Abbaye Saint-Pierre-Saint-Paul de Saint-Hubert

Abbaye Saint-Pierre-Saint-Paul de Saint-Hubert

Abbaye de Saint-Hubert

L’ancienne abbaye de Saint-Hubert (dont le nom était "abbaye de Saint-Pierre en Ardenne", sise à Saint-Hubert (Belgique), était une abbaye bénédictine dont l’origine remonte à Saint Bérégise. Fondée en 687 d'après les textes, par Pépin de Herstal, elle fut définitivement supprimée en 1797. La basilique actuelle de Saint-Hubert est l’ancienne église abbatiale.

Église et quartier abbatial de l'abbaye de Saint-Hubert

Sommaire

Origine légendaire

La légende raconte que Plectrude, épouse de Pépin de Herstal, lors d’une visite dans son domaine d'Ambra en Ardenne, s’arrêta auprès d’un ruisseau, l’Andaïna, à quelques pas des ruines de l'ancien château d'Ambra pour s’y reposer. Après un très fort coup de vent qui troubla bêtes et gens, un billet écrit et cousu de fil d'or tombe à ses pieds. Très émue et troublée, elle rassemble ses gens et s'empresse de regagner Herstal où elle va aussitôt faire part des évènements à son mari et lui montrer le parchemin, Pépin II , consulte son aumônier, Bérégise, ancien moine de l'abbaye de Saint-Trond détaché auprès de la Cour, pour découvrir le sens du texte. Le saint y voit aussitôt un message et une volonté du ciel : Dieu lui-même a choisi l’endroit ("où beaucoup d'âmes passeront de la terre au ciel"), pour que des hommes pieux y oeuvrent au profit de beaucoup d’âmes et de l'évangélisation. Pépin accorde une charte de fondation avec une première dotation et charge son aumônier d’y fonder une communauté religieuse. Dès avant l'an 700, un groupe de clercs réguliers s’établit à Ambra (Andain)sous la direction de Bérégise. Il fut leur supérieur pendant près d’un quart de siècle. [1]> >

Histoire

Renaissance sous la protection de Saint Hubert

Un siècle plus tard, malgré des débuts prometteurs l’abbaye semble végéter ou être même déjà en déclin. Vers 815 une délégation de clercs se rend auprès de l’évêque de Liège, Walcaud, pour lui demander son aide. Après décision du Concile d'Aix-la-Chapelle de 817, Walcaud organise l'échange entre les religieux d'Ambra (Andain) qui s'en iront reprendre la collégiale Saint-Pierre de Liège, ancienne abbaye fondée par Saint Hubert lui-même, avec le groupe des moines bénédictins qui quitteront ce même monastère pour Ambra et y établir l'abbaye bénédictine de Saint-Pierre en Ardenne, afin d'y vivre suivant la règle et la régularité bénédictine et de favoriser au mieux l'évangélisation de l'Ardenne. Cette nouvelle abbaye devient la succursale méridionale du diocèse, avec les pèlerinages et visites annuels de tous les fidèles au tombeau du saint, rendus obligatoires dès ces années (croix banales). La refondation est achevée en 825 avec la translation à Ambra du corps de Saint-Hubert, premier évêque, fondateur et patron de Liège, lui qui donna à cette ville sa fortune en y installant l'évêché. Saint Hubert est déjà réputé pour être l’apôtre et le patron de l’Ardenne.

L’abbaye prend alors son essor, porté également par le mouvement monastique du Xe siècle et l’enthousiasme des foules qui affluent en pèlerinage au tombeau de Saint Hubert. Autour de l’abbaye se crée une ville qui prend le nom de Saint-Hubert, éclipsant complètement le premier nom d’Ambra puis celui d'Andain. L’abbaye a également un grand rayonnement religieux, culturel et artistique. Elle fonde au cours de siècles plusieurs prieurés: Saint-Pierre devant Bouillon, Saint-Michel de Mirwart, Saint-Brice de Sancy (57), Saint-Michel de Cons-la-Grandville (54), Saint-Sulpice de Prix (08), Saint-Thibaud de Château-Porcien (08) et Sainte-Marie d'Evergnicourt (02) et plusieurs autres succursales écclésiastiques, comme la Converserie, Chauvency-Saint-Hubert,... elle héritera aussi de deux collèges de chanoines, Nassogne et Waha. L’abbé est ‘seigneur’ d’un territoire qui comprend un grand nombre de villages du pays d’Ardenne et bien au-delà, il détient ainsi des droits féodaux comme propriétaire, suzerain, vassal, collateur, seigneur et même souverain dans plus de mille villages et hameaux d'entre Meuse et Rhin, jusqu'à Langres, Trèves-Coblence, Reims-Laon, Malines,...

Prospérité

Si au spirituel l’abbaye relève du diocèse de Liège, au temporel, sa prospérité et son influence attire les convoitises politiques qui en veulent à son indépendance et sa neutralité, reconnue pourtant encore par Charles-Quint en 1522. Au cours des siècles la France, les Pays-Bas, Le Pays de Liège et le Duché de Luxembourg, tentent de s’allier ou de contraindre l’abbé de Saint-Hubert à leurs vues et exigences. Il est souvent obligé de transiger ou de baisser provisoirement l'échine en attendant des jours meilleurs avec ces encombrants protecteurs et ‘amis’. Il se cherche particulièrement un protecteur puissant, en dehors de son avoué à la solde du Luxembourg, pour se soustraire à l'appétit du Luxembourg et des Pays-Bas bourguignons, espagnols puis autrichiens. Il le trouve en la personne du roi de France et ce, de Louis XI à Louis XV.

Jacques Charneux et Bernard Wodon décrivent ainsi l'abbaye au temps de sa grande prospérité :

«  Âme et pivot vital de l'Ardenne pendant plus d'un millénaire, l'abbaye bénédictine de Saint-Hubert - la plus considérable institution de la contrée - comptait parmi les plus illustres d'Europe occidentale. Sanctuaire vénéré et célèbre d'un culte de renom international, centre religieux et intellectuel, c'est aussi le noyau d'un domaine étendant ses possessions de la Champagne à la Hesbaye jusqu'à la Moselle. Enfin, siège d'une terre seigneuriale dont l'indépendance et la neutralité parfois contestées ont fait d'elle l'enjeu de convoitises, l'abbaye hubertine offre l'aspect d'une institution monastique mais aussi politique[2]. »

Au XVe siècle se développe la ‘légende de Saint Hubert’ : le saint converti à la vue d’un cerf arborant une croix entre ses bois. Propagée par les chasseurs, cette légende déjà assez répandue dans beaucoup de pays d'occident, ajoute de nouvelles pages à l'hagiographie déjà très riche d'Hubert, grand thaumaturge, guérisseur de la rage et de maladies nerveuses, patron des forestiers, bûcherons, tanneurs, bouchers...depuis le IX°siècle : Saint Hubert reste l’apôtre et le saint patron de la grande région d’Ardenne.

A partir du X° siècle au moins les moines se font un nom en développant et dressant une race particulière de chiens de chasse à l’odorat singulièrement développé. Outre la chasse, les robustes et endurants chiens de Saint-Hubert étaient utilisés pour la recherche de voyageurs perdus dans la forêt. Annuellement l’abbaye en offrait trois paires avec 3 couples d'oiseaux de proie ou de parc au roi de France. Ces chiens sont connus aujourd’hui sous le nom de ‘chiens de Saint-Hubert’[3].

Fin et suppression

En 1797 la révolution française envoie définitivement en exil les moines de Saint-Hubert. Le dernier abbé Nicolas Spirlet se réfugie chez les frères mineurs de Montjoie, mais il y meurt la même année. Dès octobre 1797, l’abbaye est vendue aux enchères : on vendra tout et tout: jusqu'aux christs en fonte le long des routes ! Entre 825 et 1795 pas moins de 56 abbés ont gouverné l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre en Ardenne ( Saint-Hubert).

Les bâtiments de l’abbaye

Les bâtiments qui ont survécus sont relativement récents :

  • L'église abbatiale (devenue basilique en 1927) date du XVIe siècle, même si certaines parties remontent aux XIe et XIIIe siècles. L’intérieur fut construit entre 1526 et 1564. La façade fut remaniée et prit son aspect actuel vers 1700 (frère Bérégise, moine convers). Les tours jumelles datent de la même époque. Le frontispice de la façade représente la conversion de Saint Hubert ; il est surmonté de la statue du saint du grand sculpteur liégeois, Jean-Arnold Hontoire, de même que les statues de Saint Pierre et Saint Paul. Une intéressante crypte gothique se trouve sous le chœur de l’église ; son pavement est du XVe siècle.

Devenue paroissiale en 1809, l'église fut élevée au rang de basilique mineure (Basilique des Saints-Pierre-et-Paul) en 1927 à l'occasion du 1200e anniversaire de la mort de Saint-Hubert.

  • Le palais abbatial de style Régence fut construit en 1729 par l’abbé Célestin De Jongh dont les armes ornent le fronton. Véritable chancellerie abbatiale, le bâtiment se devait d’être prestigieux puisqu'il était destiné aussi aux visiteurs de marque qui logeaient à l’abbaye. Celle-ci fut remise à l'Etat belge par la province de Luxembourg en 1844 et, après avoir servi pour l'administration centrale du departenent des Forets puis celle du Tribunal d'instance et d'une sousprefecture du departement de Sambre et Meuse jusque 1814, elle accueillit enfin l'administration d'arrondissement et le tribunal de premiere instance jusque 1839, date a laquelle Saint Hubert perdit tous ses droits au profit d'Arlon, Marche et Neufchateau . En compensationm elle devint maison de redressement pour la jeunesse pendant 120 ans. L'Abbaye abrite depuis 1960 les Archives de l'Etat, y compris l'important fonds d'archives de l'ancienne abbaye de 1070 à 1797, et les services culturels de la province de Luxembourg.

Notes

  1. La légende nous vient d'une Vita Beregisi Andaginensis écrite par un moine de Saint-Hubert vers 937, vraisemblablement par l'abbé Frédéric lui-même, constructeur des premières fortifications: 9 tours et un mur de près d'un kilomètre. C'est-à-dire près de deux siècles après la mort de Bérégise: le merveilleux y prend une grande place. Cette 'vie' fut publiée dans les Acta Sanctorum, Mois d’Octobre, Vol.1)
  2. Le Patrimoine majeur de Wallonie, Namur, 1993, p. 394.
  3. "Bloodhound" Ses capacités olfactives en font aujourd’hui un adjoint très apprécié de la police dans ses recherches de personnes disparues
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