- Tatoueur
-
Tatouage
Pour les articles homonymes, voir Tatouage (homonymie).Un tatouage est un dessin à l'encre de chine ou quelques autres pigments, habituellement décoratif ou symbolique, indélébile, sous la peau. C'est un type de modification corporelle. La technique du tatouage consiste à introduire dans la peau des matières colorantes (pigments) : la couleur ainsi introduite apparaît ensuite par "transparence" après cicatrisation de la plaie provoquée par le piquage. La peau est composée de trois couches (épiderme, derme et hypoderme) : l'encre est déposée par l'aiguille dans un espace assez précis à la limite entre le derme et l'épiderme. La profondeur de la piqûre varie en fonction des types de peaux et des parties du corps : entre 1 et 4 mm, les zones les plus épaisses se situant dans le dos.
Sommaire
Étymologie
- Article détaillé : Tatouage en Polynésie
Le mot vient du tahitien tatau, qui signifie marquer ou dessiner. La racine du mot, ta renvoie aux verbes frapper, inciser. Le Docteur Berchon, traducteur du deuxième voyage de Cook vers Tahiti en 1772 employa pour la première fois le mot Tatoo. En 1858, le mot fut officiellement francisé en Tatouage et fit son apparition dans le dictionnaire de Littré.
Histoire
Tatouer est une pratique attestée en Eurasie depuis le néolithique. « Ötzi », l'homme des glaces découvert gelé dans les Alpes italo-autrichiennes est mort vers 3500 av. J.-C. Il arbore des tatouages thérapeutiques[1] (petits traits parallèles le long des lombaires et sur les jambes). Le bassin du Tarim (Xinjiang en Chine) a révélé plusieurs momies tatouées de type physique européen. Encore mal connues (les seuls travaux accessibles en langue occidentale sont ceux de J. P. Mallory et V. H. Mair, The Tarim Mummies, Londres, 2000), certaines d'entre elles pourraient dater de la fin du 2e millénaire avant notre ère. Trois momies tatouées ont été extraites du permafrost de l'Altaï dans la seconde moitié du XXe siècle (l'Homme de Payzyrk dans les années 1940 ; défunts du plateau d'Ukok dans les années 1990). Leurs tatouages mettent en œuvre un répertoire animalier exécuté dans un style curviligne virtuose.
Le tatouage serait mal considéré dans la culture occidentale à cause des condamnations judéo-chrétiennes qui l'entourent : Levitique 19:28 (Ancien Testament) « Vous ne vous ferez pas d'incisions sur le corps à cause d'un mort et vous ne ferez pas dessiner des tatouages sur le corps. Je suis l'Eternel. » (Rites pratiqués par les égyptiens et certains peuples du Moyen-Orient). Le Judaisme interdit donc toute inscription entaillée et marquée à l’encre indélébile.
Les Européens ont redécouvert le tatouage lors des explorations dans le Pacifique sud avec le capitaine James Cook dans les années 1770 et les marins en particulier étaient particulièrement identifiés avec ces marques dans la culture européenne jusqu'après la Seconde Guerre mondiale. Ces mêmes marins européens se tatouaient souvent un crucifix sur tout le dos afin de se prémunir de la flagellation en cas de punition car c'était un crime que de défigurer une image pieuse ...
Ce système d'identification était aussi un moyen sûr et efficace de renseignements des fiches des forces de police sur la pègre avant l'arrivée de la photo d'identité. Les fiches de polices jusqu'au XIXe siècle comportaient la signalisation et la description de chaque tatouage qui permettait ainsi de caractériser sans erreur un individu.
Dessin d'un chef māori, 1784 par Parkinson suite au premier voyage du Capitaine James Cook en Nouvelle-Zélande
Peinture La Femme Tatouée ou La Toilette de Henri de Toulouse-Lautrec, 1894
Finalité
Les raisons pour lesquelles les gens choisissent d'être tatoués sont diverses : identification à un groupe, cosmétique, rituel religieux et utilisations magiques sont les plus fréquentes. Aussi, la sociologie du corps les tient pour un objet d'étude important.
À l'origine ces marques sur la peau étaient des signes d'appartenance à un groupe : religieux chez les Māori, de pirates, d'anciens prisonniers ou de légionnaires.
Dans les années 1970 un véritable engouement pour le tatouage est né et a connu une forte amplification vingt ans plus tard. Le tatouage n'est plus alors une manière d'afficher son appartenance à un groupe, à une tribu ou à un quartier. C'est un moyen de revendiquer son originalité, de séduire, de s'embellir, de provoquer.
Un tatouage correspond souvent à un moment important de la vie, agréable ou douloureux. Certains adolescents le vivent comme un rite de passage et agissent parfois sur une impulsion qu'ils regrettent plus tard.
Le lieu de l'inscription, creux des reins, dos, poitrine, cheville, épaule, voire main ou visage a également une importante signification.
Enfin, des « tatouages » sont appliqués pour faciliter la reproductibilité de certaines thérapies médicales. En radiothérapie externe, des tracés persistants sont appliqués sur la peau (notamment à l'aide de fuschine) tandis que les tatouages permanents se réduisent à de simples points appliqués à l'aide d'une petite aiguille trempée dans l'encre de Chine. Le but de ces tatouages est de fixer les champs à la peau qui correspondent à la zone tumorale à irradier.
Des tatouages sont aussi placés sur des animaux, cependant très rarement pour des raisons décoratives. Pour les animaux de compagnie ils servent à l'identification. Certains mufles sont traités pour éviter les coups de soleil.
Tatouages contraints
À travers l'histoire, les gens ont aussi été tatoués de force pour de nombreuses raisons.
Dans l'Antiquité, Hérodote raconte qu'Histiée, tyran de Milet prisonnier à la cour du roi des Perses, rasa la tête de son esclave puis tatoua un message a transmettre sur son crâne, puis attendit la repousse des cheveux avant d'envoyer l'esclave vers son destinataire (Hérodote, Les Enquêtes, V, 35).
Un autre tatouage contraint est l'identification ka-tzetnik dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre Mondiale. Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis marquèrent une partie des déportés des camps de concentration et d'extermination d'un tatouage, sur l'avant-bras, d'un numéro matricule. Ce fut particulièrement le cas à Auschwitz. Dans ce cadre, le tatouage contraint participait d'une entreprise de déshumanisation. Après la guerre, les survivants des camps eurent des réactions différentes : si la majorité d'entre eux les conservèrent, certains se les firent enlever.
Par ailleurs, les soldats de la Waffen-SS étaient aussi tatoués. Il recevaient leur groupe sanguin sur la face intérieure du biceps du bras gauche. Ce tatouage était surnommé « Kainsmal » - la « Marque de Caïn » (allusion à la marque que Dieu apposa sur Caïn afin de l'empêcher d'être tué et de fuir à jamais) et ne comportait qu'une seule lettre. Contrairement à la légende, aucune autre inscription, matricule ou unité militaire n'étaient tatoués. Ceci permit d'en identifier facilement quelques-uns après la guerre.
Procédure
Quelques cultures tribales créent des tatouages en coupant la peau et en frottant ensuite la blessure avec de l'encre, des cendres ou d'autres agents. Cela peut être un complément à la scarification. Quelques cultures créent des marques de tatouage en frappant l'encre dans la peau avec des os aiguisés.
De nos jours, la méthode ordinaire est d'introduire l'encre avec un dermographe.
Un dermographe est composé d'aiguilles attachées à une barre avec un canon électrique. Lorsqu'il est enclenché, les pointes se déplacent rapidement de haut en bas et l'action des aiguilles permet l'insertion de l'encre sous la couche la plus haute de l'épiderme. Il agit suivant un principe électromagnétique, à la manière des anciennes sonnettes de porte. Les dermographes sont fabriquées par de nombreuses petites et moyennes entreprises dans le monde.
Cosmétiques ou maquillage permanents
Le maquillage permanent est un tatouage esthétique. Contrairement à ce que prétendent certaines esthéticiennes plus attirées par l'appât du gain que par les règles déontologiques, le maquillage permanent est indélébile et ne s'altère que parcequ'il a été mal introduit dans la peau. On recouvre généralement un tatouage en gravant un autre par dessus. Aujourd'hui, il est possible de se faire retirer un tatouage, mais ne faites réaliser cette opération que par un dermatologue expérimenté. Ne faites surtout pas enlever un tatouage par un tatoueur qui n'a pas les compétences dermatologiques requises pour ce travail. Même si certains le proposent, ils ne sont pas forcément compétents. N'oubliez pas qu'il s'agit d'un laser qui brûle la peau.
Santé et hygiène
Précautions préalables
Certains groupes à risque doivent éviter de se tatouer. Notamment les personnes sous traitements médicaux, alcooliques, toxicomanes, femmes enceintes, personnes atteintes d’hémophilie, du sida, d’hépatite B et C, de maladies cardiovasculaires, les personnes avec un stimulateur cardiaque (car il y a un risque d’interférence avec les ondes magnétiques du dermographe).
Le tatouage consistant à perforer la peau pour y introduire des agents colorants, chaque petite perforation crée une plaie susceptible de s’infecter et de transmettre une maladie via des bactéries ou des virus. C’est la raison pour laquelle certaines règles essentielles d’hygiène sont nécessaires avant, pendant et après cette opération.
Précautions d'hygiène
Outre les indispensables lavages et désinfection des mains, le tatoueur doit nettoyer et stériliser consciencieusement le matériel à chaque utilisation, nettoyer et désinfecter les outils non stérilisables et le plan de travail. Il doit également analyser la texture de l'épiderme du futur tatoué et la désinfecter minutieusement avant son acte. Il vous est nécessaire à vous aussi de nettoyer minutieusement vôtre tatouage pour éviter de futur infections.
Après l'intervention
Une fois l’intervention terminée, le tatoueur désinfecte la zone concernée à l’aide d’une solution antiseptique et applique de la pommade et un pansement pour protéger l'épiderme et favoriser la cicatrisation. Il doit ensuite expliquer clairement au tatoué comment il doit continuer à nettoyer sa peau et faciliter la cicatrisation, notamment à l’aide d’une pommade cicatrisante. À noter que cette dernière partie est à présent sous la responsabilité du tatoué. La peau doit rester propre en permanence, elle doit rester grasse pendant la phase de cicatrisation qui dure environ dix jours et grace à l'application d'une pommade cicatrisante. Il faut rester vigilant en ne laissant aucun agent infectieux être en contact avec la plaie. Le nettoyage doit se faire au moyen d’eau tiède et de savon doux ou d’une solution antiseptique sans alcool. Il se peut que lors de la séance, le tatoué puisse ressentir quelque chose allant d'une simple gêne à une douleur aiguë selon sa sensibilité et selon l'endroit tatoué.
Réglementation
Quelques pays européens commencent à disposer d'une réglementation dédiée au tatouage. En l'absence de réglementation, la clientèle doit le plus souvent s'en remettre au sérieux et à l'éthique de chaque professionnel, et/ou à l'affiliation de certains tatoueurs à des associations professionnelles (par exemple : l'United European tattoo artists, le Syndicat national des artistes tatoueurs en France, l'Association suisse des tatoueurs professionnels, l'Association des Tatoueurs et Pierceurs Professionnels Wallons (et Bruxellois) en Belgique).
La France dispose d'une réglementation sanitaire depuis 2008 : Le décret n° 2008-149 du 19 février 2008 fixe les conditions d'hygiène et de salubrité relatives aux pratiques du tatouage avec effraction cutanée et du perçage, et modifie le code de la santé publique (dispositions réglementaires). Il impose notamment les règles suivantes :
- la pratique des activités de tatouage et "perçage corporel" doit être déclaré en Préfecture (application par Arrêté du 23 décembre 2008).
- Tatoueurs et perceurs doivent suivre une formation obligatoire à l'hygiène (application par Arrêté 12 décembre 2008).
- Le matériel pénétrant la barrière cutanée ou entrant en contact avec la peau ou la muqueuse du client et les supports directs de ce matériel doivent être soit à usage unique et stériles, soit stérilisés avant chaque utilisation.
- Les locaux doivent comprendre une salle exclusivement réservée à la réalisation de ces techniques.
- Les déchets produits sont assimilés aux DASRI (déchets d'activités de soins à risques infectieux) et doivent être éliminés selon les mêmes dispositions (à savoir "Déchets d'activités de soins (DASRI) : réglementation").
- Les produits de tatouage doivent respecter des règles précises, définies par le décret n° 2008-210 du 3 mars 2008 qui fixe les règles de fabrication, de conditionnement et d'importation des produits de tatouage, et institue un système national de vigilance et modifiant le code de la santé publique (dispositions réglementaires).
- Tatouage et piercing sont interdits sur une personne mineure sans le consentement écrit d'un parent ou tuteur légal.
- Tatoueurs et perceurs doivent informer leurs clients, avant l'acte, des risques auxquels ils s'exposent et, après la réalisation de ces techniques, des précautions à respecter. Cette information doit également être affichée de manière visible dans les studios (application par Arrêté du 3 décembre 2008.
Les professionnels qui ne respectent pas les différentes mesures exigées s'exposent à des contraventions de 5e classe, soit des amendes pouvant aller jusqu'à 1500 euros.
Styles
Les styles de tatouages :
- Art du point : (dotart ou dotwork pour les Anglophones)Le graphisme du tatouage est réalisé partiellement ou intégralement en Point donnant ainsi des éffets de matiere inédit en tatouage.
- tribal : graphismes en lignes épaisses, le plus souvent en noir, inspirés des tatouages primitifs en général, polynésiens en particulier ;
- flash : images couvrant les murs des studios de tatouages ;
- custom (ou personnalisé) : tatouage sur-mesure, il peut être conçu par le client, en collaboration avec un artiste pour donner un tatouage unique ;
- réaliste : motifs exécutés de la manière la plus réaliste qui soit, les tatouages les plus réussis donnent l'impression de véritables photos ;
- old school ou « traditionnel » : motifs d'inspiration rock'n'roll, pin-up, années 50, etc... executé selon les principes traditionnels occidentaux : contours épais, fortes ombres noires, usage de couleurs primaires vives ;
- celtique : rappelle l’art celtique (entrelacs, croix celtiques, créatures mythologiques, etc.) ;
- asiatique : inspiré de l'art asiatique (dragons, poissons, bouddha, kanji, etc.) ;
- new school : old school version moderne ;
- abstract ;
- obligatoire ;
- biomécanique : tatouage abstrait incorporant des composants mécaniques, végétaux, organiques ou un peu tout ce que l'on désire, donnant généralement l'impression que tout ceci se trouve sous la peau du tatoué.
Tatouage style polynésien (Artiste: Manu Farrarons)
Popularité
Cette pratique est plus pratiquée aux USA qu'en Europe. Au Japon le tatouage est encore assez mal vu. En effet, il est pratiqué par les Yakuza (sorte de Mafia) et est encore souvent interdit dans les sources d'eau chaude, certaines entreprises et même les salles de sport. Cependant, l'effet de mode a tendance à se mondialiser et de nombreux jeunes changent les vieilles idées.
Tatouages temporaires
Les "tatouages temporaires" peuvent être faits avec du henné naturel, et non pas avec le henné noir qui, quant à lui est très dangereux pour la peau, henné traditionnel ou bien en utilisant des timbres décoratifs et de l'encre de qualité cosmétique. L'utilisation traditionnelle pratiquée dans les pays du Maghreb est nommé henné, en Inde et au Pakistan, elle est désignée sous le nom de mehndi.
D'autres tatouages sont sous la forme de bandes applicables, et sont souvent offert dans des paquets de chewing-gum ou de friandises. Ces tatouages perdurent quelques jours dans le meilleur des cas, et sont enlevables si on les frictionne sous l'eau.
Il existe également des tatouages temporaires effectués comme les tatouages traditionnels mais grâce à une encre spéciale, s'effaçant généralement au bout de 3 ans minimum. Cependant ce genre de tatouage n'est généralement pas très conseillé (pas très bon pour la peau). Dans de nombreux cas l'encre ne disparaît jamais totalement, contrairement au motif, laissant un "pâté" sur la peau du tatoué.
Tatouage Kenji
Ces tatouages temporaires, raffinés et élégants sont appelés Tatoo Kenji.Ce sont des pierres de tatouages inspirées des galets de tatouage tibétains. 4 tailles de Kenji tatoo existent : petite, moyenne, grande et géante. Il existe 10 couleurs : noir, rouge, bleu, blanc, orange, vert, jaune, rose, paillette et argent que l’on conserve dans des encreurs. On peut même rajouter des paillettes or ou argent au tatoo. Le Kenji tatoo est un tatouage temporaire, il résiste à l'eau et sa durée de tenue sur la peau varie entre 2 et 5 jours. Il existe à ce jour plus de 250 modèles de tatoo kenji.
Tatouages au henné
Article principal : Tatouage au henné.Annexes
Bibliographie
- Amy Krakow, The Total Tatoo Book, (ISBN 0446670014)
- Tattoo Art Magazine (magazine de reproductions de tatouages)
- Philippe Di Folco, Peau, tatouages et piercings, Fitway Publishing, 2004, (ISBN 2752800290)
- Pascal Tourain, L'Homme Tatoué, éditions du Yunnan
- Collectif, Tatouages, Editions les Belles Lettres (recueil collectif de 22 nouvelles qui contient la nouvelle Le Tatouage de Junichirô Tanizaki).
- Le Poisson Bleu Nuit, d'Armand Cabasson, Editions Nuit d'Avril
Notes et références
- ↑ (en) Ewen Callaway, « World's oldest tattoos were made of soot », dans New Scientist, 15 juillet 2009 [texte intégral (page consultée le 16 juillet 2009)]
Voir aussi
Articles connexes
- Dermographe
- Détatouage laser
- Irezumi - tatouage japonais
- Kakau - tatouage hawaiien
- Tatouage au henné
- Syndicat national des artistes tatoueurs
Liens externes
- Tatouage par effraction cutanée et perçage (dossier du Ministère de la santé français)
- L. Renaut, Étude comparée sur les tatouages thérapeutiques d'Ötzi 2004
- L. Renaut, Thèse de doctorat sur le marquage corporel dans l'Antiquité, 2004
- dessins de tatouages
- L'interdiction des tatouages dans le judaisme
Catégories : Tatouage | Art corporel | Culture polynésienne | Phénomène de mode | Kustom Kulture
Wikimedia Foundation. 2010.