- Nikos Papatakis
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Nikos Papatakis
Données clés Nom de naissance Νίκος Παπατάκης Surnom Nico Papatakis Naissance 5 juillet 1918[1]
Addis-Abeba (Éthiopie)Nationalité Française
(d'origine grecque)Décès 17 décembre 2010 (à 92 ans)[1]
Paris (France)Profession Réalisateur
Scénariste
Producteur de film
Directeur artistiqueFilms notables Réalisateur
Les Abysses
La Photo
Les Équilibristes
Producteur
Un chant d'amour
ShadowsNikos Papatakis (en grec : Νίκος Παπατάκης) ou Nico Papatakis, Nicolas Papatakis, né le 5 juillet 1918[1] à Addis-Abeba (Éthiopie) et mort le 17 décembre 2010[1],[2],[3] à Paris (XIVe), est un réalisateur, scénariste, producteur et directeur artistique français d'origine grecque.
Sommaire
Biographie
Combat et exil
En Éthiopie, le jeune Papatakis s'oppose au régime de Mussolini et le combat en se ralliant à l'empereur Hailé Sélassié. Mais il est contraint de s'exiler et se réfugie d'abord au Liban puis en Grèce. En 1939, il part pour la France et s'installe à Paris.
Éclosion de La Rose Rouge
Papatakis fréquente l'intelligentsia parisienne de l'époque dont Jean-Paul Sartre, André Breton, Jacques Prévert, Robert Desnos, Jean Vilar. Il se lie d'amitié avec Jean Genet.
En 1947, il crée le cabaret La Rose Rouge. Il va diriger, jusqu'au milieu des années 1950, cette scène qui va être un formidable tremplin pour de nombreux artistes parmi lesquels Les Frères Jacques et Juliette Gréco[4]. Papatakis a été marié de 1951 à 1958 avec l'actrice Anouk Aimée dont il a eu une fille, Manuela Papatakis, née en 1951.
En 1950, il produit et finance le film de son ami Jean Genet, Un chant d'amour (avec une photographie signée Jean Cocteau). Mais l'unique œuvre cinématographique du sulfureux écrivain est censurée et ne sortira qu'en 1975.
New York, Nico et Cassavetes
En 1957, pour des raisons politiques, il quitte la France pour les États-Unis et se fixe à New York. Il se lie avec le mannequin allemand Christa Päffgen. Elle lui emprunte son vrai prénom et devient ainsi la légendaire Nico, égérie d'Andy Warhol et du Velvet Underground.
En 1959, Papatakis rencontre le réalisateur John Cassavetes qui a des difficultés financières pour terminer son premier long métrage Shadows. Il lui trouve les fonds nécessaires et devient coproducteur du film.
Cinéma en France - Cinéma en Grèce
Papatakis revient à Paris au début des années soixante. En 1962, il réalise son premier film, Les Abysses, d'après la pièce théâtrale de Genet, Les Bonnes, inspirée elle-même de l'histoire vraie des sœurs Papin. Le film est présenté au festival de Cannes de la même année. Sa violence et son exaltation forcenées font que certains critiques verront cette œuvre comme un plagiat provocateur et déclencheront un irrépressible scandale malgré le soutien du fidèle cénacle intellectuel (Sartre, Beauvoir, Genet).
Papatakis, marié de 1967 à 1982 avec l'actrice grecque Olga Karlatos dont il a un fils, Serge Papatakis né en 1967, se tourne alors vers la politique en s'opposant à la Dictature des colonels en Grèce.
En 1967, il tourne son second long métrage avec son épouse Olga Karlatos dans le premier rôle, le tournage se fait dans la clandestinité, en effet Les Pâtres du désordre est le premier tournage réalisé en Grèce venant dénoncer le régime des colonels grecs. Le film qui sort au moment des événements de Mai 1968 est accueilli par une faible fréquentation des salles de cinéma et par un public restreint.
En 1975, il écrit et réalise Gloria Mundi, une deuxième fois avec son épouse Olga Karlatos dans le rôle principal. Son film est sélectionné pour l'ouverture du premier Festival du Film de Paris. Le 7 avril 1976, le film qui évoque la torture en Algérie sort dans trois salles. Il sera retiré de l’affiche immédiatement suite à un attentat à la bombe au cinéma Marbeuf qui n’a jamais été revendiqué, mais que beaucoup attribuent à d’anciens membres de l’OAS. Il ne ressortira qu'en 2005. Il faudra attendre plus de dix ans avant que Papatakis revienne au cinéma. C'est donc en 1986 qu'il écrit et réalise La Photo, film sélectionné au Festival international du film de Thessalonique 1986 et dans La Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 1987.
En 1991, il écrit et réalise Les Équilibristes présenté à la Mostra de Venise. On y remarque surtout Michel Piccoli qui incarne un saisissant Jean Genet.
La robe noire de La Rose Rouge
En 1950, Juliette Gréco est engagée par Nikos Papatakis, mais se pose alors le problème de lui trouver une robe de scène. Nikos l'emmène chez le couturier Pierre Balmain où elle choisit, parmi les soldes, une robe noire avec une traîne de satin doré. Juliette découd cette traîne et monte ainsi sur la scène de La Rose Rouge devant un Nikos médusé. Gréco portera longtemps sa célèbre robe comme elle le relate dans ses mémoires[5] : « La robe noire plut au public qui la trouva originale. Elle l'était ! Jujube la portera toute sa vie de chanteuse. C'est le noir de travail de Gréco. Elle la porte comme on porterait un tableau noir, laissant libre cours à l'imagination du spectateur. »
La Rose Rouge sur l'écran blanc
L'impact artistique de La Rose Rouge est attesté par le film éponyme de fiction que lui consacra le réalisateur Marcel Pagliero en 1951 où l'on voit le personnel du cabaret improviser un spectacle à cause d'un empêchement des Frères Jacques. Prétexte à un film musical qui reflète bien son époque (voir section vidéo).
Honneurs
Le 16 novembre 2009, Nico Papatakis reçoit du ministre de la Culture Frederic Mitterrand, l'insigne de Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres.
Hommages
« Nico Papatakis, artiste subversif, est mort dans la nuit de samedi. Ennemi du pouvoir et défenseur des humiliés, il fonda son cinéma sur des pulsions existentielles. Il a produit le seul film de Genet. Parmi ses réalisations : Gloria Mundi et La Photo. C'était un ami, un cinéaste volontairement en marge, un artiste exceptionnel, un homme libre. »[6] — Il Manifesto[2].
L'ancien ministre PS de la Culture Jack Lang a rendu hommage mercredi à Nikos Papatakis, décédé à Paris à l'âge de 92 ans, en saluant « un homme de l'universel ».
Dans un communiqué, Jack Lang souligne combien le cinéaste d'origine grecque était un « ami rare », un « homme de courage » et un « créateur raffiné et audacieux ».
« Il a été l'auteur d'œuvres cultes : au premier chef la production d'Un chant d'amour de Genet et Les Abysses. Ce sont deux chefs-d'œuvre qui marqueront profondément l'histoire du cinéma », écrit l'ancien ministre. Il dit aussi « le bonheur » qu'a été pour lui « en tant que ministre de la Culture d'avoir pu l'aider à donner naissance à son très beau film La Photo. Papatakis était un homme de l'universel. Il a constamment jeté des ponts entre l'Afrique et l'Europe, entre la Grèce et la France, entre la France et les États-Unis », conclut Jack Lang[7]– AFP
Filmographie
Réalisation
- 1962 : Les Abysses (sortie : 1963)
- 1968 : Les Pâtres du désordre (I Voski tis Simforas — Sortie : 1968)
- 1975 : Gloria Mundi (sortie : 2 novembre 2005)
- 1986 : La Photo (I fotografia — Sortie : 1er octobre 1986)
- 1991 : Les Équilibristes (sortie : septembre 1991)
Production
- 1950 : Un chant d'amour de Jean Genet (court métrage, durée 25 min, sorti en 1975)
- 1959 : Shadows de John Cassavetes (sortie : 26 avril 1961)
- 1962 : Les Abysses de Nikos Papatakis (sortie : 1963)
- 1975 : Gloria Mundi de Nikos Papatakis (sortie : 2 novembre 2005)
Scénario
- 1968 : Les Pâtres du désordre (I Voski tis Simforas) — Scénario de Nikos Papatakis — Histoire écrite par Jean Vauthier (sortie : 1968)
- 1975 : Gloria Mundi de Nikos Papatakis — Écrit par Nikos Papatakis (sortie : 2 novembre 2005)
- 1980 : Courts-circuits de Patrick Grandperret — Coécrit avec Patrick Grandperret et Gérald Garnier (sortie : 4 février 1981)
- 1980 : Une page d'amour d'Elie Chouraqui — Coécrit avec Elie Chouraqui d'après le roman d'Émile Zola (diffusion TV : 1980)
- 1986 : La Photo (I fotografia — Sortie : 1er octobre 1986)
- 1991 : Les Équilibristes de Nikos Papatakis — Scénario et dialogues de Nikos Papatakis (sortie : septembre 1991)
Participation
Vidéographie
- 2006 : La Rose rouge de Marcel Pagliero avec Les Frères Jacques (1951), durée 95 min, 1 DVD Zone 2, René Chateau Vidéo.
Bibliographie
- Nikos Papatakis, Tous les désespoirs sont permis, Paris, Éditions Fayard, 15 janvier 2003, 350 p. (ISBN 9782213612898) [présentation en ligne]
- (el) Yannis Kontaxopoulos, Nico Papatakis : Monographie, Athènes, Éditions Kastaniotis, 15 novembre 2005, 248 p. (ISBN 9600341273) [présentation en ligne].
Coédition Éditions Kastaniotis / Festival international du film de Thessalonique / Hellenic-American Union
Notes et références
- Mairie du XIVe arr. de Paris. Source : Service des décès de la
- vendredi 17 au samedi 18 décembre. Source, quotidien italien Il Manifesto, article de Federico Rossin du 21 décembre 2010 : Un équilibriste sur l'abîme Décès dans la nuit de
- Nico Papatakis, cinéaste subversif aux 1.001 vies sur www.vousnousils.fr, avec AFP, 22 décembre 2010. Consulté le 22 décembre 2010.
- Archives INA : Pierre Tchernia et Juliette Gréco évoquent La Rose Rouge (ORTF, 1966).
- Juliette Gréco, Jujube, Éditions Stock, Paris, 1982 (ISBN 2-2340-0816-6)
- Extrait de l'article de Federico Rossin (en traduction libre).
- AFP. Extrait de l'article : Décès de Papatakis, Jack Lang rend hommage Comme au cinéma,
Lien externe
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