- Rosacée (pathologie)
-
Rosacée
Classification et ressources externesLe vieil homme et l'enfant, par Domenico Ghirlandaio montre les dommages causés par la rosacée. CIM-10 GroupMajor.minor CIM-9 xxx DiseasesDB 96 MedlinePlus 000879 eMedicine derm/377 MeSH D012393 La rosacée, connue aussi sous le nom de couperose, est une maladie cutanée incurable au départ bénigne qui se manifeste par des rougeurs chroniques au niveau du nez, des joues, parfois aussi au niveau du menton et du front. Ces symptômes s'accompagnent d'une sensation de picotement, notamment au niveau des yeux. De petits vaisseaux sanguins sont souvent visibles dans les zones touchées.
La maladie est évolutive et peut provoquer des crises d'acné, notamment en cas de stress ou de fatigue, et, à un stade avancé, faire enfler le nez du sujet qui reste rouge et bosselé (rhinophyma). Lorsque la rosacée est à un stade plus avancé, ou soumise à différents facteurs, elle peut aussi durement affecter la vue du sujet qui en est atteint et un examen dermatologique est recommandé.
Le terme couperose est aussi une ancienne dénomination de différents sulfates : ferreux, de zinc ou de cuivre.
Sommaire
Mécanisme
Lorsqu'un sujet atteint de rosacée est soumis à un facteur environnemental déclencheur (température, aliment particulier, émotion...), un phénomène vasculaire s'enclenche : la circulation sanguine augmente nettement dans les zones concernées. Certains facteurs irritants entraînent une accumulation de liquide importante et provoquent une enflure et un dysfonctionnement local chronique du système lymphatique. L'exposition au soleil, au froid, au vent, peuvent endommager ce même système lymphatique en causant une dégénérescence de l'élastine. La réaction inflamatoire provoque des papules et des pustules. Des vaisseaux sanguins dilatés (télangiectasies) peuvent apparaître à la surface de l'épiderme et sont le symptôme d'un état avancé de la maladie.
La rosacée s'accompagne souvent d'affections cutanées telles que la parakératose séborrhéïque, l'eczéma ou le psoriasis.
Le rôle supposé de deux très petits acariens qui se nourrissent de résidus de peau et de sébum, les demodex (Demodex folliculorum et Demodex brevis chez l'Homme), a été évoqué[1], car ceux-ci semblent être présents en quantité anormalement élevée dans l'épiderme des personnes atteintes de rosacée. Ils sont soupçonnés de jouer un rôle dans cette maladie, à moins qu'ils n'en soient aussi que le symptôme d'un déséquilibre.
La cathélicidine, une protéine dont le taux est élevée en cas de rosacée, pourrait activer un processus inflammatoire[2] intervenant dans sa genèse.
Épidémiologie
Cette affection frappe les populations originaires du nord de l'Europe, et tout particulièrement les Irlandais, Écossais, Anglais ou encore les Scandinaves — on parle parfois de « malédiction de Celtes » — les Flamands, les Baltes, les Russes... Même si le fait est rare, la rosacée peut aussi toucher un Africain ou un Asiatique. La rosacée toucherait 45 millions de personnes dans le monde. La prévalence est d'environ 15% chez la femme adulte et de 5% chez l'homme[3].
Le diagnostic est souvent fait à partir de l'âge de trente ans, souvent entre quarante et cinquante ans. Il est rarissime que la rosacée soit diagnostiquée avant l'âge de vingt ans.
Bien que les femmes soient plus touchées, les manifestations de la rosacée prennent généralement leur forme la plus aiguë chez les hommes.
Facteurs favorisants
Ces facteurs dépendent des patients qui ne sont pas tous également sensibles aux mêmes choses.
- Les alcools, et très spécifiquement le vin rouge.
- Les boissons chaudes. Café et thé ont longtemps été injustement accusés, puis l'on s'est rendu compte que c'est leur température qui a une influence sur les poussées de rosacée. Il faut noter cependant, que le thé vert peut être bénéfique pour certains type de rosacée (rosacée papulopustuleuse notamment)[réf. nécessaire] en raison de ses propriétés antioxydantes (à condition d'être bu froid bien entendu).
- Le fait de ne pas boire suffisamment.
- Une exposition à un grand froid ou à de grandes chaleurs, l'exposition au soleil. Les grands vents. Prendre des bains trop chauds.
- L'effort physique.
- Le stress, la colère, l'embarras, la fatigue, et tout ce qui est susceptible de faire monter la tension artérielle.
- Certaines affections : fièvre, rhumes, gastrite, hernie diaphragmatique ou encore bouffées de chaleur liées à la ménopause.
- Le fait de se gratter le visage est aussi très néfaste. Les rasoirs électriques sont préférables aux lames.
- Les produits pour la peau à base d'huile, d’huile d’eucalyptus, d'alcool, d’hamamélis, d’acide salicylique, de menthol, de menthe poivrée ou d’essence de girofle. Tout produit pour la peau qui provoque un dessèchement ou des picotements. Éviter les après-rasage.
- Certains médicaments tels que les vasodilatateurs (qui dilatent les vaisseaux sanguins) et les stéroïdes topiques.
- Divers aliments ont la réputation de provoquer des poussées de rosacée : les aliments épicés, le poivre, la vanille, les aliments servis très chauds, les aliments riches en histamine, le vinaigre, les tomates, les agrumes et les raisins mais peut-être aussi le chocolat, la crème aigre, les yogourts, le fromage, l'aubergine, les avocats, les épinards, les bananes et de nombreuses variétés de légumineuses.
Sous-types de rosacée
Tous les sujets atteints de rosacée n'ont pas les mêmes symptômes. Cette maladie n'étant sérieusement étudiée que depuis relativement peu de temps, la recherche n'est pas catégorique quant au fait qu'il s'agisse bel et bien d'une seule et même maladie dans tous les cas. On distingue toutefois quatre sous-types de rosacée[4] :
- La rosacée érythèmatotélangiectasique : rougeurs ponctuelles ou persistantes, apparition de vaisseaux sanguins à la surface de la peau, ce qui va parfois jusqu'à l’enflure et une sensation de brûlure ou d’échauffement.
- La rosacée papulopustulaire : la peau du visage, généralement rougeaude, est envahie de papules ou de pustules qui font penser à de l’acné (mais sans points noirs) et qu'accompagnent de désagréables sensations de démangeaison et d'échauffement.
- Avec la rosacée phymateuse, l'épiderme s'épaissit, le plus souvent au niveau du nez.
- La rosacée oculaire irrite les yeux et leur donne une apparence larmoyante ou injectée de sang. Dans les cas les plus graves il peut en résulter des dommages à la cornée voire une perte de la vue.
Diagnostic différentiel
Les symptômes de la couperose, de la rosacée, et de la dermatite séborrhéique se recoupent souvent, de même que leurs déclencheurs (tant qu'on n'est pas dans l'extrême de chacune de ces maladies).
Il est tout à fait normal d'avoir un peu de couperose (quelques petits vaisseaux sanguins visibles), surtout après l'âge de 30 ans. Ça ne veut pourtant pas dire qu'on est atteint de couperose!
Celles et ceux qui ont des rougeurs accompagnées parfois d'un petit eczéma derrière les oreilles (ou qui ont eu de l'eczéma ailleurs sur le corps durant leur jeunesse) ont peut-être une petite dermatite séborrhéique (problème qui peut se régler temporairement en 3 à 7 jours).
Plusieurs ont peut-être les joues rouges mais pas d'acné. Dans ce cas il ne faut peut-être pas chercher du côté de la rosacée mais bien d'une dermatite séborrhéique. On reconnaît ce problème par des pores de la peau plus dilatés et un aspect huileux de certains endroits du visage ou du front.
Avec la dermatite séborrhéique, une simple application de crème d'hydrocortisone 0,5 % ou 1 % suffit amplement à résorber les rougeurs en trois jours (en appliquant peu de crème à la fois). Dans des cas plus sérieux d'eczéma, certains médecins ont prescrit une crème de pimécrolimus (inhibiteur de la calcineurine topique).
La distinction entre les deux atteintes est importante : L'hydrocortisone ne conviendra pas forcément à la rosacée, et les crèmes contre la rosacée à base de métronidazole ne conviendront pas à de l'eczéma. Dans le cas de la dermatite séborrhéique, un peu de soleil fait beaucoup de bien à la peau (c'est un indice pour le diagnostic) tandis qu'il ne conviendra pas à une peau atteinte de rosacée.
Conséquences
La rosacée est d'autant mal vécue par le sujet qu'elle est mal étudiée et mal connue des médecins non-spécialistes qui prescrivent souvent de simples savons antibactériens, pensant être en présence d'un défaut d'hygiène ou d'un problème d'alcoolisme. Un sondage démontre d'ailleurs que 50 % des personnes atteintes de rosacée se lavent exclusivement le visage à l'eau claire, par crainte des symptômes que pourraient exacerber d'autres types de soins.
Des études canadiennes (avec les États-Unis, le Canada est sans doute le pays où la rosacée est le mieux étudiée actuellement) semblent démontrer que les poussées de rosacée multiplient l'absentéisme professionnel et diminuent la vie sociale et l'estime de soi de ceux qui y sont exposés.
Par ailleurs il semblerait qu'il y ai une forte corrélation entre érythrophobie (peur de rougir) et rosacée. Autrement dit la rosacée peut dans certains cas déclencher l'érythrophobie et donc accentuer encore plus l'intensité des rougissements.
Traitements et recherche
Il n'existe pas de traitement curatif
Les traitements actuels permettent uniquement d'en améliorer les symptômes
Alimentation
Voir « facteurs favorisants » pour connaître la liste des aliments déconseillés.
Hygiène
Le sujet a souvent l'impression que se laver le visage peut provoquer des crises d'acné, et c'est un cercle vicieux car le manque d'hygiène provoque mécaniquement les attaques bactériennes auxquelles la peau couperosée est particulièrement sensible. Il faut donc se laver le visage fréquemment, mais aussi éviter que ce soin provoque un dessèchement de la peau, car un tel dessèchement provoquera des rougeurs. L'acné provoqué par la rosacée n'a rien à voir avec l'acné juvénile, il n'y a ni peau graisseuse (séborrhée) ni poussée de comédons. Les produits contre l'acné juvénile sont donc totalement inadaptés et peuvent même exacerber les symptômes de la rosacée.
Hydratation
Les produits hydratants remplissent très bien leur rôle, et il est important d'en utiliser après s'être lavé le visage. La rosacée cause en effet un dessèchement de l'épiderme, ce qui réduit la résistance de la peau aux agressions.
Les crèmes hydratantes doivent être à base d'eau, prévues pour une longue durée, sans lanoline,sans parfum, sans paraben, et de préférence non comédogène.
Traitement médicamenteux
En cas d'attaque bactérienne, des crèmes antibiotiques (notamment à base de métronidazole, comme la crème Rozex ou les produits tels que MetroGel, MetroCrème et MetroLotion) peuvent être prescrites. Des antibiotiques oraux, la métronidazole ou la doxycycline ont une efficacité démontrée[5], mais leur utilisation prolongée est déconseillée. Il semble que cela soit les propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires de ces antibiotiques et non pas leur activité antibactérienne qui sont en jeu[6],[5].
Des stéroïdes topiques peuvent avoir un effet à court terme mais à long terme ils ont une tendance à aggraver les symptômes de la couperose. Ils ne doivent pas être utilisés dans cette indication.
Certains dermatologues peuvent prescrire l'utilisation de bêta-bloquants, ces derniers pouvant permettre de ralentir le rythme cardiaque et de mieux gérer le stress, facteur d'accélération des rougissements dans la maladie.
Lasers
Un traitement au laser (non remboursé par la sécurité sociale en France) permet de dévasculariser l'épiderme du patient pendant quelques années (2 à 3 années). La longueur d'onde permet de cibler les globules rouges, permettant de détruire les vaisseaux superficiels. Cette méthode est très efficace[7] mais elle doit être répétée régulièrement et reste relativement onéreuse. D'autres longueurs d'onde sont utilisées[8], ciblant l'hémoglobine ou la mélanine et l'oxyhémoglobine.
Autres
Une application quotidienne de l'huile de chanvre permet de réduire efficacement la couperose ou la rosacée par l'activation de la micro-circulation[réf. nécessaire]. La composition du chanvre est riche, elle contient jusqu'à 75% d'acides gras insaturés essentiels (AGE), ce qui lui confère ses nombreuses propriétés.
Quelques personnes célèbres atteintes de rosacée
- W. C. Fields
- Cameron Diaz
- Bill Clinton
- Diana Spencer, princesse de Galles
- Madame de Sévigné
- Thomas Voeckler
Liens externes
- (fr) Programme de sensibilisation à la rosacée (Canada)
- (en) rosacea.org National Rosacea Society (États-Unis d'Amérique)
Notes et références
- Mite-related bacterial antigens stimulate inflammatory cells in rosacea, British Journal of Dermatology, 2007;157:474-481 Lacey N, Delaney S, Kavanagh K, Powell FC,
- Increased serine protease activity and cathelicidin promotes skin inflammation in rosacea, Nature Medicine, 2007;13:975-80 Yamasaki K, Di Nardo A, Bardan A et al.
- An epidemiological study of rosacea, Acta Dermato-Venereologica 1989;69:419-23 Berg M, Lidén S,
- Standard classification of rosacea: Report of the national rosacea society expert committee on the classification and staging of rosacea, Journal of the American Academy of Dermatology, 2004;50:907-912 Wilkin J, Dahl M, Detmar M, et al.
- Interventions for rosacea, Cochrane Database of Systematic Reviews, 2011, CD003262. DOI: 10.1002/14651858.CD003262.pub4 van Zuuren EJ, Kramer S, Carter B, Graber MA, Fedorowicz Z,
- Scavenging properties of metronidazole on free oxygen radicals in a skin lipid model system, Journal of Pharmacy and Pharmacology, 2007;59:1125-30 Narayanan S, Hünerbein A, Getie M, Jäckel A, Neubert RH,
- Rosacea treatment using the new-generation, high-energy, 595 nm, long pulse-duration pulsed-dye laser, Lasers in Surgery and Medicine, 2008;40:233-9 Bernstein EF, Kligman A,
- Kawana S, Ochiai H, Tachihara R, Objective evaluation of the effect of intense pulsed light on rosacea and solar lentigines by spectrophotometric analysis of skin color, Dermatologic Surgery, 2007;33:449-54
Catégorie :- Infection en dermatologie
Wikimedia Foundation. 2010.