Théodore de Bèze

Théodore de Bèze
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Théodore de Bèze
Portrait de Théodore de Bèze en 1577.
Portrait de Théodore de Bèze en 1577.

Activités Théologien
Pasteur protestant
Réformateur religieux
Homme de lettres
Naissance 24 juin 1519
Vézelay, Bourgogne
Décès 13 octobre 1605
Genève
Langue d'écriture Français
Mouvement Réforme protestante
Genres Exégète
Sermon
Œuvres principales
  • Abraham Sacrifiant (1550)
  • Confession de foy chrestienne (1559)
  • Droit des magistrats (1574)

Théodore de Bèze, en 1519 à Vézelay en Bourgogne et mort en 1605 à Genève, est un théologien protestant.

Sommaire

Les jeunes années

Il naît à Vézelay dans une famille qui exploitait des mines d'argent. Son père, Pierre de Bèze, gouverneur royal de Vézelay, descendait dune grande famille bourguignonne ; sa mère, Marie Bourdelot, était connue pour sa générosité. Le père de Théodore avait deux frères : lun, Nicolas, était membre du parlement de Paris ; lautre, Claude, était abbé du monastère cistercien de Froimont dans le diocèse de Beauvais. Nicolas était célibataire et au cours dune visite à Vézelay fut si satisfait de Théodore quavec la permission de ses parents, il lemmena à Paris pour quil y fût instruit. De Paris, Théodore fut envoyé à Orléans en décembre 1528 pour jouir de linstruction du célèbre humaniste allemand Melchior Wolmar. Il fut reçu dans la maison de Wolmar, et le jour se passa cet événement fut célébré par la suite comme un deuxième anniversaire.

Le jeune Théodore de Bèze suivit bientôt son maître à Bourges, lavait appelé la duchesse Marguerite d'Angoulême, sœur de François Ier. Bourges était en France un des endroits soufflait le plus fort le vent de la Réformation. Quand, en 1534, François Ier publia son décret contre les innovations dans lÉglise, Wolmar retourna en Allemagne tandis que, conformément au désir de son père, Bèze revenait à Orléans pour étudier le droit. Il y passa quatre ans (1535-1539). Cette voie avait peu dattrait pour lui ; il préférait la lecture des classiques de lAntiquité, particulièrement Ovide, Catulle et Tibulle. Il fut reçu licencié en droit le 11 août 1539 et, comme son père le désirait, alla à Paris il commença la pratique. Ses parents avaient obtenu pour lui deux bénéfices dont les revenus sélevaient à 700 couronnes dor par an ; et son oncle avait promis de faire de lui son successeur.

À Paris, Bèze passa deux années heureuses et acquit bientôt une position en vue dans des cercles littéraires. Pour échapper aux tentations nombreuses auxquelles il était exposé, il se fiança en 1544 à une jeune fille dorigine modeste, Claudine Denoese, en promettant de rendre cet engagement public dès que les circonstances le permettraient. Il publia un recueil de poésies latines, Juvenilia, qui le rendit célèbre et il fut partout regardé comme un des meilleurs auteurs de poésie latine de son temps.

Mais il tomba malade et, dans sa détresse physique, se révélèrent à lui ses besoins spirituels. Peu à peu, il vint à la connaissance du salut en Christ, quil accepta avec une foi joyeuse. Il résolut alors de trancher les liens qui le rattachaient au monde et se rendit à Genève, ville qui était un refuge pour les évangéliques (cest-à-dire les adeptes de la Réforme). Il y arriva avec Claudine le 23 octobre 1548.

Professeur à Lausanne

Il fut chaleureusement accueilli par Calvin, qui lavait déjà rencontré chez Wolmar et il se maria tout de suite à léglise, publiquement et solennellement. Comme Bèze ne voyait pas comment soccuper tout de suite, il prit le chemin de Tübingen pour y voir son ancien maître Wolmar. En cours de route, à Lausanne, il rendit visite à Pierre Viret, qui le retint immédiatement et le fit nommer professeur de grec à lAcadémie de la ville (novembre 1549).

Malgré le lourd travail qui lui incombait, Bèze trouva le temps décrire un drame biblique, Abraham sacrifiant (publié à Genève en 1550 (il existe une traduction anglaise dArthur Golding, publiée à Londres en 1577 et qui a été reproduite avec introduction, notes et le texte français original par M. W. Wallace, Toronto 1906). La pièce, qui opposait catholicisme et protestantisme, reçut un bon accueil. En juin 1551, il ajouta quelques psaumes à ceux que Marot avait déjà commencés à traduire en français et qui connaissaient aussi beaucoup de succès.

À la même époque, il publia son Passavantius, une satire dirigée contre Pierre Lizet, un homme à la réputation exécrable, ancien président du Parlement de Paris et qui avait été à lorigine de la Chambre ardente ; il était alors (1551) abbé de Saint-Victor, près de Paris, et il voulait acquérir la réputation de pourfendeur de lhérésie grâce à la publication de quelques écrits polémiques.

Deux controverses dans lesquelles Bèze simpliqua à cette époque étaient dun caractère plus sérieux. La première concernait la doctrine de la prédestination et la controverse de Calvin contre Jérome-Hermès Bolsec. La seconde parlait de lexécution sur le bûcher de Michel Servet à Genève, le 27 octobre 1553. Pour défendre Calvin et les magistrats genevois, Bèze publia en 1554 De haereticis a civili magistratu puniendis (traduit en français en 1560).

Voyages pour défendre les protestants

En 1557, Bèze sintéressa spécialement aux vaudois que lon persécutait dans le Piémont. Pour les défendre il se rendit, accompagné de Guillaume Farel, à Berne, Zurich, Bâle, Schaffhouse ; de à Strasbourg, Montbéliard, Baden et Göppingen. Dans ces deux dernières villes, on leur demanda de préciser clairement leurs positions sur les sacrements par rapport à celles des vaudois, ce quils firent le 14 mai 1557. Leur déclaration, bien reçue par les théologiens luthériens, fut nettement condamnée à Berne et à Zurich.

À lautomne 1557, Bèze entreprit un deuxième voyage avec Farel, à Worms via Strasbourg pour demander laide des princes de lempire ralliés à lÉvangile en faveur des frères de Paris quon persécutait. Avec Melanchthon et dautres théologiens rassemblés alors à Worms, Bèze suggéra une union de tous les protestants, mais cette proposition fut catégoriquement rejetée par Zurich et Berne. Sur de faux rapports, selon lesquels les persécutions contre les huguenots avaient cessé en France, les princes allemands nenvoyèrent aucune ambassade à la cour de Henri II et Bèze dut continuer son entreprise, allant avec Farel, Jean Buddaeus et Gaspard Carmel à Strasbourg et Francfort, lenvoi dune ambassade à Paris fut résolu.

Établissement à Genève

Théodore de Bèze.jpg

Bèze revint de Lausanne assez désabusé. En accord avec de nombreux pasteurs et professeurs de la ville, Viret avait pensé établir un consistoire et introduire une discipline ecclésiastique susceptible dinfliger lexcommunication, en particulier dans la célébration de la sainte Cène. Mais les Bernois navaient pas lintention de se laisser gouverner par une Église calviniste. Devant ces difficultés, Bèze crut préférable de sétablir à Genève (1558).

Il y occupa dabord la chaire de grec à lAcadémie nouvellement établie puis, après la mort de Calvin, également celle de théologie ; en outre il fut obligé de prêcher. Il acheva la révision de la traduction du Nouveau Testament, quOlivétan avait commencée quelques années auparavant. En 1559, il entreprit un autre voyage dans lintérêt des huguenots, à Heidelberg cette fois ; à la même époque, il dut défendre Calvin contre Joachim Westphal à Hambourg et Tilemann Hesshus.

Plus important que cette activité polémique était létablissement par Bèze de sa propre confession de foi. Elle avait été à lorigine préparée pour son père à qui il rendait compte de ses cours et elle fut publiée sous une forme révisée pour promouvoir la connaissance de lÉvangile parmi les concitoyens de Bèze. Elle fut imprimée en latin en 1560 avec une dédicace à Wolmar. Une traduction anglaise suivit à Londres en 1563, 1572 et 1585. Il y eut aussi des traductions en allemand, néerlandais et italien.

Les événements de 1560-63

Entre temps, les choses avaient pris en France une tournure telle que, pour le protestantisme, lavenir semblait prometteur. Cédant aux insistances de nobles évangéliques, le roi Antoine de Navarre fit savoir quil serait heureux dentendre un des maîtres éminents de lÉglise. On invita Bèze au château de Nérac ; il était un noble français et à la tête de lAcadémie dans la métropole du protestantisme de langue française, mais il ne parvint pas à convertir le roi.

Lannée suivante (1561) Bèze représenta les Évangéliques au colloque de Poissy et il défendit éloquemment les principes de leur foi. Le colloque neut pas de résultats mais Bèze, considéré comme le chef et le porte-parole de toutes les communautés réformées de France, se vit à la fois adulé et détesté. La reine insista pour quon organisât un autre colloque, qui souvrit à Saint-Germain le 28 janvier 1562, onze jours après la proclamation du célèbre décret de janvier qui accordait aux Réformés des privilèges importants. Cependant le colloque fut interrompu quand il devint évident, après le massacre de Wassy du 1er mars, que le parti catholique se préparait à abattre le protestantisme.

Bèze publia à la hâte une circulaire (le 25 mars) à toutes les congrégations réformées de lempire et, avec Condé et ses troupes, se rendit à Orléans. Il était nécessaire dagir avec rapidité et énergie. Mais il ny avait ni soldats, ni argent. À la demande de Condé, Bèze visita toutes les villes protestantes pour en obtenir. Il écrivit aussi un manifeste il montrait le bon droit de la cause réformée. Pour obtenir des troupes et des fonds parmi ses coreligionnaires, Bèze fut chargé de visiter lAngleterre, lAllemagne et la Suisse. Il alla à Strasbourg et Bâle, mais sans succès. Il revint alors à Genève, il arriva le 4 septembre. Il ny était pas depuis deux semaines quil fut appelé encore une fois à Orléans par dAndelot. En février 1563, il est à Caen, alors aux mains de l'amiral de Coligny, et il prêche dans l'église Saint-Jean un sermon sur « l'utilité de l'argent, qui est nerf de la guerre »[1]. La campagne pour le protestantisme devenait plus heureuse ; mais la publication du malheureux décret de pacification que Condé avait accepté (12 mars 1563) remplit dhorreur Bèze et tout le protestantisme français.

Le successeur de Calvin

Pendant vingt-deux mois Bèze avait été absent de Genève, et lintérêt de lÉcole et de lÉglise, et surtout létat de santé de Calvin, lui faisaient un devoir dy retourner. -bas il ny avait personne pour remplacer Calvin qui, malade, ne pouvait pas plus longtemps porter le fardeau qui pesait sur lui. Calvin et Bèze se chargèrent deffectuer leurs fonctions de concert et à tour de rôle chaque semaine, mais bientôt Calvin mourut (27 mai 1564) et Bèze devint tout naturellement son successeur.

Jusquen 1580 Bèze nétait pas seulement le « modérateur de la compagnie des pasteurs », il était aussi lâme du grand établissement denseignement que Calvin avait fondé à Genève en 1559 et qui se composait dun gymnase et dune académie. Toute sa vie, Bèze chercha à élever le niveau de lenseignement. Pendant près de quarante ans la jeunesse protestante remplit sa salle de conférences pour écouter ses conférences théologiques, il exposait la plus pure orthodoxie calviniste. Parmi ses élèves, il eut Giovanni Diodati qui lui succéda ensuite à Genève comme professeur de théologie. Magistrats et pasteurs lécoutaient comme un conseiller. Genève lui doit la fondation dune école de droit François Hotman, Jules Pacius et Denys Godefroy, les juristes les plus éminents du siècle, se faisaient entendre à tour de rôle[2].

Cours des évènements après 1564

Comme successeur de Calvin, Bèze eut beaucoup de succès, non seulement en continuant le travail de son prédécesseur mais également en préservant la paix dans lÉglise de Genève. Les magistrats sétaient entièrement approprié les idées de Calvin et la direction des affaires spirituelles, dont les organes étaient les « ministres de la Parole » et « le consistoire », fut établie sur une base solide. Aucune polémique doctrinale ne surgit après 1564. Les discussions concernèrent des questions à caractère pratique, social, ou ecclésiastique, comme la suprématie des magistrats sur les pasteurs, la liberté dans la prédication et lobligation faite aux pasteurs de se soumettre à la majorité de la compagnie des pasteurs.

Bèze nimposa en rien sa volonté à ses associés et ne décréta aucune mesure sévère contre ses collègues irréfléchis ou emportés, bien que parfois il ait pris des affaires en main et agi en tant que médiateur ; mais souvent il se heurta à une opposition telle quil menaça de démissionner. Bien quil fût enclin à prendre le parti des magistrats, il sut défendre les droits et lindépendance de la puissance spirituelle quand loccasion se présenta, sans toutefois lui accorder une influence prépondérante comme le faisait Calvin.

Son activité était grande. Il jouait le rôle dintermédiaire entre la compagnie et les magistrats et ces derniers demandaient continuellement ses conseils même dans des questions de politique. Il correspondait avec tous les chefs du parti réformé en Europe. Après le massacre de la Saint-Barthélemy (1572), il usa de son influence pour que les réfugiés reçussent bon accueil à Genève.

En 1574 il écrivit son De jure magistratuum (Les limites fixées aux pouvoirs du souverain), il protestait solennellement contre la tyrannie en matière de religion et soutenait quil est légitime pour un peuple de sopposer activement à un gouvernement indigne et, au besoin, de recourir aux armes pour le renverser.

En résumé, sans être un grand dogmaticien comme son maître, ni un génie créateur dans le domaine ecclésiastique, Bèze possédait des qualités qui le rendirent célèbre comme humaniste, comme exégète, comme orateur et comme chef, dans les affaires religieuses et politiques, et le qualifiaient pour être le guide des calvinistes dans toute lEurope. Dans les diverses polémiques il fut impliqué, Bèze manifesta souvent un caractère excessif par son irritabilité et son intolérance ; Bernardino Ochino, pasteur du rassemblement italien à Zurich (à cause dun traité qui contenait quelques points répréhensibles sur la polygamie), et Sébastien Castellion à Bâle (à cause de ses traductions de la Bible en latin et en français) lont appris à leurs dépens.

Bèze ne cessa de maintenir les relations les plus étroites avec la France réformée. Il présidait le synode général qui se réunit, en avril 1571, à La Rochelle et décida de ne pas supprimer la discipline ecclésiastique et de ne pas reconnaître lautorité du gouvernement civil sur lÉglise, comme le demandaient le pasteur parisien Jean Morel et le philosophe Pierre de La Ramée ; il décida également de confirmer une nouvelle fois contre Zwingli la doctrine calviniste de la Présence réelle (par lexpression : « substance du corps du Christ »), ce qui provoqua une discussion très acrimonieuse entre Bèze, Pierre de La Ramée et Bullinger.

Lannée suivante, en mai 1572, il prit une part importante au synode national à Nîmes. Il sintéressa également aux polémiques sur la confession d'Augsbourg en Allemagne, particulièrement après 1564, qui concernaient la doctrine sur la personne du Christ et les sacrements, et il publia plusieurs ouvrages contre Westphal, Hesshusen, Selnecker, Johann Brenz, et Jakob Andrea. Cela le fit détester, particulièrement après 1571, par tous ceux qui avaient adhéré au Luthéranisme et sopposaient à Melanchthon.

Le colloque de Montbéliard

Le dernier conflit polémique dimportance que Bèze eut avec les Luthériens les plus stricts eut lieu du 14 au 27 mars 1586 à loccasion du colloque de Montbéliard, le duc luthérien Frédéric de Wurtemberg lavait invité, à la demande des nobles français qui sétaient réfugiés dans cette ville. Évidemment lunion, qui était le but du colloque, ne fut pas réalisée ; mais il eut des conséquences importantes à lintérieur de lÉglise réformée.

Quand fut publiée lédition des actes du colloque, telle que Jakob Andrea lavait préparée, Samuel Huber, de Burg près de Berne, qui appartenait à la faction luthérienne du clergé suisse, fut si choqué de la doctrine supralapsaire sur la prédestination, proposée à Montbéliard par Bèze et Musculus, quil estima de son devoir de dénoncer Musculus aux magistrats de Berne comme un innovateur en matière de doctrine. Pour étudier la question, les magistrats organisèrent un colloque entre Huber et Musculus (2 septembre 1587), le premier représentait luniversalisme de la grâce et le second le particularisme.

Comme le colloque resta sans résultat, un débat fut organisé à Berne du 15 au 18 avril 1588, lon confia à Bèze la défense de la doctrine officielle. Les trois délégués des cantons helvétiques qui présidaient déclarèrent finalement que Bèze avait prouvé que lenseignement dispensé à Montbéliard était orthodoxe et Huber fut démis de son poste.

La fin de sa vie

Par la suite, lactivité de Bèze se restreignit de plus en plus à ses affaires domestiques. Claudine, sa fidèle épouse, était morte sans enfants en 1588, quelques jours avant son départ pour le colloque de Berne. Ils avaient vécu heureux tous les deux pendant quarante ans. Sur le conseil de ses amis, il contracta un deuxième mariage avec Catharina del Piano, une veuve génoise, afin quelle lui vînt en aide dans ses dernières années. Il jouit dune excellente santé jusquà soixante-cinq ans, mais on remarqua ensuite que sa vitalité baissait peu à peu. Il continua cependant à enseigner jusquen janvier 1597.

Dans ses vieux jours il eut la tristesse de voir le roi Henri IV se convertir au catholicisme, malgré les exhortations quil lui adressa (1593). Malgré la bizarrerie du fait, on doit signaler quen 1596 les Jésuites firent courir le bruit en Allemagne, en France, en Angleterre et en Italie que Bèze et lÉglise de Genève étaient revenus à la foi de Rome, et Bèze répondit par une satire lon voyait quil navait rien perdu de lardeur de sa pensée et de la force de son expression.

Il mourut à Genève et on ne lenterra pas, comme Calvin, au cimetière général, à Plain-Palais (car les Savoyards avaient menacé denlever son corps et de lamener à Rome), mais à la Direction des Magistrats, au monastère Saint-Pierre.

Études théologiques

Mais toutes ces études humanistes et historiques sont surpassées par ses productions théologiques (contenues dans Tractationes theologicae). Bèze y apparaît comme le meilleur élève de Calvin, voire son alter ego. Sa conception de la vie est déterministe et sa réflexion religieuse repose sur la reconnaissance de la prédestination : toute lexistence temporelle est un effet de la volonté absolue, éternelle et immuable de Dieu, si bien que même la chute de la race humaine lui apparaît comme un objet indispensable au plan divin sur le monde. De la façon la plus lucide Bèze montre la connexion des conceptions religieuses qui découlaient de ce mode de pensée fondamentalement supralapsaire. Cest ce quil a ajouté avec son traité des plus instructifs Summa totius Christianismi.

Le Nouveau Testament grec de Bèze

De pas moindre importance sont les contributions de Bèze à la science biblique. En 1565, il publia une édition du Nouveau Testament grec, accompagnée dans des colonnes parallèles du texte de la Vulgate et de sa propre traduction (déjà publiée en 1556). Les annotations quil y ajoutait avaient été publiées auparavant elles aussi, mais elles se trouvaient maintenant très enrichies et élargies.

Dans la préparation de cette édition du texte grec, mais davantage encore dans la préparation de la deuxième édition de 1582, Bèze a pu se servir de deux manuscrits de grande valeur. Lun, connu sous le nom de Codex Bezae ou Cantabrigensis, fut préservé par Bèze lors du sac de Lyon par les Réformés en 1562 et plus tard offert par lui à luniversité de Cambridge ; le deuxième est le Codex Claromontanus, que Bèze acquit à Clermont-en-Beauvaisis (aujourdhui à la Bibliothèque nationale).

Ce nétait pas, pourtant, à ces sources que Bèze était principalement redevable, mais plutôt à lédition précédente de léminent Robert Estienne (1550), elle-même en grande partie fondée sur une des dernières éditions dÉrasme. Les travaux de Bèze dans cette direction ont été dune aide considérable pour ceux qui sont venus après lui. On peut sans se tromper affirmer la même chose de sa version latine et des notes abondantes dont il la accompagnée. Cette version a connu plus dune centaine de rééditions.

On peut bien sûr regretter que les conceptions de Bèze sur la prédestination ait exercé une influence trop prédominante sur son interprétation des Écritures, il reste indiscutable quil a beaucoup aidé à une compréhension claire du Nouveau Testament.

Écrits humanistes et historiques

Dans lactivité littéraire de Bèze aussi bien que dans sa vie, il faut distinguer entre la période de lhumaniste (qui a fini avec la publication de ses Juvenilia) et celle de lhomme dÉglise. Mais des productions tardives comme Passavantius, humaniste, mordant et satirique, ainsi que sa Complainte de Messire Pierre Lizetprouvent que, dans les années ultérieures, il revenait de temps en temps à ses premières amours. Dans sa vieillesse il publia son Cato censorius (1591) et révisa ses Poemata, en les purgeant de leurs excentricités juvéniles.

De ses travaux historiographiques, mis à part ses Icônes (1580), qui nont quune valeur iconographique, mention peut être faite de sa célèbre Histoire ecclésiastique des Églises réformées au Royaume de France (1580) et de sa biographie de Calvin, avec laquelle il faut citer son édition des Epistolae et responsa de Calvin (1575).

Cet article comprend des extraits de la Schaff-Herzog Encyclopedia 1914 (qui fait partie du domaine public), traduits à partir de la version anglophone de Wikipédia.

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de larticle en anglais intitulé « Theodore Beza » (voir la liste des auteurs)

  1. Célestin Hippeau, L'abbaye de Saint-Étienne de Caen, 1066-1790, Caen, A. Hardel, 1855, p. 182
  2. voir Charles Borgeaud, LAcadémie de Calvin, Genève, 1900.

Principaux ouvrages

  • 1548 : Poemata Varia , Poésies légères inspirées dOvide et Catulle, rédigées dans sa jeunesse et que lui reprochèrent plus tard ses détracteurs ; il confessa lui-même les regretter.
  • 1550 : Abraham sacrifiant, tragédie à sujet biblique
  • 1560: Brève exposition de la table ou figure contenant les principaux poincts de la religion chrestienne.
  • 1561 : Recueil en sommaire des signes sacrés
  • 1574 : Du droit des Magistrats sur leurs sujets, écrit monarchomaque dans lequel il justifie le droit des huguenots à résister à la tyrannie (consulter en ligne sur e-rara)
  • 1580 : Histoire ecclésiastique des Églises Réformées de France dans laquelle il propose lidée de loi fondamentale.
  • 1581 : Chrestiennes Meditations, Méditations sur les psaumes pénitentiels, écrites sur le mode de la paraphrase, genre littéraire très développé au XVIe siècle.

Édition de sa correspondance

  • Correspondance. Tome 1 (1539-1555) ; éd. H. & F. Aubert et H. Meylan. Genève : Droz, 1960. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 40). 225 p.
  • Correspondance. Tome 2 (1556-1558) ; éd. F. Aubert, H. Meylan et A. Dufour. Genève : Droz, 1962. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 49). 284 p.
  • Correspondance. Tome 3 (1559-1561) ; éd. H. Meylan et A. Dufour. Genève : Droz, 1963. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 61). 304 p.
  • Correspondance. Tome 4 (1562-1563) ; éd. H. Meylan, A. Dufour et A. Tripet. Genève : Droz, 1965. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 74). 320 p.
  • Correspondance. Tome 5 (1564) ; éd. H. Meylan, A. Dufour et A. de Henseller. Genève : Droz, 1968. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 96). 200 p.
  • Correspondance. Tome 6 (1565) ; éd. H. Meylan, A. Dufour et A. de Henseller. Genève : Droz, 1970. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 113). 334 p.
  • Correspondance. Tome 7 (1566) ; éd. H. Meylan, A. Dufour, C. Chimelli et M. Turchetti. Genève : Droz, 1973. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 136). 388 p.
  • Correspondance. Tome 8 (1567) ; éd. H. Meylan, A. Dufour et C. Chimelli. Genève : Droz, 1976. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 146). 320 p.
  • Correspondance. Tome 9 (1568) ; éd. H. Meylan, A. Dufour, C. Chimelli et Béatrice Nicollier. Genève : Droz, 1978. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 164). 276 p.
  • Correspondance. Tome 10 (1569) ; éd. A. Dufour, C. Chimelli et Béatrice Nicollier. Genève : Droz, 1981. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 181). 324 p.
  • Correspondance. Tome 11 (1570) ; éd. A. Dufour, C. Chimelli et Béatrice Nicollier. Genève : Droz, 1983. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 195). 376 p.
  • Correspondance. Tome 12 (1571) ; éd. A. Dufour, Béatrice Nicollier et M. Turchetti. Genève : Droz, 1986. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 212). 304 p.
  • Correspondance. Tome 13 (1572) ; éd. A. Dufour et Béatrice Nicollier. Genève : Droz, 1988. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 229). 312 p.
  • Correspondance. Tome 14 (1573) ; éd. A. Dufour et Béatrice Nicollier. Genève : Droz, 1990. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 242). xxvi-356 p.
  • Correspondance. Tome 15 (1574) ; éd. A. Dufour et Béatrice Nicollier. Genève : Droz, 1991. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 254). 288 p.
  • Correspondance. Tome 16 (1575) ; éd. A. Dufour, Béatrice Nicollier et R. Bodenmann. Genève : Droz, 1993. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 273). 332 p.
  • Correspondance. Tome 17 (1576) ; éd. A. Dufour, Béatrice Nicollier et R. Bodenmann. Genève : Droz, 1994. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 286). xx-304 p. (ISBN 2-600-00025-9)
  • Correspondance. Tome 18 (1577) ; éd. A. Dufour, Béatrice Nicollier et R. Bodenmann. Genève : Droz, 1995. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 292). xx-276 p. (ISBN 2-600-00083-6)
  • Correspondance. Tome 19 (1578) ; éd. A. Dufour, Béatrice Nicollier et R. Bodenmann. Genève : Droz, 1996. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 304). xxiv-280 p. (ISBN 2-600-00162-X)
  • Correspondance. Tome 20 (1579) ; éd. A. Dufour, Béatrice Nicollier et R. Bodenmann. Genève : Droz, 1998. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 318). xxii-346 p. (ISBN 2-600-00249-9)
  • Correspondance. Tome 21 (1580) ; éd. A. Dufour, Béatrice Nicollier, H. Genton et R. Bodenmann. Genève : Droz, 1999. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 327). xxx-338 p. (ISBN 2-600-00321-5)
  • Correspondance. Tome 22 (1581) ; éd. H. Aubert, A. Dufour, Béatrice Nicollier et H. Genton. Genève : Droz, 2000. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 334). xxxiv-282 p. (ISBN 2-600-00401-7)
  • Correspondance. Tome 23 (1582) ; éd. H. Aubert, A. Dufour, Béatrice Nicollier et H. Genton. Genève : Droz, 2001. (Travaux dhumanisme et Renaissance ; 346). xxx-302 p. (ISBN 2-600-00487-4)

Voir aussi

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Bibliographie

  • Alain Dufour, Théodore de Bèze, poète et théologien, Paris, Droz, 2006
  • Violaine Weben, Théodore de Bèze, un grand de lEurope Vézelay. 1519-Genève 1605, 2000, Paris : Les bergers et les mages, 2000 ISBN 978-2-85304-172-0
  • Thédore de Bèze (1519-1605), dir. Irena Backus, Genève, Droz, 2007, « Travaux dHumanisme et Renaissance » n° CDXXIV.

Liens externes



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