- United Fruit Company
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Pour l'entreprise après 1989, voir Chiquita Brands International.
United Fruit Company était une entreprise bananière dont le siège était aux États-Unis. Fondée en 1899, elle prend le nom de Chiquita Brands International en 1989.
Elle est à l'origine de l'expression « République bananière ». Forte de son monopole sur l'acheminement et la production des fruits exotiques, notamment au Guatemala, elle est parvenue à influencer les gouvernements d'Amérique latine pour que ces derniers limitent les réformes et les redistributions de terres en faveur des paysans de minifundio et des paysans sans terres.
Sommaire
Historique
La formation
L'histoire de la culture bananière en Amérique centrale est intimement liée à l'histoire politique de la région, principalement à ses débuts, en 1880 jusqu'à la fin des années 1970. Avant 1870, les bananes étaient inconnues aux États-Unis. L'histoire de la United Fruit Company débute en 1871 avec la construction d'un chemin de fer au Costa Rica par un industriel américain de 23 ans, Minor Keith. Ce projet audacieux coûta la vie à plusieurs centaines de travailleurs, parmi lesquels figuraient deux frères de ce dernier. Au cours de la construction, Keith planta de nombreux bananiers en bordure du chemin de fer dans le but de nourrir les travailleurs participant à la construction de la ligne de chemin de fer devant relier les deux côtes du Costa Rica. Après un certain temps, il devint économiquement rentable d'acheminer les premières récoltes vers des marchés plus importants, tels les États-Unis ou l'Europe. Dix ans plus tard, Keith possédait trois entreprises bananières. En 1885, en raison de la demande croissante de bananes aux États-Unis, il se joint à Lorenzo Baker, marin du Cap Cod, et à l'homme d'affaires Andrew Preston pour fonder la Boston Fruit Company. Quatorze années plus tard, elle s'unit à la United Fruit Company pour fonder la plus importante entreprise bananière du monde, avec des plantations au Costa Rica, en Colombie, à Cuba, en Jamaïque, au Nicaragua, au Panama ainsi qu'à Saint-Domingue (Haïti). Ils possédaient également onze bateaux à vapeur, surnommés la « Grande flotte blanche » (Great White Fleet) en plus de 30 autres navires loués ou empruntés et de 180 kilomètres de chemins de fer.
En 1901, le dictateur guatémaltèque Manuel Estrada Cabrera accorda à la UFCO le droit exclusif du service de la poste entre le Guatemala et les États-Unis. Jugeant que ce pays possédait un « climat d'investissement idéal », Minor Keith fonda la « Guatemalan Railroad Company » et obtint un contrat de 99 ans pour la construction et la maintenance du chemin de fer reliant la ville de Ciudad de Guatemala à Puerto Barrios, sur la côte atlantique. En 1911, la Atlantic Fruit Company, principale société concurrente de la UFCO au Costa Rica, tombe en faillite. À ce stade, la UFCO détient la quasi totalité des moyens de transport et de communication au Guatemala.
Implantée aussi en Colombie, la UFCO fait face à une importante grève de travailleurs, début décembre 1928. Face à la foule, les forces armées du gouvernement colombien ouvrent le feu contre les travailleurs, dans ce qui sera appelé le massacre des bananeraies. On ignore encore aujourd'hui le nombre de morts dont l'estimation oscille entre neuf selon le gouvernement et un millier, mais toutes les estimations indépendantes de situent au delà de 50 victimes[1].
Le siège principal de l'entreprise se situait alors au Guatemala, d'où provenait près de 25% de sa production. Elle fit de la ville de Bananera, dans ce même pays, son centre d'opération pour l'ensemble de l'Amérique centrale.
L'apogée de la compagnie et sa remise en question
En 1944, le peuple guatémaltèque renversa le dictateur Jorge Ubico et tint les premières élections démocratiques de son histoire. Les electeurs élisent le socialiste Juan Jose Arevalo Bermej en tant que président, qui fit adopter une nouvelle constitution, basée sur celle des États-Unis.
Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau président s'attaqua à la tâche de réduire les inégalités, dans un pays où 2,2% de la population, majoritairement des grands propriétaires terriens tels que la UFCO, possédait près de 70% des terres, pour la plupart inutilisées. Les élections de 1950 portèrent Jacobo Arbenz au pouvoir avec près de 65% des suffrages. Il devient officiellement président en 1951. En 1952, le Congrès guatémaltèque adopte le Décret 900, ou l'Acte de réforme agraire. Dès 1953, le gouvernement Arbenz utilise le nouveau code et décrète que 849 km2 de terre appartenant à la UFCO seront expropriés et redistribués à des paysans sans terre. En compensation, le gouvernement promet une indemnisation de 627 572 dollars en bons gouvernementaux, montant basé sur la valeur déclarée des terres, par la compagnie elle-même. Insatisfaite, la UFCO se plaint au gouvernement des États-Unis.
Le 20 avril 1954, John Foster Dulles, le secrétaire d'état américain envoie une note de protestation au gouvernement guatémaltèque déclarant injuste l'indemnisation proposée par ce dernier. Confronté au refus du Guatemala d'amender le décret, l'ambassadeur des États-Unis au Guatemala, John Emil Peurifoy, se rend devant le congrès américain et déclare que le Guatemala répand des « tentacules marxistes » en Amérique centrale.
Le 5 mai, 25 000 employés de la UFCO au Honduras, soit près de 15% de la main-d'œuvre du pays, déclarent la grève. Ils revendiquent une hausse de salaire de 72% et des conditions de travail acceptables. Une semaine plus tard, 11 000 employés de la Standard Fruit Company se joignent au mouvement, et sont bientôt suivis par de nombreux autres ouvriers et travailleurs du pays. Le 18 mai, la Standard Fruit Company accepte de hausser les salaires : trois jours plus tard, ses employés retournent au travail. Pendant ce temps, la grève s'étend et regroupe près de 100 000 employés de la UFCO. Près de deux mois plus tard, le 9 juillet, la compagnie accepte de hausser les salaires de 21% et de fournir des soins de santé à ses employés. Peu après, un ouragan frappe le Honduras et la compagnie met à pied près de 10 000 employés, prétextant la destruction de certains champs.
Le 18 juin de la même année, un coup d'État baptisé « Opération PBSUCCESS » est organisé au Guatemala par la CIA et certains gouvernements d'Amérique centrale. Carlos Castillo Armas s'auto-proclame président et est aussitôt reconnu par les États-Unis.
L'UFC comptait alors dans la compagnie[2] :
- John Foster Dulles, ex-secrétaire d'État des États-Unis, ancien avocat de la société.
- Allen Dulles, ex-directeur de la CIA, cadre dirigeant.
- Walter Bedell-Smith, ex-directeur de la CIA, cadre dirigeant.
En 1959, Fidel Castro, peu de temps après sa prise du pouvoir à Cuba, adopte à son tour une réforme agraire et autorise la redistribution des plantations de sucre de la UFCO. Ceci fut l'une des raisons du débarquement d'anticastristres entrainés et financés par la CIA dans la baie des Cochons[3].
En 1969, Eli Black devient l'actionnaire principal de la UFCO en achetant 733 000 parts dans ce qui est la troisième plus importante transaction de l'histoire de Wall Street.
En 1970, la United Fruit Company et AMK-John Morrell convergent pour former la United Brands Company (UBC). En 1973, pour la première fois, la UBC se fait devancer par Dole au chapitre des ventes aux États-Unis.
Le 3 février 1975, Black se suicide en sautant de la fenêtre de son bureau de la tour Panama à New York. L'enquête qui suivra sa mort révèle un important scandale de corruption dans lequel Black et la UBC sont directement impliqués. En avril, United Brands est accusée d'avoir acheté le président du Honduras, Oswaldo López Arellano pour 1,25 million de dollars, avec la promesse d'une somme équivalente supplémentaire en échange d'une réduction des taxes d'exportation pour la compagnie. L'actif de l'entreprise est aussitôt gelé, tandis que l'armée hondurienne relève le président du Honduras de ses fonctions.
Le changement de nom en « Chiquita Brands International »
En 1989, l'entreprise change de nom pour la Chiquita Brands International Inc. (reprenant le nom de la mascotte de l'UFC), disant vouloir rassurer l'opinion des investisseurs et des consommateurs.
Notes et références
- http://historia.mforos.com/710942/8195824-la-masacre-de-las-bananeras/
- Inevitable Revolutions - The United States in Central America by Walter La Feber, 2nd ed. 1993, pp. 120-121
- Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Agone, 2002, p. 499.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Aviva Chomsky, West Indian Workers and the United Fruit Company in Costa Rica, 1870-1940, Louisiana State University Press, Baton Rouge, 1996, xiii + 302 p., (ISBN 0-8071-1979-2), (LCCN 95021958) — Ouvrage récompensé, en 1997, par le Prix du meilleur livre décerné par le Conseil des études latino-américaines de Nouvelle-Angleterre (New England Council of Latin American Studies).
Articles connexes
Liens externes
- (en) The United Fruit Historical Society
- (en) Historique de l'entreprise par la United Fruit Historical Society, Inc.
- (fr) États-Unis, CIA, United Fruit Company et Guatemala
- (en) United Fruit Company: République bananière
- (es) Chanson sur la United Fruit Company par Pablo Neruda
- (en) Liste des navires de la United Fruit Company
- (en) Liste des navires avec images publicitaires de la compagnie
- www.lesechos.fr United Fruit, la mère des républiques bananières Tristan Gaston-Breton 28 juillet 2009.
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