Symphonie n° 5 de Bruckner

Symphonie n° 5 de Bruckner

Symphonie nº 5 de Bruckner

La symphonie n° 5 en si bémol majeur est écrite dans une période des plus sombres de l'existence d'Anton Bruckner. Il commence l'Adagio le 14 février 1875. La première rédaction de l'ensemble de la symphonie est achevée le 16 mai 1876. Mais en 1877, il relit trois fois de suite le Finale, reprend le premier mouvement et révise l'Adagio. Ce n'est que le 4 janvier 1878 que la cinquième symphonie est terminée et dédiée à l'un de ses protecteurs : le ministre de l'éducation, Karl Ritter von Stremayr, à qui il doit sa nomination à l'université. Cette composition culmine d'audace combinatoire et elle est sans doute la plus classique des symphonies du compositeur qu'il a désigné lui-même comme son : « chef-d'œuvre de contrepoint » à cause de la performance du Finale. La compréhension de cette symphonie ne nécessite, a priori, aucune analyse. En effet, il suffit de se laisser transporter par la foi inébranlable qui semble se dégager d'une telle musique. Bruckner surnommait d'ailleurs cette oeuvre "la Fantastique". Ce surnom n'a pas été retenu à la postérité.

La symphonie est en quatre mouvements :

1.Adagio, Allegro moderato

2.Adagio : sehr langsam

3.Scherzo : molto vivace

4.Finale : adagio, allegro moderato

Sommaire

Fiche technique

Composition : février 1875 - mai 1877 à Vienne (Autriche)

Edition ; 1896 à Vienne - Doblinger (avec les coupures de Schalk) et 1937 à Vienne et Leipzig

Dédicace : A Karl Ritter von Stremayr, ministre de l'éducation

Première audition : 8 avril 1894 à Graz sous la direction de Franz Schalk.

Durée d'exécution : 75-80 minutes

Effectif orchestral : 3 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons; 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba; timbales; les cordes

Mouvements

Le mouvement de tête est le seul de l'œuvre symphonique de Bruckner à comporter une introduction lente. La partie principale est un mouvement de sonate bien structuré avec une exposition, un développement et une réexposition. La tonalité de l'ensemble est symétrique ; les mouvements extrêmes sont en si bémol majeur et les deux mouvements du milieu en ré mineur. Le rythme du second mouvement en triolets contraste avec les duolets du thème émis par le hautbois. Enfin, le dernier mouvement est une combinaison grandiose d'une sonate fuguée avec la reprise de thèmes mélangés avec des motifs isolés de tous les mouvements.

I. Adagio, allegro moderato

Après une introduction lente ; les pizzicati solennels des basses soutiennent un canon furtif. Soudain, on frémit au fortissimo unisono des fanfares de l'orchestre à peu près dans son ensemble. Quand le choral déploie toutes ses forces commence l'Allegro introduit par le tremolo des cordes : les violons bourdonnent ; clarinettes, altos et violoncelles hésitent puis lancent à l'unisson leur cri qui évolue vers un tutti : c'est le premier thème. Mais cette force recule devant le choral des cordes aux modulations suaves : c'est le second thème. Un troisième thème est donné à la flûte, à la clarinette et au hautbois expressivo. Une lutte intérieure s'instaure et le choral des instruments à vent (déjà entendu dans l'introduction) décide de l'issue du combat. A la reprise, les différents thèmes représentés défilent intacts. Les pizzicati solennels aux basses entendus à l'introduction marquent le début de la partie finale de ce mouvement où les fanfares de l'introduction et le premier thème s'en donnent à cœur joie.

II. Adagio : sehr langsam (ré mineur)

Il offre aux bois à vent un chant simple, religieux et désolé ; aux cordes : un accompagnement berceur et pincé. Ce thème alterne à plusieurs reprises avec une sorte de marche religieuse que les violons jouent largo assai sur la corde de sol. Le développement est déchirant.

III. Scherzo : molto vivace (ré mineur)

On peut l'appeler tout simplement bal champêtre ; le ton mineur invite à la méditation. Les cordes transforment rapidement le rythme de l'adagio en un rythme de danse. Ce que les bois donnent à l'unisson et en antithèse présentent une consonance peu engageante, malgré le crescendo qui tente de forcer l'atmosphère. Une valse lente (propre à l'Autriche), confiée aux premiers et seconds violons molto piu lent réussit à créer un meilleur climat. Puis, on écoute alternativement la danse rapide et cette valse ; la danse perd de plus en plus sa mélancolie pour devenir joyeuse et la valse lente s'évanouit. Le trio (allegretto) se présente comme une agréable danse à roulades malgré les dissonances du cor.

IV. Finale. adagio, allegro moderato

Il répète l'introduction mais des appels de clarinettes, brefs et inquiétants s'entendent au loi. Les instruments à vent engagent les premiers contacts, une courte citation du début de l'adagio y fait suite (second mouvement) ; dans les basses des cordes gronde un thème d'attaque construit comme une fugue. Les violons y opposent un thème d'où naît un épisode semblable à la Siegfried-Idyll de Richard Wagner. Brusquement, le thème de l'attaque s'élance en un unisson puissant soutenue par les cordes puis elle est repoussée. Un choral allegro assai misterioso ouvre le somptueux finale qui est une fantaisie chorale fuguée. L'imposant final donne le choral et en contrepoint le premier thème du final.

Version

Contrairement à d'autres symphonies de Bruckner, la Cinquième n'a connu qu'une seule version interprétée par son élève, le chef d'orchestre Franz Schalk qui a remanié l'œuvre (1892-1894) en pratiquant d'énormes coupures et qui la présente pour la première fois à Graz. et qui sert de base à l'édition Doblinger. En décembre 1895, une autre édition de la version Schalk est faite sous la direction du chef d'orchestre autrichien, Ferdinand Löwe à Budapest. Il faut attendre 1935 pour obtenir la version primitive de cette symphonie.

Discographie

Parmi les très nombreux enregistrements de cette symphonie, voici probablement les plus riches, profonds et aboutis :

Ces mêmes chefs ont laissé d'autres enregistrements de la symphonie, plusieurs dans le cas de Jochum, mais tous inférieurs à ceux-ci.

Günter Wand, Herbert von Karajan, Wilhelm Furtwängler et Lovro von Matačić ont eux-aussi laissé des enregistrements intéressants de cette œuvre, tout comme, plus récemment,Giuseppe Sinopoli, Riccardo Chailly, Nikolaus Harnoncourt, Philippe Herreweghe et Christian Thielemann.

Source

  • Sommets de la Musique par C. Howeler, version française (Edition Flammarion en France).

Liens

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