collège des jésuites en île. Plusieurs salles voûtées, dont la salle de l’horloge, rappellent encore les deux siècles d’enseignement jésuite.
Article détaillé : Université de Liège.L’église est démolie en 1821 pour être remplacée par une salle académique. Ses colonnes sont récupérées pour orner l'imposante façade de l'université.
La galerie Wittert est située dans une partie de l'ancien cloître, dans la cour centrale du bâtiment de la place du 20-août.
Articles connexes
- Patrimoine religieux de Liège
- ordre de la Compagnie de Jésus
- Collège des jésuites anglais de Liège
Bibliographie
- J. Javaux, R. Lechat, et L Willaert: Les Jésuites inaugurent place du XX aout, Liège, 1982.
Notes
- ou encore collège ancien par rapport au nouveau collège anglais
- D’abord près de l’ancienne église Saint-Servais, ensuite à la rue du Souverain-Pont
- place du 20-août. A l’emplacement actuel des bâtiments centraux de l’Université de Liège,
- Manuscript 628, f° 793, conservé à l'Université de Liège
Catégories :- École de tradition jésuite
- Histoire de Liège
- Édifice religieux de Liège
Wikimedia Foundation. 2010.