- Varanus komodoensis
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Dragon de Komodo
Pour les articles homonymes, voir Dragon.Varan de KomodoVaranus komodoensis[1]. Classification classique Règne Animalia Embranchement Chordata Classe Reptilia Ordre Squamata Sous-ordre Autarchoglossa Famille Varanidae Genre Varanus Nom binominal Varanus komodoensis
Ouwens(en)[2], 1912Statut de conservation IUCN :
Répartition géographique D'autres documents multimédia
sont disponibles sur CommonsParcourez la biologie sur Wikipédia : Le dragon de Komodo (Varanus komodoensis) est une espèce de varan qui habite les îles de Komodo, Rinca, Florès, Gili Motang et Gili Dasami, en Indonésie centrale[3]. Membre de la famille des varanidés, il est la plus grande espèce vivante de lézard avec une longueur moyenne de 2 à 3 mètres et un poids d'environ 70 kg. Sa taille inhabituelle est attribuée au gigantisme insulaire, car il n'y a pas d'autres animaux carnivores pour occuper la niche sur les îles où il vit et aussi à son faible besoin d'énergie[4],[5]. En raison de leur taille, ces varans, avec l'aide de bactéries symbiotiques, dominent les écosystèmes dans lesquels ils vivent[6]. Bien que les dragons de Komodo mangent surtout des charognes, ils se nourrissent aussi de proies qu'ils chassent comme des invertébrés, des oiseaux et des mammifères.
L'accouplement a lieu entre mai et juin et les œufs sont pondus en septembre. Une vingtaine d'œufs sont déposés dans des nids abandonnés de mégapodes et sont incubés pendant sept à huit mois. L'éclosion a lieu en avril, quand les insectes sont les plus abondants. Les jeunes dragons de Komodo sont vulnérables et doivent donc se réfugier dans les arbres, à l'abri des adultes cannibales. Il leur faut environ trois à cinq ans pour arriver à l'âge adulte et ils peuvent vivre jusqu'à cinquante ans. Ils sont parmi les rares vertébrés capables de parthénogenèse, mode de reproduction dans lequel les femelles peuvent pondre des œufs viables alors que les mâles sont absents[7].
Les dragons de Komodo ont été découverts par les scientifiques occidentaux en 1910. Leur grande taille et leur réputation redoutable les a rendus populaires dans les zoos. Dans la nature, leur aire de répartition a été réduite en raison des activités humaines et ils sont considérés comme vulnérables par l'UICN. Ils sont protégés par la loi indonésienne, et un parc national, le parc national de Komodo, a été fondé pour aider à leur protection.
Sommaire
Évolution
L'évolution du dragon de Komodo a commencé avec l'apparition des premiers varans en Asie il y a environ 40 millions d'années, varans qui ont émigré vers l'Australie. Il y a environ 15 millions d'années, une collision entre l'Australie et l'Asie du Sud-Est a permis aux varans de passer dans ce qui est aujourd'hui l'archipel indonésien. On pense que le dragon de Komodo est apparu il y a 4 millions d'années, se différenciant de ses ancêtres australiens et élargissant son territoire jusqu'à l'île de Timor à l'est. Une baisse importante du niveau de la mer au cours de la dernière période glaciaire a découvert de vastes étendues du plateau continental que le dragon de Komodo a colonisé, puis il s'est retrouvé isolé dans son île lorsque le niveau de la mer a remonté[8].
Description
Dans la nature, un dragon de Komodo adulte pèse habituellement autour de 70 kg[9], bien que les spécimens en captivité soient souvent plus lourds. Le plus grand spécimen sauvage contrôlé faisait 3,13 mètres de long et pesait 166 kg, y compris avec les aliments non digérés[8]. Il est de couleur vert foncé, gris ou noir ce qui lui permet d'être discret et de pouvoir attraper ses proies par surprise. Le dragon de Komodo a une queue aussi longue que son corps, ainsi que près de 60 dents cannelées qui tombent et sont fréquemment remplacées qui peuvent mesurer jusqu'à 2,5 cm de longueur. Sa salive est souvent teintée de sang, parce que ses dents sont presque entièrement couvertes par les tissus gingivaux qui sont naturellement déchirés pendant que l'animal mange[10]. Cela crée un milieu de culture idéal pour les souches virulentes de bactéries qui vivent dans sa bouche[11]. Il a également une longue langue jaune profondément fourchue[8]. Ses pattes se terminent par de longues griffes courbes.
Sens
Le dragon de Komodo ne dispose pas d'un sens particulièrement aigu de l'ouie, en dépit de ses conduits auditifs bien visibles et est seulement en mesure d'entendre les sons entre 400 et 2000 hertz[12],[8]. On pensait même qu'il était sourd après qu'une étude sur le sujet ait montré qu'il n'avait aucune réaction à la voix murmurée, à la voix posée ou à la voix criée. Cette théorie fut mise à mal lorsqu'un employé du jardin zoologique de Londres, Joan Proctor, dressa un spécimen du parc à sortir pour se nourrir au son de sa voix, même quand il ne pouvait pas le voir[13].
Il est capable de voir jusqu'à 300 mètres, mais parce que ses rétines ne contiennent que des cônes, on pense qu'il doit avoir une mauvaise vision de nuit. Le dragon de Komodo est en mesure de voir en couleur, mais il a une pauvre discrimination visuelle des objets immobiles[14].
Le dragon de Komodo utilise sa langue pour détecter les stimuli gustatifs et olfactifs, comme beaucoup d'autres reptiles, avec l'organe voméro-nasal ou organe de Jacobson, un sens qui l'aiderait à se déplacer dans l'obscurité[11]. Avec l'aide d'un vent favorable et son balancement de tête d'un côté à l'autre lorsqu'il marche, le dragon de Komodo est en mesure de détecter des charognes situées jusqu'à 4 et même 9,5 kilomètres de distance[10][14].
Ses narines ne lui sont pas d'une grande utilité pour analyser les odeurs car l'animal n'a pas de diaphragme pour contrôler sa respiration et ainsi pouvoir reconnaitre avec précision les odeurs[10][15].
Il ne dispose que de peu de papilles gustatives au fond de sa gorge[11].
Ses écailles, qui sont ossifiées possèdent pour certaines des plaques sensorielles connectées à des nerfs pour faciliter son sens du toucher. Les écailles autour des oreilles, des lèvres, du menton, et de la plante des pattes peuvent avoir trois fois plus de plaques sensorielles[10].
Écologie
Le dragon de Komodo apprécie les lieux chauds et secs et vit en général dans des zones de prairies, de savanes ou de forêts tropicales à basse altitude. En tant qu'animal poïkilotherme, il est plus actif dans la journée, même s'il présente une certaine activité nocturne. Il est très souvent solitaire, se rapprochant des autres seulement pour s'accoupler et manger. Il peut courir jusqu'à 20 km/h sur de courtes distances, plonger jusqu'à 4,5 mètres de profondeur, grimper dans les arbres lorsqu'il est jeune en utilisant ses griffes puissantes[9]. Pour attraper des proies hors de portée, il peut se dresser sur ses pattes arrière en utilisant sa queue comme point d'appui[13]. Lorsque le dragon de Komodo arrive à l'âge adulte, il utilise les griffes de ses pattes antérieures afin de creuser des galeries qui peuvent atteindre 1,3 mètre de large[16]. En raison de sa grande taille et de son habitude de dormir sous terre, il est capable de conserver la chaleur de son corps tout au long de la nuit et de minimiser sa période de réchauffement matinale[17]. Le dragon de Komodo chasse généralement l'après-midi, mais reste à l'ombre dans les racines traçantes d'un arbre pendant les heures les plus chaudes de la journée[18]. Ses lieux de repos sont généralement situés sur des corniches balayées par une brise de mer fraiche, marquées par ses déjections et débarrassées de toute végétation. Elles servent également d'emplacement stratégique, à partir duquel ils peuvent tendre une embuscade à un cerf[19].
Régime alimentaire
Les dragons de Komodo sont carnivores. Les adultes, bien qu'ils se nourrissent essentiellement de charognes[4], peuvent également le faire de proies vivantes dont ils s'approchent furtivement. Lorsqu'ils sont arrivés à proximité de leur proie, ils attaquent soudainement et vont la mordre au ventre ou à la gorge[10] ou, si elle n'est pas de trop grande taille, lui casser la colonne vertébrale d'un coup de gueule. Ils sont en mesure de localiser leurs proies en utilisant leur sens de l'odorat très développé qui leur permet de localiser un animal mort ou mourant à une distance de près de 10 kilomètres[10]. On a vu des dragons de Komodo assommer des cerfs ou des porcs d'un coup de queue[20].
Les dragons de Komodo mangent en déchirant de grands morceaux de chair de leur proie et avalent le morceau tout en maintenant la carcasse avec leurs pattes avants. Pour de plus petites proies -jusqu'à la taille d'une chèvre-, leurs mâchoires à articulation lâche, leur crâne souple et leur estomac extensible leur permettent d'avaler si besoin leur proie tout entière. Ils évitent de consommer les végétaux contenus dans l'estomac et les intestins de leur proie[19]. Ils produisent une grande quantité de salive rouge qui leur permet de lubrifier leur nourriture, mais la déglutition est toujours un processus long (il leur faut 15 à 20 minutes pour avaler une chèvre). Ils peuvent essayer d'accélérer le processus en appuyant la carcasse contre un arbre pour la forcer à s'enfoncer dans leur gorge, poussant parfois avec tellement de force que l'arbre est renversé[19]. Il faut savoir que pour éviter de s'étouffer en avalant leur proie, ils respirent à l'aide d'un conduit placé sous la langue et allant aux poumons[10]. Après avoir mangé jusqu'à 80 pour cent de leur propre poids en un repas[6], ils s'installent à un endroit ensoleillé pour accélérer la digestion, pour éviter que la nourriture pourrisse et les empoisonne. En raison de leur métabolisme lent, les grands dragons peuvent survivre en ne faisant que 12 repas par an[10]. Après avoir fini de digérer, les dragons de Komodo régurgitent les cornes, poils et dents de leurs proies (bézoard) entourés d'un mucus malodorant. Après avoir régurgité leur bézoard, ils se frottent la gueule dans la terre ou sur les buissons environnants pour se débarrasser du mucus, ce qui donne à penser que, comme les humains, ils n'apprécient pas l'odeur de leurs propres déjections[10].
Les plus gros animaux mangent généralement en premier tandis que les plus petits suivent dans un ordre hiérarchique. Le plus grand des mâles affirme sa position dominante et les subalternes montrent leur soumission par l'usage de signes corporels, de sifflements et de grondements. Les dragons de taille égale peuvent avoir recours à la "lutte". Généralement les perdants battent en retraite mais ils peuvent aussi être tués et mangés par les vainqueurs[10].
Le dragon de Komodo a un régime alimentaire très varié, qui comprend des invertébrés, d'autres reptiles (y compris des petits dragons de Komodo), des oiseaux, des œufs d'oiseaux, de petits mammifères, des singes, des sangliers, des chèvres, des cerfs, des chevaux et des buffles[21]. Les jeunes dragons mangent des insectes, des œufs, des geckos et de petits mammifères[4]. Parfois, ils s'attaquent à l'homme (surtout aux enfants qui vivent à proximité et oublient le danger) et aux cadavres humains en creusant les tombes pour les déterrer[13]. Cette habitude de s'attaquer aux morts a obligé les villageois de Komodo à déplacer leurs tombes des sols sablonneux vers des sols argileux et en les couvrant de tas de pierres pour dissuader les dragons de creuser[19]. Le dragon de Komodo pourrait avoir évolué vers le gigantisme pour se nourrir de l'éléphant nain local, le Stégodon aujourd'hui disparu qui vivait sur l'île de Flores il y a encore 12 000 ans, selon le biologiste évolutionniste Jared Diamond[22]. Le dragon de Komodo a également été observé surveillant les biches parturiantes dans l'espoir de récupérer les restes qu'ils pourront manger, une technique qui a également été observée chez les grands prédateurs d'Afrique[22].
Parce que le dragon de Komodo ne dispose pas de diaphragme, il ne peut pas aspirer l'eau pour la boire ni la lapper avec sa langue. Il est obligé de stocker une gorgée d'eau dans sa gueule puis de lever la tête pour laisser couler l'eau dans sa gorge[10].
Venin et bactéries
À la fin de 2005, des chercheurs de l'université de Melbourne sont arrivés à la conclusion que le varan Perenti (Varanus giganteus), d'autres espèces de varans et certains agamidae pouvaient être légèrement venimeux. L'équipe de chercheurs a montré que les effets immédiats des morsures de ces reptiles étaient causés par une légère envenimation. On a observé les effets des morsures de doigts humains par un varan bigarré (V. varius), un dragon de Komodo et un Varanus scalariset on a obtenu des symptômes similaires dans les trois cas : œdème rapide du bras, perturbation locale de la coagulation du sang, douleur remontant au coude, certains symptômes durant plusieurs heures[23]. On suppose que tous les reptiles venimeux ou non incluant les serpents ont en commun un ancêtre venimeux [23].
Les dragons de Komodo possèdent également des bactéries virulentes dans leur salive, dont plus de 28 souches gram-négatif et 29 Gram-positif ont été isolées[24]. Ces bactéries provoquent une septicémie chez leur victime, si une première morsure ne la tue pas et si la proie s'échappe, qui aboutira au décès de l'animal en moins d'une semaine à la suite d'une infection généralisée. La bactérie la plus nocive dans la salive du dragon de Komodo semble être, à partir d'études faites sur des souris de laboratoire, une souche très pathogène de Pasteurella multocida[25]. Il n'existe pas d'antidote spécifique à la morsure d'un dragon de Komodo, mais on peut généralement traiter la plaie par nettoyage de la zone blessée et par administration de fortes doses d'antibiotiques. Si elle n'est pas traitée rapidement, la nécrose peut rapidement se développer autour de la morsure, pouvant nécessiter l'amputation de la zone touchée. Parce que le dragon de Komodo semble à l'abri de ses propres microbes, beaucoup de recherches ont été faites sur la ou les molécules antibactériennes possédées par l'animal dans l'espoir d'une utilisation médicale[26].
Reproduction
L'accouplement se produit entre mai et août et les œufs sont pondus en septembre[8]. Au cours de cette période, les mâles luttent les uns contre les autres pour la conquête des femelles et d'un territoire en se dressant sur leurs pattes postérieure puis en maintenant le perdant au sol. Les mâles peuvent vomir ou déféquer lors de leur préparation au combat[13]. Le vainqueur de la lutte ira alors lécher la femelle de sa longue langue pour obtenir des informations sur sa réceptivité[6]. Les femelles sont opposantes et résistent avec leurs griffes et leurs dents au cours des premières phases de la cour. Par conséquent, le mâle doit bien enserrer la femelle pendant le coït pour éviter d'être blessé. Une autre méthode de cour consiste pour le mâle à frotter son menton sur la femelle, à lui gratter fortement le dos et à la lécher[27]. La copulation se produit lorsque le mâle insère l'un de ses hémipénis dans le cloaque de la femelle[14]. Les dragons de Komodo sont monogames et forment des couples, un comportement rare pour les reptiles[13].
La femelle pond ses œufs dans des terriers à flanc de colline ou dans les nids abandonnés de mégapodes de Reinwardt avec une préférence pour la seconde méthode[28]. Les portées contiennent une moyenne de 20 œufs qui ont une période d'incubation de 7 à 8 mois[13]. La femelle se trouve sur les œufs pour les couver et les protéger jusqu'à ce qu'ils éclosent vers le mois d'avril, à la fin de la saison des pluies, lorsque les insectes sont nombreux. L'éclosion est un effort épuisant pour les jeunes qui sortent de leur coquille avec un diamant qui tombe peu après. Après avoir cassé leur coquille, les nouveau-nés doivent se reposer pendant des heures avant de commencer à sortir du nid. Les nouveau-nés sont sans défense et nombreux sont ceux qui sont mangés par des prédateurs[10].
Les jeunes dragons de Komodo passent une grande partie de leurs premières années dans les arbres, où ils sont relativement à l'abri des prédateurs, y compris des adultes cannibales, pour qui les jeunes dragons représentent 10% de leur alimentation[13]. Selon David Attenborough, l'habitude de cannibalisme peut être avantageuse dans le maintien de la grande taille des adultes[20]. Quand les jeunes sont menacés par un adulte, ils s'enduisent de matières fécales ou se cachent dans des intestins d'animaux éviscérés afin de se protéger[13]. Il faut environ trois à cinq ans aux dragons de Komodo pour arriver à maturité, et ils peuvent vivre jusqu'à 50 ans.[16].
Parthénogenèse
Article détaillé : Parthénogenèse.Un dragon de Komodo femelle du zoo de Londres, nommé Sungai, pondit des œufs à la fin de 2005 après avoir été prêté par le zoo de Thoiry et séparé de la compagnie de tout mâle depuis plus de deux ans. Les scientifiques avaient d'abord cru qu'elle avait été en mesure de stocker le sperme de sa première rencontre avec un mâle, un type particulier de superfécondation[29]. Le 20 décembre 2006, Flore, un autre dragon de Komodo vivant en captivité au zoo de Chester en Angleterre, fut le deuxième dragon de Komodo à pondre des œufs non fécondés : elle a pondu 11 œufs, 7 d'entre eux ont éclos, tous des mâles. Les scientifiques de l'Université de Liverpool en Angleterre effectuèrent des tests génétiques sur trois œufs avortés après les avoir placés dans un incubateur et vérifièrent que Flore n'avait eu aucun rapport sexuel avec un dragon mâle. Après cette découverte sur les œufs de Flore, les tests sur ceux de Sungai confirmèrent qu'ils n'avaient pas non plus été fécondés[30].
Les dragons de Komodo sont porteurs de chromosomes sexuels WZ contrairement aux mammifères porteurs du système XY. Dans ce système, les mâles possèdent deux chromosomes sexuels ou gonosomes ZZ identiques, alors que la femelle a deux gonosomes différents WZ. On suppose à l'heure actuelle qu'au moment de la deuxième division de la méiose, lors de l'anaphase, les chromosomes simples brins restent dans un des deux ovocytes, le second dégénérant de sorte que les individus seront porteurs des mêmes gonosomes WW ou ZZ. Or les individus WW ne sont pas viables, le chromosome W étant déficient en un certain nombre de gènes indispensables à la vie(un peu comme le YY) et donc seuls les individus ZZ (des mâles) seront viables[31],[32]
On suppose que ce mode de reproduction permet à une femelle vivant seule dans une niche écologique isolée d'assurer sa descendance dans un premier temps par parthénogénèse en lui permettant de donner la vie à de futurs mâles reproducteurs, dans un deuxième temps en s'accouplant avec les mâles procréés d'obtenir une nouvelle génération possédant mâles et femelles[31]. Malgré les avantages d'une telle adaptation, les zoos ont été avertis que la parthénogenèse pouvait être préjudiciable à la diversité génétique de l'espèce[33]
Le 31 janvier 2008, le zoo du comté de Sedgwick à Wichita, au Kansas, est devenu le premier zoo américain à observer une reproduction par parthénogenèse de dragons de Komodo. Le zoo a deux femelles adultes de dragons de Komodo, l'une d'elles a pondu 17 œufs les 19 et 20 mai 2007. Seuls deux œufs ont été incubés et ont éclos pour des questions de place, le premier est né le 31 janvier 2008, tandis que le second est né le 1er février. Les deux nouveau-nés étaient des mâles[34],[35]
Historique
Découverte par le monde occidental
Les dragons de Komodo sont connus depuis toujours par les habitants de l'île qui l'appellent buaja darat ou ora, le « crocodile terrestre ». L’existence du dragon de Komodo est rapportée pour la première fois au début du XXe siècle, par deux pêcheurs de perles hollandais, messieurs Kock et Aldégon. Lors d’un voyage en Indonésie, ils se seraient trouvés en face de cette bête horrifiante et le sang se glaça dans leurs veines. Pour des Européens, la surprise était totale mais les indigènes connaissaient bien le monstre. Ce sont eux qui apprirent aux pêcheurs que l'animal qu’ils avaient rencontré s’appelaient « Ora » dans la langue de l’endroit et qu’il était si féroce qu’il pouvait terrasser un bœuf et même s’attaquer à un homme.
En 1910, d'autres pêcheurs transmettent ces propos inquiétants au gouverneur de la région, le lieutenant Van Steyn Hensbroek de l'administration coloniale hollandaise, qui rapporta des rumeurs de l'existence d'un crocodile terrestre dans la région[36]. La connaissance s'est généralisée après 1912, lorsque Peter Ouwens, la directeur du musée zoologique à Bogor sur l’île de Java, publia un article sur le sujet après avoir reçu une photo et une peau du lieutenant, ainsi que deux autres spécimens provenant d'un collectionneur[2]. Par la suite, la découverte du dragon de Komodo sera le facteur déterminant pour l'organisation d'une expédition sur l'île de Komodo par W. Douglas Burden en 1926. Il revint avec 12 spécimens préservés et deux animaux vivants et cette expédition fut à l'origine de l'inspiration du film King Kong en 1933[37]. Burden fut également à l'origine du nom commun "dragon de Komodo"[18]. Trois de ses spécimens furent empaillés et sont encore visibles dans le Musée américain d'histoire naturelle[38].
Études
Les Hollandais, réalisant le nombre limité d'individus disponibles dans la nature, en ont interdit la chasse et ont fortement limité le nombre de prélèvements autorisé pour l'étude scientifique. Les expéditions de collecte ont été arrétées au début de la Seconde Guerre mondiale, pour ne reprendre que dans les années 1950 et 1960, lorsqu'on a lancé des études sur le dragon de Komodo pour connaître son comportement alimentaire, son mode de reproduction et la régulation de sa température corporelle. À cette époque, une expédition a été planifiée pour organiser une étude à long terme du dragon de Komodo. Cette tâche a été confiée à la famille Auffenberg, qui est restée sur l'île de Komodo pendant onze mois en 1969. Au cours de leur séjour, Walter Auffenberg et son assistant Putra Sastrawan ont capturé et marqué plus de 50 dragons de Komodo[26]. Les recherches de l'expédition se révéleront extrêmement importantes pour l'élevage de dragons de Komodo en captivité[3]. Les recherches qui ont suivi celles d'Auffenberg avec des biologistes, tels que Claudio Ciofi et qui continuent à étudier les dragons ont apporté plus de lumière sur la connaissance de l'animal[39].
Conservation
Le dragon de Komodo est une espèce vulnérable et figure sur la liste rouge de l'UICN[40]. Il y a entre 4000 et 5000 dragons de Komodo vivant à l'état sauvage. Ils ne vivent que dans les îles de Gili Motang (100), Gili Dasami (100), Rinca (1300), Komodo (1700) et Flores (peut-être 2000))[3]. Toutefois, il ne semble plus exister que 350 femelles reproductrices[41]. Pour répondre à une telle préoccupation, le Parc national de Komodo a été créé en 1980 pour protéger les populations de dragons de Komodo, y compris sur les îles de Komodo, Rinca et Padar[42]. Plus tard, le réserves de Wae Wuul et Wolo Tado ont été ouvertes sur l'île de Flores pour aider à la conservation du dragon de Komodo[39]. On a prouvé que les dragons de Komodo sont de plus habitués à la présence humaine, car ils sont souvent nourris des carcasses d'animaux sur plusieurs stations d'alimentation implantées pour les touristes[4].
L'activité volcanique, les tremblements de terre, la perte d'habitat, le feu (la population à Padar a été presque détruite par un feu de forêt et a mystérieusement disparu depuis[39],[10]), diminution du nombre de proies, tourisme et braconnage ont tous contribué à la vulnérabilité du dragon de Komodo. En vertu de l'Annexe I de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction), le commerce de peaux ou de spécimens est illégale[15],[43]
Le biologiste australien Tim Flannery a suggéré que l'écosystème australien pourrait bénéficier de l'introduction de dragons de Komodo, qui pourrait occuper en partie le grand créneau carnivore laissé vacant par l'extinction du varanidé géant Megalania. Toutefois, Flannery plaide pour la plus grande prudence et une extension progressive de ces expériences, en particulier car «le problème de la prédation des grands varanidés sur l'homme ne doit pas être sous-estimé». Il se sert de l'exemple de la réussite de la coexistence des hommes avec les crocodiles d'eau salée au nord de l'Australie comme preuve que les Australiens peuvent s'adapter avec succès à une telle expérience[44]
Bien que les attaques contre l'homme soient très rares, les dragons de Komodo peuvent en tuer. Le 4 juin 2007, un dragon de Komodo a attaqué un garçon de huit ans sur l'île de Komodo. Il est décédé d'une hémorragie massive. C'était le premier attentat meurtrier en 33 ans[45]. Les autochtones ont reproché l'attaque aux environnementalistes qui ne vivent pas sur l'île car ils interdisent les sacrifices de chèvres, ce qui provoque un manque de sources de nourriture pour les dragons et les oblige à errer dans les territoires habités à la recherche de nourriture. Pour les indigènes de l'île de Komodo, les dragons de Komodo sont en fait la réincarnation de concitoyens décédés et sont donc traités avec respect[46].
En captivité
Les dragons de Komodo ont longtemps été des attractions importantes pour les zoos, où leur taille et leur réputation les rendaient populaires. Ils y sont cependant rares car ils sont souvent porteurs d'infections et de maladies parasitaires si capturés dans la nature et ne sont pas faciles à reproduire en captivité[41].
Le premier dragon de Komodo a été exposé en 1934 au parc zoologique de Washington, aux États-Unis, mais il a vécu pendant deux ans seulement. Plusieurs autres tentatives d'exposition de dragons de Komodo ont été faites par la suite, mais la durée de vie de ces créatures a été très courte, avec une moyenne de cinq ans pour le zoo de Washington. Les études réalisées par Walter Auffenberg, qui ont été rapportées dans son livre The Behavioral Ecology of the Komodo Monitor, ont ensuite permis d'élever avec plus de succès et de faire reproduire des dragons en captivité[3].
On a observé que de nombreux dragons s'apprivoisent rapidement en captivité. On a signalé de nombreuses fois que des gardiens avaient fait sortir des animaux captifs de leur enclos pour venir parmi les visiteurs, y compris de jeunes enfants, sans aucun incident[47],[48]. Les dragons sont également capables de reconnaître les individus. Ruston Hartdegen du zoo de Dallas rapporte que leurs dragons de Komodo réagissaient différemment lorsqu'ils étaient en présence de leur gardien, d'un gardien moins familier ou d'un gardien totalement inconnu[49].
Les recherches sur les dragons de Komodo en captivité ont également fourni la preuve qu'ils se livrent au jeu. Une étude a porté sur un dragon qui poussait une pelle abandonnée par son propriétaire, apparemment pour écouter le bruit de la pelle sur les cailloux. Une jeune femelle dragon du Zoo de Washington récupérait différents objets comme des statues, des canettes, des anneaux en plastique et des couvertures pour les secouer. Elle insérait également sa tête dans des boîtes, des chaussures et d'autres objets. Elle ne confondait pas ces objets avec de la nourriture, comme elle se contentait de les avaler s'ils étaient couverts de sang de rat. Ce jeu social est fortement comparable au jeu chez les mammifères[6].
. Une autre façon de jouer pour les dragons de Komodo a été décrite à l'université du Tennessee, où un jeune dragon de Komodo nommé "Kraken" s'amusait avec des anneaux en plastique, une chaussure, un seau ou une boîte qu'il poussait avec sa gueule, les attrapait et les prenait dans sa gueule. Elle les traitait de manière différente de son alimentation, incitant l'éminent chercheur Gordon Burghardt à conclure qu'il réfutait le point de vue ce mode de jeu comme étant « motivé par le comportement prédateur du dragon ». Kraken a été le premier dragon de Komodo né en captivité en dehors de l'Indonésie. Il est né au zoo de Washington le 13 septembre 1992[50],[8].
Même apparemment dociles, les dragons sont imprévisibles et peuvent devenir agressifs, surtout lorsque l'animal voit son territoire envahi par un inconnu. En juin 2001, un dragon de Komodo a gravement blessé Phil Bronstein, rédacteur en chef du San Francisco Chronicle, quand il est entré dans le parc de l'animal au zoo de Los Angeles après y avoir été invité par son gardien. Bronstein a été mordu au pied, car le gardien lui avait demandé de retirer ses chaussures blanches, ce qui aurait pu exciter le dragon de Komodo[51],[52]. Bien qu'il en ait réchappé, il eut besoin d'avoir plusieurs tendons réparés chirurgicalement au niveau du pied[53].
Zoos européens possédant des dragons de Komodo
- zoo de Londres
- zoo de Berlin
- zoo de Rotterdam
- zoo de Lisbonne
- zoo de Pilsen
- zoo de Chester
- zoo des îles Canaries
- zoo de Thoiry
Références
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Article sur dinosoria.com
- Référence TIGR : Varanus komodoensis Ouwens, 1912 (en)
- Référence Catalogue of Life : Varanus komodoensis OUWENS 1912 (en)
- Référence ITIS : Varanus komodoensis Ouwens, 1912 (fr) ( (en))
- Référence Animal Diversity Web : Varanus komodoensis (en)
- Référence CITES : espèce Varanus komodoensis Ouwens, 1912 (+répartition) (sur le site de l’UNEP-WCMC) (fr+en)
- Ouwens, P.A. 1912. On a large Varanus species from the island of Komodo. Bull. Jardin Bot. Buitenzorg 6: 1-3
- Documentaire National Geographics
- http://www.dinosoria.com/dragonkomodo.htm
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