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Nikolaï Leskov
Nikolaï Leskov Nikolaï Leskov
par Valentin Serov, 1894Activité(s) écrivain Naissance 16 février 1831
OrelDécès 5 mars 1895
Saint-PétersbourgLangue d'écriture russe Nikolaï Semionovitch Leskov (en russe : Никола́й Семёнович Леско́в, né le 16 février 1831 dans la province d'Orel, mort le 5 mars 1895 à Saint-Pétersbourg) était un écrivain et journaliste russe. Il écrivit aussi sous le pseudonyme de M. Stebnitski. De nombreux Russes le considèrent comme « le plus russe de tous les écrivains russes ».
Ses œuvres principales sont : Chroniques, Gens d'Eglise, Lady Macbeth du district de Mtsensk dont Chostakovitch tira un opéra, et la nouvelle fantastique L'Aigle blanc.
Sommaire
Critique
Publiciste et romancier très fécond, N. S. Leskov a fait dans les lettres un début assez tardif.
Jusqu'en 1861, il voyagea en Russie et à l'étranger, comme agent d'un négociant anglais, M. Scott. A cette époque il se révéla comme critique littéraire par une appréciation assez sévère du roman de Tchernichevski « Que faire ? »
Un peu plus tard, deux romans, publiés sous le pseudonyme de Stebnitski, « L'Impasse » (Niékouda, 1864) et « Les Insulaires » (Ostrovitanië, 1866), montraient en lui un adversaire résolu des idées révolutionnaires, auxquelles il cherchait à opposer un idéal d'activité pratique.
L'idéal reste assez nuageux, et ce n'est pas assurément l'héroïne d'un de ces récits, Lady Macbeth moderne (1865), qui en donne la formule, en arrivant au suicide par une série de crimes, dont le but est de la rapprocher de son amant.
La note générale de ces premières créations est plutôt chagrine et pessimiste, et elle s'accentue dans « Heur et Malheur » («Смех и горе», 1871) et dans « Le voyageur ensorcelé » (Otcharovannyt strannik,1873), où un type curieux de Gil Blas russe sert de prétexte à des tableaux infiniment variés et intéressans mais très peu flatteurs de la vie nationale. Vous y trouverez un « arbitre de paix », qui travaille à propager l'enseignement en rançonnant les écoles; un gouverneur de province, qui rêve de conquérir l'Europe et de transférer à Paris le siège de son administration. Gogol et Saltykov n'auraient pas mieux fait.
Leskov reste cependant nullement un écrivain tendancieux. En abordant le grand roman, qui a consacré sa réputation et donné à la littérature nationale le premier tableau qu'on y rencontre de la vie du clergé orthodoxe, il n'a eu notoirement aucun parti pris de dénigrement. Des intentions svmpathiques et apologétiques plutôt.
Dans le protopope Touberosov, personnage principal de « Les Prêtres » (Soborianié, 1872), il a voulu mettre en scène un type idéal d'ecclésiastique, faisant de l'amour du prochain la base de sa vie et de son enseignement. Lisez cependant le journal de ce prêtre modèle et vous subirez une impression pénible de vide moral : quelques pensées élevées au début, puis rien que des puérilités, des minuties, des mesquineries, et pas un acte de charité chrétienne ! L'ensemble constitue un terrible acte d'accusation.
Et Touberosov n'est pas seul. Vous apercevrez à côté de lui le diacre Achille, un enfant de la steppe, qui dépouille prestement ses vêtements sacerdotaux pour aller au cabaret, lutter avec les hercules forains, ou se rendre au bain, à cheval, sans vêtement d'aucune espèce. Et le niveau singulièrement bas, où paraît ravalé cet élément de la vie nationale, vous donnera une nouvelle sensation de tristesse et de dégoût.
Pour s'en libérer lui-même et donner satisfaction à un sentiment religieux très profond, qui lui était personnel, Leskov a été tenté de remonter aux premières époques de la vie chrétienne, en écrivant ses belles légendes égyptiennes « La Montagne » (Гора, 1890) et « La Belle Aza » (Прекрасная Аза, 1888) où il s'est rencontré avec Tolstoï.
En même temps, dans le récit intitulé « Au bout du monde » (Na kraiou svièta, 1875), il esquissait, vingt ans plus tôt, le sujet de « Le Maître et le Serviteur ». Mais en y concevant l'altruisme comme fondement de toute activité pratique. Leskov n'a jamais songé à en exclure ni la science ni la culture moderne.
Sur ce point, le trait de séparation entre lui et Tolstoï est net et ne prête à aucune équivoque. Ses légendes ne sont que des allégories. Il voudrait que l'homme moderne se pénétrât de l'esprit qui animait les hommes des temps héroïques du christianisme; mais il juge cet esprit conciliable avec les formes de la vie moderne, dont il ne méconnaît pas la supériorité.
Comme publiciste, Leskov a développé une activité considérable aux environs de 1880 en touchant à un grand nombre de questions sociales, religieuses et politiques. Ses études sur le raskol ont été particulièrement remarquées. Pour se faire une idée de ses qualités d'humoriste, on recommande « Cheramour » («Шерамур», 1879), un plaisant portrait de rustre moscovite, soupçonné de nihilisme parce qu'il a gagné la frontière pour échapper aux entreprises d'une gouvernante anglaise qui voulait le parfumer à l'eau de Cologne, et promenant à Paris sa barbe inculte, son appétit d'ogre et ses instincts de demi-sauvage nullement captivé par les merveilles de la civilisation.
Sources
- K. Waliszewski, Littérature russe, Paris, A. Colin, 1900
Notes et références
Voir aussi
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