- US Army Special Forces
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Special Forces
Les Special Forces (SF, « forces spéciales[1] »), populairement connues sous le surnom des « bérets verts » (green berets), sont une des forces spéciales de l'US Army. Spécialisées dans la guerre non conventionnelle, les actions commandos et la formation de troupes alliées, elles ont, depuis leur création au début des années 1950, été engagées dans la plupart des conflits impliquant les États-Unis.
Sommaire
Missions
Trois missions principales sont confiées aux bérets verts :
- guerre non-conventionnelle (Unconventional Warfare, UW) : il s'agit d'un terme utilisé pour appeler la guérilla. Généralement, les SF forment, encadrent voire commandent des maquis alliés pour cette mission.
- actions commandos (Direct Action, DA) : ces missions concernent des attaques faites par surprise et avec rapidité sur des objectifs à haute valeur stratégique (postes de commandement, dépôts de munitions, bases aériennes ou portuaires, etc.) ainsi que la libération d'otages et l'élimination ciblée.
- formations de troupes étrangères (Foreign Internal Defense, FID) : un autre rôle important des SF, bien qu'il soit de plus en plus effectué par les MEU(SOC) (Marine Expedionary Unit (Special Operations Capable)) de l'US Marine Corps.
Les missions d'anti-terrorisme (Counterterrorism, CT) et de reconnaissance tactique (Special Reconnaissance, SR) peuvent aussi être confiées aux SF, mais généralement ces missions sont menées par d'autres unités, respectivement la Delta Force ou le DEVGRU, et les unités LRS (Long Range Surveillance) de l'US Army.
Histoire
Les différentes forces armées des États-Unis avaient fondé pendant la Seconde Guerre mondiale un certain nombre de forces spéciales, notamment les unités de l'OSS et le 1st Special Service Force, connu sous le nom de la Brigade du Diable (Devil's Brigade). Mais ces unités furent dissoutes après la fin de la guerre.
La guerre froide
Ces activités furent d'abord reprises au début de la guerre froide par l'agence nouvellement créée, la CIA, mais les échecs de l'« agence » dans ses opérations pendant la guerre de Corée, ont conduit les militaires américains à créer leurs propres forces spéciales.
Le 15 janvier 1951 est créé l' office of the Chief of Psychological Warfare, précédant de peu celle du Psychological Warfare Center à Fort Bragg en mai 1951. Le nom de Psychological a été en partie choisi pour dissimuler ses vraies activités, car elles comprennent à la fois la guerre psychologique et les activités de forces spéciales. Il sera d'ailleurs renommé Special Warfare Center en 1956.
La première unité des Special Forces est le 10th SFG (Special Forces Group ; la dénomination complète est Special Forces Group (Airborne) ou SFG (A)), créé le 19 juin 1952 et placé sous le commandement du colonel Aaron Bank, un ancien du 1st Special Service Force. Le nombre 10 a été choisi pour tromper les Soviétiques sur le nombre de SFG existants. Les membres de l'unité sont alors des vétérans du 1st Special Service Force, de l'OSS, de la Parachute Infantry (troupes aéroportées) et des guérillas du Pacifique. Cette unité a alors deux missions, la guerre non conventionnelle (guérilla) et la guerre psychologique. La doctrine de l'époque du 10th SFG le consacre uniquement à un éventuel conflit ouvert entre le bloc communiste et le bloc capitaliste. Dans cette optique d'une troisième guerre mondiale, les Special Forces auraient pour mission de s'infiltrer dans les territoires européens envahis par l'Armée rouge et d'agir sur ses arrières, notamment en liaisons avec les résistances qui se formeraient dans les pays envahis.
La guerre contre-insurrectionnelle
A partir des années 1950, les États-Unis et l'URSS tentent de placer des gouvernements alliés dans un maximum de pays. Un grand nombre de pays alliés des États-Unis font face à des guérillas communistes, qui parviennent même à Cuba à s'emparer du pouvoir. En Asie du Sud-Est, d'autres guérillas menacent les pays alliés : Vietcong au Viêt Nam, Pathet Lao au Laos. Les Special Forces sont parmi les premières troupes américaines engagées dans la lutte contre ces guérillas, mais constatent vite la faiblesse des tactiques utilisées. Un changement doctrinal s'opère, notamment avec l'aide d'experts français de la contre-guérilla, dont les méthodes ont été mises au point pendant la Guerre d'Algérie et en particulier la Bataille d'Alger. Ces doctrines ne concernent pas seulement les tactiques mises en œuvre pour éliminer les guérillas, mais prennent en compte l'importance du peuple entier dans la participation aux insurrections. La doctrine mise au point, appelée contre-insurrection (Counter-insurgency, abrégée en COIN), sera largement mise en œuvre pendant la guerre du Viêt Nam.
La guerre en Asie du Sud-Est
Sous les présidences de Dwight David Eisenhower puis de John Fitzgerald Kennedy, les Special Forces se développent et, en tant qu'expertes de la guerre non conventionnelle et chargées de l'instruction des armées alliées, elles seront les premières engagées (directement ou indirectement) contre les guérillas communistes dans les pays alliés des États-Unis. Pour ce faire, de nouveaux Special Forces Groups sont créés, aux côtés du 10th SFG qui reste axé sur l'Europe. En 1957 est créé le 1st SFG à Okinawa (Japon), d'où sont issus les unités des Special Forces qui seront envoyés en Asie du Sud-Est. Cette même année marque l'arrivée de quelques dizaines d'entre eux au Viêt Nam pour l'instruction de l'armée de la République du Viêt Nam (ARVN). Toutefois c'est au Laos qu'ils vont participer directement aux premiers combats. A partir de 1959, les Special Forces et la CIA opèrent au Laos en civil, relégués au second plan par les militaires français. Le repli de la France du Laos permettra aux Special Forces d'opérer en uniforme. Dans le cadre de l'opération Hotfoot puis White Star, elles forment l'armée laotienne et des milices rurales pour la lutte contre le Pathet Lao, permettant de défaire celui-ci au cours de l'année 1962.
Cet expérience du Laos permet aux Special Forces de se familiariser avec les tâches (instruction de l'armée alliées, reconnaissance, opérations spéciales) qu'elles mèneront au Viêt Nam. En septembre 1962 est constitué l' US Army Special Forces, Vietnam, Provisional, groupe des Special Forces détaché au Viêt Nam et basé à Saïgon, puis à Nha Trang à partir de 1963. Il deviendra le 5th SFG en octobre 1964. Il formera notamment les maquis anticommunistes CIDG (Civilian Irregular Defense Groups, se prononce « sid-gee ») parmi les ethnies non-vietnamiennes, les milices RF et PF (Regional Forces et Popular Forces) d'autodéfense des villages stratégiques, et à partir de 1966 la Mobile Strike Force dite « Mike Force ». Dans leurs actions, les Special Forces se montrent efficaces mais ont besoin de l'appui des forces conventionnelles, notamment la 1st Cavalry Division qui mène en 1965 la campagne de Pleiku pour protéger les camps des Special Forces des attaques du Vietcong. À leurs côtés sont formée de nombreuses autres forces spéciales, comme les SEAL et les unités de reconnaissance Ranger et LRRP (Long Range Reconnaissance Patrols ou « Lurps »). Les éléments du MACV-SOG de la CIA seront largement recrutés dans ce vivier. L'une des dernières opération des bérets verts au Viêt Nam est le raid de Son Tay.
Au XXIe Siècle
Les forces spéciales de toutes les armes sont impliqué à des degrés divers dans la guerre contre le terrorisme.
Les Bérets verts ont joué un rôle crucial dans la guerre d'Afghanistan, en appuyant les troupes afghanes anti-talibanes dès octobre 2001.
Ils ont participé largement à l'Opération libération de l'Irak avec le déploiement au quasi-complet des 5th et 10th SFG.
Organisation
Les Bérets Verts ont leur quartier général à Fort Bragg (Caroline du Nord) et sont regroupés dans cinq SFG, chacun étant spécialisé dans un théâtre d'opérations.
À cela s'ajoutent deux groupes de réservistes appartenant à la Garde Nationale. Par le passé, d'autres groupes, aujourd'hui désactivés, ont également existé (6th désactivé en 1971, 8th désactivé en 1972, 11th et 12th SFG désactivé en 1992).
Insigne Nom Casernement Théâtre d'opérations 1st SFG (A) Okinawa; Fort Lewis, Etat de Washington Pacifique et l'Extrême-Orient 3rd SFG (A) Fort Bragg, Caroline du Nord Afrique sub-saharienne 5th SFG (A) Fort Campbell, Kentucky Afrique du Nord, Moyen-Orient, Asie centrale, océan Indien 7th SFG (A) Eglin Air Force Base, Floride Amérique latine 10th SFG (A) Stuttgart, Allemagne; Fort Carson, Colorado Europe 19th SFG (A) Garde nationale des États-Unis, Camp Williams, Utah[2] Asie du Sud-Est 20th SFG (A) Garde nationale des États-Unis, Birmingham, Alabama Caraibes, Océan Atlantique Un SFG compte en théorie 1 400 hommes, répartis en 4 compagnies d'appui (commandement, logistique, transmissions, renseignements) et 3 bataillons de combat rassemblant chacun 1 compagnie de commandement et 3 compagnies de combat ; celles-ci comprennent 1 cellule de commandement et 6 ODA de 12 hommes. Les ODA (operational detachment alpha), communément appelés « A-Teams » (« équipes A »), sont le pion de base des Special Forces. Les détachements opérationnels B et C désignent les éléments de commandement de compagnie et de bataillon.
Les unités au sol peuvent opérer en contact avec des agents de la CIA, de spécialistes dans divers domaines spécifiques, et d'appuis aériens.
Au sein des forces spéciales américaines (regroupées au sein du USSOCOM), les Bérets verts sont considérés comme les plus « intellectuels » des soldats d'élite : ces « techniciens de la guerre », rapides, précis et polyvalents, sont tous spécialisés dans plusieurs disciplines telles que les explosifs, les transmissions, l'ingénierie mécanique et électronique ou encore le domaine sanitaire. Ils parlent également plusieurs langues, et la plupart sont détenteurs d'une licence universitaire ou suivent en permanence une formation continue. Forts de leur expérience, la moyenne d'âge de ces soldats oscille entre 32 et 35 ans.
L'entraînement des Bérets verts est considéré comme l'un des plus durs au sein de l'armée américaine, même si les méthodes utilisées dans les années 1970 ont aujourd'hui évolué. Polyvalent, le Béret vert doit être apte à intervenir dans les airs, sous la mer ou sur la terre en milieu hostile. Il doit être capable d'utiliser son environnement pour survivre seul, dans le cas où il serait séparé de son unité.
Traditions
Leur devise est une locution latine : De oppresso liber.
Le béret vert
En 1954, un an environ après la création des Forces spéciales, une commission d’officiers et de sous-officiers se réunissait à Fort Bragg en Caroline du Nord et choisissait le béret vert comme coiffure pour les membres de la nouvelle unité.
Inspiré par celui des commandos britanniques de la Royal Navy, le béret vert fut porté pour la 1re fois en public en juin 1956. En décembre de la même année, le 77th SFG donna l’ordre à tous son personnel de porter le béret.
L’adoption par les Forces spéciales d’un emblème distinctif les mettaient en conflit avec la hiérarchie militaire qui exigea que le béret soit supprimé. Malgré une vigoureuse campagne pour garder le béret, l’interdiction ne fut levé que le mois d’octobre 1961 après que le président John F. Kennedy, fervent partisan des Forces spéciales, visita Fort Bragg et passa en revue les 5th et 7th SFG.
A la demande de Kennedy, les soldats portaient le béret vert lors de la cérémonie. Estimant que le béret vert serait un signe distinctif important, celui ci donna l’ordre de rétablir cet emblème des Forces spéciales.
Les bérets verts dans la culture populaire
Les deux plus célèbres représentants du corps des Bérets verts au cinéma sont John Wayne, dans le film Les Bérets verts, et Sylvester Stallone dans Rambo.
Bien que son efficacité soit exagérée, les techniques de survie et de guerilla qu'il emploie figurent parmi les connaissances de base du Béret Vert.Voir aussi
Liens externes
Bibliographie
- Jean-Pierre Gillet, Les Bérets Verts : Les Commandos de la CIA, Albin Michel, Paris, 1981 (ISBN 2226011242, 978-2226011244)
- Tom Clancy (avec John Gresham) (trad. Jean-Pierre Gillet), Les Forces Spéciales : Visite guidée d'un corps d'élite de l'US Army, Albin Michel, Paris, 2003 (ISBN 2226134743, 978-2226134745)
- Cpt Alan H. et Sgt Chef Adam R. (avec la participation de Bob Mayer), Sur les traces d'Al-Qaïda : Témoignages des Forces Spéciales, Alban éditions, Paris, 2004 (ISBN 2-911751-17-5, 978-2-911751-17-2)
- Jacques Baud, Encyclopédie du renseignement et des services secrets, Lavauzelle, 2002.
- Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française, Éditions La Découverte, 2004. (ISBN 2-7071-4163-1)
Notes et références
- ↑ Pour éviter une confusion entre les Special Forces et les forces spéciales au sens général du terme, les forces armées des États-Unis utilisent le terme Special Forces exclusivement pour désigner les bérets verts, et le terme Special Operations Forces (« forces d'opérations spéciales ») pour désigner les forces spéciales en général.
- ↑ (fr) Création d'une nouvelle compagnie en 2008
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