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Croix celtique
La croix celtique est une croix dans laquelle s'inscrit un anneau. Elle est le symbole caractéristique du christianisme irlandais, bien qu'elle puisse avoir des origines pré-chrétiennes. La croix, comme emblème, n’existe pas dans la civilisation celtique de l’Antiquité, tant dans les sources littéraires qu’archéologiques. Les branches de la croix dépassent toujours de l'anneau, et sur les représentations les plus détaillées, le cercle est en retrait par rapport à la croix. L'utilisation chrétienne combine une croix latine (croix à jambe inférieure plus longue que les autres) avec le cercle, tandis que les autres utilisations (symboliques, politiques, etc.) sont basées sur une croix régulière (chaque branche de la croix a une longueur identique).
Le nom de croix celtique appliqué au dessin symbolique composé d'un cercle et d'une croix (les branches de la croix dépassant les bords du cercle) tient au fait que l'on trouve couramment des monuments de la sorte dans de vieux cimetières bretons et surtout dans ceux d'Irlande et partout dans la campagne irlandaise. Elle aussi appelée croix eucharistique (le cercle symbolisant la Sainte Hostie).
Sommaire
Symbolisme
Dans les régions celtes de Bretagne et d'Irlande, beaucoup de croix en pierre ont été érigées dès le début du VIIIe siècle. On en trouve en Cornouailles, au Pays de Galles, sur l'île d'Iona et dans les Hébrides. La plus vieille croix, hors de celles se situant en Irlande, est probablement celle de Bewcastle (Cumberland, Angleterre). Les plus connues sont celles de Kells (comté de Meath) et celle de Monasterboice (comté de Louth). Certaines de ces croix portent des inscriptions en runes[réf. nécessaire]. En Angleterre, les cimetières regorgent de croix celtiques, posées sur des tombes appartenant à des familles bien anglaises.
Des groupuscules d'idéologie identitaire et nationaliste utilisent un graphisme simplifié proche de ce symbole (un rond barré d'une croix régulière, sans jambage allongé) qui représente pour eux la fierté de leur nation.
Il n'existe pas de représentation de la croix celtique, c'est-à-dire avec les branches dépassant le cercle, avant les croix irlandaises chrétiennes. On trouve des symboles antiques de représentation proche (un cercle avec une croix à 4 branches inscrite dans ce cercle, c'est-à-dire que les branches s'arrêtent au cercle) ; ces symboles, appelés roues solaires, apparaissent dès le néolithique (6000 av. J.-C.).
Dans la symbolique chrétienne, la croix cerclée est une représentation du signaculum domini, c'est-à-dire les cinq plaies du Christ en croix. Par extension, c'est aussi une image du cœur qui est d'un symbolisme plus fort que celui du soleil ou du pôle car le cœur ne se contente pas de recevoir mais donne la vie dans un échange constant (les prières des hommes et les grâces de Dieu)[1]. Le symbole est répandu dans l'Église catholique aussi bien pour les sculptures que les vêtements liturgiques ou le culte privé (croix des cimetières, ex-voto). On le retrouve aussi autour de la mer Baltique et en Russie.
Le symbole a été repris par des organisations politiques suite à l'usage qu'en a fait le père Doncœur (1880-1961). Ancien combattant, orateur de la Fédération nationale catholique du général de Castelnau, et fondateur des routiers, il utilisait la croix celtique comme emblème personnel. Elle est reprise par les mouvements scouts puis par les équipes nationales sous le régime du maréchal Pétain. C'est précisément cette représentation qui est adoptée par Pierre Sidos quand il crée le mouvement politique Jeune Nation pour s'opposer au général de Gaulle et à sa croix de Lorraine. La guerre d'Algérie voit le symbole récupéré par d'autres mouvements nationalistes. L'usage politique de la croix celtique va alors se généraliser.
La signification de la croix celte, telle qu'elle est donnée par les groupes néo-druidiques, ne repose sur aucune base historique. Elle est, selon toute évidence, une construction du XVIIIe siècle.
Un symbole graphiquement semblable a aussi été utilisé dans d'autres traditions non chrétiennes. On le retrouve chez les indiens des plaines d'Amérique. Il était très couramment utilisé et servait à orienter l'espace avant chaque cérémonie, comme l'explique Élan noir dans Rites secrets des indiens Sioux, Le mail, 1992.
On le retrouve dans l'héraldique japonaise. Sur les blason (Mon), il représente alors un mors de cheval.
La croix celtique dans l'Histoire (France)
Jeanne d'Arc
La croix celtique est un élément de l'imagerie chrétienne occidentale, elle est également associée à la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans (qu'elle culmine) et à Jeanne d'Arc venue y suivre la messe vespérale le 2 mai 1429 durant le siège d'Orléans.[2]
XXe siècle
Françoise Henry publie en 1932 2 volumes sur La sculpture irlandaise dans les douze premiers siècles de l'ère chrétienne, réédités par les éditions du Zodiaque en 1964 en 3 volumes sous le titre L'art irlandais. C'est la première étude sur les premières représentations de ce symbole. L'appellation de « croix celtique » dans les descriptions de ces monuments n'apparaît pas.
Charbonneau-Lassay donne une interprétation du symbolisme de cette croix dans la revue Le Rayonnement intellectuel (1934-39), réédité par Gutenberg reprints en 1986. Il n'utilise pas non plus le terme de « croix celtique ».
Le père Doncœur, qui est le premier à en faire un usage politique, l'appelait la « croix cadet ». Il semble que le premier usage de la dénomination « croix celtique » apparaisse dans le règlement intérieur des équipes nationales édité en janvier 1944.
Les Équipes nationales sont créées pour faire participer les jeunes volontaires à la protection et au secours des populations victimes de la guerre. Mais il est probable que ce terme existait déjà dans les mouvements scouts avant la guerre.
Pierre Sidos reprend cette dénomination quand il décrit le symbole en 1947. Depuis le terme s'est imposé en France.
La croix celtique en politique
Années 1940-1950
La croix celtique fit son entrée politique en France après la Seconde Guerre mondiale, utilisée comme emblème par les mouvements Jeune Nation puis l'Œuvre française, tous deux animés par Pierre Sidos. Le symbole fut, à partir de cette période, couramment associé à des mouvements d'extrême droite et néofascistes, en France puis dans d'autres pays européens comme l'Italie.
Années 1960-1970
Cet insigne fut repris par beaucoup de mouvement nationalistes de diverses tendances (catholiques comme païens), comprenant des mouvances néofascistes, ou encore néonazies.
Elle fut surtout utilisée, au début des années 1970, par le mouvement Ordre nouveau, puis, après la dissolution de celui-ci en juin 1973, par les différents mouvements de jeunesses liés au Parti des forces nouvelles comme le Front de la jeunesse ou le Groupe union défense.
Années 1980-2000
Un troisième mouvement issu du Parti des forces nouvelles, le Renouveau nationaliste, a également utilisé la croix à partir de 1981.
En revanche, le symbole fut rejeté par les mouvements parlementaires tel le Front national de Jean-Marie Le Pen.
Bibliographie
- Françoise Henry, L'Art irlandais (3 volumes), éd. du Zodiaque, 1964.
- Thierry Bouzard, La croix celtique, éd. Pardès, collection bibliothèque des symboles, 2006.
Notes
- ↑ Ce symbolisme a été mis en évidence par Louis Charbonneau-Lassay, Etudes de symbolique chrétienne, 2 volumes, Gutenberg reprint, 1986
- ↑ Archives de la biographie de Jeanne d'Arc
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