Jean-Baptiste Chautard

Dom Jean-Baptiste Chautard (Briançon, 12 mars 1858 - 29 septembre 1935) Père Abbé de Sept-Fons, de l'ordre de la branche des cisterciens réformés, trappistes.

Biographie

Né en 1858 à Briançon, dans une famille de négociants, Gustave-Auguste-Philogène Chautard, devient à l'âge de quatorze ans élève d'une École de commerce de Marseille où il découvre le Père Jean-Joseph Allemand (il s'inscrit à son Œuvre de jeunesse en 1870) et Timon-David. Il se lance dans les œuvres sociales avec la Société Saint Vincent de Paul. Il entra à l'âge de 19 ans à l'Abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle dans le diocèse de Valence, le 14 avril 1877 malgré l'opposition de sa famille : il fit pour obtenir leur consentement quelques pèlerinages à pied à Notre-Dame du Laus et Notre-Dame-de-la-Garde. Il prononce ses premiers vœux le 8 mai 1879 et fait profession solennelle le 21 mai 1882. Il occupe alors la fonction de cellerier. Il y fait fructifier ses talents commerciaux : il fait un emprunt et achète une nouvelle machine à vapeur pour Chocolaterie d'Aiguebelle, marque déposée en 1885, et commercialise en France une gamme de produits à base de chocolat bientôt très connue. Pour ses ouvriers il s'inspire de l'œuvre de Timon-David, les visitant en 1888 afin d'évangéliser les 150 ouvriers (dont 40 enfants) de sa chocolaterie. En 1891 il fonde la « Société anonyme de la chocolaterie d'Aiguebelle » d'un capital d'un million de francs et en 1893 l'usine chocolaterie de Donzère qui emploiera jusqu'à 200 personnes^[1],[2].

Puis il entre à l'Abbaye de Chambarand (diocèse de Grenoble) en 1897 dont il devint abbé. Il s'occupe alors de la restauration de l'Abbaye de Cîteaux qu'il rachète en 1898. Il devint ensuite abbé de l'Abbaye de Sept-Fons élu le 16 juin 1899 à la suite de Dom Sébastien Wyart, devenu abbé général de la congrégation de Cîteaux. Lors de l'expulsion des moines de l'abbaye de Chambarand, Dom Chautard fonde le monastère de Marie-Stella au Brésil mais la fondation d'une nouvelle abbaye échoua. Abbé de Sept-Fons, il prit aussi part à la restauration de l'Abbaye d'Orval en Belgique, où vinrent alors les moines trappistes revenus du Brésil.

En 1903 Dom Chautard plaida la cause de la congrégation cistercienne au Sénat lors des lois républicaines relatives aux congrégations religieuses et devint alors l'ami du Président Clemenceau ^[3]. Il refuse la vente des bâtiments et mène toutes les négociations.

Dom Jean-Baptiste Chautard mourut brusquement d'un infarctus le 29 septembre 1935, au retour du Chapitre général qui s'était tenu à Cîteaux, lors d'une visite de scouts, âgé de 77 ans, dont 58 années de profession et 38 années d'abbatiat^[4].

Il avait une grande dévotion à la Sainte Vierge, en particulier une image du type Blachernitissa reproduite dans son livre^[5]. Il aimait aussi l'Écriture Sainte : le fondement de sa spiritualité était l'oraison. Il connaissait Timon-David, Léon Harmel et Jean-Joseph Allemand. Il lisait M^gr Jean Gay, M^gr de Ségur, Dom Columba Marmion, le Père Saudreau et Dom Lehodey, chez les jésuites Grou et Lallemand, Saint François de Sales et Sainte Jeanne de Chantal, Bossuet, les conférences IX et X de Cassien, et un petit livre, l'Esprit de Sainteté de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus ^[6].

Armes

Blasonnement 

D'azur à gloire d'or chargé des Saints Cœurs de gueules

Devise 

Urget Nos^[7]

Sceau 

dans une circonférence, l'écu aux armes accosté d'une feuille de lierre et d'une feuille de chêne avec la légende : Sig. F^[8]. + Joannis-Baptistae Abbatis B.M. de Campo Arando Ord. Cist.

Œuvres

Dom Chautard a peu publié mis à part quelques brochures sur la famille cistercienne comme l' Esprit de simplicité, caractéristique de Citeaux (1928)^[9] et Saint Bernard et la Fondation des Cisterciennes dites trappistines (1919),L'Âme cistercienne ^[10], conférence transformée en brochure (1931). Son enseignement passait dans les commentaires quotidiens de la Règle de Saint-Benoît au cours des Chapitres de l'Abbaye ou des conférences. Pendant la guerre de 1914-1918, il publia des articles sous la signature de « Frère Aîné  » dans Le prêtre aux Armées.

Œuvres publiées :

• Apostolat des catéchisme et vie intérieure devenu L’âme de tout apostolat (1907).
• La Règle de saint Benoît illustrée par saint Bernard (1934)
• Saint Bernard et la fondation des Cisterciennes dites Trappistines brochure, (1919) devenu Les Cisterciennes trappistines.

L'Âme de tout apostolat

Dom Jean-Baptiste Chautard, écrivit un ouvrage célèbre, mais très controversé, L'Âme de tout apostolat publié tout d'abord sous le nom d' Apostolat des catéchisme et vie intérieure sur le navire qui le conduisait au Brésil : en 1937 il fut édité à 195 000 exemplaires pour arriver à un total de 250 000 exemplaires en comptant les traductions en de nombreuses langues. Ce livre dans sa première version (1907) était destiné aux religieuses de la Sainte Famille du Sacré-Cœur fondé par le jésuite Louis Rabussier, son ami, mais dans sa forme achevée il fut destiné aux séminaristes et aux prêtres. Ce livre devenu célèbre fut, pendant près de cinquante ans, « un classique incontournable de la spiritualité française et son rayonnement international fut considérable » ^[11], il était le livre de chevet du Pape saint Pie X comme de Plinio Corrêa de Oliveira. Cet ouvrage insistait sur les moyens d'obtenir puis garder l'union avec Dieu, par l'oraison, la prière de la garde du cœur, la vie liturgique, le renoncement, stigmatisant à la manière de saint Bernard ce qu'il appelle l' « hérésie de œuvres », affirmant en cela la primauté de la vie intérieure, celle de la grâce c'est-à-dire « l'état d'activité d'une âme qui réagit pour régler ses inclinations naturelles et s 'efforce d'acquérir l'habitude de juger et de se diriger en tout d'après les lumières de l'Évangile et les exemples de Notre-Seigneur'' »^[12] et de la vie spirituelle sur la vie active. L'hérésie de l'action (activisme coupé de la grâce) ou « américanisme » était alors condamnée par une Lettre encyclique du Pape Léon XIII Testem Benevolentiae Nostrae (en) du 29 juillet 1899^[13]

«  (sur la prière et l'oraison) Voyageur épuisé, haletant, je cherche à me désaltérer... Enfin Video – Je vois : J'aperçois une source. Mais elle jaillit d'un rocher escarpé... Sitio – J’ai soif : Plus je regarde cette eau limpide qui me permettrait de continuer ma route, plus s'accentue, malgré les obstacles, le désir d'étancher ma soif... Volo – Je veux : A tout prix je veux parvenir à cette source et m'efforcer d'y arriver. Hélas ! je dois constater mon impuissance... Volo Tecum : Survient un guide. Il n'attend que mes instances pour m'aider. Il me porte même dans les passages difficiles. Bientôt je me désaltère à longs traits.Ainsi des Eaux vives de la grâce jaillissant du Cœur de Jésus  »

— Dom Chautard,, L'Ame de tout Apostolat

^[14]

Bibliographie

• Le Révérend Père Dom Jean-Baptiste Chautard, Abbaye de Sept-Fons, 1935
• Autour de Dom Chautard,1958
• Itinéraire spirituel de Dom Chautard Abbé de Sept-Fons, Bernard Martelet, Éditions Saint Paul, 1967 réédition Mediaspaul
• Images de Dom Chautard, Abbé de Sept-Fons, Élie Maire, Flammarion, 1938
• Dom Jean-Baptiste Chautard (Abbé de Sept-Fons, 1858-1935) : simples notes, Un Moine, Éd. Abbaye de Sept-Fons, 1938
• Dom Jean-Baptiste Chautard, 1858-1935 : pour un cinquantenaire, Dom Patrick Olive, in Collectanea Cisterciensia Forges, 1986, vol. 48, n° 1, p. 3–8

Voir aussi

Articles connexes

• Abbaye de Sept-Fons
• Ordre cistercien de la stricte observance
• Spiritualité cistercienne
• Oraison (liturgie)

Liens externes

• Notice biographique du Mont-des-Cats [5] et [6] Rencontre de Dom Chautard et Georges Clemenceau. et [7] La Loi du 1^er juillet 1901
• Notice biographique de Dom J.B. Chautard Frère Marie-Godefroy Spiritualité cistercienne: histoire et doctrine, page 106 [8]
• La chocolaterie d'Aiguebelle par Bernard Delpal [9]
• (it) Guida per le vette della santità: Dom Chautard[10]
• (en) The soul of the Apostolate

Notes et références

Précédé par	Jean-Baptiste Chautard	Suivi par
Sébastien Wyart	Abbé de Sept-Fons 1899-1935	François-Louis-Donat Godefroy

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