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Société Thulé
Pour les articles homonymes, voir Thulé.La Société Thulé ou l'ordre de Thulé (en allemand Thule-Gesellschaft) a été une société secrète allemande de Munich, qui à l'origine était un groupe d'études ethnologiques s'intéressant tout spécialement à l'Antiquité germanique et au pangermanisme aryen. Ses mythes racistes et occultistes inspirèrent le mysticisme nazi et l'idéologie national-socialiste.
Sommaire
Historique
Origines
Elle tire son nom de Thulé, partie la plus septentrionale d'Europe et lieu mythique pour les anciens Grecs et Romains. Le nom de Thulé figure notamment dans l'Enéïde du poète romain Virgile, et il est généralement admis que l'Ultima Thulé des anciens Grecs désignait les terres les plus au nord et tout particulièrement la Scandinavie. Certains membres de ce groupe pensaient que Thulé était ce qui subsistait d'un continent aujourd'hui disparu, appelé Hyperborée, et que ce continent était le berceau de la race aryenne. « Ultima Thulé » aurait été la capitale du premier continent colonisé par les Aryens.
Au départ, Thulé était une société de recherches ethnographiques. Sous la direction du professeur Félix Niedner, elle édita, à partir de 1912, une compilation en vingt-quatre volumes, Altnordische Dichtung und Prosa (en français Prose et poésie de l'Antiquité nordique). La guerre de 1914-18 dispersa ses collaborateurs. Un grand nombre en furent victimes. La paix revenue, le groupe se reforma, mais prit une orientation nouvelle sous l'influence de l'écrivain et professeur d'histoire Paul Rohrbach, qui a publié de nombreux ouvrages relatifs à l'Asie et au pangermanisme. Ce fut aussi Paul Rohrbach qui introduisit le Dr Karl Haushofer dans le groupe Thulé et qui finalement lui en confia la direction. Un autre membre influant fut Dietrich Eckart, lequel y introduisit le théoricien nazi Alfred Rosenberg. Jusque-là le groupe Thulé n'était qu'une sorte d'académie dilettante, légèrement snob.[1] La Société Thulé, elle, a été créée par le baron Rudolf von Sebottendorff le 17 août 1918. Diffusée à Munich, l'idéologie de cette société prônait l'antisémitisme[1], l'antirépublicanisme, le paganisme et le racisme. Son symbole, la croix de Wotan, divinité pré-germanique,n'est pas sans rappeler la croix gammée. Le salut de Thulé « Heil und Sieg » (Salut et victoire) fut repris par Hitler qui le transforma en « Sieg Heil ». Ce salut, en liaison avec le bras levé, était un rituel magique utilisé pour la formation de voltes. Himmler y a largement puisé son fantasme d'une société allemande blonde aux yeux bleus, à l'image des anciens héros germaniques. Chef des SS, il participa aussi bien à la solution finale qu'à une autre opération moins connue, celle du « Lebensborn ». Il s'agissait d'un lieu où les femmes allemandes au physique conforme aux idéaux du nazisme pouvaient « rencontrer » des soldats SS.
Des liens ont été imaginés avec l'hypothétique Société du Vril.
Vers 1923, Rudolf Hess, revenu à Munich, devient l'un des animateurs de l'Ordre de Thulé, dont Hermann Göring est l'un des membres les plus célèbres. L'étrange voyage de Hess, considéré alors comme le dauphin de Hitler, vers le Royaume-Uni en 1941, expédition par laquelle il voulait négocier une paix séparée et qui a abouti à son incarcération, aurait selon certains un rapport avec son appartenance à la Société Thulé et aux desseins de cette organisation à ce moment de la guerre.
Évolution et fin
Avec la croissance du NSDAP, le déclin de la société Thulé s'explique très bien. Sa fin définitive (tout comme la fin de l'Ordre des Germains lui-même) eut lieu plus tard lors du décret de 1937, qui interdisait toutes les loges franc-maçonnes et toutes les organisations apparentées aux loges. Quant à Sebottendorff, il se serait suicidé en se jetant dans le Bosphore en 1945.
Idéologie
L'idéologie de l'Ordre était fondée sur la croyance en l'existence de surhommes et d'une race humaine supérieure : les Aryens qui aurait vu le jour dans l'hypothétique Hyperborée. L'un de ses textes de référence est les Protocoles des Sages de Sion. Ce texte fut repris par Adolf Hitler comme pièce maîtresse de la propagande antisémite du Troisième Reich et par Alfred Rosenberg dans son ouvrage Le Mythe du XXe siècle.
L'idéologie professée par la société Thulé s'inspire d'un corpus d'éléments ésotériques et mystiques puisés dans l'Ariosophie de Guido von List, chez Jorg Lanz von Liebenfels, Rudolf von Sebottendorff, Helena Petrovna Blavatsky, Arthur de Gobineau, et des théories aryano-centristes de certains archéologues allemands.
Selon plusieurs auteurs grecs et latins[réf. nécessaire], il aurait existé dans des temps très reculés un continent situé à l'Extrême-Nord, qu'ils appelaient Hyperborée (Ultima Thulé), lequel aurait été peuplé d'hommes transparents. Ceux-ci, en s'alliant aux autres hommes, auraient donné naissance à des êtres humains de plus en plus opaques, mais leurs descendants auraient néanmoins conservé leurs facultés, supérieures à celles des humains ordinaires (voir Ánd).
Un des paradoxes de cette société est que plusieurs membres lisaient le Talmud dans le but de pratiquer l'occultisme et de formuler une théosophie anti-juive, alors que le Talmud est pourtant essentiel à la religion juive.
Liste controversée des membres
Personne ne connaît exactement la liste complète des membres, ce qui a amené certains auteurs à échafauder des théories diverses sur d'adhésion de personnalités à une « section secrète » de la société Thulé notamment au sein de l'élite SS.
Des auteurs comme Werner Gerson dans l'ouvrage cité ci-après, Jacques Bergier dans le Matin des Magiciens, et Trevor Ravenscroft dans la Lance du Destin, rapportent que les membres de Thulé, considéraient Rudolf Steiner et ses disciples comme leurs pires ennemis. Steiner a été Secrétaire général de la section allemande de la Société théosophique, avant la fondation de la Société Thulé.Comme certains membres de la Société Thulé auraient aussi été membres de la Société théosophique, l'amalgame était facile.
René Alleau affirme avoir découvert en Allemagne la liste des membres de la Société Thulé, publiée en 1933 par R. von Sebottendorff, laquelle comprend 226 noms, mais pas celui de Rudolf Steiner[2]. Dans sa liste, von Sebottendorff ne mentionne pas Hitler comme membre de la Société Thulé, mais écrit en 1933, qu'il fut fréquemment « l'hôte de la Thulé »[3].
Quelques uns des autres membres cités par divers auteurs sont : Rudolf von Sebottendorf, Adolf Hitler, Jörg Lanz von Liebenfels, Guido von List, Hermann Göring, Heinrich Himmler, Rudolf Hess, Alfred Rosenberg, Julius Streicher, Hans Frank, Bernhard Stempfle, Theo Morell.
Voir aussi
Références et notes
Bibliographie
- Jan van Helsing, Les Sociétés secrètes et leur pouvoir au XXe siècle. Bien que cet ouvrage ait servi à rédiger cet article, il est controversé.
- René Alleau, Hitler et les sociétés secrètes - Les sources occultes du nazisme, Grasset, 1969.
- Robert Ambelain, Les Arcanes noirs de l'hitlérisme, Robert Laffont, 1990.
- Philippe Aziz, Les Sociétés secrètes nazies, Versoix, 1978.
- André Brissaud, Hitler et l'ordre noir, Librairie académique Perrin, 1969.
- Jean-Claude Frère, Nazisme et sociétés secrètes, Grasset, 1974.
- Werner Gerson, Le Nazisme, société secrète, J'ai lu, 1971.
- Nicholas Goodrick-Clarker, Les Racines occultistes du nazisme, Pardès, 1989.
- Pierre Mariel, L'Europe païenne du XXe siècle, La Palatine, 1964.
- Jean Mabire, Thulé : Le Soleil retrouvé des hyperboréens, Robert Laffont, 1978. (Ouvrage sur le mythe de Thulé; contient également une histoire romancée de la Société Thulé).
- Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le Matin des Magiciens, Gallimard, 1960.
- S. Berstein et P. Milza, Dictionnaire historique des fascismes et du nazisme, Éditions Complexe, 1992.
- Christophe Lindenberg, Une technique du Mal : Le nazisme, préhistoire et histoire, Triades, Paris 1979
- (en) Nicholas Goodrick-Clarke, Hitler's Priestess : Savitri Devi, the Hindu-Aryan Myth and Neo-Nazism, 1998.
- (en) Joscelyn Godwin, Arktos : The Polar Myth in Science, Symbolism, and Nazi Survival, 1996.
- (en) Nicholas Goodrick-Clarke, Black Sun : Aryan Cults, Esoteric Nazism and the Politics of Identity, 2001
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