- Barrage des Trois-Gorges
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Barrage des Trois-Gorges Géographie Pays Chine Coordonnées Cours d'eau Yangtsé Objectifs et impacts Vocation Énergie, contrôle des crues et navigation. Date de mise en service 2009 Barrage Type Poids Hauteur du barrage (lit de rivière) 185 m Longueur du barrage 2 335 m Réservoir Altitude du réservoir 175 m Volume du réservoir 45 300 M m3 Surface du réservoir 154 500 ha Centrale hydroélectrique Nombre de turbines 32 Puissance installée 22 500 MW Production annuelle 84 700 GWh/an modifier Le barrage des Trois-Gorges (en chinois 三峡大坝simpl./三峽大壩trad., en pinyin sānxiá dàbà) est un barrage hydraulique situé au cœur de la Chine, sur le Yangtsé, dans la province du Hubei. Il a été mis en production par étapes de 2006 à 2009.
C'est le plus grand barrage hydraulique ainsi que la plus grande centrale électrique au monde[1].
Sommaire
Caractéristiques
Le barrage des Trois-Gorges est situé à Sandoping, près de Yichang, dans la province de Hubei en Chine, à la limite de la région montagneuse du Haut-Yangzi et de la plaine du Moyen-Yangzi, en aval des Trois Gorges et en amont du barrage existant de Ghezouba, là où le fleuve a un débit de 14 300 m3⋅s-1. La décision de construire le barrage a été prise à l'Assemblée Populaire en 1992, avec un nombre record d'abstentions et d'oppositions au projet. Le chantier a démarré en 1994. En 2000, le fleuve Yangzi Jiang est dévié, alors que le barrage monte jusqu’à 80 mètres de haut.
Barrage
De type « poids », il est long de 2 335 mètres et haut d'environ 140 mètres. Le niveau maximum d'eau du réservoir par rapport à la mer est de 175 ou 185 m ; sa construction a nécessité 27 millions de m3 de béton[2].
Réservoir
D'une superficie de 1 084 km2, le réservoir est étroit et s'étend jusqu'à Chongqing en amont ; Le volume d'eau emmagasiné est de 39,3 km3 (39,3 milliards de m3, soit une masse comparable en tonnes). La capacité de décharge est de 116 000 m3⋅s-1. La puissance des jets qui sortent du barrage a nécessité la construction de « tremplins » afin d'éviter l'érosion du pied du barrage
La navigation est assurée par un gigantesque escalier d'écluses de près de 1 500 m de long (4 sas de 280 m et 1 sas de 350 m de long et 34 m de large), ainsi que par un ascenseur vertical à bateaux permettant le mouvement de navires de 3 000 tonnes. L'écluse à 5 niveaux permet le passage de navires de 10 000 tonnes. Le dénivelé franchi est d'environ 110 m, soit plus de 20 m à chaque sassée. Chaque écluse enchaîne sur la suivante par des portes ouvrantes gigantesques. Ainsi, grâce à l’ascenseur et au système d’écluses, la navigation sur le Yangtsé est possible de six à neuf mois par an. Le trafic fluvial annuel est passé de 10 à 50 millions de tonnes pour des coûts de navigation abaissés de 27 %.
Capacité de production
Les 26 générateurs[3] (fournis par l'autrichen Andritz et le français Alstom) de la centrale auront une puissance installée de 18 200 mégawatts, soit 10 % de la capacité installée en Chine (ou 6 fois la capacité des centrales hydroélectriques du Rhône ou encore l'équivalent d'une douzaine de tranches de centrales nucléaires). La hauteur de chute est d'environ 90 m.
Production
La centrale produira environ (en 2009) 84,7 TWh d'électricité par an[4] (soit plus que l'ensemble du complexe hydroélectrique La Grande au Québec, Canada). Par comparaison, cela équivaut à la consommation de la Belgique entre 2004 et 2005[5]. La centrale a commencé sa production commerciale d'électricité le 6 juin 2006, avec 4 générateurs d'une puissance installée de 5 500 MW.
Coût
Selon le quotidien Xinjing, citant un responsable du chantier, « une centaine de personnes sont mortes sur le chantier en 10 ans ».[réf. souhaitée]
Officiellement le coût de la construction serait de 25 milliards de dollars, ce qui signifie 23 milliards d'euros[6] mais serait plus proche des 50 milliards[réf. nécessaire].
Le transport de l'électricité produite utilisera en particulier des liaisons à courant continu (HVDC), favorables à des transports sur de longues distances.
Chiffres
Quelques chiffres[7]... Caractéristique Unité Mesure Capacité du réservoir
Milliard de mètres cubes
39,3
Surface du réservoir
Kilomètres carrés
1 084
Hauteur du barrage
Mètres (au-dessus du niveau de la mer)
185
Point culminant de la structure
Mètres (au-dessus du niveau de la mer)
229
Hauteur maxi du mur de béton (*)
Mètres
137
Hauteur structure
Mètres (hors tout)
181
Hauteur d'eau maximum
Mètres (au-dessus du niveau de la mer)
175
Largeur du barrage
Mètres (grand axe)
2 309
Puissance électrique installée
Méga Watts
18 200
Puissance électrique garantie
Méga Watts
4 990
Puissance unitaire (26 unités)
Méga Watts
700
Système d'écluses
Double sens
2 fois 5 sas
Dimensions de chaque sas
Mètres
280 x 34 x 5
Dénivelé maxi (amont - aval)
Mètres
113
Dimensions ascenseur à bateau
Mètres
120 x 18 x 3,5
Matériaux excavés
Millions de mètres cubes
> 102
Remblais
Millions de mètres cubes
> 29
Ferraillage
Tonnes
> 280 000 (**)
Durée des travaux
Années
17
- (*) Soit la hauteur d'un immeuble de 55 étages
- (**) Soit 28 fois le poids de la tour Eiffel
Histoire
- Le premier projet sur le site du barrage des Trois-Gorges remonte à 1919, date à laquelle Sun Yat-sen fit une première proposition. Cependant, la guerre civile faisant rage dans le pays, le projet fut abandonné.
- En 1944, une étude fut confiée à un membre du bureau de l'agriculture des États-Unis, mais ce second projet fut abandonné en 1947, officiellement pour des raisons financières, mais en réalité à cause des évènements liés à la révolution et à la prise de pouvoir par les communistes.
- En 1949, la République populaire de Chine, dirigée par Mao Zedong, relança le débat sur la construction d'un barrage aux Trois Gorges, en réponse à des inondations meurtrières. L'urgence du projet se fit ressentir une nouvelle fois lorsque d'autres inondations causèrent la mort de 30 000 personnes et en laissèrent 19 millions d'autres sans abris en 1954.
- Le projet a continué avec les soviétiques jusqu'à la rupture des relations. De ce fait, les études se sont succédé ensuite sans discontinuer à partir de 1955.
- L'année 1979 marqua un tournant dans le projet, car cette année-là le ministère des Eaux approuva officiellement le choix fait en 1959 du futur site du barrage des Trois Gorges.
- Avec le développement de la Chine au début des années 1980, le projet ressurgit.
- Les Américains sont venus pour participer au projet. Mais le Conseil d'État, en 1989, accorde un délai de 5 ans. Après la reprise en main autoritaire qui suivit la répression des manifestations de la place Tian'anmen, le premier ministre chinois Li Peng, ingénieur de formation, pousse à la construction du barrage.
- La décision finale est prise le 3 avril 1992, par 1 767 voix pour, 177 contre et 664 abstentions par le Congrès national du peuple. Mais cette adoption avec seulement deux tiers des suffrages, ce qui est rarissime dans les institutions de la Chine communiste traduit les oppositions internes au projet. Les délais sont à la mesure de l'œuvre entreprise.
- Les travaux ont été inaugurés en 1994 par le président Jiang Zemin et le 1er ministre Li Peng. La Chine investit 24,5 milliards de dollars dans ce projet.
- Le jeudi 18 mai 2006, l'introduction à la bourse de Shanghai des titres de la société China Yangtze Power Co, véhicule en Bourse du barrage, s'est achevée sur une hausse de presque 44 %[8].
- Le samedi 20 mai 2006, Li Yong'an (directeur général de la société de construction du barrage) annonça aux chinois que le barrage était bien terminé.
- Le barrage ne sera, toutefois, pleinement opérationnel qu'en 2009[9], après l'installation des 26 turbines servant à la production d'électricité.
- Le 2 mars 2009, 2 000 personnes auraient manifesté à Jiangnan en bloquant les voies d'accès et en affrontant la police. Cette manifestation étant due à l'indemnité jugée trop basse pour les relogements. Selon les chiffres officiels, plus de 1,4 million de personnes ont dû être évacuées afin de permettre la réalisation du barrage[10].
- Le 2 août 2010 la presse annonce que des quantités importantes de déchets s'accumulent dans le barrage, au point que les portes d'écoulement du barrage pourraient s'en trouver obstruées. Cette accumulation est due au fait que certaines localités voisines du lac de retenue ne disposent pas de système de traitement des déchets et que ces derniers sont déversés directement dans le lac[11].
Polémique
La construction du barrage des Trois-Gorges a suscité une vaste polémique, tant en Chine avec l'opposition de nombreux scientifiques que dans le monde. La Banque mondiale a refusé d'y participer, doutant de la fiabilité du barrage. L'écrivaine chinoise Dai Qing a qualifié le barrage de « farce ridicule et néfaste qui va hanter les dirigeants chinois ». Les associations écologiques dénoncent le risque pour 75 millions de personnes qui vivent en aval de l'ouvrage.
Arguments défavorables à la construction du barrage
Écologiques
- En amont :
- Sédimentation rapide du réservoir, ce qui paralyserait le fonctionnement du barrage.
- Inondation de 600 km2 de terres agricoles et de forêts.
- En aval :
- Importants changements dans la faune et la flore. La réduction des sédiments en suspension va conduire le fleuve à creuser son lit, la réduction des crues permettra la colonisation des vastes lacs actuels de déversement des crues du moyen du fleuve, d’où des problèmes pour les oiseaux (grue de Sibérie).
- La réduction de l’apport sédimentaire risque de faire reculer le delta du fleuve, et la faiblesse du débit en hiver risque d’aggraver la remontée des nappes salées plus à l’intérieur du delta, problème qui nécessitera un drainage pour évacuer le sel. Depuis la mise en eau du barrage, le dépôt annuel d'alluvion dans l'estuaire a diminué d'un tiers[12].
- Érosion : depuis la mise en route du chantier, les rives du fleuve se sont érodées de 4 km2 par an en certains lieux[2].
- Altération de l'habitat du dauphin de Chine. En 2006, l'espèce est considérée comme éteinte[13].
- Multiplication anormale des mauvaises herbes aquatiques et des algues, reconnue par l'agence officielle chinoise Xinhua[14].
- Assèchement des zones humides et par conséquent appauvrissement de la biodiversité
Humains
Déplacements prévus de plus de 1,8 million d'habitants sans aucune aide de l'État (précédent record de 300 000 habitants en Chine du Nord battu) avec l'engloutissement de 1300 sites historiques et archéologiques[15], de plusieurs villes et de nombreux villages.
- 40 % des personnes déplacées sont des citadins, relogés pour moitié dans de nouveaux quartiers en ville dans des appartements dont les immeubles ont été construits à la va-vite, alors que la plupart du temps, ils étaient logés dans de petites maisons.
- 60 % sont des paysans relogés pour moitié au-dessus du réservoir avec des parcelles de la même superficie de 600 m2, mais dans des conditions de culture différentes : sols minces, en pente et à une altitude comprise entre 300 et 1 000 m. Ceci impliquant que leur agriculture traditionnelle, l'agrumiculture ne sera plus possible.
- Par endroits, disparition de sites archéologiques qui doivent être réaménagés plus haut.
- Risque pour 75 millions de personnes vivant en aval en cas de rupture du barrage, notamment pour la ville de Changsha et de Wuhan, qui comptent 9 millions d'habitants.
- Ce barrage ne résout pas le problème de l'approvisionnement électrique de la Chine. Sa production annuelle de 85 TWh correspond à peu près à 3 % de la consommation nationale, alors que les plans originaux devaient en couvrir 10 %[16].
Arguments favorables à la construction du barrage
- Lutte plus efficace contre les crues du fleuve, en aval, qui pouvaient dépasser 100 000 m3/s, atteindre une cote de 17 mètres au-dessus du niveau de la plaine (29 mètres au centre de Wuhan en septembre 1998), avec en plus un argument humanitaire de sécurisation des nombreuses populations habituellement touchées par les crues (50 à 80 millions d’habitants) et causant chaque année de nombreux morts. Les crues de l'automne 1998 ont causé la mort de plusieurs milliers de personnes[17].
- Fourniture d'énergie hydroélectrique, l'équivalent de 20 tranches de centrales nucléaires, de 50 millions de tonnes de charbon par an, soit 10 % des besoins en énergie du pays. La construction finale couvrira en fin de compte 3 % des besoins du pays[16].
- Essor de la navigation en amont du fleuve : les cargos (jusqu'à 10 000 t) pourront remonter vers le bassin du Sichuan en passant l'obstacle naturel actuel des Gorges.
- Développement économique d'une région intérieure, jusqu'à présent le boum économique favorisait plutôt les régions côtières.
- Développement de la pêche dans le réservoir.
- Développement du tourisme en été et non plus seulement lors de la saison sèche.
- Meilleure maitrise de la qualité générale de l'eau.
- Transfert d'une partie des eaux du Yangzi Jiang vers la plaine de la Chine du Nord qui souffre d'une sècheresse endémique par un simple canal de dérivation capable si besoin d'apporter annuellement 40 km3 d'eau, soit l'équivalent annuel du Rhône. Ce transfert permettrait d'éviter la construction de 3 petits barrages initialement prévus. En fait, la nouvelle dérivation permettra l'alimentation toute l'année, du barrage du lac Han qui apporte déjà annuellement, par un canal, 20 km3/an à la plaine du nord, sauf lors des saisons sèches.
- Il permet de créer dans la société chinoise un consensus qui peut s'identifier à ce grand projet hydraulique. La propagande agit dans ce sens, lorsqu'elle emmène toute la jeunesse voir le barrage. En effet, tous les écoliers dès l'âge de 12 ans sont emmenés par leur école visiter le barrage. Ces visites sont financées par l'État.
Chiffres en juin 2003
- Une centaine de personnes seraient mortes lors de la construction (chiffres officieux[18]).
- 1,8 million de personnes ont été déplacées.
- 15 villes et 116 villages ont été engloutis.
- 436 km2 de terres ont disparu.
- Les 24,5 milliards de dollars prévus ont largement été dépassés.
Voir aussi
- Barrage d'Itaipu
- Liste des plus grandes centrales au monde
- Projet de barrage de Belo Monte
- Projet du Barrage Grand Inga
Notes et références
- (en)The Top 100 - Part I The World's Largest Power Plants
- Le Monde web, 20/05/2006 « La construction du barrage des Trois-Gorges officiellement achevée » dans
- Le Monde web, 20/05/2006 Brice Pedroletti, « barrage des Trois-Gorges : la Chine, schizophrène mais pragmatique » dans
- Le Monde web, 20/05/2006 Brice Pedroletti, « Barrage des Trois-Gorges : la Chine, schizophrène mais pragmatique » dans
- Chiffres EIA
- Le Monde web, 20/05/2006 « La construction du barrage des Trois-Gorges officiellement achevé » dans
- http://www.china-hiking.com/ThreeGorges/1.htm
- Le Figaro du 19 mai 2006
- La Chine en chiffres
- Barrage des Trois-Gorges : affrontements entre la police et les manifestants
- Chine : des tonnes de déchets menacent le barrage des Trois-Gorges, Le Soir en ligne, 2 août 2010
- Sciences et Vie - juillet 2007 p.30
- http://www.baiji.org/expeditions/1/overview.html Article de la baiji.org Fondation du 13 décembre 2006
- Courrier international du 27-09-2007, [lire en ligne] « Le barrage des Trois-Gorges pollue et c'est les Chinois qui le disent ! » dans
- Le Monde web, 22-05-2006 Frédéric Edelmann, « La Chine achève le barrage des Trois-Gorges » dans
- (zh) 三峡输变电工程综述. Consulté le 6 mai 2010.
- Nations Unies, les crues de l'automne 1998 auraient causé la mort de 3 656 personnes, donnée variable selon les sources. D'après les
- Philippe Grangereau, « Trois-Gorges, un barrage monstre » dans Libération web, 20/05/2006
Bibliographie
- (fr) Luc Merchez et Stéphane Puzin, « Le barrage des Trois-Gorges», Mappemonde, nº 55, 1999, p. 1-5 [lire en ligne]
- (fr) Thierry Sanjuan et Rémi Béreau, « Le barrage des Trois-Gorges. Entre pouvoir d’État, gigantisme technique et incidences régionales », Hérodote, nº 102, 2001/3, p. 19-55 [lire en ligne]
- (fr) Florence Padovani, « Effets sociopolitiques des migrations forcées en Chine liées aux grands travaux hydrauliques », Les Études du CERI, nº 103, avril 2004 [lire en ligne]
- (fr) Katiana Le Mentec, « Le Barrage des Trois-Gorges : les cultes et le patrimoine au cœur des enjeux », Perspectives chinoises, nº 94, mars-avril 2006 [lire en ligne]
- Pierre Montavon (photographies) et Frédéric Koller (texte en français et chinois), «Le fleuve muré», Cadrat Éditions, Genève 2007, Cadrat Éditions
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