- Barrage des trois-gorges
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Barrage des Trois-Gorges
Barrage des Trois-Gorges Localisation Pays Chine Cours d'eau Yangtsé Latitude Longitude Objectifs et impact Vocation Énergie, contrôle des crues et navigation. Date de mise en service 2003 Structure Type Poids Hauteur du barrage
(lit rivière)101 mètres m Longueur du barrage 2 335 m Réservoir Altitude du réservoir 175 mètres m Volume du réservoir 39 300 Mm3 Surface du réservoir 104 500 ha Centrale hydroélectrique Nombre de turbines 26 Capacité énergétique 18 200 MW Production annuelle 84 700 GWh/an modifier Le barrage des Trois-Gorges (en chinois 三峡大坝simpl./三峽大壩trad., en pinyin sānxiá dàbà) est un barrage hydroélectrique situé au cœur de la République populaire de Chine ( ), sur le Yangtsé, dont la mise en service aura lieu en 2009.
Il est le plus long barrage hydroélectrique du monde, large de 2 335 mètres, et doit devenir le plus important en termes de capacité de production, avec 26 groupes turbo-alternateurs fournissant 18 200 mégawatts prévus en 2009, contre 14 000 MW pour le barrage d'Itaipu entre le Brésil et le Paraguay.
Il possèdera une retenue d'eau d'une capacité de 39,3 milliards de m3.Sommaire
Caractéristiques
Le barrage des Trois-Gorges est situé à Sandouping, près de Yichang, dans la province de Hubei en Chine, à la limite de la région montagneuse du Haut-Yangzi et de la plaine du Moyen-Yangzi, en aval des Trois Gorges et en amont du barrage existant de Ghezouba, là où le fleuve a un débit de 14 300 m3/s. La décision de construire le barrage a été prise à l'Assemblée Populaire en 1992, avec un nombre record d'abstentions et d'oppositions au projet. Le chantier a démarré en 1994. En 2000, le fleuve Chang Jiang est dévié, alors que le barrage monte jusqu’à 80 mètres de haut.
- Barrage : long de 2 335 mètres et haut d'environ 100 mètres (l'information 185 mètres que l'on trouve sur de nombreux sites, est en fait erronée, il s'agit d'une côte par rapport au niveau de la mer) ; sa construction a nécessité 27 millions de m3 de béton[1].
- Réservoir : d'une superficie de 1 084 km2, le réservoir est étroit et s'étend jusqu'à Chongqing en amont ; la navigation est assurée par une gigantesque écluse de 100 m. Le volume d'eau emmagasiné est de 39,3 km3 (39,3 milliards de m3, soit une masse comparable en tonnes).
- Capacité de production : les 26 générateurs [2] (fournis par la compagnie française Alstom) de la centrale auront une puissance installée de 18 200 mégawatts, soit 10 % de la capacité installée en Chine (ou 6 fois la capacité des centrales hydroélectriques du Rhône ou encore l'équivalent d'une douzaine de tranches de centrales nucléaires).
- Production : la centrale produira environ (en 2009) 84,7 TWh d'électricité par an[3] (soit plus que l'ensemble du complexe hydroélectrique La Grande au Québec, Canada). Pour comparaison, cela équivaut à la consommation de la Belgique, sachant que la consommation chinoise a augmenté de 300 TWh entre 2004 et 2005[4].
- La centrale a commencé sa production commerciale d'électricité en août 2003, avec 4 générateurs d'une puissance installée de 5 500 mégawatts.
- Coût : officiellement la construction n'a coûté que 25 milliards de dollars, ce qui signifie 23 milliards d'euros[5] mais serait plus proche des 50 milliards.
- Selon le quotidien Xinjing, citant un responsable du chantier, « une centaine de personnes sont mortes sur le chantier en 10 ans ».
Le transport de l'électricité produite utilisera en particulier des liaisons à courant continu (HVDC), favorables à des transports sur de longues distances.
Histoire
- Le premier projet sur le site du barrage des Trois-Gorges remonte à 1919, date à laquelle Sun Yat-sen fit une première proposition.
- En 1944, une étude fut confiée à un membre du bureau de l'agriculture des États-Unis, mais ce premier projet fut abandonné en 1947, officiellement pour des raisons financières , mais en réalité à cause des évènements liés à la révolution et à la prise de pouvoir par les communistes.
- Le projet a continué avec les Soviétiques jusqu'à la rupture des relations. De ce fait, les études se sont succédé ensuite sans discontinuer à partir de 1955.
- Avec le développement de la Chine au début des années 1980, le projet ressurgit.
- Les Américains sont venus pour participer au projet. Mais le Conseil d'État, en 1989,accorde un delai de 5 ans. Après la reprise en main autoritaire qui suivit la répression des manifestations de la place Tian'anmen, le premier ministre chinois Li Peng, ingénieur de formation, pousse à la construction du barrage.
- La décision finale est prise le 3 avril 1992, par 1 767 voix pour, 177 contre et 664 abstentions par le Congrès national du peuple. Mais cette adoption avec seulement deux tiers des suffrages, ce qui est rarissime dans les institutions de la Chine communiste traduit les oppositions internes au projet. Les délais sont à la mesure de l'œuvre entreprise.
- Les travaux ont été inaugurés en 1994 par le président Jiang Zemin et le 1er ministre Li Peng. La Chine investit 24,5 milliards de dollars dans ce projet.
- Le jeudi 18 mai 2006, l'introduction à la bourse de Shanghai des titres de la société China Yangtze Power Co, véhicule en Bourse du barrage, s'est achevée sur une hausse de presque 44 %[6].
- Le samedi 20 mai 2006, Li Yong'an (directeur général de la société de construction du barrage) annonça aux chinois que le barrage était bien terminé.
- Le barrage ne sera, toutefois, pleinement opérationnel qu'en 2009 [7], après l'installation des 26 turbines servant à la production d'électricité.
- Le 2 mars 2009, 2 000 personnes auraient manifesté à Jiangnan en bloquant les voies d'accès et en affrontant la police. Cette manifestation étant due à l'indemnité jugée trop basse pour les relogements. Selon les chiffres officiels, plus de 1,4 million de personnes ont dû être évacuées afin de permettre la réalisation du barrage[8].
Sociétés partenaires
En termes de formation, la société Hydro-Québec a aidé des ingénieurs chinois dans les domaines de la gestion, les finances et l'hydraulicité des barrages[9].
Pour les turbines, Alstom Power en construit 12 sur les 26, en collaboration avec le chinois Harbin Power Equipment. Et GE-Hydro, une entreprise du Québec, est responsable de la conception de six des 26 turbines du barrage. Deux de ces turbines ont été construites au Québec.
EDF a également participé, en tant que consultant, à l'évaluation de certains fournisseurs.
En termes financiers, BNP Paribas a fait un prêt de 100 millions de dollars environ, avec une garantie de la COFACE, l'agence française d’assurance-crédit à l'exportation pour le compte de l’État.
Polémique
La construction du barrage des Trois Gorges a suscité une vaste polémique, tant en Chine avec l'opposition de nombreux scientifiques que dans le monde. La Banque mondiale a refusé d'y participer doutant de la viabilité du barrage. L'écrivaine chinoise Dai Qing a qualifié le barrage de « farce ridicule et néfaste qui va hanter les dirigeants chinois ». Les associations écologiques dénoncent le risque pour 75 millions de personnes qui vivent en aval de l'ouvrage.
Arguments défavorables à la construction du barrage
Écologiques
- En amont :
- Sédimentation rapide du réservoir, ce qui paralyserait le fonctionnement du barrage.
- Inondation de 600 km2 de terres agricoles et de forêts.
- En aval :
- Importants changements dans la faune et la flore. La réduction des sédiments en suspension va conduire le fleuve à creuser son lit, la réduction des crues permettra la colonisation des vastes lacs actuels de déversement des crues du moyen du fleuve, d’où des problèmes pour les oiseaux (grue de Sibérie).
- La réduction de l’apport sédimentaire risque de faire reculer le delta du fleuve, et la faiblesse du débit en hiver risque d’aggraver la remontée des nappes salées plus à l’intérieur du delta, problème qui nécessitera un drainage pour évacuer le sel. Depuis la mise en eau du barrage, le dépôt annuel d'alluvion dans l'estuaire a diminué d'un tiers[10].
- Érosion : depuis la mise en route du chantier, les rives du fleuve se sont érodées de 4 km2 par an en certains lieux[1].
- Altération de l'habitat du dauphin de Chine. En 2006, l'espèce est considérée comme éteinte[11].
- Multiplication anormale des mauvaises herbes aquatiques et des algues, reconnue par l'agence officielle chinoise Xinhua[12].
Humains
Déplacements prévus de 1,2 million d'habitants sans aucune aide de l'État (précédent record de 300 000 habitants en Chine du Nord battu) avec l'engloutissement de 1300 sites historiques et archéologiques[13], de plusieurs villes et de nombreux villages.
- 40 % des personnes déplacées sont des citadins, relogés pour moitié dans de nouveaux quartiers en ville dans des appartements dont les immeubles ont été construits à la va-vite, alors que la plupart du temps, ils étaient logés dans de petites maisons.
- 60 % sont des paysans relogés pour moitié au-dessus du réservoir avec des parcelles de la même superficie de 600 m2, mais dans des conditions de culture différentes : sols minces, en pente et à une altitude comprise entre 300 et 1 000 m. Ceci impliquant que leur agriculture traditionnelle, l'agrumiculture ne sera plus possible.
- Par endroits, disparition de sites archéologiques qui doivent être réaménagés plus haut.
- Risque pour 75 millions de personnes vivant en aval en cas de rupture du barrage, notamment pour la ville de Changsha et de Wuhan, qui comptent 9 millions d'habitants.
Politiques
- Il permet de créer dans la société chinoise un consensus qui peut s'identifier à ce grand projet hydraulique. La propagande agit dans ce sens, lorsqu'elle emmène toute la jeunesse voir le barrage. En effet, tous les écoliers dès l'âge de 12 ans sont emmenés par leur école visiter le barrage. Ces visites sont financées par l'État.
- Ce barrage ne résout pas le problème de l'approvisionnement électrique de la Chine. Sa production annuelle de 85 TWh correspond à peu près à 2 % de la consommation nationale.
Arguments favorables à la construction du barrage
- Lutte plus efficace contre les crues du fleuve, en aval, qui pouvaient dépasser 100 000 m3/s, atteindre une côte de 17 mètres au-dessus du niveau de la plaine (29 mètres au centre de Wuhan en septembre 1998), avec en plus un argument humanitaire de sécurisation des nombreuses populations habituellement touchées par les crues (50 à 80 millions d’habitants) et causant chaque année de nombreux morts. Les crues de l'automne 1998 ont causé la mort de plusieurs milliers de personnes[14].
- Fourniture d'énergie hydroélectrique, l'équivalent de 20 tranches de centrales nucléaires, de 50 millions de tonnes de charbon par an, soit 2 % des besoins en énergie du pays.
- Essor de la navigation en amont du fleuve : les cargos (jusqu'à 10 000 t) pourront remonter vers le bassin du Sichuan en passant l'obstacle naturel actuel des Gorges.
- Développement économique d'une région intérieure, jusqu'à présent le boum économique favorisait plutôt les régions côtières.
- Développement de la pêche dans le réservoir.
- Développement du tourisme en été et non plus seulement lors de la saison sèche.
- Meilleure maitrise de la qualité générale de l'eau.
- Transfert d'une partie des eaux du Yangzi Jiang vers la plaine de la Chine du Nord qui souffre d'une sècheresse endémique par un simple canal de dérivation capable si besoin d'apporter annuellement 40 km3 d'eau, soit l'équivalent annuel du Rhône. Ce transfert permettrait d'éviter la construction de 3 petits barrages initialement prévus. En fait, la nouvelle dérivation permettra l'alimentation toute l'année, du barrage du lac Han qui apporte déjà annuellement, par un canal, 20 km3/an à la plaine du nord, sauf lors des saisons sèches.
Chiffres en juin 2003
- Une centaine de personnes sont mortes lors de la construction (chiffres officieux[15]).
- 1,25 million de personnes ont été déplacées.
- 15 villes et 116 villages ont été engloutis.
- 436 km2 de terres ont disparu.
- Les 24,5 milliards de dollars prévus ont largement été dépassés.
Voir aussi
Notes
- ↑ a et b « La construction du barrage des Trois-Gorges officiellement achevée » dans Le Monde web, 20/05/2006
- ↑ Brice Pedroletti, « barrage des Trois Gorges : la Chine, schizophrène mais pragmatique » dans Le Monde web, 20/05/2006
- ↑ Brice Pedroletti, « Barrage des Trois Gorges : la Chine, schizophrène mais pragmatique » dans Le Monde web, 20/05/2006
- ↑ Chiffres EIA
- ↑ « La construction du barrage des Trois-Gorges officiellement achevé » dans Le Monde web, 20/05/2006
- ↑ Le Figaro du 19 mai 2006
- ↑ La chine en chiffres
- ↑ Barrage des Trois-Gorges : affrontements entre la police et les manifestants
- ↑ Le Soleil, vendredi 19 mai 2006 - http://www.cyberpresse.ca/article/20060519/CPACTUALITES/605191688/5293/CPSOLEIL
- ↑ Sciences et Vie - juillet 2007 p.30
- ↑ http://www.baiji.org/expeditions/1/overview.html Article de la baiji.org Fondation du 13 décembre 2006
- ↑ « Le barrage des Trois-Gorges pollue et c'est les Chinois qui le disent ! » dans Courrier international du 27-09-2007, [lire en ligne]
- ↑ Frédéric Edelmann, « La Chine achève le barrage des Trois-Gorges » dans Le Monde web, 22-05-2006
- ↑ D'après les Nations Unies, les crues de l'automne 1998 auraient causé la mort de 3 656 personnes, donnée variable selon les sources.
- ↑ Philippe Grangereau, « Trois-Gorges, un barrage monstre » dans Libération web, 20/05/2006
Bibliographie
- (fr) Luc Merchez et Stéphane Puzin, « Le barrage des Trois Gorges», Mappemonde, nº 55, 1999, p. 1-5 [lire en ligne]
- (fr) Thierry Sanjuan et Rémi Béreau, « Le barrage des Trois Gorges. Entre pouvoir d’État, gigantisme technique et incidences régionales », Hérodote, nº 102, 2001/3, p. 19-55 [lire en ligne]
- (fr) Florence Padovani, « Effets sociopolitiques des migrations forcées en Chine liées aux grands travaux hydrauliques », Les Études du CERI, nº 103, avril 2004 [lire en ligne]
- (fr) Katiana Le Mentec, « Le Barrage des Trois Gorges : les cultes et le patrimoine au cœur des enjeux », Perspectives chinoises, nº 94, mars-avril 2006 [lire en ligne]
- Pierre Montavon (photographies) et Frédéric Koller (texte en français et chinois), «Le fleuve muré», Cadrat Editions, Genève 2007, [1]
Liens externes
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