Synergie

Synergie
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La synergie reflète communément un phénomène par lequel plusieurs acteurs, facteurs ou influences agissant ensemble créent un effet plus grand que la somme des effets attendus s'ils avaient opéré indépendamment, ou créent un effet que chacun d'entre eux n'aurait pas pu obtenir en agissant isolément.

Dans le langage courant, le mot est plutôt connoté positivement, et il est utilisé pour désigner un résultat plus favorable lorsque plusieurs éléments d'un système ou d'une organisation agissent de concert. Plus prosaïquement, il y a synergie positive quand le résultat d'une action ou d'un élément est supérieur à la somme des résultats des parties. Ceci est résumé très simplement par l'aphorisme un et un font trois.

En règle générale, les conséquences positives d’une synergie se réfèrent à un observateur et son point du vue particulier, sans que ce dernier soit toujours bien précisé ; d’un point de vue opposé, les conséquences sont souvent négatives. Par exemple, une entente cartelaire produit une synergie favorable aux entreprises qui en font partie, mais elle se développe au détriment de leurs clients.

Sommaire

Caractère général et étymologie

Étymologie et éléments de définition

La synergie (du grec syn (sun) signifiant avec et ergazomai signifiant je travaille, ergasia signifiant le travail). C'est Émile Littré, qui au XIXe l'introduit dans son Dictionnaire de la langue française (1872-1877) en le présentant comme ne relevant que du domaine de la physiologie ; c'est le « Concours d'action, d'effort, entre divers organes, divers muscles. Association de plusieurs organes pour l'accomplissement d'une fonction». En 1932, le Dictionnaire de L'Académie française (8e édition) lui conserve toujours ce sens (muscles synergiques), mais le mot est rapidement utilisé au XXe en sociologie (synergies dans les relations sociales), en théologie (synergisme, pour la doctrine arminienne), en chimie, biologie, en génétique (synergies entre gènes différents), en pharmacie (synergies entre médicaments) toxicologie et écotoxicologie et en écologie. La compréhension des systèmes catalytiques et des catalyseurs s'améliorant, on lui associe la notion de potentialisation.

Dans les années 1960, des économistes l'utilisent également pour décrire des économies d'échelle. Dans les années 1990, il devient un mot en vogue dans le monde des affaires.

L'opposé de la synergie est l'antagonisme (ou synergie négative), phénomène dans lequel deux facteurs en combinaison ont un effet moindre que la somme de leurs effets attendus. Les deux effets peuvent s'annuler (ex : ceux d'un acide et une base) L'absence de synergie est l'asynergie. (médecine)

La synergie fait souvent aussi référence à l'énergie et à l'efficience.

Spécificités par domaine

Physiologie

La synergie musculaire est une contraction coordonnée de différents muscles destinée à exécuter un mouvement précis.

dans le domaine des organisation et systèmes humains

Il est possible de distinguer 4 types de synergies :

  • La maintenabilité : la capacité à corriger et modifier simplement une structure, et même, parfois, la possibilité de modifier celle-ci en cours d'utilisation.
  • La mutualisation : capacité à identifier une fonction et à l'utiliser dans plusieurs contextes.
  • La scalabilité : capacité à pouvoir évoluer par un changement d'échelle, c'est-à-dire de supporter des volumes plus importants de flux sans remettre en cause la structure sous-jacente.
  • La résilience : est la capacité à continuer de fonctionner en cas de panne.

Sociologie

Le mot sociologie, inventé par Emmanuel-Joseph Sieyès, est popularisé par Auguste Comte dans le Catéchisme positiviste publié en 1854.

La synergie y désigne pour la première fois les interactions sociales des individus.

Écologie, Biologie, Médecine humaine et vétérinaire

L'exacerbation de la toxicité d'un poison par un autre[1] ou par un additif de type surfactant est depuis longtemps connue, et à prendre en compte dans les évaluations environnementales[2] et diagnostics de toxicité chez l'humain.

  • De nombreux cas de synergies toxiques sont régulièrement suspectées (entre pesticides et autres biocides par exemple[3]) découverts. Par exemple l'exposition à l'arsenic par l'eau ou la nourriture augmente beaucoup le risque de cancer induit par le tabagisme[4].
    Diverses études ont montré que des animaux (poissons notamment) exposés à certains polluants ou perturbateurs endocriniens[5],[6] où à certains facteurs de risques, même à des seuils très inférieurs à ceux considérés comme individuellement susceptibles de générer un effet, peuvent être beaucoup plus vulnérables à certains parasites et microbes (viraux notamment).
    Parfois l'effet est fortement dépendant de la dose toxique[7], parfois il est plus stochastique (Certains de ces polluants semblent capables, à très faible dose d'agir synergiquement pour diminuer l'immunité de l'organisme[8] face à certains pathogènes).
  • On parle souvent d'« effet cocktail » dans le cas de mélange complexes de produits chimiques[2],[9], qui imposent des procécures beaucoup plus complexes, et encore mal maîtrisée d'évaluation des risques)[10]. Quelques outils d'évaluation[11],Cronin MTD, Walker JD, Jaworska JS, Comber MHI, Watts CD, Worth AP (2003b). Use of QSARs in International Decision-Making Frameworks to Predict Ecologic Effects and Environmental Fate of Chemical Substances. Environ Health Perspect. 111, 1376-1390et guides de bonnes pratiques apparaissent sur ce sujet[12], mais bien que le principe de précaution et le principe de prévention y invite, la règlementation n'a pas encore ou très peu pris en compte ce facteur d'exacerbation des risques, car difficile à évaluer, notamment dans le cas de cocktails de polluants de nature différente et de persistance environnementale différente, pour les pesticides[13]dans l'eau, la pluie, l'air ou les sols ou encore dans les organismes par exemple (dans les organismes vivant, un phénomène d'organes-cible et de modification en métabolites des polluants par l'organisme compliquent encore les évaluations toxicologiques, d'autant que les molécules de dégradation (ou biodégradation[14]), primaires, secondaires, tertiaires, etc. sont parfois plus toxiques que leurs molécules-mères et que leur cinétique dans l'environnement ou les organismes sont également modifiées[15]).
  • Les inquiétudes portent tant sur la santé humaine que sur celle des écosystèmes[16] car les synergies toxiques peuvent affecter toutes les espèces, et indirectement les services écosystémiques. On soupçonne par exemple que le « syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles » et la régression de nombreuses espèces soient dues à des cocktails de polluants, dont probablement de pesticides.
  • Ces synergies rendent difficile la mesure de l'exposition réelle aux polluants et à leurs effets toxiques, y compris via l'alimentation [17], notamment pour les pesticides dont il existe des centaines de molécules et milliers de molécules de dégradation ou métabolites non évalués du point de vue toxicologique[18] ou écotoxicologique.
  • Ce type de synergie est par exemple une des explications proposées à la régression et disparition locale de migrateurs tels que les anguilles ou saumons [19]. Les polluants à faibles doses[20] peuvent induire des effets stochastiques apparents qui pourraient n'être que des effets déterministes encore mal compris[21].

Dans le domaine des soins, l'action combinée de plusieurs médicaments produit des actions additives, qualifiées de synergiques. Les doses peuvent être différentes des doses de ces médicaments pris individuellement. La planification intervient également.

Voir aussi :

Les relations entre micro-organismes peuvent se définir selon quatre termes : la symbiose, le commensalisme, l'antibiose et le synergisme.

Le synergisme qualifie une relation entre espèces qui, isolément, seraient incapables de provoquer une pathologie : ainsi de l'association entre fusiformes et spirochètes dans la gingivite ulcéro-nécrotique.

Économie

En économie, la notion de synergie découle d'une amélioration de l'organisation au sein d'une ou d'un groupe d'entreprises, d’un groupe de consommateurs, de la nation. Elle découle souvent d’une mise en commun des ressources et des besoins, parfois d’une cascade de causes et d’effets.

Un exemple de synergie connue est celle qui existe entre Intel et Microsoft (« Wintel ») : des microprocesseurs de plus en plus puissants permettent d'offrir à l'utilisateur des fonctions plus conviviales, mais ces nouvelles fonctions vont à leur tour, à mesure qu'elles sont de plus en plus utilisées, entraîner une demande de microprocesseurs encore plus puissants. Par ailleurs, la baisse des coûts engendre une plus grande demande, qui elle-même va permettre aussi un nouvel abaissement des coûts (cercle vertueux au sein de la branche).

Autres exemples en économie :

Théologie

Depuis la controverse arminienne en 1610, il existe deux branches d'Églises de confession réformée, les calvinistes et les arminiens.

Les arminiens sont des adeptes du théologien calviniste hollandais Jacobus Arminius. Ces derniers souscrivent au synergisme qui enseigne l'aptitude naturelle de l'homme à contribuer à son salut personnel, par la décision qu'il prend de croire ou de ne pas croire, ou par son comportement. Ils rejettent donc la doctrine calvinienne de la double prédestination.

Architecture et design

Richard Buckminster Fuller a proposé de nommer synergie la conjugaison de plusieurs fonctions assurant l'émergence d'une fonction unique distincte.

Voir aussi :

Théorie évolutionniste

Le néo-darwinisme, ou théorie synthétique a donné lieu à la théorie synergique de l'évolution, élaborée dans les années 1960 par le généticien Denis Buican, qui admet une sélection multipolaire permettant de rendre compte de tous les phénomènes sélectifs (des virus jusqu'à l'homme)[réf. souhaitée].

Voir aussi :

  • Le Monde de l'éducation, lundi 15 mars 1999 : Cédric Grimoult, Histoire de l'évolutionnisme contemporain en France (1945-1995)

Éthique environnementale

Wenz (2001) présente l'opposition de l’anthropocentrisme et du non-anthropocentrisme. Il propose une voie moyenne qu’il nomme synergisme environnemental.

Notes et références

  1. Bliss CI (1939). The toxicity of poisons applied jointly. Ann Appl Biol. 26(3), 585-615
  2. a et b Wharfe, J. (2004). Hazardous chemicals in complex mixtures – a role for direct toxicity assessment. Ecotoxicology 13, 413–421.
  3. COT (2002). UK Committee on Toxicity of Chemicals in Food, Consumer Products and the Environment. Risk Assessment of Mixtures of Pesticides and Similar Substances
  4. Chen CL, Hsu LI, Chiou HY, Hsueh YM, Chen SY, Wu MM et al. (2004). Ingested arsenic, cigarette smoking, and lung cancer risk: A follow-up study in arseniasis endemic areas in Taiwan. JAMA 292, 2984-2990
  5. Charles GD, Gennings C, Tornesi B, Kan HL, Zacharewski TR, Gollapudi BB, Carney EW (2007). Analysis of the interaction of phytoestrogens and synthetic chemicals: an in vitro/in vivo comparison. Toxicol Appl Pharmacol. 218(3), 280-288
  6. Charles GD, Gennings C, Zacharewski TR, Gollapudi BB, Carney EW (2002). An approach for assessing estrogen receptor-mediated interactions in mixtures of three chemicals: A pilot study. Toxicol Sci. 68(2), 349-360
  7. Crofteon K, Craft ES, Hedge JM, Gennings C, Simmons JE, Carchman RA, Carter WH Jr, de Vito JM (2005). Thyroid-hormone-disrupting chemicals: evidence for dose dependent additivity or synergism. Environ Health Perspect. 113(11), 1549-1554
  8. Dunier M. 1996. Water pollution and immunosupression of freshwater fish. Ital J Zool 63:303–309
  9. Altenburger R, Walter E, Grote M (2004). What Contributes to the Combined Effectof a Complex Mixture? Environ Sci Technol. 38, 6353-6362
  10. Altenburger R, Boedeker W, Faust M, Grimme LH (1996). Regulations for combinedeffects of pollutants: consequences from risk assessment in aquatic toxicology. FoodChem Toxicol 34, 1155-1157
  11. Cronin MTD, Jaworska JS, Walker JD, Comber MHI, Watts CD, Worth AP (2003a). Use of QSARs in International Decision-Making Frameworks to Predict Health Effects of Chemical Substances. Environ Health Perspect. 111, 1391-1401
  12. ATSDR (2004). Guidance Manual for the Assessment of Joint Toxic Action of Chemical Mixtures. US Agency for Toxic Substances and Disease Registry. Division of Toxicology. May 2004.
  13. Boobis AR, Ossendorp BC, Banasiak U, Hamey PY, Sebestyen I, Moretto A (2008).Cumulative risk assessment of pesticide residues in food. Toxicol Lett. 180, 137-150
  14. Desai AM, Autenrieth RL, Dimitriou-Christidis P, McDonald TJ (2008). Biodegradationkinetics of select polycyclicaromatichydrocarbon (PAH) mixtures by Sphingomonaspaucimobilis EPA505. Biodegradation, 19(2),223-233
  15. Dimitriou-Christidis P, Autenrieth RL (2007). Kinetics of biodegradation of binary and Toxicity and Assessment of Chemical Mixtures DRAFT 27 February 2011 39 ternary mixtures of PAHs. Biotechnol Bioeng. 97(4),788-800
  16. CSTEE 1999 (Scientific Committee for Toxicity, Ecotoxicity and the Environment. CSTEE) Opinion on human and wildlife health effects of endocrine disrupting chemicals, with emphasis on wildlife and on ecotoxicology test methods. March 1999
  17. EFSA (2006). European Food Safety Authority. Opinion of the Scientific Committee related to uncertainties in dietary exposure assessment. EFSA Journal 438, 1-54
  18. EFSA (2008). European Food Safety Authority. Opinion of the Scientific Panel on Plant Protection products and their Residues to evaluate the suitability of existing methodologies and, if appropriate, the identification of new approaches to assess cumulative and synergistic risks from pesticides to human health with a view to set MRLs for those pesticides in the frame of Regulation (EC) 396/20052. The EFSA Journal 704, 12-84
  19. Synergistic effects of esfenvalerate and infectious hematopoietic necrosis virus on juvenile chinook salmon mortality, MARK A. CLIFFORD et al. , Environmental Toxicology and Chemistry, Vol. 24, No. 7, pp. 1766–1772, 2005 lire
  20. Boobis AR, Budinsky R, Collie S, Crofton K, Embry M, Felter S, Hertzberg R, Kopp D, Mihlan G, Mumtaz M, Price P, Solomon K, Teuschler L, Yang R, Zaleski R (2011). Critical analysis of literature on low-dose synergy for use in screening chemical mixtures for risk assessment. Crit Rev Toxicol. 1-14
  21. Vethaak AD, Jol JG. 1996. Diseases of flounder Platichthys flesus in Dutch coastal and estuarine waters, with particular reference to environmental stress factors: 1. Epizootiology of gross lesions. Dis Aquat Org 26:81–97

Voir aussi

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