Sérapéum de saqqarah

Sérapéum de saqqarah

Sérapéum de Saqqarah

29° 52′ 29″ N 31° 12′ 45″ E / 29.874711, 31.212419

Cartouche lieux.jpg
Article de la série Lieux égyptiens
Lieux
Nomes / Villes
Monuments / Temples
Région
Basse-Égypte / Moyenne-Égypte
Haute-Égypte / Nubie
Localisation
Egypt Karnak test.png
Saqqarah
latitude=29.874711 N ; longitude=31.212419 E
Latitude
Longitude

C'est à Saqqarah à l'ouest du mastaba de Ti que le Sérapéum fut découvert par Auguste Mariette le 1er novembre 1851. Le jeune chercheur guidé et inspiré par le témoignage de l'auteur antique et géographe Strabon dégagea dans un premier temps le dromos et poursuivant cette allée bordée de sphinx il découvre alors l'entrée des catacombes destinées à abriter les corps momifiés des taureaux sacrés Apis.

La découverte fit grand bruit notamment à cette époque où une véritable "chasse au trésor" était organisée et financée par les gouvernements sans cesse rivaux d'une Europe impériale et où l'égyptologie n'existait pas encore... Cette découverte sera l'un des éléments fondateurs pour Mariette dans sa volonté de stopper ce pillage systématique des richesses culturelles de l'Égypte. Il créa alors le tout premier Service des antiquités égyptiennes.

L'origine de la nécropole qu'il venait de redécouvrir à Saqqarah, remonte à la XVIIIe dynastie et sa première extension magistrale au règne de Ramsès II qui confia la réorganisation du culte funéraire du dieu à son fils préféré Khâemouaset. En effet on lui doit les premières catacombes spécialement aménagées pour les dépouilles des taureaux sacrés. Auparavant ceux-ci étaient inhumés dans des tombes individuelles surmontées d'une chapelle destinée à son culte funéraire en tant qu'Osiris-Apis. Ces catacombes seront agrandies puis secondées par une nouvelle grande galerie qui restera en service jusqu'à la fin de l'Antiquité et la disparition du culte des animaux sacrés lorsque l'Empire romain embrassera le christianisme comme seule religion d'état.

Sommaire

Description

L'ensemble formait à l'époque ptolémaïque et romaine un vaste périmètre sacré relié à la vallée par le fameux dromos que Strabon décrivit. Plusieurs chapelles longeaient cette allée sacrée qui était empruntée par les processions lors des funérailles du dieu Apis. Cette voie traversait donc la nécropole antique sur plus d'un kilomètre, partant de la colline du Bubastéïon, longeant le complexe funéraire de Téti, laissant sur sa gauche ceux d'Ouserkaf et de Djoser, elle s'enfonçait toujours plus à l'ouest dans le désert.

Vue de l'hémicycle des philosophes du dromos du Sérapéum à Saqqarah

La voie sur le dernier quart était bordée de diverses chapelles et monuments commémoratifs édifiés par les dévots et personnalités puis, marquant un coude, aboutissait sur une sorte d'esplanade sur laquelle des chapelles et sanctuaires gréco-romain furent aménagés avec notamment la construction d'un hémicycle dédié aux principaux auteurs et philosophes grecs. Les statues découvertes dans cet hémicycle sont aujourd'hui conservées au musée égyptien du Caire et sont pour certaines les seules représentations de ces personnalités que l'Antiquité nous a livré. Étrange apparition de ces illustres penseurs, dans un désert entièrement consacré aux cultes égyptiens, qui traduit bien la volonté des deux cultures de s'associer.

Cet hémicycle jouxtait un édifice dont il devait dépendre. Il fermait l'esplanade et on l’a baptisé le Temple Est. Plus loin au nord de l'allée pavée, une chapelle dédiée à Apis a été mise au jour contenant encore une statue grandeur nature du dieu taureau portant un disque solaire enserré entre ses cornes et orné d'un uræus. Cette statue est aujourd'hui conservée au musée du Louvre.

Le dromos se poursuivait alors vers l'enceinte du Sérapéum et s'achevait par un portail encadré par des lions couchés, monument édifié par Nectanébo Ier. C'est d'ailleurs à ce pharaon que l'on doit la plupart des sphinx qui bordaient cette longue voie processionnelle et qui ornent aujourd'hui les collections de plusieurs grands musées d'Europe et des États-Unis.

Du temple consacré à Osiris-Apis il ne reste rien de visible aujourd'hui et il est bien difficile de se faire une idée de son ampleur même s'il est plus que probable qu'il comprenait les éléments classiques du temple égyptien, avec pylônes, cours à portiques, pronaos et naos. Seuls les relevés faits à l'époque de Mariette permettent d'évaluer les dimensions du téménos avec une enceinte de plus de 300 mètres de côtés s'ouvrant donc à l'est par ce portail placé dans l'axe du temple.

C'est juste à l'entrée du temple principal que se trouvaient les tombeaux individuels aménagés sous la XVIIIe dynastie et au début de la XIXe dynastie. Cinq hypogées individuels surmontés de leur chapelle de culte ont été dégagés et identifiés. Chaque tombeau était constitué d'une descenderie débouchant sur une chambre funéraire avec pour deux cas des chambres annexes. Il s'agissait donc de véritable tombe qui étaient creusées et édifiées en l'honneur du dieu.

Au vu des fondations dégagées lors des premières campagnes de fouilles, le temple devait mesurer plus de 150 mètres de longueur pour une largeur de près de 100 et possédait un double mur d'enceinte ouvert sur deux axes. L'un principal d'est en ouest prolongeant l'axe du dromos, l'autre secondaire ouvrant au nord sur les nécopoles. Des reliefs de différentes époques ont été retrouvés notamment de l'époque de Nectanébo dont des éléments d'un temple ou d'une chapelle consacrée à Isis qui était associée à la mère du dieu Apis[1].

Stèle de l'Apis enterré sous le règne de Darius

Les catacombes d'Apis se trouvaient sous le temple d'Apis. Aujourd'hui l'élément principal de ce sanctuaire est donc souterrain et consiste en deux galeries que les égyptologues pour les différencier qualifient de "petite" et "grande".

  • Les "petits souterrains" ont donc été aménagés sous Ramsès II et utilisés jusqu'au début de la XXVIe dynastie. Ils suivaient un développement nord-sud et contiennent dix-sept chambres creusés dans le roc.
  • Les "grands souterrains" ont été inaugurés sous le règne de Psammétique Ier et seront utilisés jusqu'à la fin de l'Antiquité, selon un axe est-ouest plusieurs fois agrandi. Ils contiennent eux plus de trente chambres, certaines colossales, reliées entre elles par des couloirs et passages. Un grand nombre de ces caveaux possèdent toujours de grands sarcophages.

Ainsi, et à dater de Ramsès II, chaque taureau Apis possédait un caveau qui lui était spécialement dédié dans cette grande tombe collective et dont l'accès était muré une fois la momie déposée dans son sarcophage. Sur ce mur, on apposait des stèles dédicatoires qui le plus souvent indiquaient le règne sous lequel le taureau était né, son année d'intronisation dans le temple de Ptah, sa durée de vie ainsi que la date de son enterrement, précisant le règne sous lequel cette cérémonie avait lieu. Ces stèles sont aujourd'hui des éléments précieux car elles permettent d'éclairer des règnes que les annales royales ne nous ont pas conservé ou pour lesquels nous n'avons que peu de précisions. De plus dans la mesure où la plupart des documents antiques nous donnant des listes de pharaons remontent au Nouvel Empire et que ces catacombes partent précisément de cette période ces stèles qui couvrent toute la fin de l'antiquité égyptienne sont parfois les seuls éléments probants dont l'égyptologue dispose pour connaître les durées de règnes, éléments bien plus fiable pour établir la chronologie de cette période de l'histoire de l'Égypte antique que la seule liste attribuée à Manéthon.

Ces stèles permettent également de nuancer quelque peu les histoires rapportées par les auteurs antiques sur la période perse qui précéda immédiatement l'époque ptolémaïque. En effet, non seulement on a retrouvé l'Apis enterré sous le règne de Darius, mais également sous celui de Cambyse, ce qui démontre que l'histoire rapportée par Hérodote fut quelque peu influencée par la propagande anti-perse qui avait cours à cette époque dans l'ensemble des satrapies de l'empire Achéménide. Propagande savamment orchestrée par les Grecs notamment...

Chaque taureau était momifié et enterré avec faste dans un massif sarcophage. Pendant le Nouvel Empire ces sarcophages étaient en bois et n'ont pour la plupart pas survécu à leur découverte, pour les périodes suivantes ces sarcophages furent taillés dans du granite et pèsent plusieurs tonnes. Ils reposent toujours dans les caveaux de la grande galerie. Les taureaux étaient enterrés avec un mobilier funéraire proche de celui que l'on retrouve dans les tombeaux égyptiens classiques. Bijoux, amulettes, oushebtis, vases canopes, sont autant d'objets funéraires nécessaire à la momification et destinés à faciliter le passage du dieu dans l'occident, le monde des morts. Certaines momies d'Apis ont été retrouvées intactes et sont exposées aujourd'hui au musée égyptien du Caire.

Le Sérapéum de Saqqarah fait l'objet de travaux de restauration et de consolidation depuis plusieurs années et est actuellement fermé au public.

Les énigmes du Sérapéum de Saqqarah

Plusieurs points restent énigmatiques depuis la découverte du Sérapéum de Saqqarah.

  • Le premier point concerne la découverte par Auguste Mariette d'un sarcophage inhumé en même temps que le taureau Apis enterré en l'an 55 du règne de Ramsès II. Les conditions de cette découverte et la nature des objets retrouvés avec ce sarcophage ont depuis donné diverses interprétations. En effet, en 1851 il mit au jour plusieurs sépultures intactes de taureaux sacrés dans la "petite galerie" remontant toutes au règne de Ramsès II. Parmi celles-ci il mit donc à jour un sarcophage qui abritait une momie (détruite aujourd'hui) couverte de bijoux princiers et d'amulettes prophylactiques destinées à protéger le mort dans son voyage dans l'au-delà. Ces amulettes portaient les titres et le nom de Khâemouaset.
  • Autres points non résolus jusqu'à présent :
    • Si on y trouve la plupart des Apis enterrés depuis le règne d'Amenhotep III, la nécropole des taureaux sacrés qui précède ce règne n'a toujours pas été mise à jour. Ce dernier point tendrait à prouver pour certains égyptologues que c'est ce souverain qui aurait initié le culte du taureau sacré et aurait pour la première fois créé une nécropole pour abriter les dépouilles des taureaux sacrés. Or le culte d'Apis préexistait au règne du père d'Akhénaton. De même, si aucun Apis n'a été retrouvé pour le règne de ce dernier, un taureau a bien été inhumé sous le règne de Toutânkhamon, et un autre sous le règne d'Aÿ ou à la charnière de ce règne et de celui de son successeur Horemheb.
    • Les XIXe et XXe dynasties sont bien documentées dans la "petite galerie", en revanche la XXIe dynastie est étrangement absente. Aucun caveau d'Apis n'a été retrouvé pour les règnes des pharaons de cette dynastie, et les inhumations ne semblent reprendre qu'à dater de la XXIIe dynastie[2].

L'absence n'étant pas une preuve en archéologie, il faut sans doute rechercher ailleurs ces nécropoles. Il est probable qu'en ce qui concerne la XXIe dynastie, qui pour mémoire était complètement inconnue jusqu'à la découverte de la nécropole royale de Tanis par Pierre Montet en 1939, ses souverains voulurent sans doute fonder leur propre nécropole pour le dieu Apis. Ces catacombes resteraient à découvrir sous les sables de Saqqarah.

Notes

  1. Celle-ci recevait également un culte à Memphis et disposait de catacombes spécialement destinées aux momies de cette vache sacrée située au nord-est du complexe du Sérapéum de Saqqarah
  2. Cette lacune fait l'objet de spéculations chronologiques depuis peu, qui tenteraient à prouver que cette dernière dynastie n'a purement et simplement pas existé en tant que telle et qu'elle est à confondre avec la XIXe dynastie, la XXe dynastie se confondant donc avec la XXIIe dynastie etc. L'objet de cette interprétation serait de décaler toute la chronologie de l'Antiquité et ainsi de mieux la faire correspondre aux textes bibliques

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