Virgile Barel

Virgile Barel
Virgile Barel

Parlementaire français
Date de naissance 17 décembre 1889
Date de décès 7 novembre 1989
Mandat Député 1936-1940
puis 1945-1951
puis 1956-1958
puis 1967-1978
Circonscription Alpes-Maritimes
Groupe parlementaire PCF
IIIe République-IVe République-Ve République

Virgile Barel, né le 17 décembre 1889 à Drap (Alpes-Maritimes) et mort le 7 novembre 1979 à Nice, est un homme politique français membre du Parti Communiste Français.

Sommaire

Biographie

Pendant près de soixante ans, l'Histoire du communisme niçois se confond assez largement avec celle de Virgile Barel. Ce dernier est né à Drap, un village de la vallée du Paillon, dans une famille de modestes artisans.


Enfant doué issu du peuple, il est poussé vers la carrière d'instituteur fortement valorisée avant 1914 par le « modèle républicain » français. Entré à l’École Normale de Nice en 1906, il commence à enseigner trois ans plus tard. Par sa culture, sa mentalité, ses méthodes de travail, Barel restera toute sa vie instituteur, c'est-à-dire un pédagogue davantage soucieux d'application pratique, de vulgarisation que de grands débats idéologiques ou théoriques. Par ses origines sociales, par son métier, le jeune maître d'école reste très proche de la condition populaire. Il appartient à la petite avant-garde qui s'éveille à la conscience de classe à travers le syndicalisme.


La Grande Guerre constitue un jalon essentiel. Elle va transformer l'homme, le soldat, l'officier valeureux (il est blessé à trois reprises et décoré de la Légion d'honneur) en militant pacifiste, en révolté et finalement en révolutionnaire. Au sortir de l'épreuve des tranchées, le jeune instituteur bouillonne d'impatience et d'ardeur dans l'attente quasi messianique du grand bouleversement que partout en Europe la « vague rouge » et l'agitation des peuples semble annoncer.


En 1919, il donne son adhésion à la SFIO où il se range spontanément derrière la tendance maximaliste, celle qui voit dans la Révolution russe l'aube et la promesse d'un monde nouveau. Nommé à Menton, il se lance à corps perdu dans l'action. Favorable à la rupture avec le vieux Socialisme d' « Union sacrée » et de « collaboration de classe », Barel va s'affirmer rapidement comme le champion de la bolchevisation et de la Troisième Internationale, comme le missionnaire principal de la petite « secte » bolchevique qui s'et fixée pour tâche de préparer la Révolution communiste sur la Côte d'Azur. Instituteur, il milite dans les rangs de la minorité CGTU (Confédération générale du travail unitaire) et écrit dans le bulletin syndical Notre Arme. Ancien de 14-18, il fonde une section de l'ARAC (association républicaine des anciens combattants).


Un premier voyage en URSS en 1928 le conforte dans ses convictions. Reconnu pour sa valeur militante, il est assez rapidement candidat à l'entrée dans le corps des permanents du Parti. Il obtient pour raisons médicales sa retraite anticipée d'instituteur en 1934. Ayant passé avec succès l'épreuve de contrôle biographique (la fameuse « bio ») exigée par Moscou, il est consacré homme de confiance de Maurice Thorez et de son équipe pour la Région Sud-Est. Devenu cadre de l'organisation, il est chargé d'appliquer au milieu des années Trente, la nouvelle ligne antifasciste. Un revirement stratégique spectaculaire, qui à la faveur de la crise, permet à la « secte bolchevique » des A.-M. de se transformer en grand parti stalinien. Un parti désormais en phase avec les aspirations des masses comme l'atteste la réussite de l'hebdomadaire communiste Le Cri des travailleurs* qui sort son premier numéro en janvier 1935.


Fort de la dynamique unitaire à Gauche, dont la SFIC est l'élément moteur, Barel s'impose comme le chef du Rassemblement Populaire. A l'occasion de deux campagnes électorales remarquablement orchestrées et fortement politisées (l'élection cantonale de 1934 et les municipales de 1935 à Nice, au cours desquelles il réalise un bon score) une vraie implantation communiste s'opère dans les quartiers populaires de Saint-Roch et de Riquier. C'est naturellement dans cette « Nice du Peuple » (la troisième circonscription des A.-M.) que Barel est élu député du Front populaire l'année suivante, en mai 36. A cette date, il est l'homme qui porte les espoirs d'un « monde meilleur » et le rêve d'une Côte d'Azur révolutionnaire, égalitaire, « rouge » et internationaliste que le PC dans son langage, son jargon idéologique appelle « La Crimée française ». De 1936 à 1939, il attache surtout son nom à la création et au développement du Tourisme Populaire.


Favorable à une intervention en Espagne, il concentre toute la hargne anticommuniste et la haine xénophobe du PPF de Jacques Doriot. Ce dernier voit dans celui qu'il appelle Virgiloff Barelski, « l'homme de Moscou », le chef du « Parti de l'étranger, des étrangers et des naturalisés », le complice des antifascistes et des agitateurs du monde entier. Ayant refusé de désavouer le Pacte germano-soviétique, Barel est arrêté en octobre 1939, puis déchu de son mandat. En mars 1940, il est condamné à une lourde peine et entame un « tour de France des prisons ». Après la défaite, les autorités de Vichy l'installent à la maison d'arrêt de Valence. Elles finissent par le déporter en Algérie sans tenir compte de la lettre qu'il a adressée au Maréchal Pétain, chef de l'Etat Français, le 11 novembre 1940, dans laquelle il a offert sa collaboration dans le cadre du procès de Riom.


Libéré de Maison Carrée en février 1943, Barel prend la direction du Secours Populaire en Algérie et devient un proche collaborateur de François Billoux. En septembre 1944, de retour à Nice, il est célébré par son Parti comme un héros. Il est le député courageux du « Chemin de l'honneur » et le père d'un jeune résistant assassiné. Nommé à la tête de la Délégation spéciale chargée de l'administration provisoire de la ville, il doit faire face, dans un contexte difficile et tendu, à de nombreux problèmes : l'épuration, le ravitaillement, le retour des prisonniers. Malgré la confiance que lui témoigne son électorat ouvrier, Barel est battu lors des premières municipales d'avril/mai 1945. A partir de cette date, l'homme prend du recul avec la direction effective de l'organisation. A l'approche de la soixantaine, il apparaît sous les traits d'un Marcel Cachin de la Côte d'Azur, c'est-à-dire d'un vétéran, d'une personnalité connue et reconnue à laquelle le Parti confie pour l'essentiel des tâches symboliques et de représentation politique.


Barel est conseiller municipal de Nice de 1947 à 1965, président de l'assemblée départementale de 1945 à 1947. Membre des deux assemblées constituantes, il est député de 1946 à 1951 sous la Quatrième République, puis de nouveau entre 1956 et 1958. Sévèrement battu à cette date, il retrouve son siège en 1967, le sauve en 1968 et termine sa carrière comme doyen d'âge de l'Assemblée nationale de 1973 à 1978. Le « vieux lutteur » livre son dernier grand combat pour faire extrader en France Klaus Barbie responsable de la mort de son fils Max.


Militant communiste modèle, Virgile Barel épousa la ligne du PCF pendant près de soixante ans, du Congrès de Tours à la période de G. Marchais. Fondateur du communisme niçois, il incarne dès les années 50 sa mémoire historique. Exemplaire dans l'orthodoxie, la fidélité voire la docilité, Barel appartient à la génération de cadres communistes qui croyaient en l'URSS et en la supériorité idéologique du « modèle soviétique ». Cette foi aveugle et inébranlable dans la « grande patrie du Socialisme », dans l'infaillibilité du Parti, le conduisit à se comporter souvent en militant sectaire, dur et brutal, à partager les illusions et les aberrations du Stalinisme dévot. Dérapages fâcheux dont la « légende dorée » et la mémoire pieuse n'ont pas gardé trace.


Son internationalisme sévère et son austère patriotisme de parti se doublèrent toujours cependant d'une authentique sensibilité ou fibre niçoise. Enfant de la vallée du Paillon, Barel aimait profondément son terroir, sa « petite patrie » et était fier de parler sa langue. Il se voulut toujours l'héritier et le continuateur de la tradition révolutionnaire du « Midi rouge », incarnée à ses yeux par Blanqui[Qui ?] et Garibaldi. Militant enraciné et dévoué, sa popularité était grande et débordait largement les rangs du PC. On appréciait chez lui, la simplicité, une certaine bonhomie, l'honnêteté et l'attachement au pays. Avec Jean Médecin, son principal rival, Barel entretint des relations très fluctuantes allant, selon les époques, de l'hostilité brutalement conflictuelle à une certaine reconnaissance mutuelle teintée de complicité.


Sa mort, le 7 novembre 1979 survint à la veille de la grande « débâcle » historique du communisme des années 80 et 90. Ses obsèques mobilisèrent dans le deuil un Parti toujours puissant mais déjà déclinant et furent au fond la dernière grande occasion pour le « peuple communiste » niçois, d'affirmer son existence, de manifester son appartenance, de se rassembler dans la célébration de son idéal.


A Nice un boulevard porte son nom ainsi qu'une station du tramway. Une rue lui est également dédiée a Menton. Une place a Nice porte quant à elle le nom de son fils, Max Barel.


Mandats

Bibliographie

  • OLIVESI Dominique, Virgile Barel 1889-1979. De Riquier à la Crimée Française, Serre, Nice, 1996.

Voir aussi

Précédé par Virgile Barel Suivi par
Hector Cendo
Maire de Nice
1944-1945
Jacques Cotta


Précédé par
Léon Baréty
Président du Conseil général
des Alpes-Maritimes

Suivi par
André Botton

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Virgile Barel de Wikipédia en français (auteurs)

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