Pierre Périaux

Pierre Périaux
Pierre Périaux
Pierre Périaux
Pierre Périaux

Naissance 9 décembre 1761
Asnières
Décès 16 décembre 1836 (à 75 ans)
Rouen
Nationalité Drapeau de France France
Profession Imprimeur
Activité principale mathématicien et éditeur
Enfant Nicétas Périaux

Pierre Périaux, le 9 décembre 1761 à Asnières et mort le 16 décembre 1836 à Rouen, est un mathématicien autodidacte et imprimeur français.

Biographie

Périaux vécut ses premières années dans la simplicité de sa famille paysanne, et ce ne fut quaux jours de ladolescence quil quitta Asnières pour venir chercher, à Rouen, une place dans le commerce. Frappé de lattrait, du mouvement et de lintensité de vie de la ville, Périaux, qui savait alors tout juste lire, écrire et compter, fut saisi du désir daugmenter le petit bagage dinstruction quil possédait et se mit résolument au travail.

À force dapplication et de persévérance, en consacrant tous ses loisirs à létude, il arriva à compléter son éducation tout seul, apprenant seul et en peu de temps les mathématiques et plusieurs langues. Le goût de létude lui fit bientôt abandonner le commerce pour limprimerie, et il exerçait ce métier lorsque éclata la Révolution. Parmi les idées nouvelles qui séduisirent le caractère avide de sinstruire et de sélever de Périaux, lune delles en particulier fixa plus spécialement son attention : parmi les réformes que lAssemblée nationale venait de décréter en 1790, se trouvait lunification des poids et mesures sur tout le territoire français. Le typographe Pierre Périaux sintéressa, aussi bien dans lombre de son atelier que dans le cercle modeste de ses relations, aux études commencées un peu de tous côtés.

En lan II, il est prote chez la veuve P. Dumesnil, propriétaire à Rouen, rue Saint-, dune très vieille imprimerie-librairie fondée dès 1618, toujours conservée de père en fils dans la famille. Ses goûts pour la nouvelle organisation étant sans doute connus, ladministration du district chargea Périaux de limpression dun ouvrage sur les nouveaux poids et mesures, auquel il sempressa dajouter le fruit de ses recherches personnelles : « Périaux mit dans ses travaux la même persévérance que le gouvernement, et sassocia à lui pour faire triompher une innovation dune « utilité incontestable[1]. » Il composa et publia un grand nombre décrits relatifs au système décimal et à luniformité des poids et mesures, dont il se montra toujours lun des plus zélés propagateurs. Ses aptitudes particulières et ses connaissances professionnelles firent confier, toujours par ladministration du district, à Périaux la surveillance et la vérification des assignats, dont la circulation devenait de plus en plus importante.

En lan IV, Périaux sétablit, rue de la Vicomté, à son compte en créant un établissement typographique quil exploita lui-même. La même année, il publie son premier ouvrage, intitulé : Code du paiement en nature, que ladministration départementale jugea « propre à éclairer les concitoyens de lauteur, par des instructions sages et des moyens faciles ».

Depuis lors, son activité ne sarrêta plus, sexerçant aussi bien dans son métier dimprimeur que dans celui décrivain. En lan V, il commença la publication dun Almanach de Rouen et du département de la Seine-Inférieure, quil continuera jusquen 1825. Un autre ouvrage parut également par ses soins : Tarif de la valeur et de la réduction en francs des anciennes monnaies dor et dargent.

En lan VIII, Périaux publia lun de ses plus importants ouvrages : le Manuel métrique, sur le nouveau système de mesures, qui paraît avoir réuni à cette époque de nombreux prosélytes à Rouen, car cest le moment un autre Rouennais, Germain Lenormand, principal des Écoles françaises publiques, vient de faire imprimer, en lan VII, une Clef du système métrique, écrite avec une clarté et une simplicité remarquables, et fort estimée. Accueilli avec faveur, louvrage senleva facilement. Lucien Bonaparte, qui venait dêtre nommé ministre de lIntérieur, et auquel Périaux avait envoyé son volume, annota personnellement, le 25 nivôse an VIII, la lettre officielle, en écrivant de sa main, en marge : « Accusé de réception dun ouvrage sur les nouvelles mesures, parfaitement bien fait. »

En 1803, le livre reparut avec des additions et un titre modifié en : Nouveau manuel métrique et tableau comparatif des poids et mesures. Le succès en fut tel quune seconde édition fut nécessaire au bout de cinq ans. Périaux en ayant adressé un exemplaire à Montalivet, alors ministre de lIntérieur de lEmpire, celui-ci confirma le jugement de son prédécesseur, Lucien Bonaparte, en lui répondant, le 16 août 1810 : « Je me suis fait rendre compte, Monsieur, de louvrage « que vous mavez adressé, ayant pour titre : Nouveau manuel métrique et le Tableau comparatif des poids et mesures, etc., 2e édition. Lapprobation que mes prédécesseurs ont accordée à vos premiers ouvrages se trouve parfaitement justifiée par celui-ci, et jai trop de satisfaction à y joindre la mienne… » Montalivet poursuit, au sujet du dialogue explicatif très clair qui précède louvrage : « Le dialogue que vous avez placé en tête du Manuel a particulièrement fixé mon attention, et jai pensé quil serait utile que cette partie de votre ouvrage qui, au moyen de quelques légers changements, peut être dune application générale, pût en être distraite pour être vendue séparément et répandue dans le peuple. »

Nombreux étaient déjà au surplus les ouvrages présentés au public par limprimeur rouennais jusquà lépoque se place la lettre de Montalivet. La publication la plus curieuse dans cette période de son existence, est certainement une carte du département de la Seine-Inférieure, exécutée avec des caractères mobiles, en 1806. Il sagissait dune tentative originale pour substituer la typographie à la gravure. Tenant à ce que son « invention » soit en quelque sorte officiellement consacrée, Périaux adressa, en guise dhommage, un Essai typographique du Théâtre de la guerre continentale, lan XIV à lAcadémie de Rouen. Le rapport de dom Gourdin, lancien moine de Saint-Ouen, publié dans le Précis analytique des travaux de lAcadémie pendant lannée 1800, sexprima ainsi au sujet de ce travail dimpression : « La carte exécutée avec des caractères mobiles prouve quavec ces sortes de caractères on peut faire ce quon navait pu jusquà présent exécuter sans le secours du burin. Ce nouveau procédé est dautant plus avantageux que si, dans ces sortes douvrages, il se glisse quelques fautes, la mobilité des caractères en facilite la correction. »

Cette tentative resta cependant sans résultats importants, la gravure offrant toujours une précision beaucoup plus grande pour les travaux cartographiques, mais cette recherche de linnovation atteste de la tendance au progrès que portait Périaux à son métier dadoption. Un autre exemple de cette activité professionnelle et chercheuse, concerne la lithographie. LAllemand Aloys Senefelder venant depuis peu de temps de découvrir la lithographie, sa récente invention sétait promptement répandue de Munich à travers lEurope : arrivée en France en 1814, , dinforme quelle était, elle atteignit rapidement détonnants perfectionnements, elle fait son apparition à Rouen en 1818, et cest Pierre Périaux qui ly introduisit.

Dès lan XI, il fait partie dune Commission instituée par le préfet de la Seine-Inférieure pour reconnaître et proposer les mesures propres à généraliser le système métrique : ladministration jugea immédiatement utile de publier les instructions et tableaux quil avait rédigé. En 1810, la même administration départementale le chargea encore de la rédaction de nouvelles instructions.

À la suite de tant defforts, la fatigue et les infirmités le contraignent de bonne heure, en 1826, à renoncer à ses travaux et à abandonner la plupart des nombreuses sociétés dont il faisait partie. Il avait été admis en 1805 à lAcadémie de Rouen, aux travaux de laquelle il prit une part active. Il était aussi membre de la Société libre du commerce de Rouen, de la Société dagriculture de la même ville, correspondant des Académies de Caen, dAlençon, etc. Il obtint le titre dimprimeur du roi. En 1830, enfin, il fut nommé membre honoraire de lAcadémie de Rouen et de la Société dAgriculture. Sa carrière nétait pourtant pas encore finie : déjà juge au Tribunal de Commerce depuis trois ans, de 1823 à 1826, il devint suppléant du juge de paix du 3e arrondissement. Il fut, en outre, maire pendant deux ans, de 1826 à 1828 de la commune de Bois-Guillaume. Enfin, il coopéra à la fondation de la caisse dépargne et de prévoyance de Rouen.

Périaux devait vivre encore cinq années quil passa paisiblement entouré de ses nombreux enfants, avant de mourir à lâge de 75 ans. Il avait, en effet, six enfants, quatre fils et deux filles : Émile, Esther, Nicétas, Adolphe, Emmanuel et Aimée. Deux seulement, lainé Émile et le cadet Nicétas, adoptèrent et suivirent la profession paternelle dimprimeur. Nicétas reprit laffaire de son père et devint, à son tour, un célèbre imprimeur rouennais.

Émile Périaux sadonna aussi de bonne heure à limprimerie, mais soit incompatibilité de caractères, soit raisons dintérêt, soit tout autre motif, il se sépara bientôt de son père, avant lépoque celui-ci céda son industrie au jeune Nicétas, pour sétablir de son côté, et fonder en 1820 un établissement important, rue Percière, à la tête duquel il resta longtemps, malgré un douloureux état de paralysie des jambes qui le fit souffrir pendant de longues années. Il vendit cet établissement en 1855 et paraît être mort peu dannées après. Létablissement quil avait laissé après lui devait grandement et longuement prospérer sous Espérance Gagniard qui devint, en 1855, son successeur.

Notes

  1. Charles de Stabenrath.

Publications

  • Tableau comparatif des valeurs en mandats avec les valeurs en assignats, Rouen, P. Périaux, 1796 ;
  • Addition au manuel métrique, ou Tableaux comparatifs des mesures républicaines avec les anciennes, Rouen, P. Périaux, 1798 ;
    Fort bien rédigé, ce livre obtint les suffrages des administrations municipales et départementales.
  • Carte du département de la Seine-Inférieure, Rouen, P. Périaux, 1806 ;
  • Code du paiement en nature, contenant les lois et instructions concernant ce mode de paiement, Rouen, an IV, 1795 ;
  • Éléments darithmétique, ou Développements des principes du calcul suivant lancien et le nouveau système, Rouen, P. Périaux, 1804 ;
  • Dissertation sur la dénomination des lunes, Rouen, P. Périaux ; Paris, Renard, 1813 ;
  • Dictionnaire indicateur des rues et places de Rouen, Rouen, P. Périaux, 1819 ; réimp. Marseille, Laffitte Reprints, 1977 ;
    Un des plus remarquables quon ait publiés sur la capitale de la Normandie, cet ouvrage est précédé dun introduction faisant connaître létat de Rouen à diverses époques de son histoire et dun tableau chronologique des principaux événements qui y sont arrivés depuis 260 jusquà 1818.
  • Observations relatives au rétablissement du calendrier grégorien, Rouen, P. Périaux, 1806 ;
  • Observations relatives à danciens tombeaux de pierre découverts près le cimetière de Saint-Gervais, Rouen, P. Périaux, 1806 ;
  • Recueil du Bulletin des armées françaises en Allemagne et en Italie pendant la guerre de huit semaines, Rouen, P. Périaux, 1806 ;
  • Tableau des négociants, manufacturiers, fabricants et marchands de la ville de Rouen, Rouen, P. Périaux, 1808 ;
  • Tarifs des anciennes monnaies dor et dargent, Rouen, P. Périaux, 1810 ;
  • Calendrier général de lère française, Rouen, P. Périaux, 1805 ;
  • Observations et tarifs relatifs aux monnaies, Rouen, P. Périaux,1810 ;
  • Dissertations sur la dénomination des lunes, Rouen, P. Périaux,1813 ;
  • Question relative à la liberté de la presse, Rouen, P. Périaux,1817) ;
  • Concordance jour par jour des deux calendriers depuis le 22 septembre 1793 jusquau 1er janvier 1806, Rouen, P. Périaux,1821 ;
  • Note relative à une figure empreinte dans une bûche de hêtre, Rouen, P. Périaux,1823 ;
  • Nouveau manuel métrique, Rouen, P. Périaux, 1805, 1810, 1833 ;
  • Tableau bibliographique de tous les ouvrages insérés, analysés ou annoncés dans les Précis de lAcadémie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen depuis sa fondation en 1744 jusquà 1825 inclus.
    Ce travail, qui est en réalité son dernier, achevé en 1830, ne fut jamais imprimé. Ce manuscrit est conservé dans les archives de lAcadémie de Rouen.

Sources

  • Jules Girieud, Une famille d'imprimeurs rouennais, 1795-1855, Rouen, [S.n.], 1905.
  • Joseph-François et Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, t. 76, Paris, Michaud frères, 1811, p. 442.
  • « Notice biographique sur Pierre Périaux », Précis analytique des travaux de lAcadémie de Rouen, Rouen, N. Périaux, 1838, p. 225-236.

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