- Association pour le maintien d'une agriculture paysanne
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Une association pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP) est, en France, un partenariat de proximité entre un groupe de consommateurs et une ferme locale, débouchant sur un partage de récolte régulier (le plus souvent hebdomadaire) composée des produits de la ferme. L'AMAP est un contrat solidaire, basé sur un engagement financier des consommateurs, qui paient à l’avance la totalité de leur consommation sur une période définie (la "saison"). Ce système fonctionne donc sur le principe de la confiance et de la responsabilité du consommateur ; il représente une forme de "circuit court" de distribution.
Le terme « AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne) » est enregistrée depuis la mi-2003 à l'INPI en tant que marque française par l'association Alliance Provence[1]. L'usage de la marque passe par l'engagement du respect de la charte des Amap[2] inspirée de la Charte de l'agriculture paysanne, éditée en mai 2003 par cette même association.
Sommaire
Principes
Une AMAP est :
- pour le paysan, le maintien de l'activité agricole par la garantie de revenu ;
- pour le consommateur, des aliments frais, de saison, souvent biologiques, produits à partir de variétés végétales ou races animales de terroir ou anciennes ;
- un prix équitable pour les deux partenaires.
Une telle association est considérée comme participant de l'économie solidaire, selon les critères suivants :
- un lien direct, sans intermédiaire, entre le producteur et le consommateur ;
- les consommateurs s'engagent à l'avance, pour une saison de production ;
- ils partagent les aléas climatiques qui peuvent modifier à la baisse, la quantité de produits calculée et planifiée par le producteur ;
- le prix du panier est calculé en fonction des coûts de productions et non pas au poids de la marchandise[3].
Le fermier amortit les aléas de l'économie de marché (il a une vision sur plusieurs mois) et garde une indépendance par rapport au système de grande distribution ; quant aux consommateurs, ils peuvent directement suivre et influencer le mode de culture (souvent biologique ou biodynamique ou agriculture durable).
Les AMAP ont également les ambitions suivantes :
- favoriser un dialogue social autour de la sécurité alimentaire et du goût ;
- respecter la biodiversité ;
- mieux gérer le foncier et maintenir des terres fertiles ;
- agir pour l’emploi, par l'installation de nouveaux jeunes agriculteurs ;
- instaurer des animations sur la ferme, en favorisant le volet pédagogique sur la nature et l’environnement ;
- contribuer à réduire la consommation énergétique en utilisant des légumes produits à côté de son domicile ;
- réimpliquer le consommateur dans ses choix de consommation.
Fonctionnement
Le partenariat est assuré par un comité de bénévoles qui participe au fonctionnement de l'AMAP.
Ses rôles sont d'assurer le lien avec le producteur pour la communication et l'information, de rechercher d'autres consommateurs, de prendre les inscriptions, d'organiser la distribution, etc. Ils sont liés par un contrat dans lequel l’agriculteur s'engage à fournir aux consommateurs un panier par semaine de produits à un prix équitable définis en toute transparence, tandis que les consommateurs s'engagent en toute connaissance des diverses contraintes à effectuer une permanence à l'accueil de la distribution.
Historique
Les teikei japonais
Un des exemples le plus ancien du concept a émergé dans les années 1960 au Japon. À l'époque, des mères de familles japonaises s’inquiètent de voir l’agriculture s’industrialiser avec un recours massif aux produits chimiques (en 1957, les premières victimes de Minamata, empoisonnées au mercure, sont déclarées). Ces mères fondent alors en 1965 les premiers teikei (提携, signifiant en japonais « coopération ou collaboration ») qui concernent d'abord des coopératives laitières. Le principe de fonctionnement est le suivant : en échange de l’achat par souscription de la récolte du paysan, ce dernier s’engage à fournir des aliments cultivés sans produits chimiques.
Un des groupes fondateurs des teikei, le Japan Organic Agriculture Association (JOAA), apparu en 1971, définit le teikei comme « une idée visant à créer un système alternatif de distribution, non dépendant du marché conventionnel. Bien que la forme des teikei varie, c’est tout simplement un système de distribution directe. Pour parvenir à son émergence, les producteurs et les consommateurs ont dû parler et approfondir leur connaissance mutuelle : aussi bien les uns que les autres fournissent du travail et du capital pour pérenniser le système. Le teikei est non seulement une idée pratique mais aussi une philosophie dynamique pour que les gens pensent une meilleure façon de vivre à travers l’interaction entre producteurs et consommateurs.[4] »
Cependant, aujourd'hui, les consommateurs japonais se sont éloignés de la plupart des TEIKEI de l'origine du fait de la concentration urbaine et se sont groupés en coopératives de consommation qui commercialisent les produits de l'agriculture biologique mais dans lesquelles le producteur n'a plus dans la plupart des cas le contact direct.
Toujours est-il qu'au moment de l'émergence des teikei dans les années 1960, il n' y a pas eu d'échanges avec l'Amérique ou l'Europe sur ce système. Au Japon, un foyer sur quatre participe à un teikei (16 millions de personnes en 1993). [réf. souhaitée]
Des food guilds suisses aux CSA nord-américains
À la même époque en Suisse, des fermes communautaires nommées food guilds (ou association alimentaire) développent leur propre partenariat avec les consommateurs locaux en leur fournissant chaque semaine des produits frais (légumes, lait, œufs, et fromages).
Aux États-Unis en 1985, un fermier de retour de Suisse après avoir étudié les food guilds rencontre alors Robyn Van Hen, une agricultrice bio du Massachusetts. Avec l’aide d’autres producteurs et de consommateurs, ils fondent la première Community Supported Agriculture à la ferme Indian Line de Robyn. Le concept se répand ensuite rapidement par bouche-à-oreille dans tous les États-Unis, puis gagne le Canada (ASC). Le concept est un système économique à part entière pour le paysan, et autonome, c'est pourquoi les agriculteurs fondateurs l'ont nommé AMAP.
En 2000, on recensait des CSA dans de nombreux pays : plus de 1 000 en Amérique du Nord, 100 au Royaume-Uni, et aussi en Australie, Danemark, Pays-Bas, Allemagne, Hongrie, Ghana, Nouvelle-Zélande… En 2003, aux États-Unis, 1 500 sont en fonctionnement.
Les AMAP en France
Le principe d'une distribution hebdomadaire de légumes à des réseaux d'adhérents-consommateurs a été introduit en France par les Jardins de Cocagne aux débuts des années 1990 (chantiers d'insertion de personnes en difficulté par le maraîchage biologique). Toutefois, les Jardins de Cocagne n'ont rien à voir avec les AMAP : il s'agit d'un objectif purement social, il n'y a pas de contrat de saison, pas de préfinancement de la récolte et pas de point de distribution collectif proche des consommateurs.
En 2000, Denise et Daniel Vuillon, couple de maraîchers pratiquant déjà la vente directe et une production biodiversifiée dans l'ouest du Var à Ollioules, rendirent visite à leur fille en stage d'architecture aux États-Unis. En parcourant une rue à Manhattan, Daniel Vuillon aperçut des gens qui s'affairaient autour de gros paniers de légumes sur le parvis d'une petite église. Intrigués, les Vuillon découvrirent alors un groupe de consommateurs de CSA que leur fermier venait de livrer en légumes fraîchement récoltés. Ils rendirent donc visite à ce fermier à une heure de route de New-York, ils discutèrent de cette expérience, trouvèrent l'idée intéressante et l’étudièrent sur place.
Suite à une réunion organisée par ATTAC à Aubagne en février 2001 sur le thème de la « malbouffe », durant laquelle les Vuillon présentèrent le concept des CSA et ses avantages, des consommateurs furent motivés. Trois réunions se sont tenues. Le 8 avril avait lieu le pique-nique à la ferme qui reste une étape importante dans la création de la première AMAP de France. Le 17 avril 2001, le premier panier (sur un total de trente-deux) était livré par « Les Olivades » aux consommateurs d'Aubagne. Cette première distribution s'est déroulée sur un parking mis à disposition par une « amapienne ».
Estimant le contexte favorable au développement de ce type d’initiative, ces maraîchers, membres de la Confédération paysanne du Var, avec d’autres associations, envisagèrent de créer une structure chargée d’accompagner les porteurs de projet AMAP dans la région. Alliance Provence fut alors fondée le 10 mai 2001.
Depuis fin 2007 environ 750 AMAP approvisionnent en France environ 30 000 familles, soit 90 000 personnes. Le mouvement s'est progressivement et partiellement structuré, par la création de réseaux des AMAP, essentiellement à l'échange régional, puis plus récemment, par la formation d'un mouvement inter-régional des AMAP (MIRAMAP). Ces structures régionales ou inter-régionales visent essentiellement à l'échange d'expérience, à la formation des créateurs d'AMAP et à la représentation du mouvement auprès des institutions officielles (Régions, ministères, etc.)
En février 2004 se tint à Aubagne le premier colloque international des teikei (Japon), CSA (pays anglophones), AMAP (France), ASC (Québec), etc. Un deuxième colloque international se tint ensuite à Palmela (Portugal) en décembre 2005 donnant lieu à la création du réseau international URGENCI qui regroupe ces diverses initiatives. Les colloques suivants ont eu lieu à Aubagne (fin janvier 2008) et à Kobé (février 2010).
Équivalents internationaux
Ce type d'organisation est présent dans de nombreux pays sous des formes plus ou moins proches. On peut citer :
- Community Supported Agriculture (CSA) pour les pays anglophones.
- Agriculture soutenue par la communauté (ASC) au Québec
- Groupes d'achats solidaires de l'agriculture paysanne (GASAP) en Belgique
- Teikeis au Japon
- Reciproco au Portugal
- Pergola-associatie aux Pays-Bas
- Landwirtschaftsgemeinschaftshof en Allemagne
- Agriculture contractuelle de proximité (ACP) en Suisse
- "Asociatia pentru Sustinerea Agriculturii Taranesti" (ASAT) en Roumanie
- Gruppo di acquisto solidale (GAS) en Italie
Notes et références
- http://bases-marques.inpi.fr/ le 7 octobre 2009 Source : Consultation de
- Charte des AMAP
- à part parfois dans la période de lancement de l'AMAP, alors qu'on n'a pas encore de données précises
- Le site du JOAA
Voir aussi
Bibliographie
- Claire Lamine, Nathalie Perrot, Les AMAP : un nouveau pacte entre producteurs et consommateurs ? , éditions Yves Michel, coll. « Société civile », 2008 (ISBN 9782913492516)
- Revue Silence, no 357 - mai 2008. Dossier AMAP [PDF]
- Coulon, Baptiste de, 2006, Médiance, pouvoir et agriculture de proximité; L’exemple des AMAP franciliennes, Mémoire de Master 2, EHESS, Paris.
- David-Leroy, Maud ; Girou, Stéphane "AMAP : Replaçons l'alimentation au coeur de nos sociétés", éditions Dangles, 2009 (ISBN 978-2-7033-0772-3)
- AMAP, histoire et expériences Annie Weidknnet, éditions Loubatieres, 2011, ISBN 2862666319, Acheter en ligne
Articles connexes
- Agriculture vivrière
- Agriculture biologique
- Agriculture durable
- Agriculture paysanne
- Agriculture extensive
- Agriculture raisonnée
- Agriculture biodynamique
- Vente directe
- Commerce de proximité
- Commerce solidaire
- Élevage
- Maraîchage
Liens externes
- Le mouvement inter-régional des AMAP, MIRAMAP
- Site pour trouver une AMAP près de chez soi
- Charte des AMAP déposée à l'INPI [PDF]
- Le réseau international des partenariats locaux et solidaires entre producteurs et consommateurs, Urgenci
- Portail de l’agriculture et l’agronomie
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