- Économie de la Corse
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Corse
Indicateurs économiquesMonnaie euro = 100 cents Année fiscale Janvier-Décembre Organisations internationales EU, OCDE, OMC, etc. Statistiques Produit intérieur brut (parité nominale) € 6.359.000 (2006)[1] Produit intérieur brut en PPA n.a. Rang pour le PIB en PPA 25ème région française Croissance du PIB 4,7 % (2002)[2] PIB par habitant en PPA € 22 660 (2006) PIB par secteur agriculture :
industrie :
services :Inflation (IPC) n.a. Pop. sous le seuil de pauvreté 18,8 (2004) Indice de développement humain (IDH) n.a. Population active 104.525 (2004) Population active par secteur agriculture :
industrie :
services :Taux de chômage 8,0 % (janvier 2008) Principales industries tourisme, viticulture, pêche Commerce extérieur Exportations Biens exportés Principaux clients Importations Biens importés Principaux fournisseurs Finances publiques Dette publique Dette extérieure Recettes publiques € 1 053 600 000 (2006)[3] Dépenses publiques Déficit public Aide au développement Sources :
INSEE
Sauf mention contraire, tous les chiffres sont exprimés en dollars des États-Unismodifier L'économie de la Corse a été longtemps dominée par l'agriculture et l'élevage mais maintenant, elle se compose surtout de commerces et d'industrie touristique (hôtels, loisirs). La Corse est l'une des régions françaises les plus pauvres. Après la crise des années 1990, la Corse se porte clairement mieux et est en progression sur tous les plans mais sa situation reste néanmoins fragile. En 2003, son PIB par habitant était toujours inférieur de 11,5 % à la moyenne des régions françaises[2]. La Corse a une économie très typée : peu d'industrie, une agriculture faible et un poids important du tourisme, de l'administration et de la construction.
Sommaire
Note préliminaire
Les statistiques en Corse sont lacunaires et parfois vieilles de plus de 10 ans. De ce fait, elles ne peuvent guère prétendre illustrer fidèlement la situation de l'île. Des chiffres clefs sont inexplicablement inaccessibles bien que certaines administrations en bénéficient. Il en va de même pour un nombre de rapports qui ne sont pas mis à la disposition du public. Par exemple, alors que pour la Sardaigne chacun peut consulter jusqu'au prix d'une botte de carottes, il est impossible d'avoir des données précises sur l'inflation en Corse. Ce manque de transparence est malheureux et particulièrement dommageable dans le contexte tendu que vit l'île.
Le tourisme
- Le tourisme, une des premières activités de l'île, a été multiplié par quatre en vingt ans. La population double au mois d'août et 60 % des touristes viennent visiter l'île en période estivale.
Les touristes visitant la Corse sont en grande majorité Français. En 2007, 2,062 millions de touristes Français se sont rendus en Corse, soit 72,5 % du nombre total de touristes[4].
Le tourisme employait en 2005, 14 700 travailleurs en Corse (18 % des postes salariés du secteur privé). La restauration est le second employeur lié au tourisme après l'hôtellerie et plus de la moitié (58 %) des emplois du secteur sont générés par l'afflux de vacanciers.
Certaines régions corses dépendent du tourisme plus que d'autres[5],[6]. En particulier, dans le Vicolais (Vico, Cargèse, Piana) où les 1000 emplois liés au tourisme représentent plus de 70 % de l'emploi salarié du secteur privé[7].
23,6 % des touristes qui visitent la Corse sont en Balagne contre 19,3 % pour le Sud en 2009.
L'activité touristique en Corse, principalement tournée vers les activités balnéaires (80 % des hôtels et restaurants se trouvent le long du littoral), est dite « hyper saisonnière ». Les hôtels réalisent 93 % de leurs nuitées entre avril et octobre et le flux de passagers est multiplié par huit aux ports et aux aéroports entre janvier et août[8].
Principales activités touristiques:
- La nature, les réserve naturelle (plongée, randonnée).
- Les loisirs (bateaux, visites).
La Corse victime de la "maladie hollandaise"?
Le terme de maladie hollandaise décrit les effets de la mauvaise gestion d'une manne soudainement fournie par un secteur de l'économie dont le fonctionnement s'apparente à une forme de rente. Traditionnellement, l'expression s'applique pour les pays bénéficiant de ressources naturelles importantes (mines, pétrole ou gaz), mais elle peut aussi servir de cadre de réflexion dans le cas d'une économie tournée vers le tourisme.
Les symptômes de cette maladie hollandaise sont :- Un déséquilibre intersectoriel entre un secteur en expansion (ici le tourisme) et les difficultés des secteurs traditionnels (agriculture, industrie). Cela entraîne une migration des emplois des secteurs en crise vers celui en expansion.
- Développement des services non-commerciaux (non susceptibles d'être exportés et dont le prix est fixé localement, par exemple les coiffeurs) en jonction avec l'amélioration du niveau de vie des travailleurs liés au secteur en expansion.
- La vulnérabilité de l'ensemble de l'économie aux chocs extérieurs due à sa dépendance par rapport à un seul secteur.
- La faible importance de la recherche et du développement car le secteur en expansion en requiert peu. Correlativement, le besoin en travailleurs qualifiés est limité.
- Un impact environnemental fort[9].
Ces conditions sont réunies à des degrés divers en Corse. En 2002, le coefficient de spécialisation de l'île (qui mesure la similitude entre une économie et une autre, en l'occurrence celle de la France) était non seulement le plus élevé des régions françaises (0,207 contre 0,191 pour les DOM, 0,104 pour le Languedoc-Roussillon et 0,068 pour PACA), mais encore le plus élevé du bassin méditerranéen (0,205 pour les Baléares, 0,202 pour la Sicile, 0,125 pour la Sardaigne, 0.111 pour la Ligurie, 0,091 pour la Catalogne, 0,049 pour Valence et 0,048 pour la Toscane). Le déséquilibre intersectoriel en Corse est particulièrement marqué et résulte bien entendu de la place du tourisme dans l'économie régionale.
La croissance du secteur de la construction en Corse est un bon exemple du développement des services non-commerciaux. La crise de 1993-1997, générée par la dévaluation de la lire qui avait chassé les touristes italiens de l'île et fait régresser le PIB régional de 77 à 71 % de la moyenne nationale, illustre bien la vulnérabilité de l'économie corse aux chocs extérieurs. La faiblesse de la recherche sur l'île est mise en lumière par le dépôt en 2002 d'une moyenne de 3,8 brevets par millions d'habitants devant l'Office européen des brevets contre 144 brevets par millions d'habitants au plan national[10]. L'impact environnemental, quant à lui, bien que non négligeable est significativement plus réduit que dans de nombreuses régions méditerranéennes.
On peut donc affirmer que la Corse souffre de nombreux symptômes de la maladie hollandaise.
L'agriculture
Répartition de la surface agricole utilisée (2003)
Source: INSEE[11]Corse-du-Sud Haute-Corse Corse Cultures fruitières
1117
7047
8164
Vignes
927
6483
7410
Patûres
88 000
194 500
282 500
Céréales
20
1655
1675
Pomme de terre-Légumes
125
395
520
Fourrages annuels
340
650
990
Prairies artificielles
880
6000
6880
Jachères
130
520
650
Autres
172
629
801
Surface agricole utilisée
91 651
218 359
310 010
La part de l'agriculture dans l'économie se situe bien en deçà de la plupart des régions françaises. L'agriculture ne représentait en 2003 que 2,3 % du PIB corse, contre 3,5 % pour les régions de France métropolitaine moins l'Île-de-France. La part de l'agriculture dans le PIB est en diminution rapide : -12,5 % en 2003[2]. Seuls 36 % de la surface de l'île sont exploités pour l'agriculture, contre 54 % en moyenne nationale.
La culture intensive viticole et fruitière se concentre dans la plaine d'Aléria (Est) alors que le reste de l'île connaît une agriculture de montagne extensive dont les principales productions sont l'élevage, l'olivier et le châtaignier. Récemment, les surfaces boisées ont eu tendance à s'étendre.
Les exploitations
La population agricole est en diminution. En 2000, l'âge moyen des chefs d'exploitation était de 50 ans. L'INSEE propose trois raison pour expliquer le peu d'engouement des jeunes Corses pour l'agriculture :
- Les problèmes fonciers liés à l'indivision
- L'endettement excessif de certaines exploitations
- Les difficultés de certaines filières traditionnelles (notamment dans l'Est pour les productions légumières, viticoles et arboricoles)
Certains agriculteurs corses font face à cette situation en se diversifiant. Les petits exploitants (surtout les éleveurs d'ovins) se lancent dans la pluriactivité. Ils sont 24 % en Corse-du-Sud et 17 % en Haute-Corse. En revanche, l'agro-tourisme ne concerne que 4 % des exploitations.
Depuis 1988 près du tiers des exploitations de l'île ont disparu, le nombre total des exploitations est passé de 1017 à 664 en 2000. Comme la surface cultivée reste globalement inchangée, il en découle une consolidation et une concentration des exploitations. Ainsi, le nombre de celles de moins de 10 hectares a diminué de 48 % entre 1988 et 2000 alors que le nombre de celles de plus de 50 hectares a augmenté de 61 %. En effet, une rationalisation des activités agricoles centrée sur l'amélioration de la qualité a élevé le seuil de rentabilité des unités de production. Autre évolution notable : le métayage et l'exploitation directe par le propriétaire de la terre sont en recul notable au profit de la location (fermage).
Quelques chiffres (2003)
Source: INSEE[11]Corse Lait de chèvre (hl)
40 400
Lait de brebis (hl)
95 400
Œufs (milliers)
28 707
Miel (kg)
150 000
L'élevage
L'élevage est l'activité principale de l'agriculture corse (60 % des exploitations y sont consacrées). En 2003, le cheptel bovin était de 74 000 têtes. Les 41 000 vaches allaitantes de l'île produisaient en 2003 1 100 tonnes de veau l'an. On estime le nombre d'ovins à 152 585 et celui des caprins à 46 940. L'élevage extensif des porcins est typique de l'agriculture corse. Près de 90 % des agriculteurs produisent leur propre charcuterie. Les problèmes de la filière porcine sont importants (rentabilité de l'exploitation extensive, normes sanitaires) mais les 35 500 bêtes ne comblent pas la forte demande de charcuteries corses. L'élevage corse s'est engagé dans une quête de reconnaissance de la qualité de ses produits (brocciu et miel reconnu AOC en 1998 et charcuterie en 2006)[12]. Néanmoins, la production de lait de brebis et de chèvre est en déclin relatif depuis 20 ans.
Cultures végétales
La Corse s'est spécialisée dans la production d'agrumes et principalement de clémentines. La quasi totalité des clémentines françaises sont produites sur l'île (99 %). Le centre Corse de l'Inra est très impliqué dans le développement et la recherche de qualité des agrumes corses. En revanche la production de kiwi est en déclin rapide du fait du manque d'investissements. La production de châtaignes (en Castagniccia, dans le Taravo et la vallée de la Gravona) et d'olives (dans le sud, la Balagne et le Nebbio) sont en forte progression. L'huile corse a obtenu une AOC en 2004.
La viticulture
La production en masse de vins de table a connu un âge d'or avec l'installation sur la côte est des rapatriés d'Algérie qui amenèrent avec eux les pratiques agricoles modernes et la mécanisation. Mais l'effondrement de ce marché dans la décennie suivante entraîna une crise majeure du secteur. Au cours des années 1990, les surfaces cultivées se sont stabilisées autour de 7 000 hectares grâce à une stratégie d'amélioration de la qualité. Environ 17 % des vins corses AOP sont vendus en France continentale et 10 % sont exportés hors de France, pour les vins de pays ces proportions atteignent respectivement 35 % et 30 %. La viticulture est, en valeur, la première activité agricole corse (29 % du total). Liste des vins corses AOP (2003): Patrimonio, Corse Calvi, Corse coteaux du Cap Corse, Corse, Muscat du Cap-Corse, Ajaccio, Corse Porto-Vecchio, Corse Figari, Corse Sartène. A ceux-ci il faut ajouter ceux ayant reçu la dénomination Vin de pays : Vins de Pays de l'Ile de Beauté et Vin de Pays Portes de la Méditerranée[11].
Pêche
La pêche en Corse est avant tout une activité artisanale pratiquée par des bateaux de faible tonnage en majorité le long de la côte ouest. Les quelques chalutiers se concentrent à l'Est et exploitent le plateau continental de la mer Tyrrhénienne. Il n'y a pas de criée centralisant les échanges, l'INSEE estime cependant la production autour de 1 000 à 1 500 tonnes par an. La majorité des prises est consommée sur place. La pêche corse fait face à trois problèmes majeurs :
- La mauvaise conjoncture (prix du poisson au plus bas, inflation du prix des facteurs de production et en particulier du pétrole)
- Les tensions institutionnelles telles que les normes de qualité et environnementales de l'Union européenne et l'attribution des quotas de pêche par l'État en fonction de la puissance du navire (ce qui défavorise les pêcheurs artisanaux)
- Le manque de structures de commercialisation qui ouvrent les portes du marché corse aux importations.
Lutte pour la survie
Comme beaucoup d'agriculteurs français et européens, les exploitants corses font face à de nombreuses difficultés. Le revenu moyen des agriculteurs de Haute-Corse en 2004 était de 15.860 euros, en déclin de 10 % par rapport à 2002[13]. En sus, les agriculteurs corses souffrent d'une mauvaise image dans l'opinion publique et auprès des administrations (voir les affaires des « bergers incendiaires » et « vaches fictives » [14]). Cet a priori négatif a eu pour conséquence jusqu'en 2006 une fréquence bien plus élevée des contrôles inopinés de la Direction départementale de l'Agriculture en Corse (22 %) que sur le reste du territoire (4 %)[15]. Les principaux syndicats défendant les intérêts des agriculteurs corses sont la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, la CDJA et Via Campagnola.
Industrie
La Corse est la région la moins industrialisée de France. Dans le même temps, elle est aussi celle où la construction a le poids le plus important dans le PIB[2].
L'élan d'industrialisation de l'île commencé au milieu du XIXe siècle a été brisé par la saignée de la Première Guerre Mondiale. L'entre-deux-guerres a amorcé le processus qui a donné naissance à l'économie corse contemporaine faite d'emplois publics et d'émigration.
Les richesses naturelles de l'île ont longtemps été exploitées. En particulier, les scieries, les charbonneries et les mines (antimoine, plomb, fer).
L'énergie
En 2003, la Corse a consommé 132 500 tonnes équivalent pétrole (tep) d'énergie primaire dont 31 500 tep (soit 21 % des besoins) importé via le câble SACOI reliant la Sardaigne à la péninsule italienne via la Corse. Depuis 2006, un nouveau câble (SARCO) permet de livrer l'électricité produite en Sardaigne directement en Corse.
La consommation de produits pétroliers sur l'île s'établissait en 2003 à 520 300 tep et celle de l'électricité basse tension à 91 400 tep. Cette dernière est répartie entre les usages domestiques et professionnels respectivement à hauteur de 73 et 21 %. En 2003, la consommation par habitant était de 3 900 kWh en hausse forte et régulière depuis 1990 (plus 4 % l'an en moyenne).
Répartition de la consommation finale d'énergie en Corse par secteur en millier de tep (2002)
Source: Ministère de l'écologie[16]Produits pétroliers Gaz naturel Électricité Bois Total Industrie
1,5
0
0,8
0
2,3
Agriculture
4
0
0
0
4
Transports
255
0
0
0
255
Tertiaire
68,7
4
35,3
0
108,2
Résidentiel
32,3
17
61,7
56
167,8
Total
361
21
99
56
537
Les entreprises
Huit des dix entreprises corses les plus importantes appartiennent au secteur de la grande distribution et du commerce en gros. Les deux autres relèvent du transport aérien. Cela révèle la faiblesse du secteur industriel en Corse, particulièrement dommageable du fait qu'il est, avec les firmes de service aux entreprises, la principale source de financement de la recherche privée.
On pourrait y voir aussi la marque d'un monopole et d'une faible diversification doublement problématique pour l'économie de l'île. Un secteur privé ankylosé laisse à la commande publique le rôle de moteur du développement. Moins de 2,6 % des entreprises corses sont tournées vers l'export dont près du tiers sont des firmes agro-alimentaires lourdement subventionnées.
La Corse est aussi un épouvantail pour les investisseurs. En 2002, c'était la seule région française à ne compter aucun projet étranger d'envergure.
Une économie en crise
Une île pauvre et chère
La Corse est la région française où le plus d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté. En 2007, 18,8 % de la population étaient considérés comme pauvres. La pauvreté touche particulièrement les jeunes (22 %)[17].
Malgré sa pauvreté relativement aux autres régions françaises, la Corse est l'une de celles où le coût de la vie est le plus élevé. Les prix des produits alimentaires étaient en 2006 supérieurs de 9,7 % par rapport au sud-est de la France (jusqu'à 20 % pour les légumes). Les raisons le plus souvent avancées pour cet écart sont :
- L'insularité qui augmente le prix des transports.
- L'étroitesse du marché corse qui limite les économies d'échelle.
- L'absence de magasins casseurs de prix (hard-discount) sur l'île.
L'économiste du blog « Corse économie » rejette les deux premières hypothèses en relevant que des îles telles que Malte et Chypre, malgré des caractéristiques économiques et démographiques proches de celles de la Corse, ne souffrent pas d'un coût de la vie aussi élevé[18].
Ajaccio serait, en 2007, la ville française la plus chère. En moyenne, les prix affichés par les supermarchés y sont 15 % plus élevés que la moyenne nationale[19].
La saisonnalité de l'emploi
La saisonnalité de l'emploi liée au tourisme est aussi un problème majeur. Près de 20 % des emplois dans les services sont saisonniers. Un emploi lié au tourisme ne représente en moyenne que 40 % du volume horaire annuel d'un temps plein[7]. Ainsi, des 14 800 postes créés dans le secteur du tourisme en 2005, 10 500 étaient saisonniers, cela représente seulement l'équivalent de 6 800 emplois à temps plein. La saisonnalité de l'emploi est d'ailleurs en hausse : 15,5 % en 2007 contre 13 % en 2001. Les emplois saisonniers ne concernent les chômeurs corses que marginalement, attendu qu'un tiers de ces emplois reviennent à des travailleurs continentaux venant travailler en Corse pour quelques mois et qu'un autre tiers est occupé par des étudiants (« job d'été »)[17].
Vers une embellie ?
Une amélioration visible
La diminution du taux de chômage et dans une moindre mesure la progression des rémunérations du capital (+1,8 % de 2001 à 2005) ont contribué à l'augmentation du revenu disponible brut (RDB). Dans le même temps, la part des prestations sociales dans le RDB est passée de 40 % en 1995 à 31 % en 2005. Cette embellie est avant tout due à la bonne santé du secteur touristique et au boom de l'immobilier[20].
Le taux de chômage, après avoir dépassé les 16 % à la fin de 1997, est retombé à 8 % en janvier 2008, proche de la moyenne nationale[21] alors qu'il était plus élevé de 5 % en 1997[22]. Des chiffres clefs restent cependant mauvais et signalent que l'économie de l'île est toujours fragile : en 2007, 39 % des chômeurs corses étaient des chômeurs de longue durée et le chômage touchait environ 40 % des jeunes de l'île (moins de 25 ans). Le taux d'emploi des 15-64 ans, lui aussi est assez faible : 59 % alors que l'Union européenne a fixé 70 % comme objectif pour 2010. Les femmes (52 %) et les personnes de plus de 65 ans (34 %) sont particulièrement concernées[17].
Inégalité et faiblesse persistantes
Le salaire moyen est de 16 100 euros, soit 10 % de moins que la moyenne nationale. La Corse rattrape son retard dans ce domaine puisqu'en 2000, le RDB de l'île était de 12 % inférieur à celui de la France. Le revenu médian est lui aussi en progression puisque la différence avec la France est passé à 12 % contre 17,5 % en 2000. Alors que ce revenu médian est le second plus faible du pays, l'inégalité entre les ménages est la plus forte de France (ex-æquo avec l'Île-de-France). Les 10 % des ménages les plus riches ont en moyenne un revenu 7,2 fois plus élevé[23] que celui des 10 % les plus pauvres qui doivent se contenter de 4 100 euros par an en moyenne. Néanmoins, là aussi, la tendance est à l'amélioration puisqu'en 2000, le rapport inter-décile était de 8,5[17].
Ce fort niveau d'inégalité s'explique par : la saisonnalité des activités économiques, le faible taux d'emploi et le poids sur le marché du travail (50 % de l'emploi salarié privé) des activités peu rémunératrices (services à la personne, tourisme, bâtiment). Le service public (40 % des emplois, 44 % des rémunérations) permet de compenser la faiblesse des revenus du privé[17].
La Corse se porte mieux qu'il y a dix ou quinze ans, mais est cependant toujours une économie fragile. Trois problèmes apparaissent particulièrement pressants :
- La balance commerciale corse avec le reste du monde est très largement négative (-20 %).
- L'île est très dépendante de l'aide des aides publiques (elle « coûte » un milliard par an au contribuable)[24].
- La spécialisation toujours plus poussée dans le tourisme, la rend particulièrement fragile en cas de retournement de conjoncture.
Bilan et perspective
Si l'on considère le PIB par emploi et non par habitant, la Corse remonte de six places au classement des régions et n'a plus que 4,5 points de retard par rapport à la moyenne nationale au lieu de 11,5 pour le PIB/hab[2]. Mais les chances de faire augmenter la valeur des productions corses sont sérieusement limitées.
Éducation
Le premier de ces goulets d'étranglement est le manque d'investissement dans la recherche et développement. La Corse ne consacre que 0,24 % de son PIB aux R&D, soit neuf fois moins que la France et même deux fois et demie moins que la Sardaigne voisine.
De même, les efforts en termes de formation sont trop limités pour permettre le passage dans l'« économie de la connaissance ». Seuls 12,4 % de la population insulaire âgée de 25 à 64 ans est titulaire d'un diplôme universitaire. C'est deux fois moins que la moyenne nationale. Dans ce domaine, la Corse dispose d'une certaine avance sur sa voisine sarde, mais la différence est appelée à s'estomper rapidement. En effet, en 2004, plus de 47 % des Sardes âgés de 20 à 24 ans étaient étudiants contre seulement 30 % des jeunes Corses. De même, l'accès à la formation continue est très limité[25].
Cette situation s'explique en partie par l'émigration vers la France des lycéens et bacheliers corses – émigration souvent pérennisée par l'obtention d'un emploi sur le continent. Dans ces conditions, il y a peu de chances pour que la Corse attire des entreprises à forte valeur ajoutée, modernise son économie et compense le poids du tourisme par le développement de nouvelles activités.
Investissement
L'INSEE ne met malheureusement à la disposition du public ni les données relatives à l'épargne en Corse, ni celles se rapportant à l'investissement privé dans l'île. Dans ces conditions aucune conclusion ferme ne peut être avancée. Joseph Colombani, syndicaliste, cependant, voit l'épargne corse autour de 10 milliards d'euros [26]. Le journaliste Constant Sbraggia repris par le site du député UMP Camille de Rocca Serra avance une estimation plus basse : 8 milliards[27]. Joseph Colombani remarque cependant que le taux d'emprunt sur cette épargne est bas (il l'estime à 1 milliard d'euros). Si cette estimation est correcte et si l'investissement extérieur ne vient pas pas compenser ce manque en totalité (de l'ordre de 49 milliards selon Colombani, mais c'est une estimation haute), alors la Corse se trouve dans un état de sous-investissement chronique.
Voir aussi
Liens externes
- (fr)/(en) Portail d'Eurostat
- (fr) Le "commerce extérieur corse d'après les douanes françaises
- (fr) Atlas social de la Corse
- (fr) Atlas des populations immigrées en Corse
- (fr) Les études de l'Insee Corse
- (fr) Agreste, la page du ministère de l'Agriculture consacrée à la Corse
- (fr) Corse-Economie, analyse et conjoncture économique de la Corse
Notes et références
- PIB Corse selon l'INSEE
- Tableaux de l'économie corse 2005, INSEE, chapitre économie générale
- Blog Le Monde Retour sur les impôts Avril 08
- Conjecture tourisme: hôtellerie homologuée
- Insee : Emploi
- Insee : Repartition emploi
- Insee Quantile Corse
- Insee Trafic passagers
- ssrn.com) Carles Manera et Jaume Garau Taberner (2006) "The Recent Evolution and Impact of Tourism in the Mediterranean: The Case of Island Regions, 1990-2002" Fondazione Eni Enrico Mattei, Nota di Lavoro, 108, 42p. (
- Antoine Albertini (2008), Faut-il abandonner la Corse?, Larousse, Paris, 126p.
- Tableaux de l'économie corse, chap. 14 Agriculture-Pêche
- Tavaru le porc corse enfin reconnu.
- Corse Mémento régional, Déc. 2006
- Krinein Jack Palmer l'enquête corse
- U Ribombu Procès de Joseph Colombani Dec. 2006
- http://www.industrie.gouv.fr/energie/statisti/f1e_stats.htm L'énergie dans les régions françaises
- Blog Le Monde - Situation éco. - ménages corses - Mars 2008
- Blog Le Monde - Situation éco. - ménages corses - Avril 2008
- Le Figaro Ajaccio Grande distribution Mars 2008
- Blog Le Monde - Situation éco. - ménages corses - Février 2008
- Taux de chômage
- Insee Taux de chômage
- (rapport inter-décile)
- Ecopa matrice de comptabilité sociale
- Blog Le Monde, Jeux de comparaison, Fev. 07
- Corsica Nazione Terre et économie le débat Août 06
- Corsica L'épargne et l'entreprise se pacsent Mars 07
Catégorie :- Économie régionale française
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