Tarbouch

Tarbouch

Fez (coiffure)

Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Chéchia.
Un fez marocain

Le fez (فأس ou fās) ou tarbouche de Fès (طربوش فاسيّ ou ṭarbūš fāsī), est un couvre-chef rigide masculin en feutre, souvent rouge, en forme de cône tronqué, orné d'un gland noir fixé sur le dessus. Le fez serait originaire de Grèce[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7], et a été adopté par de nombreux groupes ethniques et religieux dans l'Empire Ottoman du XIXe siècle. De nos jours, il est de plus en plus rare de le voir porté.

Toutefois, cette hypothèse d'une origine ottomane du Fez marocain n'explique pas pourquoi d'une part les ottomans appellent cette coiffe : "Tarbouch fassi" c'est-à-dire en français "chapeau de Fez" et pourquoi d'autre part les marocains l'appellent "le Fez", le "Tarbouch" et parfois le "chèche". Les marocains qui n'ont pas connu de colonisation ottomane n'ont jamais appelé cette coiffe "chapeau ottoman".(voir histoire et origine du Fez)

Il existe une autre hypothèse disant que les habitants de Fez narguaient les ottomans d'Algérie qui n'ont jamais réussi à pénétrer au delà de l'oued moulouya, en portant un couvre chef semblable au leur.

Au Maroc, le Fez marocain (coiffe plus courte que le fez ottoman) fait toujours partie de la tenue officielle des marocains et est porté avec une jellaba blanche et des babouches jaunes ou blanches ; cette tenue est également celle des groupes de musique arabo-andalouse marocaine. (voir liens externes)

On peut également le Fez ottoman dans la tenue ottomane traditionnelle des musiciens de musique arabo-andalouse algérienne. En Algérie (pays qui a fait partie de l'empire ottoman) cette coiffe porte les noms de "Chèche d'Istanboul" ou "Tarbouch" .


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Atelier Troudi Belhassen du chechia megidi

Sommaire

Histoire et Origine du Fez

Le fez ottoman serait originaire de la Grèce Antique[8], et a été très largement porté par les Byzantins[9],[10] au Moyen Âge. Les Ottomans ont adopté le "fez"grec [11],[12],[9] lors de la conquête de l'Anatolie. Durant le règne du Sultan Mahmoud Khan II (1808-1839), la mode européenne a progressivement remplacé les vêtements traditionnels portés par les membres de la cour ottomane. Le changement a été rapidement suivi par la population et les domestiques les plus âgés, suivis par les membres de la classe dirigeante et les classes émancipées à travers tout l'Empire. Toutefois, alors que la mode des pantalons et des vestes européennes était progressivement adoptée, elle ne s'étendit pas aux couvre-chefs. En effet, les chapeaux à visière ou à larges bords tels que les chapeaux haut-de-forme sont incompatibles avec la prescription de l'islam faite aux hommes de toucher le sol du front pendant la prière. Le sultan émit donc un firman (un décret royal) qui indiquait que le fez dans sa forme modifiée ferait partie intégrante du costume de l'Empire turc, quelle que soit la religion de ses sujets.

Toutefois cette hypothèse historique grecque se heurte à une autre origine du Fez : Ce célèbre chapeau de feutre cylindrique et sans rebord, doit son nom à la ville de Fez dont il est originaire. Fabriqué à partir de laine (feutrine) sa teinture rouge vif est obtenue à partir de baie cultivée dans la région. C'est au XIXe siècle que les Ottomans adoptent ce chapeau rond et l'allogent, pour remplacer le turban jugé trop vieillot. Appelé également "fez" en Turquie, "tarbouch" en Egypte, ce couvre-chef symbole religieux et identitaire, adopté par de nombreux étrangers, se répand dans l'Empire Ottoman qui s'étend de l'Algérie à la Syrie. (voir liens externes)


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Etablissements Troudi Belhassen



Néanmoins nous savons que, malgré d'absence de colonisation ottomane (et en particulier à Fez), le Maroc a eu des contacts directs ou indirects avec l'Empire Ottoman qui s'étendait sur tous les autres pays arabes. Ainsi, il existe des clichés des années 30-40 montrant le très jeune prince Hassan (futur roi Hassan II) et son frère portant le Fez ottoman (version allongée de la coiffe) avec un costume européen comme cela se faisait chez les intellectuels du monde arabe à l'époque ottomane.

Formes

Le fez a plusieurs noms et plusieurs formes. A Istanbul, on l'appelle fez, fezzi, ou "phecy", tandis qu'en Égypte on parle de tarbouche, terme dérivé des mots persans "sar", signifiant la tête et "pouch" signifiant la coiffure. En Tunisie on l'appelle chechia megidi ou chechia stambouli. Il s'agit d'une coiffe en feutre sans bords, en forme de cône avec le dessus plat. Le modèle le plus ancien a une forme de bonnet, entouré par un long turban qui peut être blanc, rouge ou noir. Quand il est adopté à Istanbul, sa forme se modifie. Il devient plus arrondi et plus petit. A un moment, le turban disparaît, et le rouge devient la couleur la plus employée. Le fez tient sa nuance rouge caractéristique des baies rouge brillant du kızılcık (kizziljiek, Cornus mas), une variété proche du cornouiller américain (Cornus Florida).

Jeune Bédouin palestinien portant un fez ottoman.

L'usage militaire du fez

Une variante du fez a été utilisé par l'armée turque entre le XVe et le XVIIIe siècle. Il était alors constitué d'une calotte en métal autour de laquelle était fixée une cotte de mailles destinée à protéger le cou et le haut des épaules. Le fez, probablement rembourré, dépassait de la calotte de 2,5 à 5 cm, et servait de protection contre les projectiles. Il pouvait également être entouré d'un turban.

Le fez rouge avec un gland bleu était la coiffure de l'armée turque depuis les années 1840 jusqu'à l'introduction en 1910 de l'uniforme kaki et du casque sans visière. Les seuls exceptions notables étaient la cavalerie et l'artillerie, qui portaient des chapeaux en peau d'agneau ornés de tissu coloré et les régiments albanais qui arboraient un fez blanc. Pendant la Première Guerre mondiale, le fez est porté par les unités de réserve de la marine et parfois par les soldats en permission.

Les régiments de l'armée grecque dit Evzones (infanterie légère) avaient leur propre version du fez, de 1837 à la Seconde Guerre mondiale. De nos jours, il fait partie de l'uniforme de parade de la garde présidentielle à Athènes.

A la fin du XIXe siècle, le fez est largement employé comme uniforme des soldats recrutés localement dans les colonies. Les régiments français d'Afrique (les zouaves, les tirailleurs sénégalais, les spahis) portent de larges fez rouges avec des glands détachables de différentes couleurs. Les Zouaves affectaient de porter le fez en permission, incliné selon un angle qui dépendait de leur régiment. Les officiers français des unités d'Afrique du Nord avaient souvent le même fez que leurs hommes, agrémentés d'un insigne indiquant leur rang. Les bataillons libyens et les escadrons de l'armée coloniale italienne portaient des fez rouges plus petits sur des calottes blanches. Les régiments de Somalie et d'Erythrée au service de l'Italie avaient de hauts fez rouges ornés de pompons assortis à la couleur de l'unité. Les Askaris allemands en Afrique de l'Est portaient leurs fez kaki en toutes occasions. La Force Publique belge au Congo avait de larges fez semblables à ceux des tirailleurs sénégalais ou des Companhias Indigenas portugaises. Les King's African Rifles anglais (recrutés en Afrique de l'Est) avaient des fez rayés rouges et noirs, alors que la West African Frontier Force en avaient des plus petits, rouges. L'armée égyptienne avait le modèle classique turc jusqu'en 1950. Le régiment des Caraïbes de l'armée britannique portait le fez comme un élément intégrant de son uniforme semblable à celui des zouaves jusqu'à ce que l'unité soit dissoute en 1928. La tradition s'est maintenue dans le régiment de La Barbade, avec un turban blanc enroulé autour de la base.

Le fez est un élément coloré et pittoresque de l'uniforme. Pourtant, il est peu pratique, et ce à différents points de vue. Il doit être couvert, sous peine de servir de cible aux tirs ennemis, et assure une faible protection contre le soleil. Par conséquent, il a été progressivement relégué aux parades ou aux tenues de permission pendant la Seconde Guerre Mondiale, bien que les tirailleurs français d'Afrique de l'Ouest aient continué à porter un fez kaki sur le front jusqu'aux alentours de 1943. Lors de l'ultime période de la colonisation en Afrique (de 1945 à 1962 environ) le fez était un élément de l'informe complet des unités africaines françaises, anglaises, belges, espagnoles et portugaises. Il a été remplacé par des chapeaux à larges bords ou des chapeaux de paille pour les autres occasions. Cependant, la police coloniale continuait de considérer le fez comme le chapeau militaire pour les indigènes.

Les armées d'après la colonisation se sont assez rapidement débarrassées du fez. Il est toutefois encore porté dans les uniformes de cérémonies des Gardes Rouges au Sénégal en tant qu'élément de leur tenue de type spahi, et dans certains cas par les Bersaglieri italiens. Ceux-ci ont adopté le fez comme coiffure informelle à travers l'influence des zouaves français, aux côtés desquels ils ont combattus lors de la guerre de Crimée. Les Regulares espagnols (composés de Maures) qui stationnent dans les enclaves espagnoles au Maroc de Ceuta et Melilla ont un uniforme de parade qui comprend fez et manteau blanc traditionnel. Les unités philippines ont brièvement porté un fez noir, au début de la domination des États-Unis. Les Forces Frontalières du Libéria, bien que n'étant pas une armée coloniale, ont porté le fez jusque dans les années 1940. La 13e division SS de montagne Handschar, recrutée parmi les Bosniaques musulmans, avait des fez. Dans l'ancien empire austro-hongrois, l'infanterie des Bosniaques musulmans se caractérisait également par le port du fez lors de la Première Guerre Mondiale. Pendant la domination britannique, deux régiments indiens, recrutés dans les zones musulmanes portaient des fez (bien que le turban soit très répandu parmi les sepoys et les sowars, aussi bien hindous que musulmans. Un fez vert était porté par les porte-lance de Bahawalpur au Pakistan à la fin des années 1960. Durant la guerre de Sécession beaucoup de zouaves volontaires ont porté le modèle de fez des troupes françaises d'Afrique du Nord.

Autour du monde

Chorale de Malaisie composée d'hommes portant des fez
Musulman d'Hyperabad portant à l'ancienne mode un sherwani et un fez ottoman

Chez les musulmans d'Asie, le fez est connu sous le nom de Rumi Topi (le chapeau romain). Il était le symbole de l'identité musulmane, et était le signe distinctif des Indiens musulmans, qui montraient ainsi leur soutien au califat à la tête duquel se trouvait l'empereur ottoman. Par la suite, il a été associé à la Ligue Musulmane, le parti politique qui a contribué à la création du Pakistan. Le vétéran pakistanais Nawabzada Nasrullah Khan était parmi les rares personnes à encore porter le fez à sa mort en 2003.

En Indonésie, le pays qui compte la plus grande population musulmane au monde, le fez fait partie intégrante de la culture. On l'appelle "Peci" en bahasa (indonésien). Le Peci est noir, de forme elliptique et il est parfois orné de broderies. Il est porté lors de diverses cérémonies, le plus souvent religieuses, et de temps en temps pour des occasions formelles par des personnalités officielles.

A la création de la Turquie, après la Première Guerre Mondiale, Mustapha Kemal voit le fez (introduit par le sultan Mahmoud II dans le code vestimentaire en 1826) comme un symbole du féodalisme. Le fez (fes en turc) a été interdit en 1925, et les hommes turcs ont été encouragés à porter des effets européens : c'est ainsi que le Borsalino devint populaire.

Le fez a été importé dans les Balkans durant la l'occupation byzantine, et a été porté plus largement pendant la période ottomane : différentes populations slaves l'ont alors adopté, comme les Serbes et aujourd'hui les Bosniaques.

Un fez noir plus léger était porté par les Chemises noires fascistes en Italie.

Dans les hôtels de tourisme en Égypte, en Tunisie et au Maroc, les grooms portent un fez pour un effet couleur locale. Rappelons tout de même qu'il n'a presque pas été porté en Turquie. (voir ci-dessus).

Le fez est un des nombreux chapeaux qui ont pu être porté par les jeunes Occidentaux à la fin du XIXe siècle. Ce n'était pas le style le plus répandu, mais il a néanmoins été porté.

Notes et références

  1. The Living Age, Making of America, The Living Age Co. Inc, University of Michigan, p.636
  2. The Mode in Hats and Headdress, Ruth Turner Wilcox, Stanford University, p.33
  3. The Dalhousie Review, Dalhousie University Press, Stanford University, p.208
  4. The Middle East and Islamic World Reader, Marvin E. Gettleman, Stuart Schaar, Grove Press, p.126
  5. Grand Turk: An Historical Outline of Life and Events, of Culture and Politics, of Trade, Wilfred Thomas, Froggatt Castle, Hutchinson, University of Michigan, p.15
  6. The Mode in Hats and Headdress, Ruth Turner Wilcox, Stanford University, p.33
  7. New Outlook, Israel Peace Research Society, Jewish-Arab Institute (Givat Haviva, Israel), Makhon le-ḥeḳer ha-shalom (Givʻat Ḥavivah, Israel), Hashkafah Hadashah, Stanford University, p.75
  8. Encyclopædia Britannica Online - Tarboosh
  9. a  et b The Sultan and His Subjects, Richard Davey, Gorgias Press LLC, p.162
  10. Political Evolution in the Middle East, William Spencer, University of Michigan, p.69
  11. Social Theory and Later Modernities: the Turkish experience, Ibrahim Kaya, Liverpool University Press, p.59
  12. Social Theory and Later Modernities: the Turkish experience, Ibrahim Kaya, Liverpool University Press, p.119

Voir aussi et liens externes

Livres

Ces livres ne renseignent pas du tout sur l'histoire du Fez ; ils ont juste pour point commun le mot Tarbouche.

  • Robert Solé, Le tarbouche, éd. Points, n° 117 (ISBN 2020257750)
  • Abdellah Taïa, Le rouge de Tarbouche, éd. Seguier (ISBN 2840494124)
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