René François-Primaudière

René François-Primaudière

René François de La Primaudière, plus connu sous le nom de René François-Primaudière durant la révolution française, est un avocat, député de la Sarthe à l'Assemblée Législative, à la Convention nationale, puis au Conseil des Anciens sous le Directoire, né à Sablé-sur-Sarthe le 17 octobre 1751 et mort dans la même ville le 24 janvier 1816.

Biographie

Issu d'une famille notable touchant à la noblesse, François-Primaudière vit le jour à Sablé-sur-Sarthe le 17 octobre 1751 et fut baptisé le lendemain en la paroisse Notre-Dame. En 1781, il était avocat au siège royal de Sablé[1]. Procureur-syndic du district de Sablé[2], il fut élu, le 8e sur 10, par 297 voix sur 390 votants, député de la Sarthe à l'Assemblée Législative le 4 septembre 1791, puis, le 2e sur 10, « à la pluralité des voix », à la Convention nationale le 4 septembre 1792[3], où il siégea sur les bancs de la Plaine[4]. Lors du procès de Louis XVI, il vota pour la mort et contre l'appel à la nation[5].

Nommé par la Convention représentant en mission dans l'Ille-et-Vilaine et la Mayenne, avec François Joachim Esnue-Lavallée, par arrêté du Comité de salut public du 9 nivôse an II (29 décembre 1793) afin d'organiser le gouvernement révolutionnaire, il quitta Paris le 22 nivôse (11 janvier)[4]. Durant cette mission, il sauva de la guillotine et de la prison de nombreuses personnes compromises dans la chouannerie ou le fédéralisme, notamment des francs-maçons. De même s'efforça-t-il de faire relâcher Louis Corbineau, incarcéré sur l'accusation de fédéralisme, mais le Comité révolutionnaire s'y opposa[6]. Avec Laignelot, il prit un arrêté, le 28 juillet 1794, ordonnant la démolition des haies, l'abattage des genêts et l'ouverture aux quatre coins des champs sur le bord des routes pour mettre fin aux embuscades des chouans dans le pays bocager du Bas-Maine[7]. Rappelé par le décret non-nominatif du 26 thermidor an II (13 août 1794), il écrivit du Mans le 4 fructidor (21 août) pour demander s'il devait rentrer dans la capitale. De retour le 2e jour complémentaire an II (18 septembre), il fut ensuite envoyé dans les Alpes-Maritimes et les départements voisins, avec Laurent Servière, par décret du 27 brumaire an III (17 novembre 1794), mission dont il rentra, selon son propre témoignage, le 1er messidor an III (19 juin 1795)[4].

Le 22 vendémiaire an IV (14 octobre 1795), il fut élu député de la Sarthe au Conseil des Anciens par 174 voix sur 303 votants et fut nommé, en l'an VI, contrôleur des dépenses de l'armée française[3] à Rome[8].

Peu après sa mort, son confesseur et un autre prêtre prétendirent avoir recueilli de ses mains, le 19 janvier 1816, un acte d'abjuration qu'il n'aurait pu signer, par lequel il déclarait « détester la félonie dont il eut le malheur de se rendre coupable à l'Assemblée de la Convention nationale, en votant la République ; détester le régicide affreux dont il eut le malheur de se rendre coupable [...] en votant la mort de Louis XVI, en demander pardon à Dieu et au roi, etc. ». En février suivant, le Journal de la Sarthe et la Gazette de France ayant publié cet écrit, le frère du défunt, Yves François de La Primaudière, curé de Juigné-sur-Sarthe, se plaignit au préfet du département, Jules Pasquier, du procédé dont le moribond avait été la victime, cependant que la générale Manigault-Gaulois, habitante de Sablé-sur-Sarthe, fille de l'ex-conventionnel, adressait un démenti à la presse. A ce sujet, le préfet Pasquier eut l'honnêteté d'écrire au ministre de la police « que le zèle exagéré des deux vicaires [produisait] le plus mauvais effet sur la population du département », conseillant d'interdire la diffusion du document prétendument dicté par le défunt, mais aussi les lettres de la générale Manigault-Gaulois, ce qui fut fait[9],[3].

Famille

Il appartenait à une ancienne famille possédant fiefs originaire de la Mayenne, laquelle a donné plusieurs branches, toutes descendantes de son arrière-grand-père : François de La Primaudière, François de La Bruëre, François des Mottes et François de La Grotière, les trois dernières demeurées dans la Mayenne[10].

Thomas François, bisaïeul de René, était seigneur de La Primaudière en la paroisse de Ruillé-Froidfont (Mayenne), et c'est à cette terre que la branche du député doit son nom[11]. Le grand-père de René, Yves François de La Primaudière (1668-1728), vint s'installer à Sablé sous la régence[12]. Il épousa Anne Hutereau dont il eut quatre enfants parmi lesquels un fils unique, également prénommé Yves (vers 1712-1776), officier de la maréchaussée à Sablé, lequel fut le père du député.

René François de La Primaudière était le cinquième des huit enfants d'Yves François de La Primaudière et d'Anne Caillet, qui se marièrent au Mans, en la paroisse Saint-Jean de La Chevrie, le 7 juillet 1745. Parmi ses frères et sœurs, Anne, la deuxième, fut la mère de Joseph-Yves Manigault-Gaulois, général de brigade, commandeur de la Légion d'honneur, né à La Flèche en 1770, tué en Espagne le 16 janvier 1809 à la bataille d'Avisa, devant La Corogne. Le général Manigault-Gaulois épousa lui-même sa cousine germaine, Marie-Charlotte François de La Primaudière – fille du député – dont il eut notamment un fils, Jules Manigault-Gaulois à qui Napoléon, en considération des services de son père, conféra le titre de baron héréditaire par décret du 14 août 1813[13].

Une autre des sœurs du député, Marie-Anne François de La Primaudière, née en 1754, épousa au Mans – en la paroisse de La Couture, le 26 mai 1784 – Pierre-Antoine-Alexis de Macé de Gastines, chevalier, seigneur des Aulnays, dont postérité[14].

Son frère aîné, Yves François de La Primaudière (1750-1817), prêtre, fut quant à lui successivement curé de Tuffé en 1781, puis de Juigné-sur-Sarthe en 1790[15]. Ayant refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé, il fut déporté à Jersey en 1792 puis inscrit sur la liste des émigrés, dont il fut ensuite radié par une décision du Directoire exécutif du 27 prairial an VI (15 juin 1798)[16].

Notes et références

  1. Archives départementales de la Sarthe, registres paroissiaux de Sablé, acte de décès de Marie Géré de La Nousselière, épouse du futur député.
  2. André Bouton, Le Maine: histoire économique et sociale au XIXe siècle, A. Bouton, 1974, 559 pages, p. 112.
  3. a, b et c Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Paris, Edgar Bourloton, 1889-1891, tome 5 (de Pradt à Prony), p. 49-50.
  4. a, b et c Michel Biard, Missionnaires de la République, Paris, CTHS, 2002, p. 506.
  5. Arthur Conte, Sire, ils ont voté la mort, Paris, Robert Laffont, 1966, p. 168 et 376.
  6. Jean-André Faucher et Achille Ricker, Histoire de la franc-maçonnerie en France, Paris, Nouvelles Editions latines, 1967, p. 213.
  7. Ferdinand Gaugain, Histoire de la révolution dans la Mayenne, vol. 3, R. Chailland, 1921, p. 127.
  8. Table alphabétique du Moniteur, de 1787 jusqu'à l'an 8 de la République française (1799), tome second, Noms d'hommes - L-Z, Paris, chez Girardin, éditeur et propriétaire, au Cabinet Littéraire, Palais du Tribunat, Galerie des Bons-Enfans, n° 156, An X de la République, p. 368.
  9. Jean-André Faucher et Achille Ricker, Histoire de la franc-maçonnerie en France, op. cit., p. 266-267.
  10. « René François-Primaudière », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 [détail de l’édition], et Archives Departementales de la Mayenne, registres paroissiaux de Ruillé-Froidfont, Château-Gontier et Ménil, etc.
  11. Archives Départementales de la Mayenne, registres paroissiaux de Ruillé-Froidfont.
  12. Archives départementales de la Sarthe, registres paroissiaux de Sablé-sur-Sarthe.
  13. Jean Tulard, Napoléon et la Noblesse d'Empire, Paris, Tallandier, Nouvelle édition revue et augmentée, 2001, p. 257.
  14. Archives départementales de la Sarthe, registres paroissiaux du Mans, paroisse de la Couture.
  15. Archives départementales de la Sarthe, registres d'état-civil de Juigné-sur-Sarthe.
  16. Pierre-Dominique Cheynet, conservateur en chef aux Archives nationales, Les procès-verbaux du Directoire exécutif, an V-an VIII, Paris, Centre historique des Archives nationales (CHAN), 2000, pp. 131-132.



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