Antoine d'Arenberg

Antoine d'Arenberg
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Antoine d'Arenberg, puis père Charles (21 février 1593 - Bruxelles5 juin 1669 - Bruxelles[1]), prince d'Arenberg, comte de Seneghem, est un moine capucin, architecte et biographe du XVIIe siècle.

Sommaire

Biographie

Cinquième fils de Charles de Ligne (1550-1616), prince d'Arenberg, duc de Croÿ, seigneur d'Aerschot et comte d'Arenberg et de Anne-Isabelle de Croÿ (1563-1635), Antoine d'Arenberg était favorisé de tous les avantages de la naissance, de la richesse et de lintelligence, mais il renonça au monde, il portait le titre de comte de Seneghem, et prit, à Louvain, le 4 mars 1616, lhumble habit de capucin. Selon lusage reçu dans tous les ordres religieux, il abandonna alors son prénom dAntoine, quon lui avait donné au baptême, et le remplaça par celui de Charles.

Élevé à la prêtrise et devenu lun des membres les plus zélés de lordre, le père dArenberg, oubliant la grande existence qui lui était destinée, se voua, avec autant dabnégation que dardeur, à la pratique de toutes les vertus chrétiennes. Il consacra à létude tous les instants qui nétaient pas absorbés par les devoirs de la vie religieuse, et acquit bientôt une connaissance approfondie de la théologie et des saintes Écritures. Sa science, sa charité, sa prudence dans les circonstances difficiles résultant des troubles de lépoque, sa vie modeste et vraiment apostolique, lui valurent lestime et la confiance de ses confrères. Ils le chargèrent successivement des fonctions de gardien, de provincial, de définiteur et de commissaire général de leur institut dans les Pays-Bas espagnols. Les archiducs Albert et Isabelle, qui lhonoraient dune amitié constante, lui offrirent un siège épiscopal, et le pape Innocent X se montra disposé à y ajouter la pourpre romaine ; mais toutes les instances furent inutiles pour le faire sortir de lhumble condition il sétait volontairement placé.

Lorsqu'il eut entré dans les ordres, un inventaire des meubles qu'il délaissait fut dressé. Dans cet inventaire figure "une charte de la terre de Nœufchasteau faicte a l'huille sur de la toille. Une aultre de Nœufchasteau faicte a la plume avec ses couleurs." Il semblerait, d'après P. Hannick et Jean-Marie Duvosquel[2], que la carte en couleur sur papier était le document de base qui servit à peindre la Carte d'Arenberg de la prévôté de Neufchâteau en 1609.

À des connaissances théologiques très-étendues, le père dArenberg joignait une éloquence peu commune. Il en donna une preuve éclatante en 1624. Isabelle étant devenue, en 1622, à la suite du décès de larchiduc Albert, gouvernante générale des Pays-Bas pour le roi Philippe IV d'Espagne, avait fait instituer, dans la chapelle de la cour, une retraite annuelle de quarante heures, pour appeler les bénédictions du ciel sur les provinces restées fidèles. Cette retraite souvrit le dimanche des Rameaux 1623, et un capucin italien, Hyacinthe de Casali, linaugura par un discours espagnol surchargé de citations latines. Attendant probablement plus deffet de ses gestes que de sa parole, ce prêtre fougueux se fustigea rudement à toutes les pauses, et, arrivé à la péroraison, il senfonça sur la tête une couronne dépines, avec tant de violence que sa figure fut aussitôt inondée de sang[3]. Les Espagnols attachés à la cour furent profondément émus ; mais tous les Belges présents au sermon manifestèrent une désapprobation tellement vive que linfante se crut obligée de remplacer, lannée suivante, le prédicateur italien par le père dArenberg. Celui-ci sacquitta de sa tâche avec un succès extraordinaire. Par son esprit élevé, par sa piété sincère mais exempte dexagération, par son éloquence douce et persuasive, il sut toucher tous les cœurs. La chapelle de la cour fut trop étroite pour contenir les auditeurs délite accourus afin de jouir de sa parole, et parmi les assistants les plus assidus on compta le nonce apostolique François de Balneo, larchevêque de Malines Jacobus Boonen (nl) et larchevêque de Césarée, grand aumônier de la gouvernante.

Mais le P. dArenberg nétait pas seulement un théologien profond, un administrateur éclairé, un prédicateur éloquent ; il était, de plus, un architecte très-habile. Ayant obtenu dIsabelle la concession dun terrain situé à Tervueren, à lentrée de la forêt de Soignes, il y fit construire un beau monastère sur des plans quil avait lui-même dressés, et il entoura cette maison de bosquets et détangs qui, au dire de Paquot, en firent un ermitage délicieux. Le couvent, commencé en 1627, était achevé dès lannée suivante. À lextrémité du jardin se trouvait un petit bâtiment linfante, qui savait unir une piété austère aux qualités dune femme supérieure, venait, tous les ans, pratiquer les exercices de la retraite spirituelle. Elle y couchait sur une natte de jonc, nayant dautre oreiller quun gros rouleau de chêne, quon y montrait encore à la fin du XVIIIe siècle.

En 1650, le P. dArenberg put de nouveau mettre à profit ses connaissances architecturales, en dressant le plan et en dirigeant les travaux de construction de léglise du couvent des Capucins de Bruxelles, édifice pour lequel son frère, le duc Philippe-Charles d'Arenberg, avait donné 30 000 florins et les magistrats de la ville 3 000 patacons. Larchiduc Léopold-Guillaume, gouverneur général des Pays-Bas, posa la première pierre le 20 mars 1651, et Jacques de la Torre, archevêque d'Éphèse et vicaire apostolique de Hollande, la dédia le 14 juillet 1652. Étant à Rome, en 1650, au chapitre général de son ordre, le P. dArenberg avait obtenu du pape Innocent X plusieurs corps de martyrs trouvés dans les catacombes. Ces corps, provisoirement déposés à Sainte-Gudule, furent transférés dans le nouveau temple, avec une grande pompe religieuse, le 22 juillet 1652[4].

Malgré cette vie active et laborieuse, le P. dArenberg trouvait, dans sa vigueur intellectuelle et dans son assiduité au travail, le moyen de se livrer à des travaux littéraires, destinés à revendiquer les gloires de son ordre et à répondre aux attaques de ses adversaires. En 1640-1642, il publia à Cologne, chez Constantin Munich, un ouvrage intitulé : Flores Seraphici ex amœnis Annalium hortis admodum R. P. F. Zachariæ Boverii, ordinis FF. minorum S. Francisci capucinorum definitoris generalis, collecti; sive icones, vitæ et gesta virorum illustrium (qui ab anno 1525 usque ad annum 1612, in eodem ordine miraculis ac vitæ sanctitate claruere) compendiose descripta. Auctore R. P. F. Carolo de Arenberg, Bruxellensi, ejusdem ordinis prædicatore : deux tomes en un volume in-8°, dont le premier est consacré aux franciscains qui ont vécu de 1525 à 1580, et le second à ceux qui se sont distingués de 1580 à 1612. Ce livre, que la générosité de la famille de lauteur orna de magnifiques gravures en taille-douce, fut réimprimé, la même année, à Anvers, et une troisième édition sortit des presses à Milan en 1648. Il fut traduit en espagnol par le P. Antoine d'Arnedo et publié à Madrid au commencement de 1669. Paquot fait observer avec raison que le P. dArenberg aurait pu choisir un meilleur guide que Boverius, qui, manquant à peu près complètement de critique historique, à mainte fois reproduit des récits dont lauthenticité était loin dêtre démontrée. Deux ans après, il publia à Cologne, chez le même éditeur, un ouvrage portant le titre suivant : Clypeus seraphicus, seu scutum veritatis in defensionem annalium fratrum minorum capucinorum. Au témoignage de Jean de Saint-Antoine (Biblioth. Francis., p. 251), ce livre a paru en 1643. Foppens nen fait aucune mention, et Paquot, qui na pas été plus heureux que nous, dit que le Clypeus seraphicus doit avoir paru en 1650.

Le P. dArenberg célébra, en 1667, son jubilé de cinquante années de religion et de prêtrise. Il mourut le 5 juin 1669, au couvent de Bruxelles, ses cendres furent déposées dans la salle capitulaire, sous une pierre portant cette simple inscription :

« A. R. P. CAROLUS DARENBERG,
BRUXELLENSIS,
JUBILARIUS,
EX-PROVINCIALIS,
DIFFINITOR
ET COMMISSARIUS GENERALIS
ANNO 1669, 5 JUNII.
 »

Publications

Il a publié, sous le nom de Flores Seraphici :

  1. Histoire des écrivains de l'ordre des Capucins, depuis 1525 jusqu'en 1580, in-fol., Cologne, 1640 ;
  2. Clypeus seraphicus, sive scutum verilatis in defensione ordinis minorum, 1650.

Annexes

Bibliographie

Notes et références

  1. Les biographes ne sont pas daccord sur ces informations. Goethals (Lectures, etc., t. I, p. 166) dit que le père dArenberg naquit vers [1593] ; tandis que, dans la même notice, il rapporte que ce religieux entra au noviciat, en 1616, a vingt-deux ans, et quil mourut en 1669, à lâge de soixante-quinze ans, deux dates qui fixent sa naissance à 1594. Foppens (Bibl. belg., t. I, p. 149), lui donne vingt-trois ans en 1616, et soixante-seize ans en 1669, ce qui reporte sa naissance à 1593. Jean de Saint-Antoine (Bibl. franc. Univ.), qui, par erreur, place le décès du père dArenberg au 25 août 1669, se trompe de nouveau en affirmant quil mourut au couvent de son ordre à Anvers.
  2. Crédit Communal de Belgique, 1996, édition commentée et enrichie d'un dossier cartographique (18e-20e siècle) par Pierre Hannick et Jean-Marie Duvosquel.
  3. Le sermon avait été précédé dune procession qui avait considérablement déplu à la population de Bruxelles. Tous les seigneurs de la cour, affublés du capuchon du tiers ordre de Saint-François, avaient accompagné le cortége, en demandant laumône pour les pauvres et les prisonniers. De toutes les maisons religieuses de la capitale, les carmes et les bogards sétaient seuls présentés pour y assister. Malgré linvitation formelle de linfante, tous les autres ordres sy étaient refusés.
  4. Paquot et Goethals, adoptant la version de Foppens, se trompent en faisant du P. dArenberg larchitecte de tout le couvent des Capucins de Bruxelles. Ce couvent existait depuis 1595. (V. Henne et Wauters, Hist. de Bruxelles, t. III, p. 435

Voir aussi

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