- Table de mixage
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En enregistrement et reproduction sonore, une table de mixage, ou console, est un outil électronique permettant de « mixer » (mélanger) des signaux sonores répartis sur des pistes séparées. Une table de mixage peut être analogique ou numérique, ou hybride[1] ou constituer une simple surface de contrôle reliée à une station audio-numérique.
Sommaire
Historique
À l'origine, mélanger deux micros dont il n'y a pas besoin de modifier le niveau, pouvait être réalisé par un câble dit « en Y » < ref > Le câble en Y est un assemblage de deux entrées reliées physiquement sur une seule sortie. L'inconvénient de cette technique est que le niveau de ce mélange "passif" qui en résulte est divisé par deux. Cette technique n'est possible qu'avec des micros statiques captant des sources identiques (par exemple : deux micros captant des violons) </ref >. Cette technique a été beaucoup utilisé, entre autres, sur bon nombre d'enregistrements en direct des disques de Jacques Brel par Gérard Lehner[2]
Les premières consoles à lampes des années 1960 n'avaient que peu d'entrées (6 à 12 puis 16). L'apparition des transistors puis de la famille des transistors à effet de champ permettent la fabrication de consoles comportant 32 entrées conjointement à l'apparition des enregistreurs multipiste, dans les années 1970-1980, jusqu'au maximum techniquement raisonnable des consoles analogiques d'environ 70 entrées.
Les premières consoles numériques adoptent d'abord l'ergonomie des consoles analogiques. Cependant les coûts prohibitifs (à l'époque) conduisent les fabricants à trouver d'autres solutions plus économes et d'une ergonomiques différente.
Article principal : consoles numériques.Les premières stations audio-numériques, d'abord gadgets dans les années 1990, deviennent concurrentielles au milieu des années 2000. Celles-ci finissent par imiter les "vraies" consoles analogiques : apparaissent alors les « surfaces de contrôle ».
Les consoles numériques apprennent à communiquer (remote) en parallèle de ces surfaces de contrôle. Apparaissent des consoles numériques hybrides, à la fois console de mélange et aussi surface de contrôle d'une station audionumérique.
Au fil de l'évolution des technologies, les consoles sont capables de mixer en stéréo puis en quadriphonie puis en multicanal, tout du moins en 5.1
Le cinéma numérique en relief (ou 3D) fait son apparition. Les consoles de mixage, tels qu'elles sont conçues, ne peuvent assumer ces formats naissants au-delà du 7.1.
Au niveau des consoles de mixage, une révolution conceptuelle se prépare.
Utilisation
Les tables de mixage sont utilisées dans:
- Les studios d'enregistrement
- Les auditoriums de mixage cinéma
- Les régies de télévision et de radio
- En sonorisation dans les salles de concert, de spectacles ou de théâtre
- Par des systèmes de sonorisation de lieux publiques Public address (en) (sonorisation d'une conférence, d'une galerie marchande...)
- Par les disc jockeys, pour assurer la diffusion de musique amplifiée
Ou bien chaque fois qu'il est nécessaire de mélanger des signaux audio dans un but de finalisation ou de diffusion.
Description
Suivant l'application, la taille et les capacités d'une console pourront varier dans de grandes proportions : (de 2 à 16 voies pour un DJ ou une petite radio locale à plusieurs centaines pour des consoles splittées (plusieurs consoles réunies pour en faire une seule) de sonorisation. Pour ce qui est des capacités, par exemple, dans un studio musique une console possède des préamplificateurs pour les microphones utilisés en prise de son ; dans un auditorium destiné uniquement au mixage, ils ne sont pas nécessaires puisque tous les signaux entrants sont déjà à un niveau de signal suffisant.
Consoles analogiques
Traditionnellement et en analogique, une console se décrit succinctement par son nombre d'entrées (inputs) et son nombre de sorties (outputs), par exemple : 8/2 (8 entrées et 2 sorties), 16/4, 32/24, 60/48, aussi par son nombre de départs et retours auxiliaires (2, 4, 6, 8, etc.).
Quand la console est équipée de préamplis micro, les entrées offrent le choix entre entrée micro préamplifiée et entrée « ligne ».
- Sur de petites consoles, par souci d'économie, il est possible que seule une moitié ou une partie des pistes soit équipée de préamplificateurs micro. Certaines consoles sont modulables ou personnalisables, c'est-à-dire que le fabricant propose des options en plus de la version basique : entrées ou sorties supplémentaires, interfaces de contrôle à distance, automation, etc.
Consoles numériques
Si pour une console analogique le nombre d'entrées induit le nombre de voies de la console, pour une console numérique, de nouvelles notions apparaissent. En dehors du nombre d'entrées/sorties moins signifiant, on décrit sa capacité de traitement numérique[3] potentielle. Une console ou une station numérique s'organise comme un jeu de Lego : chaque élément est une « brique » qui va utiliser plus ou moins de capacité de traitement (calcul).
Là encore il existe une grande variété de modèles et d'options :
- Nombre d'entrées (analogiques et numériques), convertisseur analogique-numérique et Convertisseur numérique-analogique
- Capacité de traitement numérique
- Interfaces de communication avec d'autres matériels informatiques via des protocoles variés et évolutifs: MIDI, Timecode,USB, FireWire Ethernet (souvent "propriétaire"
- Entrées-sorties numériques S/PDIF, AES/EBU, fibre optique et MADI
Fonctionnement
Une table de mixage a pour fonction de mélanger plusieurs sources vers un groupe de mélange (ou plusieurs), ou encore vers un sous-groupe, lequel aura ses traitements particuliers avant d'être redirigé vers le groupe principal de mixage. Il existe plusieurs types de consoles : Les Splits (plus souvent utilisées en sonorisation) et les In-Line (plus souvent utilisées en studio).
Chaque signal à mélanger correspond, en principe, à une entrée (ou voie, ou encore tranche), mono ou stéréo, de la table. Les connexions se font traditionnellement par des prises XLR, RCA ou jack 6.35 ou par des connecteurs multiples de la famille des D-sub ou, spécifiquement en numérique, des interfaces MADI (en).
À chaque voie peut correspondre, suivant les capacités de la console et typiquement répartis comme suit, du haut vers le bas d'une tranche :
- Un sélecteur d'entrée (micro, ligne 1, ligne 2) avec, pour l'entrée micro, éventuellement un switch[4] pour une alimentation dite « fantôme » du micro (en général 48 Volts DC) permettant d'alimenter des microphones statiques (notée PHANTOM ALIM. 48V).
- Un réglage linéaire[5] de gain d'entrée (suivant l'entrée choisie), éventuellement avec un pad (c'est-à-dire un atténuateur fixe — en général de 20 à 40 dB).
- Un « insert » externe, pour insérer un périphérique de traitement, typiquement un compresseur.
- Un filtre passe-bande, composé d'un filtre passe-haut pour couper les basses fréquences et d'un filtre passe-bas pour couper les hautes fréquences.
- Un correcteur de fréquences ou égaliseur, allant du plus simple (deux bandes fixes : hautes fréquences, basses fréquences) au plus complet (multiples bandes fixes complétées par un ou plusieurs égaliseurs paramétriques, auxquels l'utilisateur peut assigner une fréquence de fonctionnement, sa largeur de bande (Q) et une valeur d'amplification ou d'atténuation).
- Un fader ou potentiomètre linéraire.
Article détaillé : Fader.-
- Des départs et retours vers les sorties d'écoute auxiliaires : casque, retours de scène. Le volume général appliqué à la piste n'a pas d'impact sur ces sorties, aussi sont-elles appelées « pré-fader » ou pre ;
- Un (ou plusieurs) départ et retour pour un processeur d'effets externe sur chaque voie, sur lesquels le volume général appliqué à la piste a un impact direct : ils sont dits « post-fader » ou post ;
- Un routing de sortie se présentant sous la forme de petits commutateurs, permettant d'envoyer le signal de chaque source de chaque piste soit directement vers une piste de l'enregistreur, soit vers l'une des sections de mélange de la table où elle sera groupée avec d'autres pistes : sous-groupes, mélange principal, etc.
- Un commutateur solo permettant à l'opérateur d'isoler un signal de son choix pour effectuer plus facilement des réglages. Quand le solo est activé sur une piste, l'ingénieur peut écouter le signal issu de celle-ci sans aucun traitement à part le gain d'entrée appliqué, l'égalisation interne à la console et les éventuels effets appliqués sur l'insert.
- Un commutateur mute (« muet ») pour couper totalement une piste.
- Un potentiomètre linéaire ou fader, contrôlant le volume général de sortie de la tranche.
Les groupes de mélange
Définition
Le terme Bus décrit en principe la nappe physique (ou la liaison de sortie entre toutes les tranches de la console). Ce bus, ou groupe de mélange, a pour destination l'amplificateur de mélange, lequel a pour destination une des sorties de la console.
Les tables de mixages classiques sont équipées d'un ou plusieurs bus, en général sélectionnés par un ou plusieurs boutons à côté du fader de tranche. Le bus permet de regrouper plusieurs tranches, permettant de régler en même temps le niveau de plusieurs sources sonores au moyen d'un seul fader. Les tranches regroupées sortent donc par le départ respectif du bus.
Les départs auxiliaires
Un départ vers un canal auxiliaire se fait au moyen d'un potentiomètre situé en dessous de l'égaliseur. Il permet de récupérer le son de la tranche avant ou après le fader (réglage Pré/Post) et de le faire sortir de la table de mixage (send) pour attaquer les amplificateurs de retours ou des effets auxiliaires (d'où le nom). On a également un potentiomètre maître (master) pour chaque canal auxiliaire.
Les retours auxiliaires
Les retours auxiliaires (returns) correspondent au retour du signal après traitement.
Article détaillé : en:Aux-send.Les effets internes
Certaines tables de mixage proposent un ou plusieurs effets internes, souvent appliqués via un départ auxiliaire routé spécialement vers le processeur d'effet.
Les effets sont effectués par un processeur qui travaille en numérique. Le signal doit être donc échantillonné, traité, puis restitué. Très peu nombreux sur une table analogique, les effets sont très développés pour les consoles numériques (la technologie employée les rendant plus faciles à intégrer). On peut alors en mettre plusieurs par tranche (égaliseur graphique/paramétrique, compresseur, noise gate, réverbération, écho...)
Les sous-groupes
- Les sous groupes physiques ;
- les sous groupes par commande de voltage controlled amplifier, ou amplificateur commandé par tension. Il y a plusieurs façons de gérer les VCA suivant les fabricants.
La vu-métrie
Traditionnellement et en analogique, le VU-mètre a pour fonction de mesurer le niveau du signal. Avec l'évolution du numérique, le vu-mètre devient insuffisant, d'autres systèmes vont le remplacer comme la famille des PPM Peak Programme Meter.
Le monitoring
Désigne l'ensemble des éléments servant à l'écoute du mixage et/ou de l'enregistrement. Simple du temps de la stéréo, il devient complexe avec l'apparition du mixage multicanal et des nécessités de comparaisons d'écoutes (Grosse écoute neutre de travail, petite écoute de diffusion) et de downmixage.
Il est important, dans un environnement de mixage professionnel, de multiplier les sources de monitoring car les morceaux produits seront aussi bien diffusés en format CD, MP3 ou bien même en streaming (via des services web d'écoute d'albums en temps réel). Aussi, à tout moment, l'ingénieur du son devra s'assurer que le mixage qu'il a réalisé est cohérent (harmonieux, etc.) pour l'ensemble des modes de diffusion indiquées plus haut.
Constructeurs
Il y a plusieurs catégories de fabricants suivant les domaines d'utilisation (enregistrement - mixage musique, cinéma, sonorisation, diffusion, home studio etc.). Certain constructeurs fabriquent à la fois de très grosses et onéreuses consoles destinées uniquement aux studio, et profitant de leur réputation, d'autres consoles plus petites et plus spécialisées. L'informatique au début des années 2000 a bousculé la « donne ». Il est devenu possible de mixer sans console traditionnelle.
Production professionnelle
Liste non exhaustive:
- Euphonix (en) devenu filiale d'Avid en 2010.
- AMS Neve (en), fabricant de tables de mixage professionnelles destinées au studio.
- MCI, inventeur de la console in-line, disparu en 1982.
- Solid State Logic (SSL),
- Studer
Home studio et autres fabricants professionnels
Liste non exhaustive:
Notes et références
- Une console peut être hybride et composée de parties analogiques et de parties numériques.
- Gérard Lehner
- DSP, lesquelles sont modulable ou optionnelles. La capacité de traitement numérique est appelé "ressources" ou ressources
- Ici, le terme switch est préféré au terme commutateur, puisqu'il correspond à plusieurs modes de commutations suivant les domaines d'applications (analogique, électronique ou informatique).
- Dans la terminologie usuelle, linéaire ne se compare pas au principe d'une échelle logarithmique mais à un autre type d'atténuateur dit « par plots » ou pas-à pas.
- Sony Oxford OXF-R3 :
Annexe
Articles connexes
- Mixage
- Enregistrement sonore
- Sonorisation
- Technologies des musiques amplifiées
- Traitement du signal
- (en) en: Audio mixing (recorded music)
- Ingénieur du son
- Mixeur cinéma
Liens externes
Bibliographie
- Le Livre des techniques du son - Tome 2 - La Technologie Dunod 2007 - 3ème édition - EAN13 : 9782100063055
- Le Livre des techniques du son - Tome 3 - L'exploitation Dunod 2007 - 3ème édition - EAN13 : 9782100496518
Catégories :- Matériel audio
- Sonorisation
- DJing
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