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Zoltan de Hongrie
Zoltan (ou Soltan, Zaltas, Zolta, Zoltán, Zsolt, Zulta), né vers 896, mort en 948, fut duc de Hongrie de 907 à 948. Il est le quatrième fils d'Árpád, fondateur de la dynastie des Árpád.
Il fut, pendant la première moitié du Xe siècle, l'effroi de l'Allemagne, de la France et de l'Italie. Sous son aïeul, Almus, les Hongrois étaient descendus du mont Caucase, au nombre de 200 000 combattants et, comme les dignes enfants d'Attila, ils s'étaient partout frayé un chemin au milieu des flammes et du carnage. Ils s'arrêtèrent dans la Pannonie, entre les monts Carpathes et le Danube ; et ils s'étendirent dans la Moravie sous le duc Arpad, qui, à l'exemple de son père Almus, présenta son fils Zoltan aux chefs des tribus, pour recevoir leur serment de fidélité.
Dès lors les Hongrois commencèrent à se répandre comme un torrent pour dévaster les plus belles contrées de l'Europe. En 907, ils se jetèrent sur la Bavière. Le duc Léopold fut battu, l'archevêque de Salzbourg et deux autres évêques restèrent sur le champ de bataille. Les années suivantes, ils ravagèrent la Saxe, la Thuringe et la Franconie. Louis l'Enfant, défait sur le Lech, s'engagea à leur payer un tribut annuel. Les ravages continuèrent sous l'empereur Conrad ; l'histoire d'Allemagne n'offre point d'époque plus désastreuse. Les terribles Hongrois, n'éprouvant aucun obstacle, ravagèrent, en 916, les environs de Brême, de Hambourg ; et l'année suivante, ayant réduit en cendres la ville de Bâle, ils pillèrent l'Alsace et la Lorraine.
En 919, ils gagnèrent près de Laybach, sur les troupes de la Carinthie, une bataille à laquelle le patriarche d'Aquilée échappa comme par miracle. En 920, conduits par Bogat et Darsac, lieutenants du duc Zoltan, ils pénétrèrent en Italie, s'avançant sur Aquilée, Vérone et Pavie. Bérenger, duc de Lombardie, acheta la paix à des conditions honteuses ; il eut même la lâcheté de se liguer avec ce peuple féroce pour opprimer ses voisins.
En 922, les Hongrois défirent l'empereur Henri, qui fut obligé de se réfugier dans un fort près de Wurzen en Saxe. Après avoir ravagé cette province, la Franconie, la Souabe et les bords du lac de Constance, ils se jetèrent sur la Suisse, l'Alsace, la Lorraine ; de là ils revinrent sur la Thuringe et la Saxe. L'empereur Henri s'enferma dans Werla. Ayant, dans une sortie, pris un des chefs ennemis, les Hongrois offrirent pour sa rançon une somme très considérable. L'empereur, au lieu d'argent, demanda une trêve de neuf ans, et le prisonnier fut rendu à cette condition.
Sur l'invitation de Bérenger, les Hongrois vinrent, en 924, mettre le siège devant Pavie ; la ville fut prise, réduite en cendres, et les habitants massacrés. Les évêques de Pavie et de Verceil restèrent parmi les morts. Pour revenir en Hongrie, les barbares se dirigèrent sur la Provence, et s'avancèrent jusqu'à Nîmes (925) ; Zoltan donna alors à ses troupes quelques moments de repos ; il en profita pour distribuer dans les provinces de son empire les troupeaux d'esclaves que ses armées poussaient devant elles.
En 932, il rentra dans la Saxe ; mais il fut complètement battu devant Mersebourg, où il perdit 36 000 hommes. Il s'en vengea sur l'empire d'Orient, qui, voyant les Hongrois approcher de Constantinople, acheta la paix au poids de l'or. En 935, Zoltan parcourait encore une fois la Souabe, l'Alsace, la Lorraine et la Bourgogne ; à l'approche du roi Rodolphe, il se jeta sur l'Italie, et pénétra jusqu'aux portes de Naples.
Il revint à travers la Bourgogne, la Thuringe, la Franconie et la Bavière ; et en 937, il alla encore dévaster la Lorraine, la Bourgogne, et revint par la Savoie et l'Italie. Deux ans plus tard, Hugues, duc de Lornbardie, acheta la paix en lui donnant dix boisseaux d'argent. En 943, ce farouche conquérant était aux portes de Constantinople. Les Grecs, selon leur usage, donnèrent de l'or, et ils obtinrent une trêve de cinq ans.
Chaque année les troupes de Zoltan changeaient de direction. En 947, elles s'avancèrent à travers l'Italie ; en 953, elles pénétrèrent en France jusqu'à Reims et Châlons.
Un annaliste, décrivant la consternation générale, dit :
« Ces Hongrois tombent partout à l'improviste ; la terre gémit sous les pieds de leurs chevaux qui vont avec la vitesse de leurs flèches ; les campagnes sont pareilles à un gouffre qu'ils couvrent avec leurs lances et leurs casques. »Zoltan avait détaché trois de ses lieutenants, dont deux, avec 60 000 hommes, mirent le siège devant Augsbourg, pendant que le troisième, à la tète de 40,000, pénétrait dans la Thuringe. L'empereur Othon Ier entra en Souabe, à la tête de son armée, le jour de la Saint Laurent (955) ; il attaqua les Hongrois postés sur le Lech, et gagna sur eux une bataille qui fut le jour de délivrance pour l'Allemagne. Les deux lieutenants, faits prisonniers, furent remis au duc de Bavière, qui les fit pendre à Ratisbonne. Sept généraux hongrois survécurent au carnage ; on les renvoya à Zoltan, après leur avoir coupé les oreilles. Cependant le troisième lieutenant de ce conquérant, qui avait pénétré jusqu'à Fulda, vengea ses frères d'armes en faisant massacrer par milliers les prisonniers qu'il conduisait en esclavage. La victoire d'Othon rendit le courage et la confiance à l'Allemagne ; l'Autriche et la Bavière relevèrent leurs villages et leurs villes ; des colonies vinrent remplacer les habitants que l'ennemi avait massacrés ou jetés dans les fiefs.
Mais ce qui est assez digne de remarque, c'est que ce désastre fut un bonheur pour Zoltan et pour son duché ; il comprit dès lors qu'il était temps de travailler à changer les mœurs et lées habitudes de ses peuples, et qu'il fallait arrêter dans leurs courses ces hordes asiatiques, pour amener par degrés, au milieu d'elles, la civilisation européenne. Sans paraître découragé par ses revers, il alla lui-même tracer, avec la pointe de son sabre, les limités de son duché, qui, selon les auteurs contemporains, s'étendaient au sud jusqu'à la mer Adriatique, comprenant une partie de la Styrie, la Dalmatie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Transylvanie et une partie de la Valachie. Les princes de la Moravie, les faibles descendants de Swientopelk acquittaient un tribut annuel.
Zoltan annonça que tous ses soins allaient se diriger vers l'administration intérieure. Quoique affaibli par l'âge, il était encore trop puissant, trop redouté pour avoir à craindre que ses voisins vinssent insulter les limites qu'il venait de leur assigner. La religion chrétienne se montrait de loin pour adoucir les mœurs de sa nation. Giulay, un des généraux envoyés comme otages à Constantinople, y avait reçu le baptême et avait pris le nom d'Etienne. Étant revenu en Transylvanie, dont Zoltan lui avait confié le gouvernement, il fut l'apôtre de cette province.
Sa fille Sarolta, appelée en langue slave Biala Knegnina, la reine blanche, épousa Geysa, petit-fils de Zoltan, et elle donna, avec le baptême, le nom de son père à son fils aîné, que la Hongrie révère comme son premier roi, et qu'elle invoque comme l'apôtre de la nation, sous le nom de Saint-Étienne Ier.
Zoltan donna en quelque sorte à son gouvernement des formes représentatives en confiant l'autorité législative aux princes des tribus et aux chefs des familles.
Source
« Zoltan de Hongrie », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
- Gyula Kristo Histoire de la Hongrie Médiévale Tome I le Temps des Arpads Presses Universitaires de Rennes (2000)(ISBN 2-86447-533-7).
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