Solde naturel du Massif central

Solde naturel du Massif central

Le Massif central présente bien des points communs avec la France méridionale, réservoir d’hommes devenu domaine de faible vitalité. Mais si le littoral languedocien et provençal, Rhône-Alpes ou les métropoles du Sud-Ouest ont aujourd’hui des soldes naturels excédentaires (différences entre naissances et décès), il n’en va pas de même pour le Massif central…

A la fin du XVIIIe siècle, le Massif central est une région à forte natalité (20 à 30 %), mais à solde naturel modeste en plaine du fait d’une forte mortalité ; les hautes terres présentent des balances naturelles plus nettement positives, expliquant une accumulation démographique sur place et le recours aux migrations temporaires. Cette situation persiste jusqu’au milieu du XIXe siècle ; puis la balance se dégrade, voire devient négative ; la natalité recule peu à peu alors que les taux de mortalité restent élevés.

La première moitié du XXe siècle confirme largement ces tendances : alors que les taux de fécondité sont encore forts (à l’exception des départements les plus urbanisés comme la Loire ou la Haute-Vienne), la natalité poursuit sa chute en lien avec un exode massif et la dégradation des pyramides des âges qui l’accompagne. Privé de ses jeunes et de plus en plus vieilli, le Massif central devient un bastion de faible natalité et de forte mortalité apparente, même si les progrès de l’encadrement médical et sanitaire sont évidents.

A la fin des années 1950, le bilan départemental est toutefois inégalement défavorable : sauf dans la Creuse, les naissances l’emportent sur les décès, mais cet excédent est modeste et aucun département du Massif central n’atteint le taux moyen de natalité français. Les régions possédant alors une forte vitalité se limitent à quelques terres de montagne : massif cantalien, Aubrac, Margeride, centre-ouest de l’Aveyron… A l’opposé, les régions déficitaires regroupent déjà les bas et moyens plateaux cristallins (Marche, Combraille, plateaux corréziens, Livradois-Forez, plateaux de la Chaise-Dieu), les Causses ou la bordure orientale du Vivarais aux Cévennes. Les taux urbains sont plus élevés que les taux ruraux moyens. L’évolution depuis la dernière moitié de siècle est plus inquiétante mais aussi moins homogène.

À partir de 1962, le déficit naturel s’annonce brutalement dans les monts du Cantal ou les Ségalas, et la dénatalité devient à peu près générale à la fin des années 1970 en dehors de quelques aires urbaines ou des Monts du Lyonnais ; cette crise démographique s’accompagne d’une forte baisse de la fécondité des ménages restés au pays et n’empêche pas l’exode dans la plupart des communes rurales ainsi que dans les bassins industriels en crise.

Entre 1968 et 1975, l’excédent des décès dépasse 6 500 par an, pour atteindre 9 000 entre 1975 et 1982 puis retomber à 4 500 entre 1982 et 1990 et à 6 000 entre 1990 et 1999. Contrairement à une idée reçue, cette aggravation n’est pas principalement due à une augmentation de nombre de décès pour cause de vieillissement : c’est bien le recul du nombre de naissances qui est en cause, avec une accentuation du déficit jusqu’en 1993.

Pour tout le Massif central, le taux de mortalité s’est « amélioré » en passant de 12,7 % entre 1982 et 1990 à 10,1 % entre 1990 et 1999. Mais ces mêmes taux étaient respectivement de 9,7 et 9,2 % sur la moyenne française. En parallèle, et toujours sur les deux périodes, les taux de natalité du Massif central sont tombés de 11,1 à 10,1 %, ce qui est inférieur de 2,8 points à la moyenne de l’Hexagone ! Désormais, les seuls excédents sont observés dans les pôles urbains principaux et leurs zones de proximité immédiate (Val d’Allier d’Issoire à Moulins avec l’importante auréole clermontoise ; foyer de Limoges, bassins de Montluçon, Aurillac ou Brive ; pays de Cahors, Rodez, Millau ou Mende ; périphéries de Lyon-Saint-Étienne vers l’Yssingelais). Les situations les plus graves concernent le nord-ouest du Massif central (montagne limousine, Marche, bocage bourbonnais, Combrailles), le Morvan, une partie des monts d’Auvergne (Cézallier), le Livradois et le Forez, la Margeride et le Vivarais.

Ces grandes tendances se retrouvent sur la période récente (1999-2006) : à l’échelle départementale, le déficit naturel reste marqué dans le Limousin (Creuse, Corrèze), le Morvan, le Bourbonnais mais aussi dans une moindre mesure au sud (Cantal, Lot, Lozère, Aveyron). Des excédents sont enregistrés dans le Puy-de-Dôme, la Loire ou le Rhône, voire très modestement en Haute-Loire ou Ardèche ; ce qui témoigne de la proximité des grandes agglomérations, de l’extension de phénomènes de périurbanisation ou de l’installation de jeunes néo-ruraux[1].

Notes et références

  1. Laurent Rieutort, collectif CERAMAC, Massif central, hautes terres d'initiatives, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2006

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Solde naturel du Massif central de Wikipédia en français (auteurs)

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