- Ronde de France
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Infobox compétition sportive la Ronde de France Création 1946 Organisateur(s) Ce soir
Miroir Sprint
SportsÉditions course unique Type / Format Course par étapes Lieu France
Bordeaux-GrenoblePalmarès Tenant du titre Giulio Bresci modifier La Ronde de France, appelée aussi Bordeaux-Grenoble est une course cycliste par étapes qui n'a été organisée qu'une année, en 1946.
Sommaire
Histoire
Cette compétition cycliste a lieu dans le contexte de politique sportive liée à la Libération. Même s'il y eut des courses cyclistes durant les années de l'Occupation allemande de la France[1], le sport cycliste se trouve grandement à réorganiser aux lendemain de la victoire des "Alliés" sur les nazis. Nombres de compétitions s'étaient interrompues entre 1940 et 1945. C'était le cas du Tour de France. Mais le sort de la populaire "Grande boucle" était lié au journal qui la mettait sur pieds. Or L'Auto ayant paru jusqu'à l'été 1944, est interdit de publication et placé sous séquestre[2]. Pour le cyclisme renaissant, pour les coureurs comme pour le public, l'absence de "la caravane de juillet"[3] est difficilement imaginable.
La compétition entre journaux
Plusieurs groupes de pression se proposent pour combler le vide, tous appuyés sur des titres de la presse nationale. Par des artifices financiers et juridiques[4] l'ancienne société éditrice de l'Auto se recycle en publiant à partir de février 1946 le journal L'Équipe, dont les anciens collaborateurs de L'Auto constituent l'ossature de l'administration et de la rédaction[5]. Cependant il n'est plus seul sur le Marché de la presse sportive quotidienne, et l'heure n'est pas encore aux grandes compétitions de long cours.
Dans le cadre social de l'Après-guerre où le rationnement et les tickets d'alimentation et d'équipement ont cours, les compétitions par étapes sont limitées à une durée maximum de cinq jours. Dans le contexte économique de la Reconstruction du pays, le contingentement du papier est de rigueur pour toute la presse, et la presse sportive n'assure à ses publications que des périodicités de deux à trois numéros par semaine. Dans le cadre de la mise en place des institutions politiques, l'unité des forces de la Résistance se lézarde. Le général de Gaulle quitte le pouvoir le 20 janvier 1946 et les différents partis politiques tendent à rallier à eux, par le biais du sport, une jeunesse avide de vivre en liberté. Le premier éditorial de L'Équipe se conclut d'ailleurs par ces mots :"Contre un mal si menaçant pour la communauté (i.e. l'égoïste désir, s'élever au dépens d'autrui, la victoire après des luttes sans scrupules), nous lutterons au nom de la solidarité. À l'individu nous substituons la cellule, l'équipe....L'Équipe, nouveau journal qui veut rendre à la jeunesse de France, l'esprit de sacrifice, la foi , l'enthousiasme"[6].
Ce programme moral, de portée universelle, il est commun avec le groupe de presse, qui à la Libération se constitue dans la mouvance (large) du Parti communiste. De ce groupe[7] trois titres s'unissent au printemps 1946, pour organiser une compétition cycliste internationale par étapes.
Quels sont-ils ?Les journaux organisateurs
Ce soir
Le plus ancien des journaux organisateurs de la Ronde de France est Ce soir, un quotidien généraliste du soir, créé en 1937. Deux années après sa création, Ce soir avait un tirage de 260 000 exemplaires[8]. Interdit, comme l'ensemble des publications communistes en septembre 1939, Ce soir reparaît en août 1944. En 1947 le tirage de Ce soir atteint les 478 000 exemplaires[9]. Concurrent avant la guerre de Paris-soir, il s'est installé en août 1944, rue du Louvre, dans les locaux de ce titre, interdit de parution[10]. Ce soir rivalise depuis 1944 avec France-soir. Sa direction, est en théorie bicéphale, et composée de deux écrivains, Louis Aragon et Jean-Richard Bloch, tous deux communistes. Le second, porte-parole de la France à Radio-Moscou durant la Guerre, rentré en France en janvier 1945, est de fait jusqu'à son décès en mars 1947 le maitre-d'œuvre de journal. La rédaction est composée de journalistes professionnels, dont la plupart, s'ils ont une sensibilité de gauche ne sont pas communistes. La rubrique sportive, en est l'illustration : Georges Pagnoud, le chef de rubrique est issu des mouvements de jeunesse catholiques. Albert Baker d'Isy, est issu de la rédaction de Paris-soir, Pierre Chany est un jeune débutant journaliste engagé dans la Résistance[11]. Ce soir organise depuis 1945 le Circuit des Boucles de la Seine. Au printemps 1946, à la demande de Virgile Barel[12] , Président du conseil général des Alpes-Maritimes, il reprend l'organisation de la course Paris-Nice. Le journal n'a pas l'expérience logistique des successeurs de L'Auto, mais il possède déjà l'expérience d'organisateur de courses cyclistes.
Sports
Autre membre du trinome fondateur de la Ronde de France, le journal sportif Sports. Comme L'Équipe, Sports a un contenu uniquement sportif. Le titre est nouveau lorqu'il commence sa parution le 2 février 1946[13]. Mais l'équipe rédactionnelle provient de Sport libre, qui se situe dans la filiation de Sport, organe de la FSGT au moment du Front populaire en adoptant pour fondateur le résistant Auguste Delaune, fusillé par les nazis en 1943. Sports, comme L'Équipe est de périodicité quotidienne et ne paraît que quelques jours de la semaine en raison du manque de papier...Il est installé lui aussi rue du Louvre, à Paris. De Sport libre, qui était diffusé à l'origine, en 1944, par les Forces unies de la Jeunesse patriotique, mouvement unitaire des organisations de la jeunesse résistante, quelques rédacteurs passent à Sports[14]. Mais l'essentiel de la rédaction est constituée de journalistes confirmés ou débutants[15]. Parmi ceux-ci Jacques Marchand[16]
Miroir sprint
(article en cours)
Palmarès
Étapes Vainqueur 2e 3e 1. Bordeaux-Pau Elio Bertocchi (ITA) Albert Ritserveldt (BEL) Primo Volpi (ITA) 2. Pau-Toulouse Giulio Bresci (ITA) Elio Bertocchi (ITA) Joseph Tacca (ITA) 3. Toulouse-Montpellier Raymond Louviot (FRA) Jules Lowie (BEL) Jacques Geus (BEL) 4. Montpellier-Gap Giulio Bresci (ITA) Joseph Tacca (ITA) Edouard Fachleitner (FRA) 5. Gap-Grenoble Apo Lazarides (FRA) Pierre Cogan (FRA) Elio Bertocchi (ITA) Classement général final
Classement général final 1. Giulio Bresci (ITA) 2. Elio Bertocchi (ITA) 3. Edouard Fachleitner (FRA) 4. Pierre Cogan (FRA) 5. Apo Lazarides (FRA) 6. Joseph Tacca (ITA) 7. Augusto Introzzi (ITA) 8. Pierre Brambilla (ITA) 9. Maurice De Muer (FRA) 10. Petrus Van Verre (BEL)
Notes et références
- Jean Bobet, Le vélo à l'heure allemande, éditions La Table Ronde, Paris, 2007. Voir
- Serge Laget, "1940-1946 des Ersatz", pages 254-255, dans le premier volume de Tour de France 1903-2003, 100 ans, publié par L'Équipe en 2002.
- François Terbeen portant ce titre La caravane de juillet, aux éditions du Dauphin, ne paraît qu'en 1954, mais le reprendre ici ne semble pas aberrant, d'autant que le journaliste Terbeen va suivre la "Ronde de France", pour le compte d'un des journaux organisateurs, Miroir Sprint L'ouvrage de
- Voir le livre de Sandrine Viollet, Le Tour de France cycliste, 1903-2005, éditions de L'Harmattan, 2007. Le chapitre IX, intitulé Faut-il nationaliser le Tour de France, 1945-1947 renouvelle l'approche de cette période, par le recours aux archives, alors que seuls les témoins s'étaient exprimés.
- Le fait est décrit dès 1964 par Édouard Seidler, dans Le sport et la presse, paru aux éditions Armand-Colin. Lui-même directeur des "services promotion" de L'Équipe, titre "Du jaune au blanc" le chapitre consacré à cette transition, pages 91-99.
- Édouard Seidler, op. cit. page 93
- Jacques Augendre la mémoire du Tour de France (entretiens avec Christophe Penot) éditions Christel, St-Malo, 2001, pages 63-64 : "Les journaux en 1946 ne se disputaient pas que des lecteurs, ils se disputaient aussi la propriété du Tour de France."
- Quid, 2006, La Presse en France, tirage de la presse parisienne en 1939, p. 1104
- Ibid. la presse communiste, P. 1113
- Les annales de la société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, numéro 7-2005, pages 72-73, interview Gaston Bensan, administrateur de Ce soir de 1937 à 1949.
- Pierre Chany (entretiens avec Christophe Penot), l'homme aux 50 Tours de France, éditions Christel, 1996, page 40
- Virgile Barel (1889-1979) de Riquier à la Crimée française, éditions Serre, Nice, 1996. Successeur en 1949 de Virgile Barel, Jean Médecin reprend cette idée et confie la réorganisation de cette course à Jean Leulliot. Cf Claude Sudres, Dictionnnaire international du cyclisme, notice "Paris-Nice". Dominique Olivesi,
- Bernard Déon & Jacques Seray, Les revues cyclistes des origines à nos jours (complétés des revues omnisports et technique traitant du cyclisme), Association du Musée d'art et d'industrie de Saint-Étienne, 1996, page 90.
- Une partie de l'équipe de Sport libre, qui cesse sa parution en juillet 1945 (Ibid., page 86) ne rallie pas Sports, connoté proche du Parti communiste, et essaime dans les rédactions de la grande presse parisienne.
- Pierre Chany, op. cit. page 60. Certains travaillent pour plusieurs titres, par le biais de l'agence UFI (Union française d'informations) qui fournit en dépêches le réseau de la presse communiste. Cf
- Jacques Marchand, page 13 : "Trois quotidiens sportifs ont ouvert leur porte le même mois, février 1946 ! Inutile de vous dire que c'était du jamais vu dans l'histoire de la presse." Christophe Penot, J'écris ton nom Tour de France, éditions Cristel, 2002, témoignage de
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