Abbaye des Bénédictins de Saint-Jacques de Liège

Abbaye des Bénédictins de Saint-Jacques de Liège
Abbaye des Bénédictins de Saint-Jacques de Liège
Image illustrative de l'article Abbaye des Bénédictins de Saint-Jacques de Liège
Gravure de l'eglise Saint-Jacques en 1735
Présentation
Culte Catholicisme
Type Abbaye
Rattaché à Ordre de Saint-Benoît
Début de la construction XIe siècle
Géographie
Pays Drapeau de Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Province Drapeau de la province de Liège Province de Liège
Ville Liège
Coordonnées 50° 38′ 13″ N 5° 34′ 13″ E / 50.636962, 5.57029950° 38′ 13″ Nord
       5° 34′ 13″ Est
/ 50.636962, 5.570299
  

Géolocalisation sur la carte : Belgique

(Voir situation sur carte : Belgique)
Abbaye des Bénédictins de Saint-Jacques de Liège

L'abbaye des Bénédictins de Saint-Jacques est une ancienne abbaye de la principauté de Liège aujourd'hui détruite. Seule reste son église, devenue collégiale lors de la démolition de la collégiale Saint-Pierre de Liège.

Sommaire

Historique

Elle doit sa fondation à Baldéric II qui la fit commencer en 1016 et la place sous le patronage de Saint Jacques. Elle fut achevée en 1021 par Walbode et confirmée en 1030 par Reginard. Sa reconstruction commencée en 1420 n'est terminée qu'en 1522 sous l'abbé Jean de Cromois. En 1538, l'abbé Nicolas Balis mit la dernière main et la consécration de la nouvelle église eut lieu en 1552. Le portail fait sur les dessins de Lambert Lombard, peintre liégeois, a été terminé en 1560. L'abbaye fut sécularisée et érigée en collégiale[note 1]. C'est dans ce bâtiment que l'on conservait anciennement les Chartes et les privilèges de la cité et où chaque année les bourgmestres nouvellement élus allaient prêter le serment de maintenir les franchises liégeoises. Après le concordat de 1801, la collégiale Saint-Jacques devient paroisse et les cloîtres sont transformés en habitations privées.

Elle a pour dépendance le Val-Saint-Lambert.

Origines de l'abbaye

Cette abbaye doit sa fondation à Balderic II qui la fit commencer entre 1015-1016. Les comtes de Looz sont depuis 1016 avoués de l'abbaye de Saint-Jacques[1]. Baudry, fils de Louis De Loos, élu évêque de Liège en 1008, et qui eut guerre contre Lambert, Comte de Louvain, qu'il vainquit le 26 septembre 1010 fonda l'Abbaye de Saint-Jacques en rifle à Liège, pour y faire prier pour ceux de ses sujets qui avoient été tués dans le combat[2], il mourut le 29 juillet 1017;[3], avant que l'Abbaye de Saint Jacques fut achevée. II y fut enterré, et dans la suite on lui éleva un tombeau de marbre au milieu du Chœur. Gislebert[4] et Arnoul, ses frères étaient présent à la fondation de l'Abbaye.

Gravure de l'abbaye Saint-Jacques en 1735, côté Meuse

L'abbaye bénédictine doit son édification à la position prise par le prélat dans la controverse ecclésiastique qui au début du XIe siècle, oppose le clergé régulier au clergé séculier. Soucieux d'établir un équilibre entre les deux modes de vie religieuse, Baldéric II décide de construire une abbaye à la pointe de l'île, concédé par l'évêque, situé en marge de la cité.

La construction est achevée en 1021 par Walbode et dédiée en 1030 par Reginard.

Dans les années 1055 et 1056, un moine de Saint-Jacques entreprit un voyage à Compostelle pour en rapporter une relique du saint patron de son abbaye, un document écrit une cinquantaine d'année plus tard, relate ce périple[5]. Ces relations vont d'ailleurs se perpétuer puisqu'en 1114, un chanoine de Compostelle est à Liège pour assurer les relations entre les deux abbayes et apporte de nouvelles reliques de Saint-Jacques. Compostelle va devenir au Moyen-Âge un des pèlerinages expiatoires et judiciaire de Liège[6].

Sous l'abbé Drogon, dans la seconde moitié du XIIe siècle, un bief ou rivelette est aménagé. S'engouffrant sous un årvô les eaux de la Meuse sont canalisées au cœur du domaine afin d'en irriguer les vergers et d'actionner un moulin, avant de rejoindre le cours principal du fleuve. Lors des fouilles de 2001, des tronçons d'arcades ont été découverts sous des bâtiments de la place Emile Dupont. En 1369, un incendie atteint le réfectoire, le quartier abbatial et une partie du dortoir. Entre 1372 et 1393, l'abbé Nicolas du Jardin va rénover l'hôpital.

Le domaine primitif

Les données du chroniqueur de l'abbaye, le prieur Renier, permettent de connaitre l'évolution du domaine primitif de l'année 1015 date de la fondation de l'abbaye et de sa première dotation, et celle du 16 mai 1209, date à laquelle les émissaires du pape, devant la situation lamentable du monastère, décidèrent à disperser la communauté et liquider une partie de ses biens pour éteindre les dettes.

  • Les abbés de Saint-Jacques portaient les marques pontificales en vertu du privilège que le pape Innocent V leur avait accordé le 9 octobre 1246 à la suite de la demande que le chapitre de Saint-Lambert lui avait adressée le 25 juillet 1245 afin que ces prélats pussent suppléer au besoin les évêques de Liège en cas d'absence des abbés de Lobbes qui exerçaient de plein droit les fonctions épiscopales lorsque l'évêque n'était pas à Liège.

Les Paroisses et domaines de Saint-Jacques

Paix de Saint-Jacques

En 1487, après le sac de Liège par Charles le Téméraire, on y signe la Paix de Saint-Jacques qui va codifire les lois et règlements du pays de Liège.

Reconstruction

L'abbaye de Saint-Jacques vers 1642, à l'arrière gauche le couvent des Sœurs grises, à l'arrière droit, le couvent des Clarisses, et à droite Beaurepart

Sa reconstruction commencée en 1420 ne fut terminée qu'en 1522 sous l'abbé Jean de Cromois. En 1538 l'abbé Nicolas Balis y mit la dernière main et la consécration de la nouvelle église eut lieu en 1552. Le portail Renaissance ajouté en 1558 est attribué à Lambert Lombard. Gilles Lambrecht élu en 1611 mourut le 2 juin 1646 âgé de 85 ans après 35 années de prélature. Il fit placer une pierre commémorative en l'honneur de Baldéric II (elle existe encore dans le transept droit de l'église). Au point correspondant du transept gauche une autre pierre rappelait la mémoire de l'évêque Réginard[7]

L'abbaye fut sécularisée et érigée en collégiale par un bref du Pape Pie VI le 28 mai 1785. C'est dans ce temple que l'on conservait anciennement les Chartes et les privilèges de la Cité de Liège et que chaque année les bourgmestres nouvellement élus allaient prêter le serment de maintenir les franchises liégeoises.

Siège des bourgmestres

Sa basilique est le siège officiel où les bourgmestres de la ville juraient de maintenir les franchises de la cité. Deux bourgmestres venaient prêter serment le 24 juillet, veille de la fête de saint Jacques le Majeur.

Archives communales

Le monastères conservait les archives communales.

L’Union de Bursfeld

Saint-Jacques est le centre d'un mouvement réformateur qui s'étend en Allemagne, et qui aboutit a la création de l'Union de Bursfeld, qui va compter une centaine de monastères bénédictins.

Dislocation de l'abbaye

Du 3 au 18 mars 1788 sont vendus 1 178 livres de la bibliothèque au profit des prisonniers[8] . Après le concordat de 1801, la collégiale Saint-Jacques est devenue église primaire et les cloîtres ont été transformés en habitations particulières.

À la fin du XIIIe siècle, le Marquis de Sainte-Croix loue un hôtel avec cour et jardin appartenant à l'abbaye de Saint-Jacques, paroisse de Saint-Nicolas Au-Trez, hôtel de maître joignait d'un côté l'église Saint-Nicolas et de l'autre l'abbaye de Beaurepart. Il y reçoit Velbrück en 1782[9]. Cet hôtel est vendu par l'abbaye le 20 mai 1991[réf. nécessaire] au Duc de Montmorency, déjà propriétaire du château de Modave[10], au prix de 40 000 florins Brabant.

Trésor de l'abbaye

Si la châsse de Saint-Jacques n'a pas survécu à la révolution, très peu de sources permettent de se faire une idée précise du trésor de Saint-Jacques: une liste de reliques d'un autel de la fin du XIe siècle[11], une mention de la consécration d'un autel en 1206, le don d'un reliquaire en 1469, et un commentaire de Saumery au XVIIIe siècle, il subsiste néanmoins un objet intéressant de ce trésor de l'abbaye.

Boite à relique arabe

Boite ovale miniature en argent niellé, de production espagnole munie de l'inscription d'une bénédiction divine en caractères arabes datée du Xe-XIe. Elle pourrait avoir été rapportée[note 2] par le moine qui fit en 1056 le pèlerinage de Compostelle avec comme souhait de ramener des reliques de Saint-Barthélemy, Saint-Jacques-le-Mineur, Saint-Pancrace et Saint-Sébastien. Reçu par le roi de Galice le 7 avril, jour de Pâques, il rapporte triomphalement ces précieuses reliques le 13 mai à l'abbaye. Cette boite aurait pu servir de translation[12]. La découverte d'une copie d'une authentique d'autel daté de 1056, attestant que, ramenées de Compostelle, des reliques ont été incluses dans un autel de l'abbatiale permet d'étayer cette hypothèse.

Le bras de Saint-Jacques

Selon les documents du XIIIe siècle, un bras de Saint-Jacques ferait partie des reliques de l'abbaye[13]. Notons qu'une recherche récente relève trois bras à Troyes, l'un à l'abbaye Notre-Dame hors-les-murs, l'autre à Saint-Étienne et le troisième à l'Hôtel-Dieu-le-Comte, un à l'abbaye de Saint-Denis, un à la Cathédrale de Nevers, un à la cathédrale de Langres, un à l'abbaye Saint-Jacques de Liège, un à Wurtzbourg et un à la basilique San Crisogono de Rome[14]. Peu importait, ce que cherchait le pèlerin du Moyen Âge était un lieu de dévotion, le plus proche possible alors qu'il lui restait peu de temps à vivre. L'église a sagement réglé le problème de l'authenticité en déclarant que seule comptait la force et la sincérité du pèlerin.

Liens connexes

Documents fondamentaux

  • Le cartulaire de l'abbaye de Saint-Jacques est versé définitivement dans les collection du Dépôt des Archives de l'état à Liège, le chartrier a vécu sans histoire jusqu'au bombardement de Noël 1944, un V1 allemand éparpilla les chartes les mêlant aux documents voisins. Certaines enveloppes disparurent mais heureusement la collection, reclassée, est demeurée intacte et complète.

Bibliographie

  • Jacques Stiennon, Étude sur le chartrier et le domaine de l'abbaye de Saint-Jacques de Liège
  • Mortiaux-Denoël Chr. et Guillaume É., Le fonds des manuscrits de l'abbaye Saint-Jacques de Liège. II. Dispersion et localisation actuelle, dans Revue bénédictine, t. 107, 1997, p. 352-380

Notes et références

Notes

  1. par un bref du pape Pie VI le 28 mai 1785
  2. Selon un récit relaté 50 ans plus tard

Références

  1. Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège , Numéro 173, p. 349
  2. Aubert François-Alexandre, Dictionnaire de la noblesse, 1775, Volume 9, p. 109
  3. Mantel P. dit 1018
  4. Aubert 1775, ibidem, p. 109, Il vivait en 1022
  5. Stienon 1951, ibidem, p. 181
  6. Georges, Philippe: Reliques & arts précieux en pays mosan, Edition du CEFAL, 266 pp, 2003, p. 108
  7. Bulletin de l'Institut Archéologique Liégeois, Tome VI, page 62 et suivantes, la pierre de Réginard est rapportée à tort à Maximilien Henri de Bavière
  8. Catalogue des livres de la bibliothèque de la célèbre ex-abbaye de Saint-Jacques 1788
  9. Demoulin Bruno, Principauté de Liège, Volume 30, Archives diplomatiques (France), 1998, 482 pages
  10. Archive de l'Etat à Liège, Notaire J.J. Richard, Protocole année 1791, acte signé à Modave, Demoulin in, note 71
  11. aujourd'hui à la Bibliothèque du Gotha, Georges, 2003, ibidem, p.108
  12. George, 2003, ibidem p. 107-108
  13. Georges 2003, ibidem, p. 107
  14. Péricard-Méa Denise: Les pèlerinages au Moyen Âge, Ed. Gisserot

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Abbaye des Bénédictins de Saint-Jacques de Liège de Wikipédia en français (auteurs)

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