- Sainte-Suzanne-sur-Vire
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Sainte-Suzanne-sur-Vire
L'égliseAdministration Pays France Région Basse-Normandie Département Manche Arrondissement Saint-Lô Canton Saint-Lô-Est Code commune 50556 Code postal 50750 Maire
Mandat en coursMarc Le Barbey
2008-2014Intercommunalité Saint-Lô Agglomération Site web perso.wanadoo.fr/ste-suzanne-sur-vire Démographie Population 503 hab. (2008[1]) Densité 100 hab./km² Géographie Coordonnées Altitudes mini. 17 m — maxi. 110 m Superficie 5,05 km2 Sainte-Suzanne-sur-Vire est une commune française, située dans le département de la Manche et la région Basse-Normandie.
Sommaire
Géographie
Situation et voies de communication
- Le bourg situé tout près de la Vire est par la route D 86 à 7 km de Saint-Lô, chef-lieu du département. La Vire, fleuve côtier long de 118 km (ou 115), prend sa source aux limites de la Manche, du Calvados et de l'Orne, à une altitude de 300 m environ. Elle constitue une frontière naturelle de la commune sur toute sa partie sud-ouest. Tout près de la limite nord-est passe une route à quatre voies, depuis 2005 (N 176), qui mène à l'autoroute A84 à une quinzaine de kilomètres (sortie n°40).
- Une voie de chemin de fer, désaffectée depuis quelques années (trains très rares depuis 1995), enjambe la Vire tout près de l'église par un pont de type Eiffel construit en 1890. Un pont-route en service en 1949 traverse également la Vire à proximité. Il remplace le pont lancé en 1902 qui, bombardé par l'aviation américaine mais jamais atteint, a été détruit en 1944 par les Allemands ; lors de leur retraite, les allemands essayaient d'entraver la progression des troupes alliées. Ce pont était le frère jumeau du pont de chemin de fer.
- Depuis la fin du XVIIe siècle au moins, un pont précaire appelé « les planches de Ste-Suzanne », permettait d'accéder à la commune voisine, La Mancellière-sur-Vire.
Au temps des gabares, celles-ci naviguaient sur la Vire et déchargeaient des matériaux au « port de Sainte-Suzanne ». La dernière gabare serait passée en 1932, six ans après le déclassement de la Vire comme voie navigable.
Histoire
Repères historiques
- La paroisse dépendait du doyenné de Torigni-sur-Vire (anciennement Thorigny) et du diocèse de Bayeux. Sainte-Suzanne-sur-Vire, comme d'autres communes à l'ouest de la Vire, appartient au département de la Manche depuis sa création en 1790. La paroisse fut incorporée au doyenné de Saint-Lô et au diocèse de Coutances en 1802, juste après le Concordat de 1801 qui rétablissait l'unité de l'Église.
- Le XIIe siècle avait vu le patronage de Ste-Suzanne passer aux mains du Prieuré de Saint-Fromond appartenant au diocèse de Bayeux. Cela résultait de la donation de l'église (primitive) de Sainte-Suzanne aux moines de Saint-Fromond. Don fait par Marie de Thaun, et Hodierne de Sainte-Suzanne, épouse de Guillaume Corbel, à la suite de la prise d'habit dans le monastère par Nicolas, fils de Hodierne.
Bien que Sainte-Suzanne dépende de Saint-Fromond, Henri Corbel en est seigneur et patron en 1356. Mais des difficultés mal connues apparaissent très vite ; des Carentan, des Pouilly figurent dans des transactions. En 1588, Robert de Brébeuf est noté comme noble de la paroisse. Son fils Georges en est le seigneur en 1623. Des d'Aubigny viennent ensuite dont Jean Campion d'Aubigny, beau-frère de Georges de Brébeuf qui précède. Henry-Anne Bernard d'Aubigny est seigneur et patron de la paroisse en 1699. Les Bernard d'Aubigny le sont toujours en 1774, mais demeurent à Saint-Amand (près de Thorigny). En 1808, la famille d'Aubigny, en la personne de Rose demeurant à Valognes, perd toute attache à Sainte-Suzanne après vente de ses biens.
- Sous la Révolution, en 1792, figurent comme émigrés un nommé Courvalet et Jean-Baptiste Lerebour, prêtre réfractaire dont la famille demeure à Sainte-Suzanne. L'abbé Lerebour devient alors aumônier de Louis de Bourbon, prince de Condé, lors de son exil. Le curé de la paroisse, Bon Pinabel qui prête serment à la Constitution civile du clergé, se rétracte. Il est emprisonné au château de Thorigny et est libéré après le 28 juillet 1794 à la chute de Robespierre.
L'église, dont on cacha les statues et qui fut rendue au culte en 1800, ne semble pas avoir subi d'importants dommages durant l'agitation, celle-ci ayant été limitée d'un côté à quelques têtes échauffées par les idées républicaines et de l'autre à la mutilation de l'arbre de la liberté planté. Elle fut toutefois mise en vente comme Bien national, mais sans suite. Un acquéreur projetait de la démolir et de se servir des débris pour remplacer les « planches » et construire un nouveau pont sur la Vire. Par contre, le presbytère fut vendu le 11 prairial an IV avant d'être réhabilité en 1822. Endommagé par les bombardements de 1944, il a été démoli en 1956.
Administration
Liste des maires successifs Période Identité Étiquette Qualité ? mars 2001 Pierre Bernard - - mars 2001 en cours Marc Le Barbey SE Menuisier Toutes les données ne sont pas encore connues. Démographie
Il y avait 16 feux ou habitations en 1455, avec 6 pauvres. En 1467 : 20 feux, 2 pauvres, et l'on mentionne 2 nobles. En 1722 : 92 feux, et en 1765 : 91 feux. Entre 1656 et 1800, on relève en moyenne 12 à 13 naissances, un peu moins de 10 décès et un peu plus de 3 mariages par année.
La population atteint un maximum de 525 habitants en 1828. Après 1841, la population décroît pour se stabiliser autour de 300 habitants entre 1901 et 1968, en passant par le minimum de 284 en 1931. Elle augmente régulièrement depuis 1968 et avoisine 530 âmes en 2006.Éducation
Cycle Établissement public Établissement privé Écoles Ecole Lieux et monuments
L'église, édifices publics et privés
- L'église est classée monument historique depuis le 3 mars 1931.
Elle date du XVe siècle comme le pensait M. de Gerville qui s'est beaucoup occupé d'archéologie dans la Manche, tout en laissant entendre qu'elle pourrait être du début du siècle suivant. Elle est de style gothique flamboyant, mais on relève une certaine inégalité dans la construction qui n'en altère pas la valeur et son charme reconnu des visiteurs. La nef fait suite au chœur, directement sans transept. Un petit clocher quasi central abrite l'unique cloche qui date de 1903, alors qu'il y en eut deux (refondues sous la Révolution) et une clochette. Les baies sont surmontées de trèfles et quadrilobes très variés ; l'une d'elles comporte une élégante fleur de lys. Un arc roman sur une petite porte est peut-être un vestige de l'église primitive.
- Comme les clés de voûte, les corbeaux sur lesquels reposent les arceaux comportent des sculptures qui méritent l'attention. Les attributs des quatre évangélistes, et des personnages pouvant être des témoignages d'événements dans la paroisse y sont représentés. La belle arcade qui sépare la nef du chœur soutient une poutre de gloire avec statuaire bois : le Christ en croix (XVIIIe s.), la Vierge douloureuse et saint Jean l'évangéliste (XVIIe s. – XVIIIe s.) inscrits à l'inventaire supplémentaire des M. H. depuis 1988.
Une statue de sainte Suzanne en bois du XIIe s. classée M. H. depuis 1954 a disparu en 1967.
- Les vitraux datent de 1952 et 1956. Les grands prophètes, les 4 évangélistes, des scènes de l'Ancien Testament, de la vie du Christ et de personnages de l'ère chrétienne dont le martyre de Sainte Suzanne au IIIe s. retiennent le regard.
- Deux sites sont reconnus : Aubigny dont les parties les plus anciennes remontent au XVIe s. ainsi que les communs de Brébeuf également du XVIe s. Le château de Brébeuf (même lieu), visiblement une reconstruction, est d'époque plus tardive. (lieux privés)
- L'école est une construction de 1956 accueillant deux classes mixtes. Un regroupement pédagogique avec la commune de Baudre existe depuis 1990. Antérieurement, l'école était là où se trouve la cantine scolaire.
Dans un passé plus ancien, c'est à l'emplacement actuel et primitif de la mairie (d'aspect originel en partie conservé) qu'une école des garçons fut ouverte sur un plan de 1838. La construction d'une école des filles eut des difficultés à se réaliser. Elle n'aboutit que vers 1863, et elle était à l'emplacement de la cantine. Mais en 1925, il n'y avait plus qu'une école mixte à cet endroit, et encore après 1945 quand une baraque fut ajoutée. La baraque devenue salle des fêtes a été remplacée par une nouvelle construction au même usage en l'an 2000.
L'hôtellerie d'antan... sur le chemin du Mont-Saint-MichelUn chroniqueur rapporte en 1902 que, du temps où l'on devait traverser la rivière à gué, des pèlerins en route vers le Mont-Saint-Michel séjournaient chez l'habitant et au « Grand Hôtel des Picards », là où se sont trouvées mairie et école. Ils priaient avec ferveur à l'église et réglaient leurs différends à la « Fontaine Procès ». Après avoir ainsi banni toute querelle, et quelques moments de liesse autour de bouteilles de pur jus, les pèlerins continuaient en escaladant le « Chemin du Paradis » de l'autre côté de la rivière. Plus d'un jeune gars se retournait, cherchant des yeux la plus belle de nos compatriotes rencontrées. Mais, celles-ci refusaient toujours d'épouser un « horsain ». Ne demeuraient alors plus que leurs gracieuses images et l'ineffaçable souvenir.
Eléments en faveur de la tradition : la fontaine, dont le nom était oublié, voisine du « Pré Procès » qui figure au cadastre de 1835 - les environs de l'église étaient appelés « l'hotelrie » ou « lotelleris » jusqu'aux années 1860, et depuis au moins l'an IV.
Une autre fontaine est toute proche, c'est la « Fontaine de Ste Suzanne » (1845). Les deux fontaines doivent disparaître en 2006 pour la circulation automobile.
Le 17 août 2006, l'assaut des pelles mécaniques a enterré la première, sans autre forme de... procès qu'une accusation de gêne ; la seconde ne reste que juste visible.Personnalités liées à la commune
- La famille de Brébeuf a laissé une forte empreinte à Sainte-Suzanne-sur-Vire et à Condé-sur-Vire, paroisse voisine. Deux des leurs auraient été aux côtés de Guillaume le Conquérant à la bataille de Hastings en 1066, et de Saint Louis en Égypte lors de la prise de Damiette en 1249. D'ancienne noblesse, la famille porte les armoiries : « d'argent au bœuf effarouché armé de pointes d'or ».
- Georges de Brébeuf, poète oublié, traducteur de la Pharsale de Lucain, et à l'occasion décrié par le poète critique Boileau, est aussi l'auteur d'une traduction du VIIe livre de l'Énéide. On lui doit encore les « Entretiens solitaires », les « Eloges poétiques », des épigrammes. Des glanes d'État Civil d'érudits nous indiquent qu'il a deux frères et une sœur nés à Sainte-Suzanne. Mais en fait aucune certitude pour le poète, en 1617 ou 18 en cette paroisse, pas plus qu'à Torigni-sur-Vire où eut lieu la ratification du traité de mariage de ses parents, et où son père était avocat (sources originelles disparues).
Le poète est le neveu de Saint Jean de Brébeuf, dont la famille demeurait paroisse de Condé-sur-Vire à « La Boissaie », village partagé avec Sainte-Suzanne. Jean a été l'apôtre évangélisateur des Hurons au Canada et martyrisé par les Iroquois (1593 – 1649). Canonisé en 1930, il est honoré par un vitrail en l'église de Sainte-Suzanne, et une chapelle près des ruines de la maison familiale (1993).
C'est près de Caen, à Venoix, que le poète dut mourir en 1661 en la paroisse où son frère Nicolas était prieur-curé.
- L'abbé Jean-Baptiste Lerebour, aumônier du prince de Condé lors de son exil en 1792 et qui perdit les doigts de pied, par sa conduite irréprochable était fort estimé. À son retour, il revient à Sainte-Suzanne dans sa famille et devient curé de la paroisse. Des réformes administratives envisagent la suppression de la commune au profit de deux communes voisines, Baudre et Condé-sur-Vire. Il se bat alors en s'adressant aux autorités diocésaines pour empêcher cette division ; seules des limites ont été changées.
Son handicap l'obligeait à se déplacer à cheval dans la paroisse. Il y est décédé en 1822.
- L'abbé Desurvire a été curé de la paroisse durant 43 ans. Ce qu'il rapporte dans les « Conférences ecclésiastiques » ordonnées par Mgr Bravard en 1866, au vu de la rigueur de l'enquête, font de lui une source fiable sur des événements durant les trois quarts de siècle qui précèdent. Mort en 1905, il repose dans le cimetière de la paroisse.
Sources essentielles et bibliographie
Archives municipales :
État Civil, registres paroissiaux .
Archives départementales de la Manche :
La Vire, voie navigable (C.D.D.P. – 1985),
Notices, mémoires et documents (1901),
Essai sur la vie et les origines de Georges de Brébeuf (1617 ?, 1661) (R. Harmand, Paris – 1897),
Almanach et Annuaire de la Manche (...1829 à 2000),
Minutes notariales.
Archives diocésaines de Coutances.
Conservatoire des Antiquités et Objets d'Art de la Manche.
Sainte-Suzanne-sur-Vire dans la tourmente des années 39-45 (P. Q. – 1994).
Un bout de chemin à Sainte-Suzanne-sur-Vire (R. M. – 2002).Voir aussi
Notes et références
- Altitudes, superficie : IGN[4].
- Populations légales 2008 de la commune : Sainte-Suzanne-sur-Vire sur le site de l'Insee
- Source : Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale - Sainte-Suzanne-sur-Vire », École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). Consulté le 4 septembre 2010
- Insee : population depuis le recensement de 1962
- Répertoire géographique des communes ([1]).
Liens externes
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