- Abbaye Sainte-Odile
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Abbaye Sainte-Odile Ordre Bénédictin Fondation IVe siècle Fermeture 1791 Diocèse Archidiocèse de Besançon Fondateur Germain de Besançon Protection Classé MH (1886, Abbatiale)
Inscrit MH (2007, Façades, toitures, vestiges)
Localisation Emplacement Baume-les-Dames, France
Pays Coordonnées Géolocalisation sur la carte : France
modifier L'abbaye Sainte-Odile est une abbaye bénédictine située dans la commune de Baume-les-Dames en France.
À l'origine nommée Palma ou Palmense Monasterium[1], l'abbaye bénédictine (de l'ordre de Saint-Benoît[2]) aurait été fondée au IVe siècle, par saint Germain, archevêque de Besançon ou par Garnier, maire du palais de Bourgogne, qui mourut fin du VIe siècle[3],[1],[4].
Sommaire
La légende
D'après les traditions de la région et un recueil conservé à l'origine à l'abbaye, Saint-Germain aurait été décapité en 396 par les Ariens à Grand-Fontaine et, prenant sa tête dans ses mains, il se serait relevé et dirigé vers Baume-les-Dames, où il avait créé une abbaye ainsi devenue dépositaire de son corps[4].
Une autre légende cite le roi de Bourgogne Gontran. Celui-ci fit un songe un jour qu'il s'était endormi après une longue partie de chasse à laquelle participait Garnier. Dans son rêve le roi vit une belette essayer de traverser un fleuve, lorsqu'un pont de fer apparu, l'animal le traversa et entra dans une caverne où il y avait un grand trésor. Le roi à son réveil raconta ce songe à Garnier et celui-ci lui dit que pendant le sommeil de son maître il avait justement aidé une belette à traverser un ruisseau en posant son épée en travers du cours d'eau : l'animal ayant trouvé ce pont de fortune traversa et disparut dans un trou à quelques distances de la source. A ces mots, les deux hommes creusèrent à l'endroit indiqué (lieu nommé plus tard Vigne-du-trésor) et découvrirent un important trésor. Le roi l'offrit pour la reconstruction de l'abbaye de Baume-les-Dames, qui avait été mises à mal par l'invasion des Huns en 451, après avoir vu s'élever des ruines de l'abbaye un nuage d'où sortait une main aux doigts étendus et dont la paume se tournait vers lui[4].
Première mention
Toujours est-il qu'elle est nommée dans La Vie de saint Ermenfroy rédigée vers 720 ou 730[5] et dans le testament d'Anségise, abbé de Luxeuil puis de Fontenelle daté de 831[4] ; mais aussi dans les textes de Glaber, religieux de Saint-Germain d'Auxerre au XIe siècle, qui raconte que les religieux de Glanseuil fuyants les normands emportèrent dans leur périple les reliques de saint Maur (leur fondateur) jusqu'à l'abbaye de Baume « Deindèvero quasi tertiâ transmigratione, in superiore Burgundiâ, locatum Balmense occupavêre Monastrium »[1]. De plus l'abbaye possédait le tombeau du comte Garnier, ce monument fut ouvert en 1768 sur demande de l'Abbesse et il y fut trouvé des ossements très anciens. Ce tombeau fut détruit à la Révolution, quelques morceaux ont été utilisé au château d'Esnans et les ossements déposés au cimetière de Cour-les-dames[4]. L'abbaye était très considérable du temps de Charlemagne et de Louis le Débonnaire, qui en ont fait mention dans leurs capitulaires[2].Sainte-Odile
Au VIIe siècle, un miracle contribua à la renommée de l'abbaye. La fille du duc d'Alsace Odile de Hohenbourg était aveugle, et comme son père voulait la tuer, la jugeant indigne de la vie pour cela, sa mère réussit à la cacher dans cette abbaye. Les abbesses se sont occupées d'elle. Et à l'âge de 13 ans, elle se fait baptiser. L'évêque l'avait appelée Odile car ça signifiait « fille de lumière ». Et lorsqu'il lui dit « Au nom de Jésus-Christ, soit désormais éclairée des yeux du corps et des yeux de l'âme », elle retrouve la vue. Ce miracle a donc attiré beaucoup de monde à Baume-les-Dames par la suite[6].
Angélique-Henriette d'Amas
L'église abbatiale actuelle a été construite entre 1738 et 1760 dans le style néo-roman par un architecte bisontin Nicolas Nicole, grâce à madame d'Amas, abbesse de Baume-les-Dames. Les travaux ont été arrêtés en 1760 car madame d'Amas avait dépensé son argent avec beaucoup d'imprévoyances et n'en avait donc plus. Ce qui explique que Nicolas Nicole a dû fermer par ce mur[Lequel ?] pour finaliser les travaux. Au départ, Nicole avait prévu une église de 44 m de long avec un clocher porche. Seul le chœur est terminé et culmine à 24 m[4].
Aujourd'hui, il ne reste plus que l'église abbatiale, alors qu'à l'origine l'abbaye était composée de cette église, de la cour et des bâtiments abbatiaux.
L'intérieur était magnifiquement décoré avec des colonnes en marbre blanc et en marbre rose de Sampans. L'autel était en précieux marbre d'Italie et les dalles en différentes pierres de couleur. Le mobilier était également très luxueux avec entre autres le lutrin de Nicole, qui a été déplacé à l'église et que l'on verra tout à l'heure[4].
Elle était dirigée par des abbesses à la tête d'un chapitre composé de quinze chanoinesses. Celle-ci et les chanoinesses devaient faire preuve de huit quartiers de noblesse paternelle et maternelle, c'est-à-dire qu'il fallait 4 générations dans la noblesse pour être considéré comme il se devait ainsi que les trois vœux de chasteté, pauvreté et obéissance[2]. Les religieuses avaient embrassé l'état canonique et de ce fait vivait comme des clercs ; elles habitaient autour de l'église dans des maisons tantôt désignées dans les chartes sous le nom d'abbaye ou de monastère, comme le décrit Egilbert dans La Vie de saint Ermenfroy[7]. L'abbesse avait des pouvoirs considérable sur les habitants des terres que l'abbaye possédait, mais à partie de 1155 des privilèges leurs furent accordé tel que la dispense de travailler ou de faire le guet aux remparts[4].
- Élisabeth, abbesse vers 1034.
- Adèle, abbesse vers 1065. Elle conclut un traité avec Guichard, doyen de l'église de Saint-Paul, par lequel ils convenaient que si des serfs de leurs deux monastères se mariaient leurs enfants seraient partagés entre les deux communautés[4].
- Adeline, abbesse en 1117.
- Étiennette de Bourgogne, abbesse en 1119.
- Sibile, abbesse citée dans une charte d'Humbert de Besançon en 1147. Elle obtint successivement des papes Innocent II et Célestin II le renouvellement des privilèges de la communauté[4].
- Etiennette de Bourgogne, en 1162. Demanda l'arbitrage de l'empereur Frédéric Barberousse, comte de Bourgogne au sujet d'un grave litige qui l'opposait au prévôt de Mathay. Le pape Lucius III lui ordonna que le monastère se plie aux règles de vie de saint-Benoit[4].
- Clémence de Bourgogne, en 1204. Elle quitte la vie monastique en 1212 pour épouser Berthold VI, duc de Zeringen[4].
- Blandine de Châlon, en 1218. Elle serait la fille naturel du comte de Bourgogne. Elle obtiendra de l'archevêque Nicolas de Flavigny le patronage des églises de Sainte-Marie-en-Châtel[4].
- Nicole de Roche, en 1266. Elle échange avec Thièbaud de Rougemont ses biens de Chassey contre la seigneurie de Trouvans. Elle obtint de Henri de Saint-Léger, curé de Villers-le-Sec ce qu'il tenait de ses ancêtres au lieu-dit Saint-Léger et où les abbesses en firent une vigne[4].
- Béatrix I de Bourgogne, en 1276. Le comte palatin Philippe et Alix, sa femme, confirment la cession des battoirs de Pont-les-Moulins que le comte Hugues avait fait à l'abbaye en 1256. Elle confirme la prise du fief de Baume-les-Dames par les sires de Neuchâtel[4].
- Béatrix II de Cromari, en 1313.
- Sibilette de Vaivre, de 1326 à 1355. Elle dut ouvrir la grande salle de l'abbaye au séance du parlement de Bourgogne[4].
- Alix I de Montbazon, de 1355 à 1374. Elle fut élue avec l'appui de Thiébaud de Neuchâtel. celui-ci se présenta aux milieux des religieuses et réclama l'honneur d'être le garant de la tranquillité de l'élection par ainsi comme mes pères et devanciers l'ont eu et en ont usey toutesfoys que le cas est relvenu, paisiblement et si longtemps qu'il y a mémoire du contraire. Comme tout le monde hésitait sur la validité de la procédure il soumit son droit à l'arbitrage d'un ensemble de prêtres et de chevaliers qui tous acquiescèrent et proclamèrent Monseignour de nuefchastel, vicomte de bame, et qui a voix en cestuy chapitre à élection faire d'abbasse de son droit et anciennetey, que chacun se restrayeariers jusques élection d'abasse soit faite par le dit Monseignour de Nuefchastel et les Dames qui sont en cestuy chapitre[4].
- Louise de Châlon, de 1375 à 1388. Fille du comte d'Auxerre elle fut déposée par Guillaume, archevêque de Besançon, à cause de sa mauvaise administration[4].
- Isabelle de Maisonval, de 1388 à 1418. Décédera en 1423. Elle fera exempter des tailles ses fidèles en 1405. Le pont sur le Doubs ayant été détruit par des crues importante, les habitants en cèdent les droits à l'abbaye en échange de sa réfection et de son entretien[4].
- Marguerite II de Neuchâtel, de 1510 à 1549. Le tombeau de Marguerite de Neuchâtel existait dans l'abbaye, il portait l'épitaphe suivante : Ci-git haute et puissante dame, Madame Marguerite de Neufchâtel, dame de Remiremont et abbesse de Céans ; fille de haut et puissant seigneur, messire Claude de Neufchâtel, chevalier de la Toison d'Or, et de dame Bonne de Boulai, seigneur et dame dudit Neufchâtel, de Châtel-sur-Moselle, Beaurepaire, etc., laquelle trépassa le 3 septembre 1549[2].
- Jeanne II de Rye, de 1571 à 1582. Décédée en 1582. Nommée sur ordre du pape Pie V en 1571.Elle tentera de s'opposer en vain à la création d'une municipalité à Baume-les-Dames[4].
- Marguerite III de Genève, de 1582 à 1618. Donne des terres pour la construction d'un couvent de moines capucins[4].
- Reine-Hélène I de Rye, de 1618 à 1647. Décédé en 1647. Devant les guerres et les maladies qui sévissent dans la région de Baume, l'abbesse et les religieuses se réfugient à Besançon en emportant les reliques de saint-Germain[4].
- Anne-Gasparine d'Andelot, de 1648 à 1652. Installée avec l'aval du maire de la ville[4]. Suite aux grands bouleversements des dernières années, l'abbesse accepte pour conservé son poste de renoncer à son droit de justice sur la ville, elle cède le pont sur le Doubs et elle renonce à plusieurs redevances[4].
- Reine-Hélène II de Mouchet de l'Aubespin, de 1653 à 1661. Nommée par le roi d'Espagne. ceux-ci, depuis plusieurs années participaient à l'élection de l'abbesse[4].
- Françoise de Thiard de Bissy, de 1684 à 1725. Le comté de Bourgogne étant rattaché à la France, c'est donc Louis XIV qui lui remit son brevet[4].
- Angélique-Henriette Damas de Crux, de 1750 à 1767. L'abbesse prend le titre d'illustre et révérende dame[4].
- Marie-Philippine-Léopoldine d'Andelot, chanoinesse depuis le 6 août 1738[8], nommée abbesse le 15 novembre 1767 par le roi Louis XV et confirmée par une bulle de Rome le 9 février 1768. Sa nomination fut critiquée du fait qu'elle était née à l'étranger. Au motif que son frère le comte d'Andelot était attaché depuis longtemps au service du roi et qu'il possédait des biens important en Bourgogne, surtout en Franche-Comté, le monarque régla ce problème en accordant des lettres de naturalité à l'abbesse[9].
- Marie-Françoise de Mouchet-Battefort de l'Aubespin, de 1787 à 1791. Après la révolution française et la confiscation de tous les biens de l'abbaye, elle se retira en Suisse avec quelques religieuses. Elle reviendra à Besançon quelques années plus tard et y mourut dans la misère[4].
Les abbesses avaient aussi une activité économique pour s’assurer des revenus. Alors que depuis le début du XIe siècle elles jouissaient des revenus de plusieurs églises des environs elles se virent attribuée le revenus des édifices de Saint-Hippolyte, Dampierre-sur-le-Doubs, Saint-Maurice, Montecheroux… Des biens qui ne feront que s'accroître, au fil des siècles, tant de la part des seigneurs des alentours que des comtes de Bourgogne[4]. De plus, elles ont construit une papeterie en 1464 sur le Doubs, en direction de Pontarlier, là elles fabriquaient le papier de chiffe, inventé dans le XIIIe siècle ; grâce à elles ce produit était commun en Franche-Comté ce qui n'était pas le cas en dehors de ses frontières[10]. Elles avaient également construit un pont sur le Doubs, qui permettaient d'accéder au site. C'était un pont à péage, c'est-à-dire qu'elles faisaient payer la traversée du pont pour réglementer un peu les entrées et sorties dans le site de Baume-les-Dames.
En 1791, l'abbaye ferme définitivement ses portes à cause de la Révolution et également car les abbesses avaient moins d'argent. La totalité du mobilier et les titres des chanoinesses furent alors revendus[4]..
Achetée en 1811 par la ville, elle sert alors d'entrepôt, de halle aux grains, de salle des fêtes, de cinéma, de garage et ce patrimoine architectural ne sera pas mis en valeur comme il devrait l'être[4].
À partir 1982, des travaux de maçonnerie ont permis de consolider la façade principale qui menaçait de s'effondrer.
Réhabilitation
Depuis 2001, un vaste chantier de réhabilitation a été engagé par la municipalité pour redonner à l'église abbatiale sa splendeur d'antan, sous l'égide des monuments historiques et avec des co-financements de l'État de la région et du département. Marbres, stucs, sols.. même les colonnes « empruntées » par Napoléon et détruites dans l'incendie des Tuileries en 1870, à l'origine en marbre blanc, ont été remplacées par de magnifiques colonnes monolithes de calcaire blancs, taillées par l'entreprise vôsgeoise Piantanida. Le résultat est stupéfiant, et l'édifice, doté maintenant d'un chauffage par le sol, d'un éclairage superbe, de loges et de commodités, est devenu un haut lieu de culture, et peut accueillir concerts, expositions, spectacles vivants et autres manifestations.
Protections
L'ancienne église abbatiale fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 12 juillet 1886[11].
L'ensemble des façades et toitures des bâtiments, l'ensemble des sols et des sous-sols avec les vestiges archéologiques qu'ils comprennent et les parties suivantes (l'entrée dans l'abbaye, la sacristie sud de l'église, la cave voûtée des communs, la partie du logis abbatial -2, place de l'Abbaye-, les maisons -6 et 8, place de l'Abbaye-) font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 7 mai 2007[11].
Notes et références
- Histoire des Séquanois
- Nobiliaire universel de France
- État des cours de l'Europe
- Mémoire historique sur l'abbaye de Baume-les-Dames
- Les Deux Bourgognes
- Recherches historiques sur la ville de Mandeure
- Histoire des diocèses de Besançon
- Dictionnaire généalogique et héraldique de Belgique
- La Belgique héraldique
- Histoire du livre en France
- Ministère de la Culture, base Mérimée, « Abbaye Sainte Odile » sur www.culture.gouv.fr.
Voir aussi
Article connexe
Bibliographie
- Dictionnaire généalogique et héraldique des familles nobles du royaume de Belgique, volume 1, Félix-Victor Goethals, 1849, p. 53.
- État des cours de l'Europe et des provinces de France : pour l'année MDCCLXXXV, Jean-Charles Poncelin de la Roche-Tilhac, 1785, p. 33.
- Histoire des diocèses de Besançon et de Saint-Claude, volume 1, Jean François Nicolas Richard, 1847, p. 80.
- Histoire des Séquanois et de la province séquanoise, des Bourguignons et du premier (seconde, troisième et quatrième) royaume de Bourgogne, François Ignace Dunod de Charnage, 1735, p. 122,162.
- Histoire du livre en France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, partie 4, Edmond Werdet, 1862, p. 247.
- La Belgique héraldique : recueil historique, chronologique, généalogique et biographique complet de toutes les maisons nobles, reconnues de la Belgique, Ch. Poplimont, 1863, p. 125, 142.
- Les Deux Bourgognes : études provinciales, volume 6 à 7, Bureau de la revue, p. 141, 238, 248.
- Mémoire historique sur l'abbaye de Baume-les-Dames, Louis Besson, 1845.
- Nobiliaire universel de France ou recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, volume 21, Nicolas Viton de saint-Allais, Bureau universel de France, 1843, p. 376, 377.
- Recherches historiques sur la ville de Mandeure (Epomandonadorum), Eugène-Augustin Bouchey, 1862, p. 49, 138, 161, 193, 203, 204, 324.
Catégories :- Monument historique classé en 1886
- Abbaye monument historique (France)
- Monument historique inscrit en 2007
- Abbaye du Doubs
- Abbaye bénédictine française
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