- Symphonie n° 1 de Bruckner
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Symphonie nº 1 de Bruckner
La Symphonie nº 1 en ut mineur (A 77) d'Anton Bruckner fut commencée au tout début de l'année 1865, pour partie à Linz, pour partie à Munich : le compositeur était âgé de quarante et un ans; la partition sera — provisoirement — achevée l'année suivante.
Sommaire
Histoire
C'est à Munich, tandis qu'il composait, que Bruckner rencontra Hans von Bülow qui le présenta à un Wagner condescendant (« Il est d'une rare bonté pour moi et m'a bien vite aimé et distingué », déclara Bruckner avec cette confiance en autrui qui lui jouerait plus d'un tour!). Surtout, il assista, ébloui, à une représentation de Tristan et Isolde. Autre « révélation », avant qu'il ne termine sa partition : celle de la création, à Budapest, de l'oratorio de Liszt, Sainte-Elisabeth; nul doute que l'exemple de l'orchestration lisztienne sera aussi déterminante que celui de Tristan.
Création
La première audition de la Symphonie nº 1 aura lieu le 9 mai 1868 à Linz : d'où la dénomination « version de Linz » qui s'attache à la partition originale. Car Bruckner remit l'ouvrage sur le métier une vingtaine d'années plus tard, en 1890-1891, malgré les supplications du chef d'orchestre Hermann Levi lui conseillant de n'en rien faire. La nouvelle version — dite « de Vienne » (et dédiée à l'Université de Vienne dont le compositeur serait devenu docteur Honoris causa) — comporte notamment une nouvelle conclusion du finale, et maintes retouches (ou « corrections ») qui n'eurent pour effet que d'infléchir l'élan tout spontané dont bénéficiait la « version de Linz ». C'est d'ailleurs cette première version qu'on joue — et enregistre — le plus souvent aujourd'hui; elle est retenue dans l'édition Nowak même, — et fera donc l'objet de la présente analyse.
Orchestration
Effectif orchestral : les bois par deux; 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones; timbales; les cordes. Durée moyenne d'exécution : 47-51 min
Analyse
Les quatre mouvements sont Allegro molto moderato, Adagio, Scherzo, et Allegro con fuoco. À l'inverse de toutes les suivantes, c'est une symphonie "rapide" (en ses deux mouvements extrêmes notamment), qu'anime un esprit de conquête complètement étranger au climat spirituel des grandes méditations à venir. Techniquement, il s'agit également de la symphonie la plus difficile à exécuter, tant dans la mise au point instrumentale que dans l'approche rythmique et dynamique (alternance serrée des fff et ppp). Elle est, somme toute, unique dans la production brucknérienne.
I - Allegro molto moderato
Il est bâti sur trois thèmes. Le premier présenté d'emblée aux cordes, dégage l'assise rythmique du mouvement; très doux, dans des couleurs sombres, il affirme néanmoins uns énergique expressivité. Un groupe de motifs secondaires (avec des figures rythmiques des bois et une écriture en octaves) assure la transition vers le second thème, essentiellement lyrique (aux violons, puis avec les altos et violoncelles). Le troisième thème, de caractère héroïque (mi bémol majeur), surgira dans un fortissimo de vents, — plus élargi et plus puissant. Le développement ne prend prétexte que des premier et troisième thèmes, mais la réexposition réintroduit la totalité du matériau thématique, — alors que s'impose la tonalité dominante (ut mineur). La coda, empruntant la formule rythmique initiale du mouvement, s'enfle en une apothéose cuivrée, — avec l'éclat des trompettes en particulier.
II - Adagio
Étonnante introduction de cet Adagio à 4/4, dont les trente premières mesures se déroulent dans une tonalité indéfinie, comme suspendue (la tonalité réelle sera la bémol). Sur l'énoncé du thème principal, les cors marquent de longues tenues, - les cordes exprimant un chant profond, d'une gravité intériorisée. L'ambiguïté tonale s'augmente de mystérieuses plongées vers fa mineur; divers pupitres secouent le chant des cordes de frémissements soudains, de brusques chromatismes. Clarinette et violons, sur de mouvants sextolets, amènent un épisode Andante plus animé (à 3/4). Les basses réintroduisent le motif de départ, et le thème principal, dans le la bémol majeur clairement affirmé, apporte une conclusion sereine requise par les cordes.
III - Scherzo
On a parfois comparé ce Scherzo (sol mineur) à une danse macabre. Sa fougue, sa violence même, font certes contraste avec le mouvement précédent. Mais les échos champêtres dont il résonne — le thème ne peut que faire songer à un air de danse populaire autrichienne — démentent cette interprétation. De même le trio (sol majeur), d'un enjouement spontané, — que conduit le cor, et dans lequel s'ébroue un hautbois quelque peu facétieux.
IV - Allegro con fuoco
Ainsi se trouve à nouveau déplacé le climat de l'œuvre dont le mouvement final révèle, tout compte fait, la véritable identité. Bewegt und feurig (con fuoco), éclate un bref premier thème aux cuivres fortissimo, sur un grand saut d'octave d'ut dérivé du premier mouvement (motif de transition entre le thème initial et le suivant). Les bois amènent un nouveau motif apaisé et chantant aux violons et violoncelles, — que les vents, puis tout l'orchestre amplifient. Enfin paraît un dernier thème en forme de choral que conduisent les vents; cordes et bois "ornent" avec vivacité. Développement, puis réexposition dans les règles; c'est une puissante coda qui conclut sur le thème principal, dans le plus radieux mode majeur.
Discographie
- Eugen Jochum avec l'Orchestre philharmonique de Berlin
- Bernard Haitink avec l'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam
- Wolfgang Sawallisch avec l'Orchestre d'État de Bavière
Liens
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