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Passage du Nord-Ouest
Le passage du Nord-Ouest est le passage maritime nord qui relie l'Atlantique au Pacifique en passant entre les îles arctiques du grand Nord Canadien. Les diverses îles de l'arctique canadien sont séparées les unes des autres et du continent canadien par une série de chenaux, plus ou moins profonds, collectivement appelés passage du Nord-Ouest. Ce passage n'est praticable que le court été arctique car pris par les glaces le reste de l'année.
C'est en 1490 que le navigateur John Cabot émit l'hypothèse d'un passage vers l'Orient par cette voie. Durant près de 300 ans, plusieurs explorateurs vont chercher ce passage au prix de pertes humaines et de naufrages, mais qui permirent de connaître les îles arctiques. C'est le Norvégien Roald Amundsen qui le premier franchit le passage entre 1903 et 1906.
La souveraineté sur ces eaux est contestée. Le gouvernement canadien considère ce passage comme étant dans les eaux intérieures du Canada, ce que certains pays comme les États-Unis contestent, considérant ce passage comme un détroit international avec libre passage.
Sommaire
Premières tentatives après le Petit âge glaciaire
En 1539, Hernán Cortés commissionna Francisco de Ulloa pour naviguer le long de la péninsule de Basse-Californie le long de la côte Ouest d'Amérique. Ulloa conclut que le golfe de Californie était la partie méridionale d'un plus grand détroit, reliant le Pacifique au golfe du Saint-Laurent. Ce voyage perpétua la notion d'une île de Californie et marqua le début de la recherche du détroit d'Anian. Ce nom, qu'utilisèrent les Espagnols pour appeler le passage du Nord-Ouest, vient probablement d'Ania, une province de Chine mentionnée dans l'édition de 1559 du livre de Marco Polo. Il apparut pour la première fois sur une carte de l'Italien Giacomo Gastaldi vers 1562. Cinq ans plus tard, Bolognini Zaltieri dessina une carte montrant un étroit et arrondi détroit d'Anian séparant l'Asie de l'Amérique. Ce détroit grandit dans l'imaginaire européen comme une voie maritime facile, reliant l'Europe à la résidence du Grand Khan à Cathay (Chine du Nord). Ce détroit était alors placé à la latitude de San Diego, conduisant à nommer ceux qui habitaient cette région les Anians.
Atlantique Nord
La première tentative confirmée pour découvrir le passage du Nord-Ouest d'est en ouest est le voyage de John Cabot en 1497, envoyé par Henri VII d'Angleterre pour chercher une route directe vers l'Orient.
De 1576 à 1578, Martin Frobisher entreprit trois voyages vers l'Arctique canadien pour trouver le passage. La baie de Frobisher qu'il a découverte porte son nom. En juillet 1583, Sir Humphrey Gilbert, qui secondait Frobisher et qui avait écrit un traité sur la découverte du passage, proclama le rattachement de Terre-Neuve à la couronne d'Angleterre. Le 8 août 1585, l'explorateur anglais John Davis pénétra dans la baie de Cumberland (Île de Baffin).
La plupart des grands fleuves de la côte Est américaine furent également explorés dans le cas où ils permettraient un passage au travers le continent comme l'exploration par Jacques Cartier du fleuve Saint-Laurent. Quand il se trouva bloqué par les rapides devant ce qui est devenu Montréal, pensant que derrière ces rapides se trouvait la Chine, ils les nomma rapides de la Chine
En 1609, Henry Hudson remonta l'actuel fleuve Hudson à la recherche du passage ; il explora plus tard l'Arctique canadien et la baie qui portera son nom, la Baie d'Hudson.
Pacifique Nord
Même si la plupart des tentatives pour trouver le passage du Nord-Ouest (d'où son nom) partaient d'Europe ou de la côte Est de l'Amérique et espérer franchir le passage d'est en ouest, quelques progrès dans l'exploration furent aussi réalisés par l'ouest. En 1728 Vitus Bering, un officier danois servant la marine impériale russe, emprunta le détroit découvert par Simon Dejnev en 1648 (bien que découvert après, il en fut crédité et le détroit nommé détroit de Béring), confirmant que la Russie et l'Amérique du Nord étaient des continents séparés. Plus tard en 1741 avec le lieutenant Alexei Tchirikov, il partit à la recherche de terres au delà de la Sibérie. Alors que leur navires étaient séparés, Tchirikov découvrit plusieurs des îles aléoutiennes tandis que Béring cartographiait la région de l'Alaska avant que son navire, avec un équipage ravagé par le scorbut, ne fasse naufrage au large du Kamtchatka.
En 1762, le navire anglais de commerce Octavius se risqua dans un passage vers l'ouest mais fut pris dans les glaces. En 1775, le baleinier Herald trouva l' Octavius à la dérive près du Groenland avec des corps de l'équipage gelés sous le pont. L'Octavius aurait peut-être été le premier navire à franchir le passage. Mais le fait que le navire n'ait été retrouvé que 13 ans plus tard, sans équipage vivant, pose un sérieux doute sur la véracité de cette aventure.
Cook et Vancouver
En 1776 le capitaine James Cook fut dépêché par l'Amirauté britannique au titre de l'Acte de 1745, étendu en 1775, promettant 20 000 livres de récompense à qui découvrirait le passage. Initialement, l'Amirauté souhaitait confier l'expédition à Charles Clerke, avec Cook, en retraite après ses exploits dans le Pacifique, comme conseiller. Cependant Cook avait été sur les traces des expéditions de Béring et à cause de son expérience fut finalement choisi pour diriger l'expédition avec Clerke pour l'accompagner sur un autre navire.
Après avoir navigué au travers du Pacifique, une nouvelle tentative de passage par l'est commença à Nootka Sound en avril 1777 et se dirigea vers le nord, en longeant la côte, cartographiant les terres aperçues et cherchant les régions où les Russes avaient navigué 40 ans plus tôt. Les ordres de l'Amirauté étaient d'ignorer tous baies, fleuves ou chenal côtiers jusqu'à ce qu'ils aient atteints la latitude de 65°N. Cook, cependant, échoua et ne fit aucun progrès dans la découverte du passage du Nord-Ouest.
Plusieurs officiers de l'expédition dont William Bligh, George Vancouver et John Gore pensaient que l'existence d'une route était "improbable". Avant d'atteindre la latitude de 65° N, ils ne trouvèrent que la côte les poussant toujours plus au nord, mais Gore convainquit Cook d'entrer et de naviguer dans le Cook Inlet dans l'espoir de trouver une route. Ils continuèrent aux limites de la péninsule de l'Alaska et le début de l'archipel des îles aléoutiennes. Bien qu'ayant atteint 70° N, ils ne rencontrèrent rien d'autre que des icebergs. Ils abandonnèrent alors leur recherche, maudissant les Russes pour leurs "dernières prétendues découvertes" et estimant que l'existence d'un passage n'était qu'une fantaisie géographique.
En 1791-1795, l'expédition de George Vancouver, qui avait accompagné Cook quelques années auparavant, inspecta en détail tous les passages sur la côtes de la côte Nord-Ouest et confirma qu'il n'existait pas de tel passage au sud du détroit de Béring.[1] Cette conclusion fut supportée par les preuves d'Alexander Mackenzie, qui explora l'Arctique et l'Océan Pacifique en 1793.
Dans la première moitié du XIXe siècle, des portions du passage du Nord-Ouest ont été explorées séparément par différentes expéditions maritimes (dont celle de John Ross, William Edward Parry, James Clark Ross) ou terrestres (John Franklin, George Back, Peter Warren Dease, Thomas Simpson et John Rae). En 1825, Frederick William Beechey explora la côte nord de l'Alaska, découvrant Point Barrow.
L'expédition de John Franklin
Article détaillé : Expédition Franklin.En 1845 une expédition de deux navires bien équipés conduite par John Franklin navigua vers l'Arctique canadien pour cartographier les parties encore inconnues du passage du Nord-Ouest. Le secret était de rigueur car moins de 500 kilomètres de la côte arctique restaient à explorer. Mais l'expédition n'est pas revenue et un certain nombre d'expéditions de secours sont parties à sa recherche pour dresser une carte finale d'un passage possible. Des traces de l'expédition de Franklin ont été trouvées dont des récits qui indiquaient que les bateaux avaient été pris par les glaces en 1846 près de l'île du Roi-Guillaume qui est située au milieu du passage. Franklin lui-même est mort en 1847 et le reste de l'équipage en 1848, après avoir abandonné les bateaux et avoir essayé de s'échapper par la terre en traîneau. La famine et le scorbut ont été les principales causes des décès ainsi que l'empoisonnement dû à l'ingestion de conserves souillées par la soudure au plomb utilisée pour les fermer. Cet empoisonnement a provoqué la folie et la mort de marins déjà faibles et désorientés. En 1981, le docteur Owen Beattie, anthropologue de l'Université d'Alberta retrouva des traces de l'expédition et a mené d'autres investigations, examinant les tissus et les os des corps momifiés de trois marins, exhumés à partir du permafrost de l'île Beechey. Des tests en laboratoire ont indiqué des concentrations élevées de plomb dans chacun des trois corps.
L'expédition de McClure
Lors de la recherche de Franklin, un équipage mené par Robert McClure traversa le Passage du Nord-Ouest d'ouest en est entre 1850 et 1854 pour partie en bateau et pour partie en traîneau. Le bateau de McClure fut prisonnier de la glace pendant trois hivers près de l'île Banks, à l'extrémité occidentale du bras de mer de Viscount Melville. Finalement McClure et son équipage, mourant de faim, furent trouvés par des hommes partis en traîneau d'un des bateaux de l'expédition de Sir Edward Belcher et retournèrent avec eux sur les bateaux de Belcher qui avaient pénétré dans le bras de mer par l'est.
L'expédition d'Amundsen
Article détaillé : Expédition Gjøa.Le passage du Nord-Ouest ne fut pas franchi par mer avant 1906, lorsque l'explorateur norvégien Roald Amundsen, qui était parti juste à temps pour échapper à ses créanciers cherchant à stopper l'expédition, termina un périple de trois ans avec le bateau de pêche Gjøa. À la fin de son voyage, il entra dans la ville d'Eagle en Alaska et adressa un télégramme annonçant son succès. Sa route n'était pas pratique d'un point de vue commercial ; certains passages étaient très peu profonds.
Souveraineté
En 2007 le passage du Nord-Ouest est devenu temporairement praticable, ce qui pose des problèmes au Canada qui doit affirmer sa souveraineté sur ses îles du nord. C'est également un important enjeu économique puisque le passage du Nord-Ouest raccourcit de 4 000 km le trajet maritime actuel entre l'Europe et l'Extrême-Orient qui emprunte le canal de Suez. Par exemple, le trajet maritime Rotterdam-Tokyo est long de 15 900 km par le passage du Nord-Ouest, 14 100 km par le passage du Nord-Est, 21 100 km par le canal de Suez, 23 300 km par le canal de Panama.
En 1969, les États-Unis, préoccupés par l'évacuation du pétrole récemment découvert en Alaska (mer de Beaufort), décidèrent de tester le Passage du Nord-Ouest en envoyant symboliquement le superpétrolier "Manhattan" forcer les détroits. Ce fut une réussite maritime et la reprise d'un contentieux avec le Canada qui considère le Passage comme faisant partie de ses eaux intérieures (voir superpétrolier "Manhattan").
Au milieu des années 1980, le USCGC Polar Sea, un brise-glace des Gardes côtes américains, recréait l'incident diplomatique. Faute de moyens pour l'intercepter, le premier ministre canadien Brian Mulroney avait alors été forcé de lui donner symboliquement la permission. Ceci avait mené à l'annonce sans lendemain de la création d'une flotte de brise-glaces plus performants pour la Garde côtière canadienne afin de patrouiller le Passage. En 1987 le Canada envisageait même l'acquisition de sous-marins nucléaires (Classe "Améthyste" français ou "Trafalgar" britannique) pour assurer ce contrôle. Projet qui fut sans lendemains.
Un nouvel incident est survenu fin 2005, alors qu'on a prétendu que des sous-marins nucléaires des États-Unis avaient franchi le passage sans l'accord du Canada. Ceci est à nouveau ressenti comme un outrage par le Canada. Ces allégations de franchissement ont été renforcées après la publication par la marine américaine de photos du sous-marin USS Charlotte faisant surface au pôle Nord, ce qui indique que ce sous-marin a probablement emprunté le passage du Nord-Ouest.
Dans sa première conférence de presse après l'élection fédérale de 2006 le premier ministre canadien Stephen Harper a dénoncé une affirmation antérieure de l'ambassadeur américain selon laquelle les eaux arctiques seraient internationales. M. Harper a souligné l'intention du gouvernement canadien de renforcer sa souveraineté sur le passage.
Le 9 avril 2006, le Canada a déclaré que l'armée canadienne considèrerait désormais le Passage du Nord-Ouest comme faisant partie des eaux intérieures canadiennes. [2] Le 10 août 2007, Stephen Harper [3] a annoncé la création d'un port en eaux profondes à Nanisivik au nord de l'île de Baffin, pour des besoins de ravitaillement comme d'amarrage, ainsi qu'une présence militaire renforcée. Il s'agit de réaffirmer la légitimité du Canada sur l'Arctique.
Traversées à la voile
Le Passage du Nord-Ouest à la voile Années Navigateurs Navires Traversées Pays 1903-06 Roald Amundsen Gjøa (21 mètres) Première traversée complète d'est en ouest Norvège 1940-42-44 Henry Larsen St. Roch (27 mètres) Première traversée complète d'ouest en est
suivie d'une traversée d'est en ouest (aller-retour)Canada 1977 (une saison) Willy de Roos Williwaw (ketch de 13 mètres, en acier) Première traversée en solitaire est en ouest Belgique 1976-78 Réal Bouvier J. E. Bernier II (cotre 11 mètres) Traversée est en ouest Canada 1979-82 Kenichi Horie Mermaid (15 mètres) Traversée est en ouest Japon 1982-88 W. Jacobson Vagabond II (15 mètres) Traversées dans les deux sens France 1983-88 John R. Bockstoce Belvedere (18 mètres) Exploration de l'Arctique + passage ouest en est É.-U. 1988-89 R. Thomas Northanger (18 mètres) Traversée est en ouest Angleterre 1990 C. Steede Asma (13 mètres) Traversée est en ouest avec l'aide d'un brise-glace Allemagne 1993 A. Fuchs Dagmar Aaen (27 mètres) Traversée est en ouest Allemagne 1995 Winston Bushnell Dove III (8 mètres) Traversée ouest en est Canada 1995 Mladen Sutej Croatian Tern (18 mètres) Traversée est en ouest Croatie 1999 Olivier Pitras Ocean Search (12,50 mètres) Traversée ouest en est France 2001 Jarlath Cunnane Northabout (15 mètres) Traversée est en ouest Irlande 2001-2002 Michèle Demai et Sabrina Thiery Nuage (13 mètres) Traversée ouest en est première féminine
France 2002 Mario Cyr 1er maître
Guy Gaudin Capitaine
Germain Tremblay lieutenant et pilote des glaces
Stéphan Guy Capitaine
Sylvain Brault skipperSedna IV (51 mètres) Traversée est en ouest Canada 2003 Eric Brossier Vagabond Traversée est en ouest France 2007 Sébastien Roubinet et 3 équipiers en relais :
Anne-Lise Vacher-Morazzani
Eric André
Boris TeisserencBabouche Traversée ouest en est à la voile pure (Première) France 2008 Thierry Fabing et 4 équipiers :
Maud Cousin, Fred Deprun, Laurent Caderon, Alan PeyaudBaloum Gwen (15 mètres) Traversée est en ouest France 2008 Olivier Pitras et Laurent Ceresoli Southern Star (75 pieds) Traversée est en ouest France 2009 Thierry Fabing et 4 équipiers :
Arielle Corre, Aline Pénitot, Gilles Durand, Patrick ReaderBaloum Gwen (15 mètres) Traversée ouest en est (retour) France 2009 Cameron DUECK et 3 équipiers :
Hanns Bergmann, Tobias Neuberger, Drew FellmanSilent Sound (12 mètres) Traversée ouest en est Canada 2009 Mark SCHRADER Ocean Watch (19 mètres) Traversée ouest en est USA 2009 Kevin Oliver et Tony Lancashire Arctic Mariner" (5,20 mètres) Trajet partiel ouest est d'Inuvik à Gjoa Haven UK Annexes
Articles connexes
Notes et références
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