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Ruđer Josip Bošković
Ruđer Josip Bošković (18 mai 1711, Raguse - 13 février 1787, Milan), ou Roger Joseph Boscovich, ou encore Ruggiero Giuseppe Boscovich était un jésuite, mathématicien, physicien, astronome, poète latin et philosophe citoyen de Raguse (aujourd'hui Dubrovnik, Croatie).
Sommaire
Biographie
Ruđer Josip Bošković commence ses études au Collège des Jésuites de Raguse. Le 31 octobre 1725, à Rome, il entre au noviciat (Saint André du Quirinal) de la Compagnie de Jésus. Au cours de ses études au Collège romain, le plus célèbre de ses collèges, il fait montre d'un talent exceptionnel pour les mathématiques et la physique. Il redécouvre par lui-même la démonstration du Théorème de Pythagore. Il y devient professeur de mathématiques dès la fin de ses études en 1740 et jusqu'en 1770. Il est chargé par le pape de plusieurs missions scientifiques et diplomatiques. Il voyage en Angleterre et en France, se met en relation avec les savants de ces deux pays, est admis dans leurs académies et propage en Italie la philosophie d'Isaac Newton. Il est reçu en 1760 à l'Académie des Sciences de Saint-Péterbourg et élu en 1761 à la Royal Society. Après la suppression de l'ordre des Jésuites, il va professer à Pavie, puis est appelé à Paris comme directeur des travaux d'optique pour la marine (1773-1786). Il est fait Sujet du Roi de France en 1773 lorsqu'il est nommé Directeur d'optique de la Marine à Paris.
Il meurt à Milan, pendant qu'il dirigeait, avec Le Maire, la mesure d'un degré du méridien. Il est inhumé dans l'église de Santa Maria Podone.
Travaux
Les apports de Bošković à la science concernent :
- les problèmes de l’astronomie pratique : l'usage du télescope (1739), et théorique : taches solaires (1736), orbite de Mercure (1737), aurores boréales (1738), mouvement des corps célestes dans le vide (1740), effets de la gravité (1741);
- la forme et la taille de la Terre (1739), mesure des méridiens;
- la nécessité des mathématiques pour résoudre les problèmes de la science;
- la structure de la matière;
- le problème de la grandeur, l’infiniment grand et l’infiniment petit : pour Bošković, l’infini n’existait pas dans le monde naturel.
Un cratère sur la lune porte son nom.
Œuvres
Comme la plupart des savants de son époque, il publiait principalement en latin, mais écrivait aussi suivant les lieux et les correspondants, en italien, en français, en allemand, et en croate .
- De maculis solaribus (« Les taches solaires »), 1736 ;
- De novo telescopii usu ad objecta coelestia determinanda (« L’emploi du télescope en astronomie »), Rome, 1739 ;
- De circulis oscillatoribus (« L’oscillation des cercles »), 1740 ;
- De annuis stellarum fixarum aberrationibus (« Les aberrations annuelles des étoiles fixes »), Rome, 1742 ;
- De Cometis (« Les Comètes »), Rome, 1746 ;
- De Viribus vivis (« Sur les Forces vives »), Rome, 1747 ;
- De Lumine ("La lumière", examen critique des connaissances de l’époque), Rome, 1748 ;
- De materiae divisibilitate et de principiis corporum dissertatio (« La divisibilité de la matière »), 1748 ;
- De Determinada orbita planeta (« Détermination de l’orbite des planètes »), Rome, 1749 ;
- Elementarum universae matheoso (« Éléments de mathématiques universelles »), Rome, 1754 ;
- De continuitatis lege et ejus consectariis pertinentibus ad prima materiae elementa eorumque vires (« La loi de continuité et ses conséquences sur les éléments de matière et leurs forces ») , 1754 ;
- De lege virium in natura existentium (« Les forces existant dans la nature »), 1755 ;
- De litteraria expeditione per Pontificam ditionem ad dimentiendos meridiani gradus et corrigendam mappam geographicam, iussu et auspiciis Benedicti XIV (« Compte-rendu de l'expédition faite sur édit papal pour mesurer le degré de mériden et corriger la carte géographique, sur ordre et sous les auspices de Benoît XIV »), 1755;
- Philosophiae naturalis theoria redacta ad unicam legem virium in naturã existentium ("Théorie de la philosophie naturelle pour une unification des forces de la nature"), Vienne, 1758, et Venise, 3° édition, 1763 ; théorie de la nature dans laquelle il explique tous les phénomènes par le fait que la matière est composée de points simples, indivisibles, contigus et sans extension (ce qui les distingue des atomes) soumis à une force attractive ou répulsives selon le cas, essayant de concilier ainsi Gottfried Wilhelm von Leibniz et Isaac Newton.
- Il y présente une théorie physique des points force:
- La matière est impénétrable. Deux corps ne peuvent occuper les mêmes positions au même moment (ce qui évoque presque Pauli).
- La matière est dispersée dans un vide et y flotte.
- Ergo, « les forces mutuelles entre deux points doivent être considérées comme répulsives à certaines distances et attractives à d'autres distances ». À de très courtes distances, la force doit être répulsive, et cette force répulsive doit diminuer à mesure que la distance augmente. À de plus grandes distances, certainement moins d'un millième de pouce, la force devient finalement attractive, variant à l'inverse du carré de la distance comme l'indique la loi de Newton alternativement attractive et répulsive.
- Les points ne sont jamais au repos absolu.
- De Solis ac lunae defectibus ("Les éclipses du soleil et de la lune"), Londres, 1760, Rome, 1767. Poème latin.
- Giornale di un viaggio da Constantinopoli in Polonia, 1762 ("Journal d'un voyage de Constantinople en Pologne", Paris 1772) ;
- Rogerii Josephi Boscovich opera pertinentia ad opticam at Astronomiam maxima ex parte nova et omnia huiusque inmedita, in quinque tomos distributa, ("Œuvres relatives à l’optique et à l’astronomie"), Rome, 1784 ; Bassano, 5 volumes in-4, 1785 [2];
- De recentibus compertis pertinentibus ad perficiendam dioptricam ("Calculs récents pour perfectionner l'optique"), 1767 ;
- De orbitus cometarum determinandis ope trium observationum parum a se invicem remotarum ("Détermination des orbites des comètes par trois observations à distance"), Paris, 1774 ;
- Dissertatio de maris estu ("Dissertation sur les marées").
Controverse sur sa nationalité
À l'époque de Bošković la ville de Raguse était une République indépendante, et si elle avait dû se reconnaître des suzerains successifs (l'empereur de Byzance, la République de Venise, le roi de Hongrie…) voire payer tribut, notamment au sultan ottoman, elle ne faisait partie d'aucun État serbe ou croate.
Le concept moderne de nationalité basé sur l'appartenance linguistique, religieuse et culturelle n'a été développé qu'à la fin du XIXe siècle. Pour cette raison, l'attribution d'une nationalité définie à des personnalités des siècles précèdent vivant dans des régions de forte mixité ethnique est souvent disputée. En conséquence, l'héritage de Ruđer Josip Bošković est revendiqué par plusieurs états, la Croatie, l'Italie, et la Serbie[1]. Ces revendications se basant la plupart du temps sur des citations sélectives de certaine de ses œuvres, elles sont en apparence contradictoires, le présentant comme vrai Croate ou vrai Italien selon le choix des citations. Enfin, la nationalité du père de Ruđer Josip Bošković est, elle aussi, disputée. Il apparaît comme Croate[2],[3], Serbe[4], Dalmate[5] ou Slave Orthodoxe[6].
Finalement, la plupart des dictionnaires présentent Ruđer Josip Bošković comme Croate ou Italien.
Commentaires sur Ruđer Josip Bošković
Werner Heisenberg disait de lui :
« Parmi les savants du XVIIIe siècle, Bošković prend une place éminente en tant que théologien, philosophe, mathématicien et astronome. Sa Theoria philosophiae naturalis énonce des hypothèses qui ont trouvé leur confirmation au cours des cinquante dernières années. »Pour Gustav Fechner :
« Si je ne m’abuse, Roger Boscovich, excellent mathématicien et physicien, devrait être considéré comme le père de l’atomistique moderne. »Pour Friedrich Nietzsche :
« La méthode savante de R. Boscovich représente une synthèse entre une intuition de nature empirique et expérimentale et une argumentation logique appropriée. »Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (it) Edizione Nazionale delle Opere e della Corrispondenza di Ruggiero Giuseppe Boscovich
- (hr)(en)Ruđer Bošković Institute de Zagreb
- Astronomical Society Rudjer Boskovic de Belgrade
Bibliographie
- Un numéro des Annales de l’Institut français de Zagreb, 1977-1982 (3e série, n°3, 285 p.) est consacré à Ruđer Josip Bošković.
Notes
Source partielle
« Ruđer Josip Bošković », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
Références
- ↑ (en) ROGER JOSEPH BOSCOVICH 1711-1787 Studies in His Life and Work on the 250th Anniversary of His Birth
- ↑ Mileti, Nick J. (2004) "Closet Italians", Xlibris Corporation, p.90
- ↑ (en) Encyclopaedia Britannica [1]
- ↑ Slobodan Šćepanović, О поријеклу породице и коријенима предака Руђера Бошковића, Историјски записи 3/1995, Podgorica 1995, pg. 150
- ↑ Vitae Italorum, of Angelo Fabronio, (Academiae Pisanae curatore (Pisa, 1789), XIV)
- ↑ L L Whyte ((ed.), Roger Joseph Boscovich (Fordham Press, London, 1961))
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